Les Mystères de Bérèshit

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Les Mystères de Bérèshit par Spartakus FreeMann. Nous présentons ici une petite étude composite, qui ne se veut ni originale ni exhaustive, sur le Bérèshit. Le matériel de base nous a été donné par notre Ami Ben Nahas.

Le Saint béni soit-Il ne transmet Ses secrets à personne si ce n’est à ceux qui Le craignent comme il est dit : le secret de Hachém pour ceux qui Le craignent (Psaume 25, 14).

Bereshit bara Elohim Ete ha-chamayim ve-ete ha-arets : Au commencement, Dieu avait créé le ciel et la terre.

A – Bereshit bara Elohim

Questions :

1/ Pour quelle raison la Torah commence-t-elle par la lettre Beth (deuxième lettre de l’alphabet hébreu), et non Aleph (première lettre) ?

2/ Bérèchit, est à l’état construit, un génitif, autrement dit, au commencement de… La Tora n’indique pas le nom qu’il complète. Comment donc comprendre l’emploi de cette forme ?

3/ Èlohim : plus tard Bérèchit 2, 4. le texte dira : l’Éternel Dieu, Pourquoi ce changement ? (Élohim est un pluriel – Dieu(x))

Réponses :

1/ La Torah commence par Beth, parce que le roi Salomon, dans son livre Qohèlète, compare la Tora au soleil qui éclaire la terre à partir de trois directions, Est, Sud, Ouest ; le Nord n’est jamais visité par le soleil. Tel le Beth, limité dans trois directions, mais la quatrième, toujours ouverte, que seule la Torah arrive à fermer, ainsi quiconque veut contester la Torah, s’expose aux tentations et aux attaques du Yètsèr ha-râ, appelé tséfoni, l’originaire du nord. Mais quiconque désire échapper à ces attaques, la Torah sera là pour l’aider.

Les Pirqè de Rabbi Èliêzèr, et le Zohar, rapportent comment le Créateur avait écarté chacune des lettres de l’alphabet pour débuter la Tora, invoquant pour chacune la raison de son refus. Le choix s’étant arrêté sur la lettre Beth, Aleph, avait marqué son mécontentement. Dieu le console en le gratifiant du privilège d’être placé en tête du décalogue. Anokhi, commence, en effet, par Aleph. Mais le choix divin s’était porté sur Beth parce qu’elle débute le mot Bérakha, bénédiction, alors qu’Aleph est le début de « arour », malédiction. La création du monde se situe donc au niveau de la bénédiction.

Les Zéqènim mi-Baâlè ha-tosséfot font remarquer que le terme bérèchit, est composé de six lettres rappelant les six jours de création. Le verset se compose de sept mots correspondant aux sept jours de la semaine. Et le nombre total des lettres qui composent ce verset est de 28 faisant référence aux 28 jours du mois. Ce verset renferme six fois la lettre Aleph qui se lit Èlèf, millénaire, attirant l’attention sur la durée du monde de la création qui est de 6000 ans.

Longtemps le Beth se croyait la première parmi les lettres. Longtemps cette consonne resta convaincue que ce fut elle qui était la première à exister et que ce fut elle qui avait la charge d’initier le monde. Le Beth ignorait en effet qu’il était précédé par un autre caractère ; l’Aleph, car Aleph ne se manifestait point ! Aleph, lettre muette, n’était ni vue et -surtout- ni entendue ! (en effet, Aleph ne se prononce pas en hébreu) Même la Torah semblait confirmer la non-existence d’Aleph, car n’était ce pas par lui, le Beth, qu’elle commençait ? Bérèchit, premier mot de la Torah, s’écrit un Beth et non un Aleph.

Le verbe créer, « bara », commence également par cette consonne, et cela semble confirmer que c’est bien Beth qui est la première force créatrice de l’Univers ?

Le Talmud aussi d’ailleurs commence chacun de ses traités par le Beth Et, chaque tome du Talmud, ne commence-t-il pas mystérieusement par la page Beth, de valeur numérique 2 ?

