Le Sepher Raziel, traduction par HieroSolis

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Le Sepher Raziel, traduction par HieroSolis. 

La rĂ©putation du SĂ©pher Raziel n’est plus Ă  faire dans le monde kabbalistique. Il s’agit d’une compilation de textes magiques, certains remontant aux premiers siĂšcles de notre Ăšre, d’autres au douziĂšme ou au treiziĂšme siĂšcle, attribuĂ©s Ă  ÉlĂ©azar de Worms, d’autres encore probablement plus rĂ©cents. Il a Ă©tĂ© imprimĂ© pour la premiĂšre fois en 1701, et n’avait jamais Ă©tĂ© traduit intĂ©gralement en français.

On y trouve entre autres des commentaires du SĂ©pher YĂ©tsirah, des explications sur les 72 noms du Shem ha-Mephorash, des mĂ©thodes pour fabriquer et consacrer divers talismans, des textes astronomiques et des traitĂ©s cosmogoniques rendant compte de l’organisation de la crĂ©ation. Et surtout, une angĂ©lologie riche et complexe pour tous les moments du jour, de la semaine, du mois et de l’annĂ©e, et pour la plupart des phĂ©nomĂšnes auxquels on peut ĂȘtre confrontĂ©.

Il constitue un aperçu unique sur la conception du monde et les pratiques des kabbalistes et magiciens juifs du Moyen-Âge et de la Renaissance.

L’ouvrage, qui sortira le 19 janvier 2017 aux Ă©ditions Hermesia, est disponible en prĂ©commande sur le site Alliance Magique.

Le Sepher Raziel, traduction par HieroSolis

Le traducteur :

PassionnĂ© depuis l’adolescence par le surnaturel et par la magie, HieroSolis Ă©tudie et pratique depuis plus de trente ans divers domaines de l’occultisme, en particulier l’astrologie, le tarot, la Kabbale, la magie cĂ©rĂ©monielle, et le systĂšme Ă©nochĂ©en de John Dee.

Il y a quelques mois, HieroSolis a donnĂ© une entrevue au webzine Rat Holes, au cours de laquelle il s’est exprimĂ© sur sa traduction du SĂ©pher Raziel.

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Entrevue avec HieroSolis, Rat Holes, propos recueillis par Melmothia le 24 juin 2016.

Le Sepher Raziel, traduction par HieroSolis

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Melmothia : Bonjour, HervĂ©, et merci d’avoir acceptĂ© cet entretien. Pour commencer, pourrais-tu nous dire quelques mots sur ton parcours personnel dans l’ésotĂ©risme ? Comment est-ce que tu es tombĂ© dans la marmite ?

HervĂ© : Mon point d’entrĂ©e dans l’occultisme a Ă©tĂ© l’astrologie, dĂšs l’ñge de seize ans. Pas avec les horoscopes, mais avec les ouvrages de Barbault, Volguine et HadĂšs ; une astrologie « classique », donc (mĂȘme si ma pratique a Ă©voluĂ© par la suite dans deux directions, vers l’astrologie magique traditionnelle et vers l’astrologie humaniste de Rudhyar et de ses successeurs). De lĂ , je suis passĂ© assez vite au Tarot, qui m’a ouvert une porte sur la Kabbale. Ensuite, je me suis intĂ©ressĂ© de prĂšs ou de loin Ă  un trĂšs grand nombre de domaines Ă©sotĂ©riques ou occultes. Pour en citer quelques-uns dans le dĂ©sordre : le Bouddhisme Zen, la ThĂ©osophie de Blavatsky et Bailey, le Futhark et la tradition nordique, la magie de F. Bardon, et, depuis une douzaine d’annĂ©es, la Golden Dawn et ses hĂ©ritiers.

Melmothia : Que retiens-tu de ce voyage ? Est-ce que certaines traditions t’ont paru plus intĂ©ressantes Ă  explorer ? D’autres, dĂ©cevantes ?

