Le Baphomet

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Le Baphomet par Spartakus FreeMann.

Nous arrivons Ă  prĂ©sent au coeur d’une figure mythique liant les rites secrets des Templiers Ă  ceux des Ophiens, nous voulons parler du Baphomet, ce « dieu » ou symbole des Templiers. Nous insistons ici pour que le lecteur comprenne bien que nous ne voulions pas lier la Baphomet en tant que fantasme au courant NaasĂšne. Nous voulons prendre distance avec ces rĂȘveurs, chasseurs de gueuses considĂ©rations, qui, s’imaginant fils de Baphomet, pensent ĂȘtre les dieux de leurs frĂšres humains. Nous voulons simplement montrer que le fluide coule depuis toujours, sub terraneus ou publicitaire, ayant traversĂ© les fleuves du temps et de l’espace, afin de nous effleurer de ses vertes volutes. Les Chercheurs de LumiĂšre ne ressentent que peu de plaisir dans les jeux gĂ©nĂ©alogiques…

Le Baphomet
Le Baphomet

Le terme de Baphomet remonte au procĂšs des Templiers, ce serait la fameuse « tĂȘte magique », prĂ©tendue idole des pauvres chevaliers du Christ. Cet objet du culte templier Ă©tait tantĂŽt une idole ayant une seule tĂȘte barbue et tantĂŽt une idole possĂ©dant trois tĂȘtes, mais il n’est jamais fait mention – Ă  notre connaissance – de son corps. Une de ces tĂȘtes sera d’ailleurs retrouvĂ©e avec l’inscription « CAPUT LVIII ». Dans les comptes rendus du procĂšs, ces tĂȘtes Ă©taient censĂ©es donner la richesse, le pouvoir et la santĂ© aux chevaliers. Selon Hugh Schonfield, dans son « The Essene Odyssey », on ne peut qu’admettre, en considĂ©rant les implications de ces tĂȘtes et du dĂ©codage du Baphomet comme Ă©tant la Sagesse qu’« il ne peut y avoir que peu de doutes sur le fait que l’idole des Templiers reprĂ©sentait la Sophia en son aspect fĂ©minin et isiaque et qu’elle Ă©tait liĂ©e Ă  Marie Madeleine dans son aspect chrĂ©tien ». Baphomet n’en reste pas moins le champ psychique gĂ©nĂ©rĂ© par l’ensemble des ĂȘtres vivants sur cette planĂšte.

Depuis l’Ère Shamanique, on l’a souvent reprĂ©sentĂ© comme Pan (1), Pangenitor, Pamphage, le Destructeur, Shiva-Kali – le phallus crĂ©ateur et l’abominable et destructrice mĂšre – comme Abrasax (2) comme le DĂ©mon du sexe et de la mort Ă  tĂȘte d’animal, comme l’Archonte dĂ©moniaque qui dirige ce monde, comme Ishtar ou AstartĂ© – dĂ©esse de l’amour et de la guerre – comme l’Anima Mundi ou Monde des Âmes ou simplement comme la « DĂ©esse ».

D’autres reprĂ©sentations comprennent l’Aigle, ou le Baron Samedi, ou Thanateros, ou Cernunnos. Aucune image ne peut reprĂ©senter la totalitĂ© de ce que cette force est, mais on la montre conventionnellement comme un dieu hermaphrodite, divinitĂ© sous la forme d’un homme qui comprend diverses caractĂ©ristiques mammaires ou reptiliennes. L’image contient souvent des Ă©lĂ©ments floraux et minĂ©raux ainsi que des Ă©lĂ©ments ramenant au concept de la mort car cette force comprend aussi la mort. Vie et Mort ne sont que de simples phĂ©nomĂšnes au travers desquels la force vitale se rĂ©incarne continuellement. Nier la mort c’est nier la vie. Les aspects de la divinitĂ© mĂąle et femme qu’est Baphomet sont toujours soulignĂ©s car c’est par le sexe que la vie est crĂ©Ă©e et la sexualitĂ© mesure la force vitale ou la vitalitĂ©, quelle que soit la maniĂšre dont elle est exprimĂ©e.

