Consolamentum, réincarnation et évolution spirituelle dans le catharisme 2

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Consolamentum, réincarnation et évolution spirituelle dans le catharisme et le Christianisme Originel 2 (seconde partie) par Jean Pierre-Bonnerot. 

C/ Existe-t-il des stades d’évolution dans la fixation de l’âme au corps ?

D/ L’Ame peut-elle quitter le corps et dans l’affirmative sous quelle condition ?

Les interrogations que nous venons de poser étant proches, sinon complémentaires, nous tenterons d’y répondre simultanément.

Le Zohar s’exprime en ces termes :

« Le Saint béni Soit-il créa l’homme en réunissant la poussière des quatre côtés du monde (microcosme). Il fit son corps à l’endroit du Sanctuaire d’en bas et lui insuffla l’âme de vie du Sanctuaire d’en-haut. L’âme comprend trois degrés. Elle a trois appellations, à l’instar du mystère supérieur : Nefech, le souffle vital ; Rouah, l’esprit, Nechamah, l’âme. Nefech est l’échelon inférieur. Rouah, est la faculté qui domine l’échelon précédent et le maintient en vie. Nechamah est l’échelon supérieur qui domine le tout. Ces trois échelons animent les humains qui doivent servir leur Auteur. Nefech est l’organisation physique. Rouah couronne l’homme qui témoigne du souci de se purifier. Nechamah l’habite, une fois qu’il s’est élevé par les deux précédentes facultés et qu’il est devenu digne de servir son auteur. L’homme est alors intégralement parfait. Il est digne du monde à venir, il est aimé du Saint béni Soit-Il, ainsi qu’il est écrit : Je possède ce qu’il faut pour gratifier ceux qui m’aiment » (Prov VIII, 21). Qui sont ceux qui m’aiment ? Ceux que l’âme sainte anime » (59)

Il existe dans la kabbale une échelle de l’âme qui passe du souffle, à l’esprit, à l’âme. Cette graduation s’inscrit dans une mystique vers laquelle l’homme doit s’acheminer, sur le fait de cette échelle, le Zohar atteste :

« Il est écrit : « Mon âme (naphschi) te désire pendant la nuit ». Donc le mot « nephesch » désigne l’âme à l’état de sommeil. Et l’écriture ajoute : « Et mon esprit (rouah) te cherche lorsque je me réveille au point du jour ». Donc « Rouah » désigne l’âme à l’état de veille. Mais que l’on n’imagine pas que « nephesch » et « rouah » soient deux espèces différentes ; il n’en est rien ; elles ne forment qu’une seule et même essence, puisqu’elles ne peuvent exister qu’unies l’une à l’autre. Au-dessus de « nephesch » et de « rouah » il y a une essence supérieure qui les domine ; et cette essence est appelée « neschama » (âme). « Nephesch » est le degré inférieur, il est le soutien du corps qu’il nourrit ; il ne peut qu’exister uni au corps, et le corps ne peut exister qu’uni à lui. Ensuite il devient le piédestal de « rouah » ; « rouah » est donc au-dessus de « nephesch » uni au corps ainsi qu’il est écrit : « Jusqu’à ce que l’Esprit (rouah) soit répandu sur nous du haut du ciel » (Isaïe XXXII, 15). Lorsque l’homme possède « nephesch » et « rouah », il devient susceptible de recevoir « neschama », de manière que l’essence de beaucoup supérieure à « nephesch » et à « rouah » et aussi plus secrète que les deux autres. Il résulte donc de ce qui précède que le corps de l’homme sert de piédestal à un autre piédestal qui est « nephesch », cet autre piédestal sert à « rouah » et « rouah » sert à son tour de piédestal à « neschama ». Que l’on approfondisse ces degrés de l’esprit humain et l’on y découvrira le mystère de la Sagesse éternelle, car c’est la Sagesse éternelle qui a formé ces échelles de l’esprit humain à l’image du Mystère suprême » (60).

À la lecture de ces deux textes complémentaires, la kabbale envisage dans sa méditation et sa révélation sur l’Ancien Testament, l’idée, le principe d’une évolution dans la fixation spirituelle de l’âme au corps.

Parmi les premiers Pères, Justin en son Dialogue avec Tryphon évoque l’idée selon laquelle l’âme hors du corps empêche ce dernier de continuer à vivre :

« L’homme n’existe pas toujours et le corps ne subsiste pas perpétuellement uni à l’âme ; lorsque cette harmonie doit se briser, l’âme abandonne le corps et l’homme n’existe plus. De même aussi, lorsque l’âme cesse d’exister, l’esprit de vie s’échappe d’elle ; l’âme n’existe plus et s’en retourne au lieu d’où elle avait été tirée ». (61)

Mais avec l’âme, l’Écriture évoque l’idée d’une puissance ce qui suppose une énergie, une dynamique en action. À propos de Jean le Baptiste, il est dit :

« Lui-même le précèdera avec l’esprit et la puissance d’Élie pour retrouver le coeur des pères vers les enfants, les indociles vers le bon sens des justes et pour apprêter au Seigneur un peuple préparé ». (Luc I, 17)

Comme le rappelle Origène en son Commentaire sur l’Évangile de Jean VI, paragraphe 66, l’esprit est autre chose que l’âme et ce que l’on appelle puissance est autre chose que l’esprit et que l’âme. Il convient de compléter la citation précédente par cette autre de l’Apôtre :

« L’Esprit Saint surviendra sur toi, la puissance du Très Haut te couvrira : c’est pourquoi l’enfant sera saint et on l’appellera fils de Dieu » (Luc I, 35).

La puissance d’Élie est pour Jean-Baptiste, et la puissance du Père est pour Jésus-Christ. Si donc, l’âme et l’esprit sont liés à une puissance, différente selon les personnes, et sans atteindre la situation du Christ Incarné qui est la deuxième Personne de la Très Sainte Trinité, il existe donc bien le discernement d’une échelle des puissances dans la Création Naturelle de Dieu, selon l’exégèse que l’on peut tenter de réaliser à travers le Nouveau Testament comme les kabbalistes l’ont fait à partir de l’Ancien Testament.

Existe-t-il des stades d’évolution dans la fixation de l’âme au corps, les kabbalistes l’ont affirmé par l’accès de l’être à ces niveaux d’évolution pour leur âme, et il semble que l’on puisse par contre déduire cette idée chez les Pères de l’Église selon laquelle sur le plan spirituel on retrouve cette échelle, cette hiérarchie, cette dynamique.

Saint Paul, le grand Apôtre écrit aux Romains : « De même selon l’Écriture il fut dit à Pharaon : “Je t’ai suscité pour montrer en toi ma puissance, et pour que mon nom soit glorifié sur toute la terre ». Ainsi donc il fait miséricorde à qui il veut et il endurcit qui il veut. Alors tu me diras : « De quoi se plaint-il donc ? car qui peut résister à sa volonté ? » Et je te répondrai [en te citant tes prophètes] : « O homme, qui es-tu, toi qui disputes ainsi avec Die ? Le vase d’argile dira-t-il au potier : « Pourquoi m’as-tu donné telle forme ? ». De la même masse d’argile le potier n’a-t-il pas le droit de faire tel vase pour un usage d’honneur, tel autre pour un usage plus vil ? Si donc Dieu, voulant manifester sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté pendant une longue attente des vases de colère fabriqués pour périr ; et pour montrer la richesse de sa gloire sur les vases de miséricorde qu’il a préparés pour la gloire » (Romains IX, 17-24).

Tertullien en son traité la Résurrection des morts explique bien que les vases évoqués par l’Apôtre sont les hommes :

« Ainsi la boue s’est-elle effacée, absorbée dans la chair. Quand ? Lorsque l’homme devint une âme vivante sous le souffle de Dieu (Gen II, 7), qui, bien sûr, était chaud, et capable, en quelque sorte, d’assécher la boue pour en faire une autre substance, comme une poterie, c’est à dire la chair. Ainsi est-il possible au potier, en réglant bien le souffle du feu, de transformer l’argile en un matériau plus robuste, et de tirer d’une forme, une forme nouvelle, plus commode que la première, constituant désormais une catégorie propre, avec un nom à elle. Car s’il est écrit : « Est-ce que l’argile dira au potier … ? » (Rom IX, 20), c’est à dire l’homme à Dieu, et si l’Apôtre dit : « dans des pots de terre (2 Cor IV, 7), l’argile c’est l’homme, parce qu’il était auparavant de la boue, et la poterie c’est la chair, parce qu’elle est sortie de la boue sous l’effet de la chaleur du souffle divin ». (62)

Le Maître Alexandrin expliquera ensuite ce message de l’Apôtre en son Traité des Principes :

« Si donc quelqu’un se purifie des fautes dont je parle, il sera un vase noble, sanctifié, utile au Seigneur, propre à toute oeuvre de bien (II Tim 20-21). Si donc quelqu’un est purifié, il devient un vase noble ; celui qui au contraire a négligé d’éliminer les actes d’impudicité, celui-là devient un vase vil ». (63)

Par la purification des fautes, il y a ascension de l’âme passant d’un vase vil à un vase noble, et cela éventuellement par le fait de la grâce ou par la progression individuelle et s’il convient d’évoquer encore – et toujours – le Maître d’Alexandrie, le Père des Pères de l’Églises, il conviendra ensuite que nous expliquions ce « jugement » qu’il émet en ses Homélies sur Jérémie :

« Avant de t’avoir façonné dans le ventre de ta mère je te connais (Jér. I, 5). Si le Seigneur connaissait tous les hommes, car il faut rapprocher de ce verset les mots  » Je ne sais pas parler » (Jér. I, 6), il n’aurait pas dit à Jérémie comme une chose exceptionnelle : « je te connais ». Donc Dieu connaît les hommes éminents, il connaît ceux qui sont dignes d’être connus de lui, en somme « Le Seigneur a connu les siens » (II, Tim II, 19), les indignes au contraire, Dieu ne les connaît pas et le Sauveur ne les connaît pas d’avantage, lui qui a dit : « Je ne vous ai jamais connus ». (Matth. VII, 23) (64).

Connaître veut dire naître avec. Connaître Dieu c’est naître avec Dieu et là réside l’un des mystères de la Prière sacerdotale lorsque le Christ Jésus dialoguant avec son Père, répond :

« Et moi, je te prie pour eux. Je ne te prie pas pour le monde ; mais pour ceux que tu m’as donnés ; parce qu’ils sont tiens, – oui, tout ce qui est mien est tien et tout ce qui est tien est mien, – et j’ai glorifié en eux ». (Jean XVII, 9-11)

« Et ce n’est pas seulement pour ceux-ci que je prie, mais aussi pour ceux qui par leur parole croient en moi, afin que tous ils soient un » (Jean XVII, 20, 21).