Enfin, le midrach, raconte : « l’Aleph finit par se présenter devant le trône céleste et déconcerté, frustré et brisé il interrogea le Ciel ; Comment, ce n’était donc pas lui, l’authentique premier, qui inaugurait ce monde ? N’était-ce pas par lui que la Torah aurait du commencer ? Il lui semblait que, figurer partout en tête, lui revenait de droit. Silencieusement Dieu écouta les revendications d’Aleph. Dieu ne s’expliqua point et ne justifia rien. Par contre, Dieu rassura Aleph. Si, en effet, le monde n’avait pas commencé par lui, plus tard, au moment glorieux du Don de la Torah, lorsque Dieu irait Se révéler au Peuple Juif, réuni au pied du Mont Sinaï, Dieu irait prononcer le Décalogue, les Dix Commandements, qui eux allaient commencer par la lettre Aleph, —Anokhi Hachem—, Je suis l’Éternel. À cette heure là ce serait le Aleph qui serait bien le tout premier ! »

Bien que l’écriture hébraïque ne connaisse pas de majuscule, ici la première lettre de la Torah, le Beth de Bérèchit, est écrite avec un grand Beth, comme si c’était pour faire ressortir un caractère tout exceptionnel de ce premier Beth ! En sachant que la valeur numérique de la lettre Beth est 2, nous pourrons en effet traduire ce premier Beth par ce 2, pour lire ainsi dans ce texte : – « 2 réchit bara Elokim », « 2 débuts créa l’Éternel, le ciel et la terre »… (À noter que la forme graphique du chiffre 2, chiffre arabe, dérive directement de la graphie de la lettre hébraïque Beth, qui possède cette même valeur numérique)

Ainsi, on peut remarquer que dès le tout premier verset, dans son premier mot et dès sa première lettre, la Torah nous annonce qu’il existe DEUX débuts, DEUX points de départ, DEUX commencements pour chaque chose ! Le premier commencement est celui qui est le plus terrestre ; c’est le commencement tangible où la perception de l’univers est limitée et mesurable. C’est ce commencement qui est cristallisé par la lettre Beth, cette lettre qui elle aussi est terrestre, audible et mesurable. Le second commencement est celui du monde du Ciel. Le monde du Ciel ne connaît pas les distances physiques, dans son univers tout s’exprime en langage métaphysique ! Cet univers est évidemment celui de la lettre Aleph, qui elle non plus ne se laisse pas exprimer tangiblement et vocalement. Et au début, tout au début, Dieu créa ces deux notions, de sorte que c’est à l’homme de savoir dans lequel des deux mondes il désire évoluer. À remarquer aussi que le mot hébreu pour choisir, « boher », commence par cette même lettre ?

Le premier caractère de la Torah est donc de grand format pour rappeler que lui, le Beth, qui représente le monde matériel de la terre, n’est pas seul dans l’existence mais que, encore bien antérieur à lui se trouve l’Aleph, la seule lettre à être vraiment autonome et indépendante et qui elle est l’exponant et le point de départ du monde du Ciel.

Dans le monde physique, le monde de la terre, toute valeur, sans exception, est double aussi ; c’est la vie et la mort, le jour et la nuit ; le bien et le mal, la masculinité et la féminité… Par conséquent, cette lettre de la dualité, le Beth, exprime simultanément la notion de l’intérieur, le fait de se trouver à l’intérieur de cette dualité et le signe Beth, en tant que préfixe, veut justement dire « dans ».

Ainsi du Beth sont issus tous les contrastes et extrémités et ce sont à leur tour ces contrastes et ces extrémités qui constituent le cadre et le contentant de la vie !