HervĂ© : J’ai trouvĂ© des choses intĂ©ressantes dans tous les domaines que j’ai explorĂ©s, Ă  des degrĂ©s divers. Surtout, certains ont Ă©tĂ© des ouvertures sur d’autres, et m’ont permis d’approfondir ma comprĂ©hension de l’ésotĂ©risme et de l’occultisme, tant sur le plan historique (on ne peut nier l’impact de la ThĂ©osophie et de la Golden Dawn sur la pensĂ©e Ă©sotĂ©rico-occulte actuelle, par exemple) que sur les plans mĂ©taphysique et pratique. La seule qui m’a vraiment déçu est l’Anthroposophie, qui est un patchwork christiano-thĂ©osophico-aristotĂ©licien qui ne repose sur pas grand-chose d’autre que les visions trĂšs personnelles de son fondateur Rudolf Steiner. Pour celles que je prĂ©fĂšre, j’en citerai trois : la Kabbale, que je trouve d’une grande richesse et trĂšs adaptable ; les Runes, avec lesquelles j’ai une grande affinitĂ© personnelle ; et la Golden Dawn (et ses hĂ©ritiers), Ă©galement, comme la Kabbale Ă  laquelle elle emprunte largement, trĂšs riche et trĂšs adaptable.

Melmothia : Te dĂ©finirais-tu plutĂŽt comme traditionaliste ou moderne ?

HervĂ© : Difficile Ă  dire. Je n’oppose pas les deux ; ce qui se fait aujourd’hui est la continuation de ce qui s’est fait autrefois, mĂȘme lorsqu’on croit observer une rupture. Je ne vois pas les traditions comme figĂ©es ; elles vivent au travers de ceux qui les pratiquent, et qui doivent les manifester dans leur Ă©poque selon les modalitĂ©s qui conviennent. Pour moi, vouloir maintenir (ou faire revivre) des formes anciennes est dĂ©nuĂ© de sens ; mais rejeter un texte ou une pratique au seul motif de son anciennetĂ© est tout aussi absurde.

Melmothia : Je me souviens d’interminables discussions sur des forums sur la nĂ©cessitĂ© de lire Eliphas LĂ©vi ou Papus. ConsidĂšres-tu qu’il y a des « classiques » dans l’ésotĂ©risme ?

HervĂ© : Oui, indiscutablement. LĂ©vi et Papus en font partie, surtout LĂ©vi, car il est en France l’initiateur du renouveau de l’occultisme (au sens large du terme). Mais mes prĂ©fĂ©rences vont aux textes plus anciens : les oracles ChaldaĂŻques, Jamblique, Platon (dont la pensĂ©e est fondamentale dans le dĂ©veloppement de l’HermĂ©tisme nĂ©o-platonicien). Et bien sĂ»r, plus tard, le Picatrix (longtemps indisponible) et Corneille-Agrippa. Pour les plus modernes, on ne peut ignorer Franz Bardon, Dion Fortune et Aleister Crowley. Il y a de nombreux auteurs contemporains intĂ©ressants, mais on ne peut pas encore dire que leurs Ɠuvres sont des « classiques » ; ils devront d’abord passer l’épreuve du temps. Attendons quelques dizaines d’annĂ©es.

Melmothia : VoilĂ  quelque temps dĂ©jĂ  que tu travailles sur une nouvelle traduction du SĂ©pher Raziel, qui est l’un des rares ouvrages de kabbale traditionnelle que l’on pourrait qualifier de « pratique ». Pourrais-tu prĂ©senter briĂšvement ce livre pour nos lecteurs ? Quelle place occupe-t-il dans la kabbale ? Et quel est son intĂ©rĂȘt pour l’occultisme contemporain ? Ou pour faire court : c’est quoi, le SĂ©pher Raziel ?

HervĂ© : Le Sepher Raziel, ou pour lui donner son titre complet le Sepher Raziel ha-Malaakh, est une compilation de textes kabbalistiques publiĂ©e en 1701. Il semble que l’essentiel du texte remonte au quatorziĂšme siĂšcle ; mais certains passages sont plus anciens (en particulier des extraits du Sepher ha-Razim) et d’autres plus rĂ©cents.

Tout dans ce texte n’est pas orientĂ© vers la pratique ; il y a des passages thĂ©ologiques, et de longues dissertations cosmogoniques. Mais il est vrai qu’il contient une angĂ©lologie complĂšte et un certain nombre de talismans, avec leur mode d’emploi. L’un des livres est consacrĂ© au Shem ha-Mephorash, c’est-Ă -dire aux 72 noms Ă  partir desquels la Kabbale chrĂ©tienne a construit les noms de 72 anges.