Si le Christ a accompli la réintégration de tous les êtres, c’est à Gethsémani. La face contre terre, le Christ n’est pas en situation de doute, mais, sans pour autant défaillir, le Sauveur tressaille devant le spectacle que représentent tous les péchés du monde, non pas comme devant une peur, mais comme une preuve physique de son acceptation dans l’abnégation.

À côté de cette réintégration de tous les êtres accomplie par le Christ vient notamment se greffer la prière en faveur de ceux pour qui le Seigneur prie particulièrement, et qui par leur fonction de disciples vont à leur tour agir et prier pour ceux qui ne sont point encore parvenus à ce niveau spirituel qu’est la réconciliation avec la Très Sainte Trinité et qui est la naissance non pas selon la fibration de la chair, du sang ou de la volonté de l’homme, mais la naissance avec Dieu.

Dieu connaît les autres êtres, toutes ses créatures, mais il connaît ses disciples dans la mesure où le Christ les reconnaît :

« Epheta ! Recevez le souffle de l’Esprit Saint, acceptez la parole divine, soyez illuminés par la vraie connaissance. Aujourd’hui, le Christ vous a reconnu ». (65)

et cette formule qui appartient à la liturgie baptismale de l’Eglise Gnostique Apostolique fait ressortir ce principe de la Reconnaissance qui se trouve donc, – nous le verrons plus loin dans le cadre de notre analyse plus poussée du Baptême -, une Re-Naissance avec Dieu, et nous revenons ainsi à l’entretien de Jésus avec Nicodème.

La présentation qui précède n’est pas contraire à la pensée des philosophes anciens et Jamblique par exemple en son Traité de l’âme, déclare :

« En outre les âmes pures et parfaites vont loger dans les corps d’une manière pure, sans être affectées de passions et sans être privées de la fonction intellectuelle ; pour les âmes de nature contraire, c’est le contraire. Mais Atticus et d’autres Platoniciens, ne sont pas de cet avis : ils unissent toutes les âmes aux corps selon un mode unique de rencontre ; d’une manière toujours identique dans toute incorporation des âmes ; ils font exister d’abord l’âme irrationnelle, désordonnée et immergée dans la matière, et, quand cette âme a été bien ordonnée, ils la font en surplus s’unir à l’âme raisonnable ». (66)

Ceci nous ramène à l’idée des vases évoqués par l’Apôtre. L’un des points essentiels de la théologie de l’Hermétisme c’est que c’est à l’âge de raison que l’être acquiert le discernement de la route qu’il doit choisir pour son âme, et cet âge est celui de la puberté, thèse que reprendra Tertullien en son Traité sur l’Ame (chapitre 38), conscience venant vers l’âge de 14 ans qui débouchera chez ces philosophes grecs apparentés à l’Hermétisme et à la Gnose sur la valeur morale de notre choix de vie, et dans le choix du genre de vie à la puberté, accompli par l’âme dans le corps, Jamblique ajoute :

« Les genres de vie se distinguent soit comme les meilleurs caractérisés selon Platon par la purification, l’élévation et le perfectionnement de l’âme, soit comme les pires, opposés aux précédents par les caractères contraires ». (67)

Le bon choix c’est de connaître Dieu, c’est à dire donc de Re-Naître et Hermès dans le Poimandrès évoque cette situation :

« Dieu ayant ainsi parlé, la Providence, par le moyen du destin et de l’armature des sphères, opéra les unions et établit les générations, et tous les êtres se multiplièrent chacun selon son espèce, et celui qui s’est reconnu soi-même est arrivé au bien élu entre tous, tandis que celui qui a chéri le corps issu de l’erreur de l’amour, celui-là demeure dans l’obscurité, errant, souffrant dans ses sens les choses de la mort ». (68)

Hermès évoque au paragraphe 21, la connaissance que l’homme peut avoir de Dieu par l’analogie de sa propre constitution où étant fait de vie et de lumière, il peut découvrir ce qu’est Dieu qui est Vie et Lumière.

Ces deux voies, nous les retrouvons dans la Didaché qui commence par ces mots : « Il y a deux voies l’une de la vie, l’autre de la mort ; mais la différence est grande entre ces deux voies ». (69)

Ces deux voies ne conduisent pas à un manichéisme, mais à l’ajournement de l’âme vers sa purification, la mort comme seconde voie est le résultat de cette autre attitude de l’homme qui ne cherche pas Dieu et c’est pourquoi le Christ répond à propos du disciple qu’Il aimait à Pierre :

« Si je veux que celui-là continue jusqu’à ce que je vienne que t’importe ? Toi, suis-moi ! » (Jean XXII, 22)

Les stades d’évolution dans la fixation de l’âme au corps appartiennent à deux modes, le spirituel et le temporel que représente l’âge de raison, fixé par les philosophes grecs et Tertullien à quatorze ans.

L’âme peut-elle quitter le corps ? Plotin en ses Ennéades répond :

« Ne faut-il pas dire plutôt que l’âme est présente au corps comme le feu est présent à l’air, car le feu est présent à l’air sans être présent, il y est présent tout entier sans être mêlé à rien, et il reste lui-même en pénétrant l’autre. Et quand il se retire de l’air où il produit la lumière, il s’en va sans en rien emporter ; de sorte qu’on pourrait dire que c’est l’air qui est dans la lumière avec autant de raison qu’on dit que la lumière est dans l’air. C’est pourquoi Platon parlant de Psyché et du Cosmos dit fort bien que Psyché n’a pas été placée toute entière dans le corps du Tout, mais seulement il y a d’elle dans le corps ce qui est nécessaire de son être à l’être du corps, mais rien de ce qui n’est pas nécessaire : ce qui indique clairement qu’il y a des puissances de Psyché dont le corps n’a pas besoin. Et il en est de même des autres âmes ». (70)

Jamblique à propos de la façon dont l’âme se sert du corps répond toujours en son Traité de l’Ame : « Car les uns disent qu’elle ressemble à la fonction du pilote sur un navire, duquel le pilote peut aussi se détacher séparément ». (71)

Le navire c’est le corps ; le pilote, c’est l’âme et Plotin avant Jamblique précisait au chapitre précédent de ses Ennéades : « On dit que l’âme est dans le corps comme le pilote dans un navire. C’est exact pour exprimer que l’âme est quelque chose qui peut être à part de ce qu’est le corps ». (72)

Porphyre en son Traité à Gavros : Sur la manière dont l’embryon reçoit l’âme, précise un point très important et qui complète Plotin et Jamblique, celui selon lequel l’âme non seulement n’est pas captive du corps que cette dernière ne dépend pas de l’ordre corporel, mais encore qu’elle a lieu en vertu d’une aptitude.

« Ce drame qu’on nous offre ainsi de la capture de l’âme est lui aussi pure fiction, et nullement le fait de connaisseurs, mais de gens qui de nouveau ignorent que l’âme n’est pas capturée, comme par la main ou par un lien ou au moyen d’une cage : car pour tout dire d’un mot, sa capture n’est pas de l’ordre corporel, elle n’a lieu qu’en vertu d’une aptitude, comme le feu non plus ne laisse pas prendre par un lien ou par la main, mais seulement en vertu de l’aptitude de la matière combustible ». (73)

Quelle est cette aptitude qu’évoque Porphyre, n’est-elle pas explicitement évoquée dans ce passage de son traité :

« Ainsi en va-t-il aussi du petit corps de l’embryon qui est dans le sein et en train de se rendre accordé à une âme : avant d’avoir reçu le degré suffisant d’accord avec l’âme, il ne la possède pas ; a-t-il été accordé, aussitôt il possède, présente en lui, l’âme qui doit l’utiliser ; mais tant que l’accord fait défaut, l’âme n’est pas présente, bien que le monde soit tout rempli et gorgé d’âmes ». (74)

L’absence de l’âme propre au corps qui lui est destinée est donc possible chez tous ces philosophes qu’il s’agisse de Jamblique ou de Plotin, par exemple et Porphyre d’ajouter qu’en ce cas d’absence, une âme impropre peut venir dans le corps ; ce qui deviendra le phénomène de possession ; bien même après que l’accord ait été conclu. Il y a donc possibilité chez ces philosophes que l’âme propre quitte ultérieurement le corps :

« Si cet accord est rompu, le corps peut sans doute admettre des âmes d’une autre sorte, par exemple des âmes de vers de cadavres et de vers de terre, mais il s’est séparé de l’âme qui lui était appropriée et consonante ». (75)

Ceci est-il contraire à l’enseignement des Pères et à la théologie chrétienne ?

Si Porphyre enseigne que le corps peut recevoir une âme impropre, Justin déclarera en son Dialogue avec Tryphon que le corps peut recevoir une âme impropre :

« Et les âmes jugées indignes de cette vision, que leur arrive-t-il ? dit-il

Elles sont emprisonnées sans le corps de quelque animal et c’est là leur châtiment

Elles savent donc pourquoi, elles sont dans ce corps et qu’elles ont commis un péché ?

Je ne le pense pas ». (76)

Le problème qui nous occupe n’est pas d’examiner le bien fondé ou non de la régression dans l’idée de métempsycose mais de savoir si l’âme vivante n’est pas communiquée seulement à ceux qui sont les disciples de Dieu, sans que cela empêche les autres de mener une vie selon un autre monde.

Justin en son Dialogue avec Tryphon évoquant Isaïe XLII, 5-13 explique : « Vous avez compris, amis, que Dieu dit qu’il donnera sa gloire à celui qu’il a établi Lumière des nations, et à nul autre, et non point comme disait Tryphon que Dieu se réserve à lui-même sa gloire ». (77)

Irénée de Lyon déclare dans son traité Contre les Hérésies :

« L’homme parfait est un mélange et une union de l’âme, recevant l’esprit du Père liée à la chair qui est formée à la ressemblance de Dieu. C’est pourquoi l’Apôtre dit : « Nous prêchons la sagesse aux parfaits (I Cor II, 6), disant parfaits ceux qui ont reçu l’Esprit de Dieu et parlent toutes les langues par l’Esprit de Dieu, comme il parlait Lui-même… l’Apôtre les appelle des spirituels : ils sont spirituels par la communication de l’Esprit et non par défaut et suppression de la chair, et selon simplement le seul Esprit… Quand cet Esprit mêlé à l’âme, est uni à la créature, à cause de l’effusion de l’Esprit, l’homme est devenu spirituel et parfait : et c’est lui qui a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. Mais si l’Esprit vient à manquer à l’âme, l’homme en cet état est vraiment un homme animal, et, abandonné à l’état charnel, il sera imparfait : il a bien l’image (de Dieu) en son corps créé, mais il n’assume pas la ressemblance par l’Esprit ». (78)

Cette distinction a été faite par le Christ, à Gethsémani, dans le cadre de la prière sacerdotale, la gloire de Dieu, le Christ la communique à ses disciples et non au monde :

« Moi, je leur ai donné ton Verbe, et le monde les hait, parce qu’ils ne sont pas de ce monde, non plus que moi, je ne suis de ce monde… Oui, comme toi Père tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi en nous ils soient un, afin que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé. Oui, je leur ai donné, moi la gloire que tu m’as donnée : qu’ils soient un comme nous sommes un ». (Jean XVII, 14 et 21 et 22)

Il serait aisé de multiplier les exemples patristiques, mais nous alourdirions notre propos. Il apparaît que l’Ame se fixe au corps sous réserve d’une évolution spirituelle vers Dieu et quitter le corps devenu animal, à l’occasion d’une tension inverse, et pour conclure provisoirement cet ensemble de quatre points, nous citerons quelques vers du Miserere de Marius Victorinus, un grand Père de l’Eglise qui est trop oublié :

« Aie pitié de moi, Seigneur ! Christ aie pitié de moi ! J’ai aimé le monde, parce que tu avais fait le monde ; j’ai été prisonnier du monde, alors que le monde jalouse les tiens ; maintenant je hais le monde, parce que maintenant j’ai goûté l’Esprit.