Nous comprenons maintenant mieux que le sens même de cette lettre est « maison », (bayit), endroit de l’intérieur par excellence. La notion de « maison » est suggérée par le « beth », tant par son nom, tant par sa valeur numérique, tant par sa forme ( !) et tant par sa philosophie ! Bayit, la construction qui fait émerger l’intérieur, il en est de même pour le mot « beged », qui signifie vêtement. L’habit aussi recouvre pour être le contenant de l’homme.

Le « Beth » est encore la lettre de « bina », l’intelligence qui elle assure la construction intellectuelle. En tant que lettre de contrastes elle exprime donc le désir de l’expansion, de la recherche de joindre les limites dans lesquelles ce monde évolue. « Ben », c’est « fils » et « bat » c’est la fille, l’extension et la construction humaine.

Enfin, c’est avant tout la lettre de la « bera’ha », de la bénédiction. La Torah nous montre cela, la « bera’ha », n’est que la première lettre du récit de son livre, un point de départ, une extrémité, un démarrage. Si toutefois le Beth par l’intermédiaire de sa « bera’ha » sait nous conduire au pied du Mont Sinaï pour y entendre le « Anokhi », le « Je », majestueux de Dieu, c’est que nous avons pleinement vécu et assumé cette deuxième lettre de l’alphabet hébreu, cette première lettre de la Torah.

Voici maintenant quelques passages du Sepher ha-Bahir (traduction Virya) :

§ 3. Pourquoi la Torah commence-t-elle avec la lettre Beith ? Pour qu’elle commence comme une bénédiction (Berakah). Comment savons-nous que la Torah est appelé « bénédiction » ? Parce qu’il est écrit Deutéronome 33:23), « et rempli de bénédiction de Yhwh, possède la Mer et le Sud. » La Mer n’est rien d’autre que la Torah, comme il est écrit (Job 11:9), « Elle est plus large que la mer. » Quelle est la signification du verset, « et rempli de bénédiction de Yhwh ? » Cela signifie que chaque fois que nous trouvons la lettre Beith cela indique une bénédiction. Il est écrit (Genèse 1:1), « au commencement (BeReshit) [Dieu créa le ciel et la terre . »BeReshit est Beth Reshit.] Le mot « commencement » (Reshit) n’est rien d’autre que la Sagesse. Il est écrit (Psaume 111:10), « Le commencement de la sagesse, la crainte de Yhwh. » La sagesse est une bénédiction. Il est écrit, « Et Dieu bénit Salomon. » Il est aussi écrit (I Rois 5:26), « Et Dieu donna la Sagesse à Salomon. » Cela ressemble à un roi qui marie sa fille à son fils. Il la lui donne en mariage et lui dit, « Fais avec elle selon ton désir ».

§ 4. Comment savons-nous que le mot Berakhah [ traduit habituellement par bénédiction] vient du mot Baroukh Hou [signifiant soit bénit-Il] ? Peut-être cela vient-il du mot Berek [ signifiant genou]. Il est écrit (Isaiah 44:23), « Pour moi chaque genou plie . » [Berakah peut donc signifier] sur le Lieu où chaque genou fléchit. À quoi cela est-il comparable ? Les gens veulent voir le roi, mais ne savent pas où trouver sa maison (Bayit). Ils demandent « Où est la maison du roi ? » Alors, seulement, ils peuvent demander, « Où est le roi ? » Il est écrit, « Pour moi chaque genou plie »— même le plus haut— « chaque langue jurera. »

§ 14 : Pourquoi la lettre Beith est-elle fermée de tous côtés et ouverte vers l’avant ? Cela nous enseigne qu’il s’agit de la Maison du monde, Le Saint, béni soit-il, est le lieu du monde, et le monde n’est pas Son lieu. Ne lis pas Beith, mais Bayit (maison). Il est écrit (Proverbes 24:3), « C’est par la sagesse qu’une maison s’élève, Et par l’intelligence qu’elle s’affermit ».