Ce livre a surtout la rĂ©putation de protĂ©ger la maison oĂč il se trouve de tout dommage : incendie, effraction, vandalisme. Mais il s’agit plus d’un argument de vente que d’une efficacitĂ© rĂ©elle.

Bien que son nom soit trĂšs connu et que sa rĂ©putation ne soit plus Ă  faire, on ne peut pas dire qu’il ait eu un gros impact sur la Kabbale que nous connaissons aujourd’hui. Il n’est pas particuliĂšrement bien vu dans le JudaĂŻsme moderne, Ă  ma connaissance, surtout parce qu’il propose des pratiques Ă  proprement parler magiques, et non mystiques : des invocations et des talismans, et non pas des mĂ©ditations et des priĂšres. Bien qu’il y en ait aussi quelques-unes.

Certains passages en ont Ă©tĂ© traduits, notamment par Georges Lahy dans Vie Mystique et Kabbale Pratique, oĂč l’auteur nous donne les noms d’un grand nombre des anges qu’on trouve dans le S. Raziel, ainsi que quelques talismans ; et dans Les 72 Puissances de la Kabbale, oĂč il a traduit un tiers du texte sur le Shem ha-Mephorash. Mais ma traduction sera la premiĂšre version intĂ©grale en français.

Melmothia : La seule version que je connaisse de ce texte est celle de Steve Savedow qui laisse la vague impression qu’il a chiquĂ© plutĂŽt que traduit le manuscrit. Mais je sais que d’autres traductions existent, au moins en langue anglaise. Tu peux nous en dire quelques mots ?

HervĂ© : Difficile de parler de la version du Raziel que Savedow a proposĂ© sans se montrer trĂšs critique Ă  son Ă©gard. Il a commis d’innombrables erreurs (il a par exemple confondu « vers le champ » (el shadeh) avec El Shadday !), n’a pas identifiĂ© les citations bibliques (qu’il a traduites n’importe comment), s’est trompĂ© dans le dĂ©coupage des phrases (le texte original n’est pas vraiment ponctuĂ©), n’a jamais tenu compte de la conjugaison des verbes (qu’il donne tous Ă  l’impĂ©ratif !) ni de la syntaxe de l’hĂ©breu, et j’en passe. Bref : sa « traduction » n’en est pas une, et on peut l’oublier sans regret. Malheureusement, elle est rĂ©guliĂšrement reprise sur Internet. Je me demande sincĂšrement comment on peut y comprendre quelque chose.

D’autres livres portent le titre de Sepher Raziel, mais il ne s’agit pas du mĂȘme texte. Il s’agit principalement du Sepher Raziel : Liber Salomonis, qui est un manuscrit anglais du 16e siĂšcle, Ă©ditĂ© par S. Skinner ; et d’un autre Sepher Raziel hĂ©breu, traduit et publiĂ© par G. Grippo.

Melmothia : Ce sont d’autres ouvrages de magie pratique ? En quoi ces textes sont-ils liĂ©s au SĂ©pher Raziel hormis une identitĂ© de titre ?

HervĂ© : Ce sont, en effet, d’autres ouvrages de Kabbale pratique. C’est la cĂ©lĂ©britĂ© du titre qui a amenĂ© leurs auteurs Ă  l’utiliser pour leurs livres. En effet, on parle d’un SĂ©pher Raziel avant mĂȘme l’existence du volume que j’ai traduit : dans l’ÉpĂ©e de MoĂŻse, qui date de l’AntiquitĂ© tardive. La racine du nom de l’archange Raziel signifiant « secret », un SĂ©pher Raziel est un livre contenant des secrets ; et Ă  ce titre, tout auteur voulant faire valoir le caractĂšre mystĂ©rieux et unique de son texte l’a intitulĂ© ainsi afin d’augmenter son attrait.

Melmothia : Retrouve-t-on certains Ă©lĂ©ments de cet ouvrage dans des grimoires occidentaux comme les Clavicules ou Abramelin, ou est-ce que le contenu diffĂšre radicalement ?