Aie pitié de moi, Seigneur ! Christ, aie pitié de moi !

Seigneur secours ceux qui sont tombés ! Secours ceux qui se repentent ! Car, par ton divin arrêt, par ta sainte décision, mon péché même fait partie du mystère du salut !

Aie pitié de moi, Seigneur ! Christ, aie pitié de moi !

Seigneur, je connais ton commandement ! Je sais que la loi du retour, en mon âme est gravée ! Oui, je me hâte, si tu m’ordonnes de revenir à toi, ô notre Dieu ». (79)

*

* *

Le baptême d’eau ou de repentance accompli par Jean le Baptiste passe par la conversion. Cette conversion suppose une faculté autonome de conscience, que les Pères, nous l’avons entrevu, désignent sous le nom de Puissance et chez les philosophes néoplatoniciens sous le nom d’aptitude, par laquelle l’âme s’insère dans le corps.

En plusieurs instants des Evangiles, Marc X, 13-16, Luc XVIII, 15-17, Matthieu XIX, 13-16 il est manifesté que les disciples gourmandent ceux qui se présentaient des petits enfants au Christ :

« Alors on lui présenta des enfants pour qu’il pose les mains sur eux et prie ; mais les disciples les tançaient ; Jésus leur dit : Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le règne des cieux est à leurs pareils. Il posa les mains sur eux et s’en alla« .

Si le Christ ne rejette pas les enfants, c’est bien entendu parce que partie intégrante de Sa création Jésus n’a perdu aucune de ses créatures, pas même le Fils de Perdition pour que l’Ecriture soit accomplie. L’enfant est un être important dans l’économie divine car c’est à son exemple que l’homme doit revenir et cet exemple est celui de la pureté qui débouche sur l’état d’innocence sinon d’absence de péchés :

« Oui je vous le dis, si vous ne vous retournez pas et ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Règne des cieux. Celui qui s’abaissera comme cet enfant, c’est lui le plus grand dans le règne des cieux« . (Matthieu XVIII, 3-5)

Le retour à l’état d’innocence passe par la conversion et la pénitence. Le baptême de pénitence est un baptême d’eau. Tertullien à propos de ce symbolisme de l’eau écrit en son Traité du Baptême :

« Au commencement, est-il écrit, Dieu fit le ciel et la terre. Or la terre était invisible et chaotique et les ténèbres couvraient l’abîme et l’esprit de Dieu était porté sur les eaux ». Homme, il te faut vénérer cet âge reculé des eaux, car c’est une matière qui date de l’origine. Révère aussi sa dignité, puisqu’elle était le siège de l’Esprit divin qui le préférait alors aux autres éléments. Les ténèbres étaient encore informes, sans l’ornement des astres, l’abîme était sombre, la terre non ébauchée, le ciel mal dégrossi : seule l’eau, matière parfaite dès l’origine, féconde et simple, s’étendait transparente comme un trône digne de son Dieu« . (80)

Le Dr A.E. Chauvet en son magistral ouvrage sur l’Esotérisme de la Genèse traduit le verset 2 de la Genèse ainsi :

« Le vivant Esprit reçu et transmis par l’Angélie fécondait et incubait les manifestations, virtuelles des Eaux primordiales, Milieu-Contenant Universel, dont les Productions futures de l’Univers sensible, jusqu’alors indistinguées constituaient le contenu« . (Genèse I, 2) (81)

C’est l’eau qui contient les Productions futures de l’Univers sensible et l’on comprend dès lors que Tertullien ajoute :

« C’est cette première eau qui enfanta tout ce qui vit pour qu’on n’ait pas lieu de s’étonner si, dans le baptême, les eaux encore produisent la vie« . (82)

L’eau enfante ce qui vit, le baptême d’eau est un baptême d’enfantement vers la vie et dans le récit de la Genèse c’est aux eaux que Dieu commanda en premier de produire des animaux vivants.

L’eau est le lieu, l’élément privilégié qui prépare la manifestation du Christ dans le monde. Jésus est d’abord « baptisé » dans le Jourdain par Jean, et se montre alors la gloire de Dieu : « Si tôt immergé, Jésus remonta des eaux et voilà que les cieux s’ouvrirent, il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voilà que, des cieux, une voix dit : Celui-ci est mon fils, l’aimé dont je suis content » (Matthieu III, 16 et 17) et le premier miracle de Jésus se réalise avec noces de Cana dans le cadre de l’Evangile de Jean (II, 7-10) :

« Jésus leur dit : Remplissez d’eau les urnes. Et ils remplirent jusqu’en haut. Il leur dit : Puisez maintenant et portez-en au chef. Ils en portèrent. Quand le chef goûta l’eau devenue du vin, il ne sut pas d’où il provenait, mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient« .

L’eau devenue vin aux noces de Cana préfigure la Sainte Cène qui transubstantera le vin en Corps du Sauveur et ces noces de la terre anticipent les noces eucharistiques qui préfigurent la Communion dans la Nouvelle Jérusalem.

La figure de l’eau est un point essentiel donc de la vie de Jésus et Tertullien en son Traité du Baptême écrit :

« Jamais le Christ n’apparaît sans l’eau ! Lui-même est baptisé dans l’eau ; invité à des noces, c’est l’eau qui inaugure les commencements de sa puissance. Annonce-t-il la Parole ? Il convie ceux qui ont soif à boire son eau éternelle ! Traite-t-il de la charité ? Il reconnaît comme oeuvre d’amour le verre d’eau donné au prochain. Près d’un puits il répare ses forces. Il marche sur l’eau, il la traverse volontiers ; il lave avec l’eau les pieds de ses disciples… quand il est condamné à la Croix, l’eau intervient encore, c’est pour les mains de Pilate. Quand il est transpercé, l’eau jaillit de son côté, c’est par la lance du soldat« . (83)

Le mystère de l’eau est fondamental dans la théologie scripturaire et sacramentelle : elle apparaît comme le témoin de ce qui est pur et illuminé. La liturgie gnostique fait dire au célébrant lorsqu’il verse le vin dans le calice :

« Un des soldats transperça avec sa lance le côté du Seigneur. Il en sortit du sang et de l’eau, pardon du monde entier. Celui qui l’a vu en rendit témoignage et son témoignage est véridique« . (84)

L’eau est donc assimilée au pardon, à la repentance qu’à l’occasion du Lavabo le célébrant manifeste par cette prière encore :

« Je ne me lave pas les mains, Seigneur, comme ceux qui sont innocents, et je frémis de me tenir devant votre autel, car je sais que je suis un grand pécheur. Par votre grâce infinie, que cette eau me lave de la souillure de mes péchés et efface les traces de mes iniquités dans l’océan de votre clémence. O Dieu, dissipez la rouille de m es péchés et des offenses, dans votre bonté et votre miséricorde. Amen« . (85)

A côté du mystère du repentir figure celui de la conversion. Il est deux textes du Nouveau Testament qu’il convient de garder en mémoire :

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi : c’est moi qui ai fait choix de vous et qui vous ai établis mes envoyés, pour que vous portiez du fruit, du fruit qui demeure et pour vous accorder ce que vous demanderez au Père en mon nom« . (Jean XV, 16)

« Saül qui exhalait encore la menace et le meurtre à l’égard des disciples du Seigneur, s’approcha du Grand prêtre et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin de lier hommes et femmes qu’il trouverait de cette voie et de les amener à Jérusalem. Il y alla et, comme il approchait de Damas, une lumière du ciel l’éblouit soudain et, tombant par terre, il entendit une voix qui lui disait : Saül, Saül, pourquoi me poursuis-tu ? Il dit : Qui es-tu Seigneur ? Et lui : Je suis Jésus que tu poursuis. Mais lève-toi entre dans la ville et on te dira ce que tu dois faire« . (Acte IX, 1-7)

Saül se relèvera de terre, aveugle, ne mangeant ni ne buvant pendant trois jour.

« Il y avait à Damas un disciple appelé Ananie. Le Seigneur lui dit : « Lève-toi, va dans ce qu’on appelle la rue Droite et cherche, dans la maison de Judas, un nommé Saül de Tarse ; car le voilà qui prie et il a vu un homme appelé Ananie, qui entrait et qui posait les mains sur lui pour qu’il voie… Le Seigneur lui dit : Va, car c’est pour moi un outil de choix pour porter mon nom devant les nations, les rois et les fils d’Israël ; car je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom« . (Actes IX, 10-13 et 15-17)

Le mystère de la conversion passe par le mystère du repentir et le mystère de la souffrance réparatrice passe par celui non moins énigmatique de la violence que l’on a imposé antérieurement à d’autres. Ce point dernier a été entrevu dans le cadre de notre étude précédente à propos des conditions de l’alliance. (86)

Il fallait que Paul persécute les chrétiens avec acharnement pour connaître une nuit intérieure aussi profonde que par son passé. Cette profondeur s’inscrit dans l’abîme intérieur qui est l’une des lectures du Prologue de Saint Jean I, 5 :

« Et la lumière lui dans la Ténèbre

Et la ténèbre n’a pas compris. »

Alta rappelle naturellement en sa traduction et son commentaire de Jean (87) que le texte dit bien la Ténèbre et non les Ténèbres, pour indiquer – dit-il – aux esprits réfléchis que ce texte veut suggérer non pas un dogme, mais un mystère.