§ 15 : À quoi le Beth ressemble-t-il ? Il est semblable à un homme formé par la sagesse. Il est fermé de tous côtés, mais ouvert vers l’avant. Le Alef, cependant, est ouvert vers l’arrière. Cela nous enseigne que la queue du Beith est ouverte derrière. Sans cela l’homme ne pourrait exister. Pareillement, s’il n’y avait pas de Beith sur la queue du Alef, le monde ne pourrait exister.

Voici, en complément, un extrait de l’introduction à la traduction anglaise de Samuel Mathers de la Kabbalah Denudata de Knorr von Rosenroth (traduction française de Spartakus FreeMann) :

« On doit, en outre, noter au regard du premier mot de la Bible, BRAShITh, Berashith, que les trois premières lettres, BRA, sont les initiales du nom des trois personnes de la Trinité : BN, Ben, le fils ; RVCh, Ruach, l’Esprit ; et AB, Ab, le Père. De plus, la première lettre de la Bible est B, qui est l’initiale de BRKH, Barakhah, bénir ; et non pas A, qui est l’initiale de ARR, Arar, maudire. De nouveau, en prenant la valeur numérique des lettres de Berashith, on obtient le nombre d’années entre la Création et la naissance du Christ : B=2000, R=200, A=1000, SH=3000, I=10 et TH=400, donc un total de 3910 années. Pic de la Mirandole donne ce qui suit en travaillant sur BRAShITh. En reliant la troisième lettre, A, à la première lettre B, on obtient AB, Ab, le Père. Si, on double la première lettre B et qu’on ajoute la seconde R, cela donne BBR, Bebar, dans ou au travers du Fils. Si on lit toutes les lettres sauf la première, cela donne RAShITh, Rashith, le commencement. Si on relie la quatrième lettre, Sh, la première B et la dernière Th, cela donne ShBTh, Shkebeth, la fin ou le repos. Si on prend les trois premières lettres, cela fait BRA, Bera, créé. Si l’on omet la première, les trois suivantes donnent RASh, Rash, tête. Si on omet les deux premières, les deux suivantes donnent ASh, Ash, feu. Si on prend la quatrième et la dernière, cela donne ShTh, Sheth, fondation. Si on met la deuxième lettre avant la première, cela donne RB, Rab, grand. Si après la troisième on place la cinquième et la quatrième, cela fait AISh, Aish, homme. Si aux deux premières lettres on joint les deux dernières, elles donnent BRITh, Berith, alliance. Et si la première est unie à la dernière, cela donne ThB, Theb, qui est parfois utilisé pour TVB, Thob, bon.

En prenant l’ensemble de ces anagrammes mystiques dans l’ordre adéquat, Pic constitue la phrase suivante à partir du mot BRAShTh : Pater in filio (aut per filium) principium et finem (sive quietum) creavit caput, ignem, et fundamentum magni hominis foedere bono : « Au travers de son fils le Père a créé cette Tête qui est le commencement et la fin, le feu-vie et la fondation de l’homme Supernel (l’Adam Qadmon) par Son Alliance bénéfique. Cette note sur la Qabalah littérale s’est déjà étendue au-delà de ses propres limites. Il était toutefois nécessaire d’être explicite sur le raisonnement métaphysique d’autant que le reste de ce travail tourne autour de ses applications. »

2/ Au commencement de… , le texte ne dit pas au commencement de quoi. C’est pourquoi le midrash rapporté par Rachi propose comme lecture du verset Bé = bichevil, à cause d’un rèchite, et rèchite s’explique par Torah et Israël. En d’autres termes, à cause de la Torah et d’Israël, Dieu créa.

Mais le Targoum Yérouchalmi (Traduction araméenne de Jérusalem) traduit avec sagesse Dieu créa… car le verset Téhillim III, 10. dit : rèchite, le début de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel.

Selon le Targoum, l’intention divine qui a présidé à la création est la sagesse autrement dit la crainte de l’Éternel. Aussi pour le Zohar, l’anagramme de Bérèchit, est-il yéra Chabbat, crains le Chabbat. Et qui craint le Chabbat craint le Créateur. Le but de la création est donc que les créatures craignent l’Éternel.