HervĂ© : Pas rĂ©ellement. Pour l’Abramelin, mĂȘme si le narrateur se prĂ©sente comme juif et si le texte contient de nombreuses rĂ©fĂ©rences au JudaĂŻsme, beaucoup de spĂ©cialistes considĂšrent que l’auteur est un ChrĂ©tien qui, voulant ajouter au mystĂšre et Ă  l’autoritĂ© de son texte, a placĂ© ses paroles dans la bouche d’un Juif. L’opĂ©ration de l’Abramelin, et les carrĂ©s magiques qui y sont joints, sont Ă©trangers Ă  la mentalitĂ© du Raziel. L’Abramelin se concentre sur le contrĂŽle des forces dĂ©moniaques, alors que le Raziel est uniquement tournĂ© vers la communication avec les entitĂ©s angĂ©liques et vers le contact avec la divinitĂ© par le biais des noms divins. Quant aux grimoires tels que les Clavicules de Salomon et le Lemegeton, malgrĂ© la prĂ©sence de noms divins hĂ©braĂŻques, ils sont fortement empreints de Christianisme, et participent, comme l’a dĂ©montrĂ© Aaron Leitch dans Secrets of the Magical Grimoires, d’une tradition magique beaucoup plus proche d’une forme de chamanisme que de la Kabbale. Par exemple, il n’y a pas de cercle magique dans le SĂ©pher Raziel.

Melmothia : Et dans l’autre sens : existe-t-il des sources identifiables du Sepher Raziel ou des traitĂ©s de magie juive qui lui ressemblent comme un frĂšre ?

HervĂ© : Des sources, oui, bien sĂ»r. Le SĂ©pher Raziel est une compilation de textes. Il intĂšgre une partie du SĂ©pher ha-Razim, qui remonte Ă  l’AntiquitĂ© tardive ; un commentaire du SĂ©pher YĂ©tsirah ; des Ă©lĂ©ments qui viennent directement de la tradition gaonique (grosso modo, de +600 Ă   +1000). Il y a beaucoup de cosmogonie dans le S. Raziel, et cette cosmogonie se base sur les connaissances astronomiques hĂ©ritĂ©es de l’AntiquitĂ© et sur le texte biblique, qui reste au centre de la pensĂ©e des auteurs. Mais Ă  ma connaissance, il n’existe pas de livre qui lui ressemble vraiment.

Melmothia : À quelles difficultĂ©s t’es-tu heurtĂ© durant cette nouvelle traduction ?

HervĂ© : En dehors de l’hĂ©breu, que je connais un peu, mais que je ne maĂźtrise pas parfaitement, j’ai Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  trois difficultĂ©s majeures : certains passages sont en aramĂ©en, pas en hĂ©breu ; le texte est trĂšs peu ponctuĂ© (un point indique en gĂ©nĂ©ral la fin d’une citation biblique) et les paragraphes sont trĂšs longs (plusieurs pages, assez souvent) ; et enfin, les copistes et les imprimeurs ont commis pas mal d’erreurs, confondant certaines lettres entre elles. Je dois comparer quatre versions diffĂ©rentes, et parfois, toutes sont fautives. Mais avec patience et dĂ©termination, beaucoup de recherche et de rĂ©flexion, et un peu d’aide et d’intuition (et beaucoup de temps, aussi…), je m’en sors. De nombreuses ressources sont disponibles pour l’hĂ©breu, sur Internet par exemple.

Melmothia : Quand peut-on espĂ©rer lire ta version du Sepher Raziel ?

HervĂ© : Je pense avoir terminĂ© la correction pour septembre, novembre au plus tard. AprĂšs, tout dĂ©pendra de l’éditeur. Je ne veux pas trop m’avancer, mais il est presque certain qu’il sera disponible d’ici mars 2017.

Melmothia : En avant-premiĂšre pour Rat Holes, pourrait-on en lire un court extrait ?