La ténèbre de chaque homme doit recevoir la lumière qui est le Christ. Il est des hommes qui n’ont point compris cette présence parce qu’ils ne sont pas descendus assez dans les ténèbres de leur coeur. Le préfixe « Com », comme, « con » signifie avec et comprendre, c’est prendre avec, mais l’on ne peut prendre avec quelque chose que ce que l’on a de cette chose, il faut encore qu’elle existe en quantité suffisante pour prendre avec, proportionnellement, autant, de cette autre chose qui présentement pour la ténèbre est la Lumière. Le texte suivant de l’Apocalypse III, 16 : « Parce qu’ainsi tu es tiède et ni froid, ni chaud, je vais te vomir de ma bouche » est à prendre en considération, car le tiède n’a pas assez de ténèbre pour accueillir d’avantage de lumière, à l’inverse le froid qui est un puits immense d’accueil et du chaud qui possède déjà toute la lumière, ou du moins suffisamment.

La ténèbre intérieure comme la ténèbre de la Genèse n’est pas un lieu de conscience en tant que tel : ce point est fondamental et il n’est pas un contenu, et le Dr. A.E. Chauvet traduit fort remarquablement ce Prologue de Genèse I, 2 en son Esotérisme de la Genèse : « Déjà pourtant la Ténèbre, Puissance de concentration et de compression agissait sur l’Abîme, contenant universel…« 

Si l’homme n’a pas pris conscience de son péché comment parviendra-t-il à se purifier?

La lumière provoque un tourbillon dans l’abîme de notre coeur jusqu’alors empli de la ténèbre et transmue – si on l’accepte – cette ténèbre, en lumière, qui est à la fois conscience engendrant le repentir et qui débouche sur l’Amour.

« Ceux qui habitent le pays de l’ombre, sur eux un lumière a brillé » (Isaïe IX, 1)

Paul accepte cette lumière lui qui habitait le pays de l’ombre, parce qu’il a prié et sa prière est le lieu transfigurateur de son repentir, et l’on ne peut se repentir que si l’on a péché. L’Apôtre ne nous dit-il pas :

« Vous avez été ténèbre autrefois, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur : vivez donc comme des enfants de lumière ; et le fruit de la lumière c’est toute sainteté, toute justice, toute vérité« . (Ephésiens V, 8)

La conversion passe par le choix accompli par le Christ en faveur de chaque créature, non pas que chaque créature ne puisse être choisie, mais elle est appelée et c’est la vocation par Dieu. Dès lors qu’elle est prête à entendre Son appel.

Origène le grand Origène, le Maître d’Alexandrie écrit à propos du Prologue de Jean en son Commentaire sur Saint Jean :

« La Parole sacrée sait que les commandements sont une lumière ; Isaïe dit « Car tes ordonnances sont une lumière sur la terre », ainsi que David au Psaume 18 : « la loi du Seigneur est pleine de lumière, elle éclaire les yeux ». Mais qu’il existe à côté des ordonnances et des lis, une lumière de connaissance, nous le découvrons chez l’un des douze petits prophètes : « Semez pour vous en vue de la justice, vendangez en vue d’un fruit de vie, éclairez-vous d’une lumière de connaissance »… « D’autre part les ténèbres sont prises dans le sens des actions mauvaises ; le même Jean nous l’apprend dans son épître en disant : « Si nous prétendons être en communion avec lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité » et, plus loin, « Qui prétend être dans la lumière tout en haïssant son frère est encore dans les ténèbres » et, enfin, « Qui hait son frère est dans les ténèbres, il va et vient dans les ténèbres, il ne sait où il se dirige parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux »… « Remarque bien cette (parole) : dieu est lumière, et en Lui il n’y a pas de ténèbres » ; n’a-t-elle pas été prononcé parce qu’il n’existe pas une seule ténèbre mais deux, si l’on considère les genres, ou même, puisqu’on trouve en chaque individu beaucoup de mauvaises actions et d’opinions fausses, c’est qu’il y a beaucoup de ténèbres, dont aucune n’est en Dieu. Quant au saint, à qui le Sauveur déclare : « Vous êtes la lumière du monde, il n’est pas dit que le Saint est la lumière du monde et qu’en lui il n’y a pas de ténèbres« . (89)

Dieu est lumière et il n’y as pas en Lui de ténèbre parce qu’il est l’Amour ; c’est la Lumière, mais il en est une autre qui permet de communier à la Lumière Primordiale, Originelle, c’est celle de la Connaissance, qui est s’il s’agit de la Connaissance de Dieu, de naître avec Dieu !

Dieu s’est fait pour que l’homme s’approche le plus possible de Dieu ! Si le Christ s’est chargé de nos ténèbres c’est pour abolir notre mort en anéantissant les ténèbres qui sont en notre âme et Origène d’ajouter encore :

« Cette Lumière qui est dans le Verbe et qui également la Vie « brille dans les ténèbres » de nos âmes et s’établit là même où (demeuraient) les princes de ce monde de ténèbres ceux qui ne sont pas d’une fermeté assez absolue pour être appelés, une fois éclairés, ‘Fils de Lumière’« . (90)

Il s’opère une transformation de ces ténèbres en lumière et lorsque le Maître Alexandrin évoque le Psaume 117 : « Dieu a fait des ténèbres sa retraite« , il précise : « D’une manière plus paradoxale, je pourrais dire aussi des ténèbres prises en bonne part qu’elles se hâtent vers la lumière, la saisissent et deviennent lumière, parce que n’étant pas connues, ces ténèbres changent de valeur pour celui qui auparavant ne voyait pas, de telle manière que, après avoir été instruit, il déclare que la ténèbre qui était en lui est devenue Lumière, une fois qu’elle a été connue« . (91)

Nous revenons ainsi au mystère de la conversion qui passe par le mystère du repentir, qui est celui de la conscience.

Après l’explication du Notre Père, on comprend qu’immédiatement après, alors, apparaisse dans le rituel cathare du Consolamentum cette exhortation :

« Voilà pourquoi vous devez comprendre, si vous voulez recevoir cette oraison, qu’il faut vous repentir de tous vos péchés et pardonner à tous les hommes, vu que dans l’Evangile le Christ dit : « Si vous ne remettez pas aux hommes leurs péchés, votre Père céleste ne vous remettra pas non plus vos péchés ». De même, il convient que vous vous décidiez dans votre coeur à mettre en pratique cette sainte oraison tout le temps de votre vie, si Dieu vous accorde de recevoir la grâce, selon la coutume de l’Eglise de Dieu… » (92)

Le Baptême d’eau est le baptême du repentir et de la conversion : c’est la première étape du Baptême de l’Esprit et c’est pourquoi, en conclusion à la première étape du Consolamentum, il est dit :

« Que l’ordonné commence alors le perdonum. Qu’il dise ensuite l’oraison comme c’est la coutume ; la prière terminée ainsi que les « grâces » que le croyant dise alors avec respect devant l’Ordonné : « Bénissez, ayez pitié de nous, amen ! Qu’il nous soit fiat le Seigneur selon ta parole ». Et que l’Ordonné dise : « Que le Père, le Fils et le Saint Esprit vous remettent tous vos péchés ! » (93)

Il n’y a pas dans le Catharisme de mépris ni de rejet du Baptême de repentance qui est rappelé à l’occasion de cette première partie et le rituel d’affirmer :

« De même personne ne doit penser que, par ce baptême que vous avez l’intention de recevoir, vous deviez mépriser l’autre baptême, votre premier christianisme et le bien quel qu’il soit que vous avez fait ou dit jusqu’à présent, mais vous devez comprendre qu’il vous faut recevoir le saint ordinamentum du Christ en supplément de celui qui était insuffisant pour votre salut« . (94)

III – Le Baptême d’Esprit et de Feu : Deuxième étape du Consolamentum

Que l’on s’entende bien ! Si le Baptême d’eau ou de repentance ne suffit pas pour acheminer vers la vie éternelle, cela ne signifie pas qu’il n’ait point de vertus, mais ces vertus du baptême de repentance préparent d’autres grâces qui elles permettent au chrétien de parvenir à la Nouvelle Jérusalem. Sur ce point nous renvoyons le lecteur à notre précédente étude (95).

Le Baptême d’Esprit et de Feu est le Sacrement de la Confirmation dans l’occident chrétien et de la chrismation dans l’Orthodoxie : dans le cadre du catharisme il est l’une des formes du Consolamentum.

« Quand Simon vit que l’Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur présenta de l’argent« . (Actes VIII, 18)

L’imposition des mains en vue de la réception du Saint Esprit est distincte du Baptême :

« Les apôtres à Jérusalem, entendirent que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu et ils leur envoyèrent Pierre et Jean qui y descendirent et prièrent pour eux pour qu’ils reçoivent le Saint Esprit, car il n’était encore tombé sur aucun d’eux : ils avaient seulement été immergés au nom du Seigneur Jésus. Alors ils imposèrent les mains sur eux et eux recevaient l’Esprit Saint« . (Actes VIII, 14-18)

Il convient de retenir avant d’aller plus outre, cet autre passage des Actes XIX, 1-7 :

« Pendant qu’Apollos était à Corinthe, Paul parcourut le haut pays et vint à Ephèse. Il y trouva quelques disciples et leur dit : Avez-vous reçu le Saint Esprit depuis que vous avez la foi ? Ils lui dirent : Nous n’avons pas même entendu parler d’un Saint Esprit ! Il leur dit : Quelle immersion avez-vous donc reçue ? Ils dirent l’immersion de Jean. Paul leur dit : l’immersion par Jean immergeait pour la conversion, il disait au peuple de se fier à celui qui venait après lui, c’est à dire à Jésus. A ces paroles, ils se firent immerger au nom du Seigneur Jésus. Et comme Paul posait les mains sur eux, l’Esprit Saint vint vers eux, et ils parlaient en langues et prophétisaient« .

Ainsi apparaît dans l’esprit des disciples qu’il y a plusieurs immersions et que la première ou le baptême de repentance et de conversion, donne la foi. Le baptême de l’Esprit offre la possibilité de parler les langues et de prophétiser, en un mot de témoigner. Il y a un jeu de mot entre le fait de parler des langues pour témoigner envers toutes les nations et a réception des langues de feu qui le jour de la pentecôte se partagent et se posent sur chacun des apôtres.

Ce phénomène est antérieurement présent dans l’Ancien Testament en divers lieux mais le fait le plus marquant est sans doute en les Nombres XI, 25 : « Iahvé descendit dans le nuée et lui parla. Il reprit de l’esprit qui était sur lui et en mit sur les soixante dix hommes, les anciens. Or, dès que l’Esprit se reposa sur eux, ils prophétisèrent, mais ils ne recommencèrent pas« .