Presque toutes les mythologies gardent en mĂ©moire des lĂ©gendes relatives aux Ă©nergies reptiliennes qui prĂ©cĂ©dĂšrent les dieux eux-mĂȘmes. Ainsi, dans de nombreuses cosmologies, nous avons des serpents-Leviathans entourant l’univers, ou des Tiamat-dragons d’oĂč Ă©mergent toutes les existences. Les dieux sont souvent dĂ©crits comme ayant emprisonnĂ© ces forces reptiliennes, ou cherchant Ă  les dĂ©truire. Il existe un ensemble de documents templiers sur lesquels on peut examiner des symboles et des personnages dont l’essence remonterait aux cultes de Priape ou du Serpent. Sur l’un de ces documents, l’on peut examiner une figure nue portant une coiffure Ă  la CybĂšle (3) qui tient une chaĂźne de ses deux mains et qui est entourĂ©e de symboles divers, le soleil et la lune au-dessus d’elle, en dessous, le Pentagramme et l’Hexagramme et sous ses pieds un crĂąne humain. Cette chaĂźne est le symbole des anneaux du serpent et donc de la fraternitĂ© des ophiens.

On trouve aussi un texte en langue arabe que l’on ne peut traduire directement, mais toutefois, si l’on applique une grille de dĂ©codage, le sens est : « Que MetĂ© soit louĂ© ! Il fait germer et fleurir toutes choses ! Il est notre principe qui est un et sept ! Abjure ta foi et abandonne-toi Ă  tous les plaisirs ».

Sur un autre document, on peut examiner deux personnages androgynes :

  • le premier est plutĂŽt fĂ©minin mais pourvu d’un sexe masculin. Il tient une chaĂźne dans chaque main.
  • le second est de type masculin portant une barbe et ayant un sexe fĂ©minin. Il porte Ă©galement une chaĂźne dans chaque main. Sur les cĂŽtĂ©s sont disposĂ©es 12 Ă©toiles, Ă  gauche en bas, il y a un Pentagramme et Ă  droite un Hexagramme. Sous ses pieds, il y a un crĂąne humain.

Lisons à présent un extrait de « Les demeures philosophales » (4) de Fulcanelli :

Dans l’expression hermĂ©tique pure, correspondant au travail de l’Oeuvre, Baphomet vient des racines grecques Bapheus, teinturier, et mĂšs, mis pour mĂštĂš, la lune, Ă  moins qu’on ne veuille s’adresser Ă  mĂšter, gĂ©nitif mĂštros, mĂšre ou matrice, ce qui revient au mĂȘme sens lunaire, puisque la lune est vĂ©ritablement la mĂšre ou la matrice mercurielle qui reçoit la teinture ou semence du soufre, reprĂ©sentant le mĂąle, le teinturier, Bapheus – dans la gĂ©nĂ©ration mĂ©tallique. BaphĂš a le sens d’immersion et de teinture. Et l’on peut dire, sans trop divulguer, que le soufre, pĂšre et teinturier de la pierre, fĂ©conde la lune mercurielle par immersion, ce qui nous ramĂšne au baptĂȘme symbolique de MĂ©tĂ© exprimĂ© encore par le mot baphomet. Celui-ci apparaĂźt donc bien comme l’hiĂ©roglyphe complet de la science, figurĂ©e ailleurs dans la personnalitĂ© du dieu Pan, image mythique de la nature en pleine activitĂ©.

Le mot latin Bapheus, teinturier, et le verbe meto, cueillir, recueillir, moissonner, signalent Ă©galement cette vertu spĂ©ciale que possĂšde le mercure ou lune des sages, de capter, au fur et Ă  mesure de son Ă©mission, et cela pendant l’immersion ou le bain du roi, la teinture qu’il abandonne et que la mĂšre conservera dans son sein durant le temps requis. C’est lĂ  le Graal, qui contient le vin eucharistique, liqueur de feu spirituel, liqueur vĂ©gĂ©tative, vivante et vivifiante introduite dans les choses matĂ©rielles.

Quant Ă  l’origine de l’Ordre, Ă  sa filiation, aux connaissances et aux croyances des Templiers, nous ne pouvons mieux faire que citer textuellement un fragment de l’étude que Pierre Dujols, l’érudit et savant philosophe, consacre aux frĂšres chevaliers dans sa Bibliographie gĂ©nĂ©rale des Sciences occultes.