Èlohim, au début, Dieu avait l’intention de créer le monde par la rigueur divine, middate ha-dine, mais comme il a vu que le monde ne pouvait tenir sur la justice stricte, il lui a associé la miséricorde, middate ha-rahamim. Aussi le texte dira-t-il par la suite Bérèchit 2, 4. : « Telles sont les origines du ciel et de la terre, lorsqu’ils furent créés ; à l’époque où l’Éternel, miséricorde, Dieu, justice, fit une terre et un ciel. »

Toujours est-il impossible de penser qu’un changement ait pu intervenir au niveau de la volonté divine. Celle-ci a toujours voulu diriger son monde selon middate ha-dine qui continue d’ailleurs à s’appliquer aux tsaddiqim, en raison de leur aptitude à assumer à accepter la rigueur divine. S’agissant des réchaîm, incapables d’y faire face, le Créateur consent à lui adjoindre clémence et miséricorde. C’est pourquoi il a été donné au rachâ, la possibilité de s’amender et faire un repentir. Car si le monde était dirigé seulement par middate ha-dine, il n’y aurait pas eu de place aux réchaîm.

Lisons ce que dit Albert Soued : « ‘Au commencement’ est la traduction généralement admise du premier mot biblique ‘béreshit’ qui commence par une grande lettre ‘bet’ , la maison. En effet toute la Bible et par conséquent, toute la création est contenue dans cette ‘grande maison’ ». La qabalah donne d’autres interprétations telles que ‘l’alliance du feu’ ou ‘brit esh’, expression constituée des mêmes lettres que le mot ‘bérèshit’ , mais celles-ci sont disposées autrement. Ainsi au commencement, la première alliance fut conclue, l’alliance du feu entre le créateur et lui-même. Dans le même esprit, la qabalah propose de lire le premier mot de la Bible, ‘bara shit’ ou ‘Il créa six’ (les six directions de l’espace : droite/gauche, avant/arrière, haut/bas), ou ‘il créa le manteau ou le fondement’.

On peut proposer également de décomposer le mot « béreshit » en quatre composantes : « bara »(bet/resh/aleph), « shin », « yod », « taw », soit « il créa le feu, le germe de vie, le signe ».

Un autre agencement serait le suivant : bar-yod-taw-esh. « Bar » (bet-resh) est l’engendrement vers l’extérieur de quelque chose, généralement une descendance, un fils, qui est appelé « bar » en araméen. L’engendrement ici est le « yod », la lettre ou la semence à partir de laquelle le monde fut créé. Il reste « taw », le signe et« esh » (aleph-shin), le feu. Ainsi « béreshit » peut être interprété comme une extériorisation, la création d’un point de départ, la lettre yod, dont le signe est le feu. La lettre de feu serait alors le yod.

Un autre arrangement des six lettres de « béreshit » serait yésh (yod-shin) bara (bar aleph) taw ou « le »il y a« créa un signe ». Il s’agit alors de l’engendrement de quelque chose ayant une certaine consistance, un signe, à partir de l’unité « aleph ». En fait, ces deux derniers arrangements des lettres du premier mot de la Bible se rejoignent car la maison « bet » abrite une unité/dualité.

Parmi celles proposées par la qabalah, cette méthode d’analyse d’un mot est classique. Il y a de nombreuses autres combinaisons des six lettres du premier mot de la Bible, théoriquement sept cent vingt. Il serait fastidieux de les produire, d’autant que la majeure partie ne donne pas de sens directement compréhensible.

On citera néanmoins des expressions telles que : il y a une lumière dans le signe, il montre le signe en moi, chant du désir et un chant du signe est arrivé (Albert Soued – 1985)

3/ Le mot Élohim traduit par Dieu est un pluriel, mais le verbe « créa » est au singulier. N’est-il pas naturel de chercher à comprendre ce fait étrange ?