Le Talmud nous précise que s’il survient une lacune dans la perfection morale du prophète, le don de la prophétie se perd, soit pour un temps, soit définitivement. A la suite du verset 25, le texte de poursuit ainsi :

« Deux hommes étaient restés dans le camp, le nom de l’un était Eldad et le nom du deuxième était Meydad. L’esprit se reposa sur eux, car ils étaient parmi les inscrits, mais ils n’étaient point sortis vers la Tente, et ils prophétisaient dans le camp. Un jeune homme courut l’annoncer à Moïse et dit : « Eldad et Meydad prophétisent dans le camp ! ». Josué, fils de Noun, ministre de Moïse depuis son adolescence, prit la parole et dit : « Mon seigneur Moïse empêche les !  » Mais Moïse lui dit « Es-tu jaloux pour moi ? Qui fera que tout le peuple de Iahvé mettrait son esprit sur eux ! » Puis Moïse se retira dans le camp, Lui et les anciens d’Israël » (Nombres XI, 26-31)

Comme le rappelle le rabbin Elie Munk :

« Les deux prophètes Eldad et Médad furent particulièrement appréciés pour leur modestie et leur humilité. Ils en furent par cinq fois, distingués des autres anciens. Ceux-ci prédisaient juste ce qui se passerait le lendemain au sujet des cailles ; Eldad et Médad annonçaient ce qu’il adviendrait dans les jours futurs. Les autres prophétisaient seulement pour un jour, mais eux reçurent le don de prophétie pour toute leur vie. Les autres moururent dans le désert, tandis qu’Eldad et Médad étaient encore chefs du peuple après la mort de Moïse. Leurs noms sont mentionnés dans l’Ecriture, alors que les noms des autres n’y figurent pas. Enfin l’ensemble des anciens a reçu le don de prophétie de Moïse, mais eux deux le tinrent directement de Dieu » (96)

Il y a une attitude de modestie et d’humilité qu’il convient de posséder lorsque l’on reçoit l’Esprit Saint et nous revenons aux vertus morales de repentance et de conversion acquises par le baptême d’eau qui préparent à la réception et à l’épanouissement du Baptême d’Esprit.

L’Eglise Gnostique Apostolique en sa liturgie de la Confirmation offre ce préambule qui rappelle une première fois la baptême des Eglises Apostoliques :

« Mon frère (ma soeur) vous venez aujourd’hui demander à l’Eglise de Dieu, Une, Sainte, Catholique et Apostolique, le sacrement de la Confirmation : vous allez tout à l’heure confirmer votre foi et vous engager au service de l’Eglise. L’Eglise à son tour vous confirmera dans la fonction sacerdotale que vous endosserez en devenant membre de l’Eglise Priante, Souffrante, Militante. « Par votre baptême, vous étiez entré dans le corps mystique du Christ et votre âme, acquise à Dieu, avait accepté la Parole Divine. Après avoir été pris en charge, avec la grâce de Dieu, par l’Eglise ; aujourd’hui, par la Confirmation, vous allez être consacré par l’Esprit Saint, pour agir dans le monde, au Nom de Notre Seigneur car : « Jadis vous étiez ténèbres, mais maintenant vous êtes Lumière dans le Seigneur ; conduisez-vous comme de vraies lumières » (Ephésiens V, 8) – Le Catéchumène est devenu chrétien. Le chrétien est devenu disciple de Notre Seigneur Jésus+Christ ; et parce que vous aspirez, pour autant que cela soit possible à la faiblesse humaine, à devenir Ami du Sauveur, portant avec Lui, la Croix du monde, je vous appelle, mon frère, au Nom de l’Eglise du Dieu Vivant, Une, Sainte, Catholique et Apostolique, à travailler pour la Réconciliation Universelle » (97).

Dans le cadre de la deuxième partie du Sacrement, l’E.G.A. demande au baptisé de renouveler sa renonciation au Prince de ce monde et son adhésion au Christ, engagement pris non seulement une première fois à l’occasion de son baptême et la troisième partie commence ainsi :

« Mon Frère (Ma Soeur) vous venez de renouveler votre engagement baptismal, d’une façon solennelle et pour toujours. Ayez en mémoire constamment, cette adresse du Sauveur : « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous demande. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ignore ce que fait son maître ; je viens de vous appeler amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez porter du fruit, et un fruit permanent«  (Jean XV, 14-17)

« Mon Frère, vous avez reçu l’enseignement de l’Eglise du Dieu Vivant, devenez pour toujours l’Ami de Notre Seigneur Jésus+Christ, en devenant membre de l’Eglise Priante, Souffrante, Militante.

« Vous allez recevoir les sept dons de l’Esprit Saint, ces arrhes qu’évoque l’Apôtre : « Or celui qui nous affermit avec vous dans le Christ et qui nous a consacrés par l’Onction, c’est Dieu ; c’est Lui aussi qui nous a marqués de son sceau et qui a mis dans nos coeurs, ces arrhes de l’Esprit » (II Cor I, 21-23). Ces arrhes : vous les avez reçus au baptême, vous allez en recevoir d’autres pour que vous puissiez mener à bien votre fonction dans l’Eglise et qu’ayant reçu ces prémices de l’Esprit, il convient que vous n’oubliez jamais « que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu réside en vous » (I Cor III, 16).

« Mon Frère, vous engagez-vous au service de l’Eglise du Dieu Vivant, Une, Sainte, Catholique, et Apostolique, cette Eglise dont la pierre d’angle est le Christ ? » (97)

Devenir le Temple de Dieu est possible dans le cadre de la liturgie de la Confirmation ou chrismation par l’Esprit Saint, dont Saint Jean annonce l’actualisation, et la mise en place du baptême d’Esprit, par ces paroles :

« L’homme sur lequel tu verras l’Esprit descendre d’en haut et demeurer sur lui, c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit-Saint. Or j’ai vu, et je rends donc témoignage que celui là est le Fils de Dieu » (Jean I, 33-55)

Le jour suivant, André, frère de Simon ayant entendu cette parole avait rejoint le Christ et ayant rencontré peu après Simon il lui déclare :

« Nous avons trouvé le Messie, lui dit-il, ce qui signifie « Le Christ » ; et il l’amena à Jésus » (Jean I, 41) et comme le rappelle avec justesse le père Cyrille Argenti en son étude sur la Chrismation : Jean se sert du mot grec « christos », participe passé du verbe « chrio », oins.

Avant d’en venir au sens de l’onction dans l’Eglise et le Nouveau Testament, examinons dans quelles circonstances s’établit cette onction dans l’Ancien Testament.

A/ La chrismation dans l’Ancien Testament

« Puis tu feras approcher Aaron et ses fils de l’entrée de la tente du rendez-vous, tu les laveras dans l’eau. Tu prendras les habits et tu revêtiras Aaron de la tunique, du manteau d’éphod, de l’éphod et du pectoral, puis tu l’enlaceras de la bande de l’éphod. Puis tu mettras le turban sur sa tête et tu placeras le diadème de sainteté sur le turban. Tu prendras l’huile d’onction et tu la verseras sur sa tête, tu l’oindras« . (Exode XXIX, 4-8)

Rachi note que « cette onction également se faisait sous la forme d’un KI grec. On lui mettait de l’huile sur la tête et entre les sourcils, et on l’établit avec les doigts« . (98)

Rachi à propos d’Exode XXX, 26 et 29 note encore :

« Toutes les onctions se faisaient en forme de KI grec, sauf celles des rois qui se faisaient en forme de couronne » et par ailleurs : « Tu les sancitifieras : cette onction les sanctifie, pour les rendre saints au plus haut degré« . (99)

Le rabbin Elie Munk pour sa part précise en son commentaire des versets cités que, pour R, Moské, Isserles et Racant ; du fait qu’il y a homonymie entre les mots hébreux onction et attraction, il découle que :

« L’huile d’onction a la vertu d’attirer sur la tête de celui qui la reçoit l’esprit divin. L’huile a été choisie parce qu’elle est le prototype de la manière inflammable qui s’allume au premier contact de l’étincelle qui vient d’en haut. Ainsi, l’oint du Seigneur est-il susceptible d’attirer l’inspiration dès que la flamme d’en haut a jailli pour aller allumer la lumière de son esprit« . (100)

La chrismation consacre donc les rois et les prêtres, tel Aaron, comme il est dit « Le prêtre oint… » (Lévitique IV, 5) et « Alors Samuel prit la fiole d’huile et en versa sur sa tête, puis il le baisa et dit : « N’est-ce pas Iahvé qui t’a oint comme chef sur son peuple Israël… Alors fondra sur toi l’Esprit de Iahvé, tu prophétiseras avec eux et tu seras changé en un autre homme« . (I Samuel X, 1 et 6)

Nous retrouvons les prémices des charismes inhérents au baptême de l’Esprit : le don de prophétiser, de parler, en un mot de témoigner comme l’évoque ce passage entrevu des Actes XIX, 1-7.

L’oint est donc Roi, Prêtre et Prophète !… Avec Rachi et les rabbins il y a rapport à mettre en évidence entre l’onction et l’attraction, le feu de l’huile et le feu divin.

Ceux qui reçurent des ordinations valides du temps où les Eglises Apostoliques conservaient des rituels d’ordination sérieux, nous comprendront, quant à la surprise dont certains me firent part lorsqu’à la suite de la cérémonie d’ordination, leurs mains notamment les brûlaient… Feu de l’huile et feu divin sont étroitement liés par la consécration du Saint Chrème, fait qui débouche sur ce que ce n’est plus l’huile qui agit comme telle mains l’onction par l’Esprit dont nous parle Isaïe XI, 2 et 3 :

« Sur lui se posera l’Esprit de Iahvé, esprit de sagesse et de discernement, esprit avisé et vaillant, esprit de connaissance et de crainte de Iahvé ; il l’inspirera dans la crainte de Iahvé« .

L’Esprit offre des dons qui préparent aux sept grâces de la Confirmation : l’Esprit de Sagesse, l’Esprit d’Intelligence, l’Esprit de Connaissance, l’Esprit de Force, l’Esprit de Science, l’Esprit de Piété, l’Esprit de Crainte de Dieu.

B/ La Chrismation dans le Nouveau Testament

Le Christ est l’Oint : « Nous avons trouvé le Messie, c’est à dire le Christ » déclare André à son frère Simon. Nous avons trouvé le Messie, ce qui signifie « Oint ».

« En ces jours-là Jésus vint de Nazareth de Galilée et il fut immergé par Jean dans le Jourdain. Aussitôt en remontant des eaux, il vit les cieux se fendre et l’Esprit descendre vers lui comme une colombe. Et une voix vint des cieux : Tu es mon fils, l’aîné dont je suis content« . (Marc I, 9-12)

C’est immédiatement après son immersion (en grec, « baptisma ») que fut révélé aux hommes l’onction de Jésus dans l’Esprit, c’est à dire sa chrismation le manifestant comme Christ. Certes, nous n’enseignerons pas comme certains que Jésus est devenu le Christ à cet instant : Il est Dieu de toute éternité, mais Il manifeste sa qualité divine et son unité de Nature avec le Père et l’Esprit par la présence de l’Esprit et le témoignage de Père : « Tu es mon fils, l’aimé dont je suis content« .