HervĂ© : Oui, en sachant que la traduction n’est pas dĂ©finitive, elle doit encore ĂȘtre revue. Je vous propose ce passage, qui montre le caractĂšre trĂšs « moderne » et pas du tout dĂ©terministe de la pensĂ©e de l’auteur au sujet de l’astrologie : « Bien qu’il ait calculĂ© la planĂšte et le signe de chaque homme avant de crĂ©er le monde, selon ses Ɠuvres futures, il n’a pas donnĂ© aux planĂštes et aux signes du zodiaque la permission de faire le bien ou le mal dĂšs le dĂ©but ; jusqu’à ce qu’il voie que l’homme qu’il avait crĂ©Ă© n’était adĂ©quat sans sa jeunesse, comme il est Ă©crit : « car le penchant du cƓur de l’homme est mauvais dĂšs son enfance » (Gen., 8, 21). Et pour cela, Élohim, clĂ©ment et misĂ©ricordieux, et rĂ©confort dans l’iniquitĂ©, a organisĂ© et prĂ©parĂ© le repentir dĂšs le dĂ©but de la crĂ©ation, « avant que les montagnes fussent nĂ©es (etc.) » (Ps., 90, 2). L’homme se repent jusqu’à la victoire, parce que s’il pĂšche et se repent, YHWH Élohim le console. Ainsi, il n’y a aucun signe immuable, parce que tout dĂ©pend de l’homme et de son jugement, Ă  chaque instant (
) ». On reste dans une pensĂ©e religieuse orientĂ©e vers la nĂ©cessitĂ© du repentir, mais « tout dĂ©pend de l’homme » : le libre choix de chacun dĂ©termine son avenir.

Melmothia : Les Ă©ditions Alliance Magique ont rĂ©cemment lancĂ© une collection dĂ©diĂ©e Ă  la Voie de la Main Gauche, Chronos Arenam, que tu as eu le plaisir d’inaugurer comme traducteur. ArrĂȘte-moi si je dis une bĂȘtise, mais il me semble que tu as longtemps Ă©tudiĂ© et pratiquĂ© le systĂšme magique de la Golden Dawn. Et lĂ , paf, tu nous traduis du Michael Ford et du Asenath Mason. Est-ce que tu serais soudain passĂ© du cĂŽtĂ© obscur ou bien est-ce que les distinctions RHP et LHP n’ont pas de signification pour toi ?

HervĂ© : Comme tu le dis, je suis traducteur ; pas auteur. Les livres que je traduis ne reflĂštent pas nĂ©cessairement mes convictions ni mes pratiques. Quant Ă  la division entre LHP et RHP
 Eh bien, j’ai deux mains : et je me sers des deux. Pour Ă©crire, planter un clou, conduire une voiture, faire la vaisselle
 Puisque tu parles de la GD, au sujet de la division entre « gauche » et « droite », je t’invite Ă  (re)lire le rituel de Zelator, qui a Ă©tĂ© traduit et publiĂ© en français il y a une vingtaine d’annĂ©es. Le chemin de l’InitiĂ© ne le mĂšne ni Ă  gauche, ni Ă  droite, mais entre les deux. Le « noir » et le « blanc » ne sont que les modalitĂ©s transitoires et limitĂ©es d’une rĂ©alitĂ© qui les dĂ©passe et les rassemble. Bref : j’estime que lorsqu’on se limite Ă  un cĂŽtĂ©, on se coupe d’une partie de soi-mĂȘme.

Melmothia : Parmi ces traductions, quels sont les textes qui t’ont particuliĂšrement intĂ©ressĂ© ou que tu as trouvĂ© agrĂ©ables Ă  traduire ?

HervĂ© : J’ai trouvĂ© les livres de Sorita d’Este (sur HĂ©cate et sur les origines de la Wicca) trĂšs instructifs, mĂȘme si le premier m’a demandĂ© beaucoup de recherches sur les textes d’auteurs grecs et latins. Mais pour l’instant, l’expĂ©rience la plus agrĂ©able a Ă©tĂ© la traduction de Visions Nocturnes, d’Asenath Mason, qui comprend de vĂ©ritables trĂ©sors sur le pan Ă©sotĂ©rique. De plus, elle a un style trĂšs agrĂ©able Ă  lire (et donc Ă  traduire), ce qui n’est pas forcĂ©ment le cas de tout le monde.

Melmothia : Avant de travailler avec Alliance Magique, il me semble que tu collaborais avec les Ă©ditions Sesheta. Est-ce que cette collaboration se poursuit ?

HervĂ© : Ça remonte Ă  dix ans dĂ©jĂ . J’ai dĂ» interrompre pas mal d’activitĂ©s pendant deux ou trois ans pour des raisons de santĂ© Ă  la fin des annĂ©es 2000. Pour l’instant, c’est au point mort, mais on ne sait jamais.

Melmothia : Si je ne me trompe, tu es enseignant d’anglais et traducteur, est-ce que tu traduis d’autres langues que l’anglais et l’hĂ©breu ?