Le nom hébreu pluriel Élohim marque pourtant une différence fondamentale avec le Allah singulier des musulmans. Il indique que le vrai Dieu est une pluralité dans l’unité et non une personne unique. C’est ce que confesse, souvent sans le savoir, tout Juif qui récite : « Schma Israël, Adonaï Elohinou Adonaï Ehad » : « Ecoute, Israël, l’Eternel nos Dieux est un Eternel UN ».

Quiconque admet que la Bible est la Parole de Dieu ne doutera que le fait de trouver trois fois le nom de Dieu dans cette phrase, deux fois au singulier et une fois au pluriel soit sans importance ! D’autre part, il est intéressant de remarquer qu’il n’est pas dit : « l’Éternel notre Dieu est un Dieu unique », mais plutôt « un Dieu UN ».

Unique en hébreu est Yahid, ici il y a Ehad, UN. Ce même mot que Dieu emploie lorsqu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une chair UNE. Le mystère de la Trinité de Dieu dans l’unité est évidemment bien au-delà de celui de l’unité entre homme et femme dans un mariage, cependant Dieu n’emploie aucun mot au hasard dans sa Parole et nous incite ainsi Lui-même à méditer ce rapprochement.

B – Ète ha-chamayim wé-ète ha-arèts

Ces deux éléments ciel et terre ont été créés au début de la création. Pourtant chamayim, se décompose en èche, feu et mayim, eau ! Pourquoi le texte ne donne-t-il pas d’information sur la création de ces deux éléments constitutifs des cieux ?

Ete ha-chamayim, or ha-Hayim, réfutant l’explication de Bérèchit comme étant au commencement de la création du ciel et de la terre tente de montrer la grandeur du Créateur qui, par le premier verbe, la première parole Bérèchit, avait tout créé. En effet, le contraire serait impossible à comprendre étant difficilement en accord avec le texte. Car chamayim est déjà composé de Èche, feu, et mayim, eau, deux éléments qui n’étaient point jusqu’alors créés. Il cite à l’appui le texte du décalogue Chémot 20, 1. : Alors Dieu prononça toutes ces paroles, c’est-à-dire, Il avait dit en une parole tous les dix commandements ce qu’aucune bouche ne peut exprimer. Tout ce que le Créateur avait l’intention de créer le fut à la première parole qui est Bérèchit. Aussi le ète, qui accompagne les cieux et la terre signifie ainsi que tout ce qu’ils renferment. Mais si Dieu avait procédé à d’autres créations durant les jours suivants, ce fut surtout pour mettre de l’ordre dans son monde. Il en veut pour preuve le texte Bérèchit 2, 13. :

« Dieu bénit le septième jour et le proclama saint, parce qu’en ce jour il se reposa de l’oeuvre entière qu’il avait créée [le jour de la création] et organisée [pendant les six jours]. »

Or ha-Hayim explique ainsi l’emploi de Bérèchit. Se basant sur le texte Téhillim 33, 6. : Par la parole de l’Éternel les cieux se sont formés, par le souffle de sa bouche, toutes leurs milice, il se demande comment nos Maîtres peuvent-ils affirmer que les créatures célestes ont été créées au deuxième jour pour éviter à l’homme l’erreur de dire qu’elles ont contribué à la création du monde. Le texte stipule, en effet, qu’elles ont été créées par le souffle de sa bouche qui, lui, est antérieur et précède la parole. Mais Bérèchit dont le sens est aussi parole divine atteste que le Créateur a usé de la parole avant le souffle afin que les êtres célestes ne puissent pas dire qu’ils ont participé à la création. Au début, les cieux et la terre furent créés par la parole ce n’est qu’ensuite que furent créés les êtres célestes par le souffle qui précède normalement la parole.

Or, la terre n’était que solitude et chaos ; des ténèbres couvraient la face de l’abîme, et le souffle de Dieu planait sur la face des eaux.