Les Pères nous enseignent à la suite de Saint Irénée que Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu. Le Christ Jésus est l’Oint du Père et il s’est fait homme pour transmettre son onction à tous les hommes. Cette onction est accordée par un scénario en deux temps : la mort et la résurrection : le baptême et la chrismation :

« Oubliez-vous donc que tous, quand nous avons été baptisés en Christ Jésus, nous avons été plongés dans sa mort ? oui ! par le baptême nous avons été ensevelis avec lui dans la mort : afin que comme Christ a été ressuscité des morts par la gloire du Père, ainsi nous marchions désormais dans une vie nouvelle« . (Romains VI, 3-6)

La glorification dans le Christ s’établit par Sa résurrection et le Christ de proclamer :

« Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves de vie jailliront de son sein, comme dit l’Ecriture. » Il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux descendu parce que Jésus n’était pas encore monté dans la gloire« . (Jean VII, 38-40)

L’onction ou chrismation, c’est la Pentecôte qui nous transmet le don de Dieu, le Saint Esprit, et l’on comprend dès lors cette adresse de l’Apôtre aux Corinthiens dans sa deuxième épître II, 14-16 :

« Mais grâces soient rendues à Dieu qui partout nous fait triompher dans le Christ et qui par vous manifeste en tous lieux le parfum de sa gnose ! Car nous sommes un parfum du Christ vers Dieu« .

C/ La Chrismation chez les Pères

Irénée de Lyon en sa Démonstration de la prédication Apostolique déclare :

« En effet le Fils en tant qu’Il est Dieu, reçoit du Père, c’est à dire de Dieu, le trône de l’éternelle royauté et l’huile de l’onction, plus abondamment, que ses autres compagnons ; et l’huile d’onction, c’est l’Esprit dont Il est oint, et ses compagnons sont les prophètes, les justes, les apôtres, et tous ceux qui reçoivent participation à sa royauté, c’est à dire ses disciples« . (101)

Tertullien en son traité Le Baptême déclare encore :

« Je ne veux pas dire que ce soit dans l’eau que nous recevions l’Esprit Saint. Mais purifiés dans l’eau par le ministre de l’ange, nous sommes préparés à recevoir l’Esprit Saint… Ensuite à la sortie du bain, nous recevons une onction d’huile bénite, conformément à la discipline antique. Selon celle-ci on avait coutume d’élever au sacerdoce par une onction d’huile répandue de la corne : c’est ainsi qu’Aaron fut oint par Moïse. Aussi étaient-ils dits « Christs », de « chrisma » qui signifie onction et qui donna aussi son nom au Seigneur. Cette onction est devenue spirituelle puisqu’il fut oint de l’Esprit de Dieu le Père… Puis on nous impose la main en appelant et en couvrant l’esprit Saint par une bénédiction… Alors cet Esprit très saint sortant du Père descend avec complaisance sur ces corps purifiés et bénis ; il se repose sur les eaux du baptême comme s’il reconnaissait là son ancien trône, lui qui sous la forme d’une colombe est descendu sur le Seigneur« . (102)

Hippolyte de Rome en la Tradition apostolique précise :

« Ensuite quand il sera remonté, il sera oint par le prêtre de l’huile d’action de grâces avec ces mots : « Je t’oins d’huile sainte au nom de Jésus+Christ ». Et ainsi chacun après s’être essuyé se rhabillera et ensuite ils entreront dans l’Eglise. L’Evêque en leur imposant les mains dira l’invocation : « Seigneur Dieu, qui les a rendus dignes d’obtenir la rémission des péchés par le bain de la régénération, rends-les dignes d’être remplis de l’Esprit-Saint et envoie sur eux ta grâce, afin qu’ils te servent suivant ta volonté, car à toi est la gloire, Père et Fils avec l’Esprit Saint, dans la Sainte Eglise, maintenant et dans les siècles des siècles. Amen ». Ensuite, en répandant de l’huile d’action de grâces de sa main et en posant celle-ci sur la tête, il dira : « Je t’oins d’huile sainte en Dieu le Père tout puissant et dans le Christ Jésus et dans l’Esprit Saint ». Et après l’avoir signé au front, il lui donnera le baiser et dira : « le Seigneur soit avec toi« . (103)

Cyrille de Jérusalem précise en ses Catéchèses Baptismales et Mystagogiques :

« Lorsque baigné dans les eaux du Jourdain, et leur ayant communiqué les effluves de sa divinité, le Christ en fut remonté, le Saint Esprit fit en personne irruption sur Lui, le semblable se reposant sur son semblable. De même, remontés de la cure aux saintes eaux, vous reçûtes la chrismation, la marque dont fut chrismé le Christ. Or cette chrismation est l’Esprit Saint… Le Christ en effet n’a pas été chrismé par les hommes, d’huile ou de baume matériel, mais le Père l’ayant préétabli sauveur de tout l’univers, le chrisma du Saint Esprit… Et de même que le Christ fut réellement crucifié, enseveli et ressuscité, et que vous aussi, par votre baptême, vous avez été admis à participer symboliquement à sa croix, à son tombeau et à sa résurrection, ainsi en est-il de la chrismation : le Christ était chrismé d’une huile joyeuse et spirituelle, entendez de l’Esprit Saint qu’on appelle huile d’exultation, parce qu’Il est précisément la source de l’exultation spirituelle ; quant à vous, vous avez été chrismes d’un baume qui vous a rendus participants et associés au Christ« . (104)

Ambroise de Milan pour sa part rappelle les vertus attachées à la chrismation :

« Après cela vient le sceau spirituel dont vous avez entendu parler aujourd’hui dans la lecture. Car après la fontaine, il reste encore à rendre parfait quant à l’invocation de l’évêque l’Esprit Saint est répandu… qui sont comme les sept vertus de l’Esprit. (105) « Ainsi donc rappelle-toi que tu as reçu le sceau spirituel, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’Esprit de conseil et de forces, l’Esprit de connaissance et de piété ; l’Esprit de la sainte crainte, et garde ce que tu as reçu. Dieu le Père t’a marqué de son sceau, le Christ Seigneur t’a confirmé et il a mis l’Esprit dans ton coeur comme gage ainsi que tu l’as appris par la lecture de l’apôtre« . (106)

L’onction est un sceau de Dieu, c’est la marque visible de la Pentecôte, c’est l’attestation de la réception du Saint Esprit, l’huile comme prototype de la matière inflammable constitue l’actualisation des langues de feu reçues par les Apôtres, et le rite de l’imposition des mains apparaît avec Ambroise de Milan « en appelant et en conviant l’Esprit Saint par une bénédiction« .

D/ La Chrismation dans le Catharisme

Le Rituel Cathare rappelle ces divers points quant à l’ordination, quant à l’imposition des mains, quant à la communion avec et dans le Saint Esprit :

« Vous devez donc comprendre que telle est la raison de votre présence ici devant l’Eglise de Jésus+Christ, c’est à dire à l’occasion de la réception de ce saint baptême de l’imposition des mains et du perron de vos péchés ; à cause de la demande d’une bonne conscience adressée à ! dieu par les bons chrétiens. Voilà pourquoi vous devez comprendre que de même que vous êtes temporellement devant l’Eglise de Dieu, où le Père, le Fils et l’Esprit-Saint habitent spirituellement, de même vous devez être spirituellement avec votre âme devant Dieu et le Christ et l’Esprit-Saint, préparé à recevoir ce saint orninamentum de Jésus+Christ« . (107)

Le Rituel de la Confirmation de l’Eglise Gnostique Apostolique Primitive pour sa part offre cette prière pendant que l’évêque impose les deux mains au-dessus de la tête du Baptisé maintenant confirmé :

« Remplissez-le de votre dignité, marquez du digne de l’invincible croix du Christ, ce frère et du sceau de votre Esprit, pour qu’il possède la vie éternelle qui est de vous connaître avec votre Fils et votre Esprit : un seul Dieu, de vous aimer et de suivre vos commandements. Nous vous le demandons, moi ministre indigne et avec cette communauté, l’Eglise Une, Sainte, Catholique (Universelle) et Apostolique, par Notre Seigneur Jésus+Christ dans le même esprit Saint, à Vous louange, adoration, action de grâces, aux siècles des siècles. Amen. » (108)

Le célébrant prend alors l’ampoule de Saint Chrême et faisant successivement le signe de la croix sur le front, les yeux, le nez, la bouche, les mains, les pieds du confirmé, il dit chaque fois : « Le Sceau du Saint Esprit« .

*

* *

Cette distinction du rite de l’imposition des mains comme étape distincte et postérieure au Baptême est fondamentale dans le Catharisme. Elle prend sa source en cette parole de Jésus que relate Jean XIV, 16-18 :

« Et moi je demanderai au Père, et il vous donnera un autre collaborateur qui puisse demeurer éternellement avec vous : l’Esprit de la Vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il n’en a ni la connaissance, ni l’idée ; mais vous vous le connaissez et c’est pourquoi il restera auprès de vous et sera en vous ».

Cette venue de l’Esprit Saint si elle se trouve actualisée dans le baptême de Jésus par Jean est postérieure pour les hommes au baptême de repentance et le rite baptismal s’effectue en deux temps :

« Ils lui prescrivent d’abord un temps de pénitence, de pureté et de prière continue. Puis ils lui imposent sur la tête l’Evangile de Jean, invoquant le Saint Esprit et récitent le Pater Noster. Après cette sorte de baptême, ils lui prescrivent à nouveau un temps d’éducation plus précise, de vie plus ascétique, de prière plus pure, puis demandent des témoignages sur le point de savoir s’il a tout observé. S’il a accompli fidèlement au témoignage des hommes comme des femmes, ils l’amènent à un rite d’initiation réitérée. Le plaçant en face de l’Est, ils lui posent l’évangile sur la tête, les présents, hommes et femmes, lui imposent les mains récitant leur rite« . (109)

Dans cet itinéraire de l’âme vers Dieu, le Saint Esprit pour l’ensemble des Pères est l’intervention privilégiée en faveur de l’homme.

Clément d’Alexandrie à l’égard de Marie Madeleine répandant un flacon de parfum de grand prix sur le Christ nous explique le sens de cette scène :

« Et si je ne vous parais trop insister, les pieds parfumés du Seigneur, ce sont les apôtres qui, comme l’annonçait la bonne odeur de l’onction, ont reçu le Saint Esprit. Les apôtres qui ont parcouru la terre et prêché l’Evangile sont représentés par les pieds du Seigneur, au sujet desquels l’Esprit exprime encore par le psalmiste cet oracle : « Adorons au lieu où ses pieds se sont posés« .