HervĂ© : Non, et pour l’hĂ©breu, c’est une aventure unique. Je suis venu au SĂ©pher Raziel par curiositĂ© tout d’abord ; je me suis engagĂ© dans sa traduction parce que je voulais voir par moi-mĂȘme ce qu’il contenait, et qu’aucune traduction faite par un spĂ©cialiste ne se profilait Ă  l’horizon.

Melmothia : Tu es autodidacte en hĂ©breu ?

HervĂ© : J’ai fait un an d’hĂ©breu en universitĂ©, il y a bien longtemps ; ça m’a donnĂ© les bases. Mais j’ai longtemps travaillĂ© en Kabbale, avec les textes originaux de la Bible et du SĂ©pher YĂ©tsirah. J’ai donc une assez bonne facilitĂ© de comprĂ©hension de sa syntaxe. Je suis linguiste de formation : je maĂźtrise une dizaine de systĂšmes grammaticaux (latin, Ă©gyptien ancien, sanscrit, allemand, espagnol
). La grammaire de l’hĂ©breu ne pose pas de problĂšmes particuliers ; la morphologie est remarquablement rĂ©guliĂšre, quoique la syntaxe soit souvent trĂšs concise. Pour le vocabulaire, il existe de trĂšs bons dictionnaires quand on sait chercher. Les Ă©tudes et les sites sur l’hĂ©breu biblique ou talmudique ne manquent pas.

Melmothia : Tu signes parfois HervĂ© Solarczyk et parfois HervĂ© Solarzic. C’est pour coller une dĂ©pression nerveuse aux moteurs de recherche ?

HervĂ© : Solarzic, c’est l’orthographe de mon nom pour mon compte Facebook (je ne veux pas que mes Ă©lĂšves le trouvent
 mais je ne veux pas non plus me cacher derriĂšre un pseudonyme. D’oĂč une orthographe qui reflĂšte la prononciation francisĂ©e). Dans tous les autres cas, je signe Solarczyk. Mais pour cette traduction, ce sera HieroSolis, toujours par souci de sĂ©paration entre ma vie professionnelle comme enseignant et ma vie « magique ».

Melmothia : Pour conclure, tu es Ă©galement membre de l’association GIRE, fondĂ©e ou plutĂŽt re-fondĂ©e par Vincent Lauvergne. Est-ce que tu dors la nuit ?… Plus sĂ©rieusement, qu’est-ce que cette association pourrait ou va apporter au paysage occulte contemporain ?

HervĂ© : (Rires !) Oui, je dors la nuit, Ă  peu prĂšs 6h. Le tout c’est de gĂ©rer son temps. Pour le monde occulte contemporain, en particulier le monde francophone : nous avons Ă©normĂ©ment de retard sur le monde anglophone dans ces domaines. On dirait que, pour la majoritĂ© des gens intĂ©ressĂ©s par ces sujets, la magie (au sens large) se limite Ă  une Wicca Ă©dulcorĂ©e, Ă  un New Age fadasse, ou Ă  de multiples rĂ©Ă©ditions de Papus. Les courants issus de la GD ou de Crowley sont soit violemment dĂ©criĂ©s, soit condamnĂ©s Ă  rester souterrains et largement inconnus ; quant aux courants issus d’une forme ou d’une autre d’antinomisme (satanisme, lucifĂ©risme ou magie du Chaos), ils sont eux aussi trĂšs minoritaires, trĂšs mal connus, et souvent condamnĂ©s sans procĂšs. Quand ils ne sont pas dĂ©tournĂ©s par des adolescents (attardĂ©s ou non) en manque de sensations fortes ! Nous manquons d’un vĂ©ritable souffle nouveau. J’espĂšre que des initiatives comme celles d’Arnaud Thuly avec Alliance Magique, de Vincent Lauvergne et al. avec le G.I.R.E., et d’autres encore, permettront l’émergence de rĂ©flexions, d’individus, de courants, qui donneront lieu Ă  une vraie reconnaissance des traditions magiques dans le monde francophone, comme ça commence Ă  avoir lieu dans le monde anglophone. Mais je sais que je rĂȘve un peu : il y a trop de blocages, un poids trop lourd de certaines institutions. NĂ©anmoins, tout est possible, pour peu qu’on soit dĂ©terminĂ© et persĂ©vĂ©rant.

Melmothia : Merci beaucoup pour cet entretien !

Hervé : Merci à vous !

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