La terre était solitude et chaos, quel besoin de nous renseigner sur ce que la terre était avant la création de la lumière ?

À partir des six jours de la création, le monde n’a pas subi, il est vrai, de changement. Le soleil continue toujours à se lever à l’Est et se coucher à l’Ouest. Cette information devient nécessaire car si les réchaîm contribuaient par leurs mauvaises actions à jeter le monde dans le chaos, ce ne sera nullement un changement ni une nouveauté. Ce sera seulement le retour du chaos originel. L’ordre de la Création ne sera maintenu que si Israël et les tsaddiqim consentent à jouer ce rôle par leur conduite et par l’étude de la Torah.

C – Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut.

Et la lumière fut, Pour quelle raison n’a-t-on pas dit et ce fut ainsi comme pour la plupart des choses créées ? Dans ce texte il est écrit cinq fois le terme Or, et dans le texte traitant des luminaires, le quatrième jour, il est dit cinq fois Maor. Pourquoi ? Rambane remarque, en effet, l’emploi de l’expression et la lumière fut au lieu de ce fut ainsi. L’expression ce fut ainsi suggère, dit-il, que la lumière initiale de la création est celle que nous avons en ce moment alors qu’elle n’a été en service que jusqu’au quatrième jour de la création, jour où furent créés les luminaires.

Rachi dit que cette lumière ne devait pas être au service des réchaîm, c’est pourquoi Dieu l’avait mise en réserve pour la fin des temps.

C’est cette voie qu’emprunte, Maor Wa-Chèmèche. La Torah évite de préciser ce fût ainsi pour ne pas risquer de voir les réchaîm utiliser cette lumière destinée aux seuls tsaddiqim.

Ainsi pour cette raison trouvons-nous cinq fois le terme or, lumière, le premier jour et, parallèlement cinq fois le terme maor, luminaire, le quatrième jour pour préciser que la lumière qui est en service, celle produite par le soleil, la lune et les étoiles, n’est que le reflet de cette première lumière qui est gardée en réserve pour les tsaddiqim.

Dieu considéra que la lumière était bonne, et il établit une distinction entre la lumière et les ténèbres.

Il établit une distinction entre la lumière et les ténèbres.

Cette information paraît de prime abord inutile puisque le jour sera le règne de la lumière et la nuit celui des ténèbres. Pourquoi alors l’avoir mentionnée ?

Rachi explique qu’il n’est point convenable ni esthétique que la lumière et les ténèbres servent confusément.

Mais Sforno, souligne, tout en étant d’accord avec l’opinion de Rachi, que le jour et la nuit connaissent une distinction, pendant les quatre premiers jours, par la seule volonté du Créateur. Pendant ces quatre jours, la durée du jour et de la nuit a été marquée non par l’exercice du soleil et de la lune qui n’étaient pas en fonction, mais par la volonté divine.

Dieu appela la lumière Jour, et les ténèbres, il les appela Nuit. Il fut soir, il fut matin, un jour.

D – Yom èhad, un jour.

Pourquoi ne pas employer yom richone, premier jour, comme pour les autres jours où le nombre ordinal est employé ?

En ce premier jour, Dieu était unique en son monde. Kéli Yaqar, souligne qu’il faut absolument affirmer l’unicité de Dieu créateur du jour et de la nuit pour combattre les croyances manichéennes qui enseignent l’existence d’un dieu créateur de la lumière distinct du créateur des ténèbres, dieu du mal distinct du dieu du bien.

Pour les Hébreux et les kabbalistes, Dieu est èhad, unique. Il ne saurait exister d’autres divinités. Au-delà du récit de la Création, la Torah vise de nous imprégner de l’existence de Dieu et de Sa Providence. Aussi dans nos prières devons-nous mentionner le jour comme la nuit que Dieu est le créateur à la fois du jour et de la nuit, de la lumière et des ténèbres.

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Les Mystères de Bérèshit par Spartakus FreeMann.

Image par Brigitte Werner de Pixabay

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