[Ps. 131, 7] C’est à dire là où sont parvenus ses pieds, les apôtres, par qui il a été prêché jusqu’aux extrémités de la terre« . (110)

Il y a un rapport étroit entre le parfum et l’Esprit Saint. Cette remarque dès lors de celui qui fut le maître d’Origène est à retenir dans cette adresse aux femmes :

« Il faut absolument que, chez nous, les hommes exhalent non pas l’odeur des parfums mais celle des vertus, et que la femme répande la bonne odeur du Christ, l’onguent royal, et non pas l’odeur des poudres et des parfums et qu’elle s’oigne de l’onguent immortel de la sagesse, qu’elle se délecte de ce parfum saint qu’est l’Esprit. C’est celui que le Christ prépare aux hommes qui sont ses disciples : un onguent de bonne odeur, qu’il a composé avec les aromates célestes. C’est de ce parfum que le Seigneur, lui aussi, est oint, comme David l’a indiqué : « C’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile d’allégresse, de préférence à tes compagnons ; de tes vêtements de dégage le parfum de la myrrhe, de l’aloès et de la cannelle« . (111)

Cette actualisation du pardon de Marie Madeleine lorsqu’elle verse le parfum, et plus encore de sa purification, est attestée par le Christ disant à Simon :

« Tu ne m’as pas oint la tête d’huile : mais elle m’a oint les pieds de parfum. Grâce à cela, je te le dis, beaucoup de péchés lui sont remis car elle a beaucoup aimé. Mais à celui à qui on remet peu aime peu. Alors il dit à la femme : tes péchés te sont remis« . (Luc VII, 46-49)

Origène à propos de l’huile nous offre un sens nouveau :

« Toute âme a besoin de l’huile de la miséricorde divine, et nul ne peut échapper à la vie présente s’il est privé de l’huile de la miséricorde céleste« . (112)

Cette huile, c’est le Saint Esprit qui « purifie toutes les souillures en accordant la rémission des péchés« . (113)

Ce point est fondamental. Il nous permet de comprendre cette remarque du Maître Alexandrin :

« Dans les Psaumes également il est écrit : « Tu enlèveras leur esprit et ils disparaîtront, et ils retourneront à leur terre. Tu enverras ton Esprit, et ils seront créés et tu renouvelleras la face de la terre » (Ps. 103, 29-30) ; cette phrase s’applique clairement à l’Esprit Saint qui, une fois les pécheurs et les hommes indignes écartés et morts, se créera pour lui-même un peuple nouveau et renouvellera la face de la terre, lorsque les hommes par la grâce de l’Esprit, abandonneront le vieil homme avec ses actions (cf. Col III, 9) et commenceront à vivre d’une vie nouvelle (Cf. Rom VI, 4). Et il est tout à fait juste de dire que ce n’est pas en tous, ni en ceux qui sont chair, que l’Esprit Saint habitera, mais en ceux dont la terre aura été renouvelée. (cf. Ps. 103, 30) : c’est pour cela enfin que l’Esprit Saint était transmis par l’imposition des mains des apôtres (cf Act. 8, 18) après la grâce et le renouvellement du baptême (cf. Tite III, 5) » (114).

La réception de l’Esprit indépendante du Baptême est conditionnelle à l’abandon du vieil homme en vue d’entrer en une vie nouvelle.

Dans le cadre du rituel de la Confirmation de l’Eglise Gnostique Apostolique Primitive, il est procédé dans le cours de la troisième partie du rite à la tonsure du baptisé qui va être oint, et le célébrant ajoute immédiatement à l’égard du nouveau tonsuré :

« Gardez toujours en votre coeur cet avertissement du Sauveur : « Si l’on veut venir à ma suite, il faut renoncer à soi-même, prendre sa croix et me suivre ainsi. Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; et celui qui perdra sa vie à cause de moi, la recouvrera ». (Matthieu XVI, 24, 26). Mon Frère, gardez et portez toujours l’image de la couronne divine. Agissez de telle sorte que votre transformation ne s’arrête pas à l’extérieur, mais que votre coeur dégagé des embarras du monde et les désirs du siècle, s’ouvre à jamais aux splendeurs de l’éternelle grâce. Amen » (115)

Recevoir l’Esprit ; c’est entrer en Communion avec Dieu. Si l’Esprit est notamment la relation d’amour entre le Père et le Fils, tout en ne procédant que du Père et sans n’être que cela, la liturgie de la Sainte Messe de l’Eglise Gnostique Apostolique Primitive fait dire au célébrant après qu’il ait récité le deuxième évangile, fixe celui-ci qui est la Prière Sacerdotale :

« Que tous les hommes soient Un dans l’Amour, comme le Fils est Un avec le Père dans l’Esprit. Amen« . (116)

Origène considère à juste titre sa douzième Homélie sur les Nombres, que le chrétien est amené à vivre quatre étapes : l’offrande de sa foi et de son amour, en contre partie la réception des dons du Saint Esprit, en troisième lieu le fait qu’il nous faut mourir au monde, enfin parvenu à la perfection il nous est donné le paradis. Comment cela se peut-il produire ? « Le Verbe de Dieu qui est le Seigneur Jésus est l’Epoux et le Mari de l’âme pure et chaste« . (117)

A l’égard de cette union il n’est point possible de citer un extrait, il faut lire l’ensemble que constituent les Homélies sur le Cantique des Cantiques d’Origène.

*

* *

L’onction est la marque du Saint-Esprit. Le baptême d’Esprit et de Feu permet au baptisé de devenir membre de l’Eglise priante, souffrante et militante et d’agir ainsi en faveur de la réconciliation universelle.

Lire la suite.

Retour à la partie 1.

Plus sur le sujet :

Consolamentum, réincarnation et évolution spirituelle dans le catharisme et le Christianisme Originel 2, Jean-Pierre Bonnerot. Paru dans les Cahiers d’Etudes Cathares n° 98 de l’été 1983. © Jean Pierre Bonnerot, tous droits de reproduction interdits.

Image par claude alleva de Pixabay

Notes :

(1) Confer notre étude : « Satan, Lucifer, le Prince de ce monde et les démons dans la tradition chrétienne et l’exégèse scripturaire », Narbonne, Cahiers d’Etudes Cathare Ed.

(2) Maurice Magre : Le Sang de Toulouse. Paris, Robert Laffont Ed, 1978, page 278.

(3) Rachi : Le Pentateuque avec Rachin. Volume 1 : La Genèse Paris, Fondation Samuel et Odette Levy Ed, 1979, page 5.

(4) Grégoire de Naziance : Homélie XL : Pour le Saint Baptême. Paragraphe II in : Homélies (extraits). Namur, Editions du Soleil Levant, 1962 pages 57 et 58.

(5) Jean Scot : Commentaires sur l’Evangile de Jean. Livre III paragraphe 1, Paris, Editions du Cerf, Collection Sources chrétienne n° 180 – 1972, page 205.

(6) Origène : Entretien d’Origène avec Héraclide paragraphe 25, Paris, Editions du Cerf, Coll. Sources chrétienne n° 67 – 1960, pages 103 à 105.

(7) Rachi : op cité, volume 5 : le Deutéronome. ibid, 1981, page 163.

(8) Elie Munk : La voix de la Thora. Volume 5 : le Deutéronome. Paris, Fondation Samuel et Odette Levy Ed, 1981, page 213.

(9) On lira avec intérêt : Herman Hailperin : De l’utilisation par les chrétiens de l’oeuvre de Rachin. in : Rachi (ouvrage collectif). Paris, Service Technique pour l’éducation. Ed, 1974, pages 163 à 200.

(10) Le Zohar II, 113a – in : Le Zohar, extraits choisis et présentés par Gershon Scholem, Paris Ed du Seuil, Coll. Sagesses n° 21, 1980, page 88.

(11) Ambroise de Milan : La mort est un bien II, 3 – in : Cyprien et Ambroise : le chrétien devant la mort. Paris, Ed Desclée de Brouver Ed, coll. les Pères dans la foi, 1980, page 41.

(12) Jean Chrysostome : Homélie 25 sur l’Evangile selon Saint Jean – in : le Baptême d’après les Pères de l’Eglise. Paris Grasset Ed, colle lettres chrétiennes n° 5, 1962 page 211.

(13) Jean Duvernoy : la Religion des Cathares. Toulouse, Privat Ed 1976, page 145.

(14) Rachi : op cité, volume 1 : la Genèse, ibid, page 15.

(15) Elie Munk : op cité, volume 1 : la Genèse, ibid, 1981, page 23.

(16) Carlo Suares : la Kabbale des Kabbales, Paris, Adyar Ed, 1962, page 51.

(17) Zohar I, 284b – in : La Kabbale, pages classées du Zohar. Paris Ed du chant nouveau. 1946, pages 81 et 82.

(18) Zohar I, 61 a – Ibid, page 82.

(19) Zohar I, 85 b – Ibid, page 83.

(20) Louis Rougier : l’Origine astronomique de la croyance pythagoricienne et l’immortalité de l’âme. le Caire, Institut Français d’Archéologie Orientale, Ed, tome 10, 1933.

R.P. Festugière : La Révélation d’Hermès Trismégiste, tome 3 : les doctrines de l’âme. Paris, Librairie Gabalda Ed, 1953.

Textes et Oeuvres divers publiés par les Editions les Belles Lettres.

(21) Gershom. G. Scholen : Les Origines de la Kabbale. Paris, Aubier-Montaigne Ed, 1966 page 252. On lira avec intérêt le paragraphe 10 du chapitre 2 : Migration des âmes et mystique de la prière dans le Bahir, mais aussi toute l’oeuvre de l’auteur dont les traductions figurent chez Payot et Aubier.

(22) Origène : Homélie sur Jérémie I, paragraphe 10. Paris, Ed. du Cerf, Coll Sources chrétiennes n° 232, 1976, pages 217 et 219.

(23) Origène : Traité des Principes – Péri Archon – III, 3. 5 – Paris, Etudes Augustiniennes Ed, 1976, page 189.

(24) Elie Munk : op cité. volume 1 : la Genèse, ibid, pages 257 et 258.

(25) Origène : Homélies sur la Genèse – XII, 4 – Paris, Ed du Cerf, Coll Sources chrétiennes n° 7 bis, 1976, pages 301 et 303.

(26) Origène : Traité des Principes – Péri Archon II, 9, 7 – op cité, page 131 et Sources chrétiennes n° 252 (tome 1) page 369.

(27) Origène : Commentaire sur Saint Jean VI, paragraphe 73 – Paris, Ed du Cerf, coll Sources chrétiennes n° 157 – 1970, pages 183 et 185.

(28) Justin : Dialogue avec Tryphon – Prologue : Comment voir Dieu in : la Philosophie passe au Christ : Oeuvre de Justin. Paris, Desclée de Brouwer Ed, colle les Pères dans la foi, Ictus, 1982, page 128.

(29) Jérôme : Traité sur les erreurs contenues dans le Livre des Principes d’Origène. in : Oeuvres de Saint Jérôme. Paris, Auguste Desrez Ed, 1838, page 421.