Les frĂšres du Temple, dit l’auteur, – on ne saurait plus soutenir la nĂ©gative, furent vraiment affiliĂ©s au ManichĂ©isme. Du reste, la thĂšse du baron de Hammer est conforme Ă  cette opinion. Pour lui, les sectateurs de Mardeck, les IsmaĂ©liens, les Albigeois, les Templiers, les Francs-maçons, les IlluminĂ©s, etc., sont tributaires d’une mĂȘme tradition secrĂšte Ă©manĂ©e de cette Maison de la Sagesse (Dar-el-hickmet), fondĂ©e au Caire vers le XIe siĂšcle, par Hakem.

L’acadĂ©micien allemand Nicolai conclut dans un sens analogue et ajoute que le fameux baphomet, qu’il fait venir du grec BaphomĂštos, Ă©tait un symbole pythagoricien. Nous ne nous attarderons point aux opinions divergentes de Anton, Herder, Munter, etc., mais nous nous arrĂȘterons un instant Ă  l’étymologie du mot baphomet. L’idĂ©e de Nicolai est recevable si l’on admet, avec Hammer, cette lĂ©gĂšre variante : BaphĂš MĂštĂšios, qu’on pourrait traduire par baptĂȘme de MĂ©tĂ©. On a constatĂ©, justement, un rite de ce nom chez les Ophites. En effet, MĂ©tĂ© Ă©tait une divinitĂ© androgyne figurant la Nature naturante. Proclus dit textuellement que MĂ©tis, nommĂ© encore Epikarpaios, ou Natura germinans, Ă©tait le dieu hermaphrodite des adorateurs du Serpent. On sait aussi que les HellĂšnes dĂ©signaient, par le mot MĂ©tis, la Prudence vĂ©nĂ©rĂ©e comme Ă©pouse de Jupiter. En somme, cette discussion philologique avĂšre de maniĂšre incontestable que le Baphomet Ă©tait l’expression paĂŻenne de Pan. Or, comme les Templiers, les Ophites avaient deux baptĂȘmes : l’un, celui de l’eau, ou exotĂ©rique ; l’autre, Ă©sotĂ©rique, celui de l’esprit ou du feu. Ce dernier s’appelait le baptĂȘme de MĂ©tĂ©. Saint Justin et saint IrĂ©nĂ©e le nomment l’illumination. C’est le baptĂȘme de la LumiĂšre des Francs-maçons.

Plus sur le sujet :

Le Baphomet, Spartakus FreeMann, 2003 e.v., issu des Oraisons du Serpent.

Illustration : Le Baphomet dans une séance maçonnique, par Leo Taxil, 1890.

(1) Pan est la divinitĂ© hellĂ©nistique des bergers et des troupeaux. D’apparence mi-humaine, mi-animale, il reprĂ©sente l’activitĂ© sexuelle intense et exprime la ruse bestiale. Pan en grec signifie « tout » et ce nom lui fut donnĂ© car il incarne une tendance propre Ă  tout l’univers. Il est le grand principe rĂ©gulateur, le premier principe d’amour, ou crĂ©ateur, incorporĂ© dans la matiĂšre universelle et formant le monde.

(2) Abrasax, Abracax ou Abraxas est une entitĂ© gnostique qui prĂ©side au 365 jours de l’annĂ©e (365 Ă©tant sa valeur arithmosophique). Abrasax est un dieu polymorphe au corps d’homme Ă  tĂȘte de coq et dont les jambes sont des serpents, il est vĂȘtu d’une armure et tient un fouet et un bouclier.

(3) DĂ©esse de la terre, fille du ciel, Ă©pouse de Saturne. CybĂšle symbolise l’énergie enfermĂ©e dans la terre et elle est la source primordiale de toute fĂ©conditĂ©. Elle est souvent reprĂ©sentĂ©e coiffĂ©e d’une Ă©toile Ă  sept branches ou d’un croissant de lune. CybĂšle est le DĂ©esse MĂšre, la Magna Mater dont le culte se confond avec ceux de la fĂ©conditĂ©.

(4) Tome 1, pp. 200 Ă  206 (J.J. Pauvert, 3Ăšme Ă©dition, 1965) Livre second, la Salamandre de Lisieux, sous-titre VI.

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