(30) Grégoire de Nysse : la Création de l’Homme – 28 – Paris, Desclée de Brouwer Ed, Coll. les Pères dans la foi, 1982, pages 148 et 149.

(31) Origène : Explication du Nôtre Père – 29, in Traité sur la prière. Paris, Desclée de Brouwer Ed, Coll. les Pères dans la Foi, 1977, pages 108 et 109.

(32) Origène : Commentaire sur Saint Jean, op cité, avant-propos de Cécile Blanc, page 24.

(33) Origène : Ibid, VI, 85, op cité, page 191.

(34) Origène : Ibid, VI, 85, op cité, page 191.

(35) Jérôme : Correspondance, Lettre à Démétriadès. in Oeuvres de Saint Jérôme, op cité, page 663 et par une approche aisée Correspondance, Lettre n° 130, Les Belles Lettres Ed, tome 7 pages 187 à 189.

(36) Tertullien : Apologétique 48, paragraphe 2 et 3. Paris, les Belles Lettres Ed, 1971, pages 101 et 102.

(37) Marius Victorinus : Contre Arius Livre I, B, paragraphe 64 in : Traités théologiques sur la Trinité. Paris, Ed du Cerf, Coll Sources chrétiennes n° 68 ; 1960 page 385.

(38) Grégoire de Nysse : Catéchèse de la Foi, 6. Paris Desclée de Brouwer Ed, Coll les Pères dans la Foi, 1978, page 94.

(39) Ibid, page 102.

(40) Premier Concile de Braga : Anathématisme contre les Priscillianistes, 1e Mai 561 ou 563. in : Textes doctrinaux du Magistère de l’Eglise sur la Foi Catholique. Traduction et présentation de Gervais Dumeige. Paris, Editions de l’Orante, 1969, page 140.

(41) Synode de Constantinople : Anathème contre Origène (?!), 543, ibid, page 140.

(42) Murphy et Sherwood : Constantinople II et III. Paris, Editions de l’Orante, Collection Histoire des Conciles oecuméniques, volume 3, 1974, pages 108 et 109.

(43) Augustin : La Cité mystique de Dieu. Livre X chapitre 30. Paris, charpentier Ed, 1843, tome 1, pages 351 et 352.

(44) Zohar II, 1999 a – in : La cabbale, pages classées du Zohar, op cité, page 99.

(45) Zohar II, 96 b – in : Le Zohar, extraits choisis et présentés par G. Scholem, op cité, page 84.

(46) Elie Munk : op cité, tome 3 : Le Lévitique, op cité, 1981, page 151.

(47) Origène : Entretien d’Origène avec Héraclide paragraphe 15, op cité, page 89.

(48) Ibid, paragraphe 22, page 99.

(49) Tertullien : La Résurrection des morts – paragraphe 40. Paris, Desclée de Brouwer Ed, Coll les Pères dans la Foi, 1980, page 102.

(50) Origène : Traité des Principes – Péri Archon, Préface I, 5 – op cité, page 26.

(51) Tertullien : Ibid, paragraphe 7, page 53.

(52) Ignace d’Antioche : Lettre aux philadelphiens XI, 2. in : Les écrits des Pères Apostoliques (Collectif). Paris, Editions du Cerf, Coll chrétiens de tous les temps n° 1, 1969 page 185.

(53) Justin : Dialogue avec Tryphon V, op cité page 130.

(54) Ibid, XL, op cité page 190.

(55) Irénée de Lyon : Contre les Hérésies V – in : Textes choisis. Namur, les Editions du Soleil Levant. Ed, 1963 page 150.

(56) Tertullien : Apologétique IX, 8. op cité, page 22.

(57) Tertullien : La Résurrection des morts XVI, paragraphe 10, op cité page 65.

(58) Grégoire de Nysse : la Création de l’homme XXIX, op cité page 152.

(59) Zohar I, 205 b, 206 a : in : Armand Abécassis et Georges Nataf : Encyclopédie de la mystique juive, 4ème Partie : Isaïe Tishby : la Kabbale, Paris, Berg International Ed, 1977, colonne 878.

(60) Zohar I 83 b in : La Cabbale, pages classées du Zohar, op cité, pages 84 et 85.

(61) Justin : Dialogue avec Tryphon VI, op cité, pages 131 et 132.

(62) Tertullien : La Résurrection des morts VII, paragraphe 4 et 5, op cité page 52.

(63) Origène : Traité des Principes – Péri Archon III, 1, 21, – op cité page 171.

(64) Origène : Homélies sur Jérémie I, 10 – op cité page 219.

(65) tau Irénée II : Rituel du Baptême des adultes (forme privée et non solennelle) de l’Eglise Gnostique Apostolique Primitive. Nous remercions S.B.T. Irénée II de nous avoir communiqué ce texte liturgique.

(66) Jamblique : Traité de l’Ame Section II, paragraphe 2 – in : R.P. Festugière : op cité, appendice 1, page 221.

(67) Ibid, Section III, paragraphe 1, pages 229.

(68) Hermès Trismègiste : Poimandrès I, 19. in : Corpus Hermeticum, tome 1, Paris, les Belles Lettres Ed, 1960, page 13.

(69) La Didaché, paragraphe 1 in : Les Ecrits des Pères Apostoliques, op cité, page 37.

(70) Plotin : Les Enneades IV, 3, 22, traduction de l’abbé Alta. Paris, Bibliothèque chacornac Ed, 1925 tome 2 page 268.

(71) Jamblique, op cité, Section II, paragraphe 3, pages 226 et 227.

(72) Plotin : Les Enneades IV, 3, 21, op cité, page 267.

(73) Porphyre : Sur la manière dont l’embryon reçoit l’âme IIe Partie. in R.P. Festugière : op cité appendice 2, pages 293 et 294.

(74) Ibid, page 298.

(75) Ibid, page 298.

(76) Justin : Dialogue avec Tryphon, 5 – op cité, pages 128 et 129.

(77) Justin : Ibid, 65, op cité, page 237.

(78) Irénée de Lyon : Contre les Hérésies V, op cité, pages 156 et 157.

(79) Marius Victorinus : Hymne II, vers 35 à 46. in Traités Théologiques sur la Trinité. op cité, page 631.

(80) tertullien : Traité du Baptême III, 2. Paris, Cerf Ed. Coll. Foi Vivante, 1976 pages 76 et 77.

(81) Dr A.E. Chauvet : Esotérisme de la Genèse. Tradition ésotérique commentée des dix premiers chapitres du Sepher Bereschit. Paris, SIPUCO Ed, 1948, tome 4 page 951.

(82) Tertullien, Traité du Baptême III, 3. op cité page 77.

(83) Ibid, IX, 4. op cité page 91.

(84) Tau Irénée II : Sainte et divine Liturgie de l’Eglise Gnostique Apostolique Primitive. Nous remercions S.B.T. Irénée II de nous avoir confié cette liturgie.

(85) Ibid.

(86) Confer note 1.

(87) Pour les textes de Jean et de Paul, nous avons toujours choisi, selon l’habitude de nos travaux précédents les traductions remarquables de l’abbé Alta, publiées à Paris en 1907 et 1919. Nous profitons de l’occasion de cette note pour signaler que les traductions des autres textes, sauf indication contraire, appartiennent toujours à l’édition de la Bible publiée dans la Pléiade.

(88) Dr. A.E. Chauvet : Esotérisme de la Genèse, op cité, tome 4, page 951.

(89) Origène : Commentaire sur Saint Jean II, paragraphe 159 à 162, extraits op cité, pages 313 à 317.

(90) Ibid, II, paragraphe 167.

(91) Ibid, II, paragraphe 174.

(92) Tradition de la Sainte Prière. Paragraphe 5 in : Rituel Cathare. Paris, Ed du Cerf Ed, Coll Sources chrétiennes n° 236, 1977 pages 217 et 219.

(93) Ibid paragraphe 6, page 221.

(94) Ibid paragraphe 13, pages 253 et 255.

(95) Confer note 1.

(96) Elie Munk : op cité, tome 4 : les Nombres, op cité, 1981, page 111.

(97) Tau Irénée II : Rituel de la Confirmation. Forme privée et non solennelle. Nous remercions S.B. Tau Irénée II, Patriarche de l’Eglise Gnostique Apostolique Primitive d’avoir bien voulu nous communiquer sa liturgie.

(98) Rachi : Le Pentagone avec Rachi, volume 2 : l’Exode, Paris, op cité, 1980, page 253.

(99) Ibid, page 274.

(100) Elie Munk : la Voix de la Thora, volume 2 : l’Exode, op cité, 1980 page 347.

(101) Irénée de Lyon : Démonstration de la Prédication Apostolique, paragraphe 47 – Paris, Ed du Cerf, Coll : Sources chrétiennes n°62, 1971, pages 107 et 108.

(102) Tertullien : Le Baptême VI, VII et VIII, extraits. op cité, pages 85 à 89.

(103) Hippolyte de Rome : la Tradition Apostolique, paragraphe 21 – Paris Ed du Cerf, Coll Sources chrétiennes n°11 bis, 1968 pages 87, 89 et 91.

(104) Cyrille de Jérusalem : Catéchèses Baptismales et mystagogiques (XXIè Catéchèse, extraits) namur, Ed du Soleil Levant Ed, 1962, pages 466 et 467.

(105) Ambroise de Milan : Des Sacrements III, 8 – in : Des Sacrements, des Mystères, Explication du Symbole. Paris Ed du Cerf, Coll. Sources chrétiennes n°25 bis page 97, 1980.

(106) Ibid : Des Mystères, paragraphe 42. in : Des Sacrements, des Mystères, Explication du Symbole, op cité, page 179.

(107) Tradition de la Sainte Prière, paragraphe 13, in Rituel Cathare, op cité page 247.

(108) Tau Irénée II Rituel de la Confirmation, op cité.

(109) Jean Duvernoy : la Religion des Cathares, op cité, page 323.

(110) Clément d’Alexandrie : le Pédagogue II, 8, Paris Ed du Cerf, Coll Sources chrétiennes n°108, 1964, pages 125 et 127.

(111) Ibid, page 133.

(112) Origène : Homélies sur le Lévitique, II, 2. Paris, Ed du Cerf, Coll Sources chrétiennes n°286, 1981, pages 97 et 99.

(113) Ibid, page 99.

(114) Origène : Traité des Principes – péri Archon I, 3, 7. op cité page 53.

(115) Tau Irénée II : Rituel de la Confirmation, op cité.

(116) Tau Irénée II : Sainte et Divine Liturgie de l’E.G.A.P. Je remercie S.B. T. Irénée II de m’avoir transmis cette liturgie.

(117) Origène : Homélies sur les Nombres XX, 2. Paris Ed du Cerf, Coll Sources chrétiennes n°29, 1951, page 395.

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