Les 5 premiers versets de la Genèse : Bereshit par Spartakus FreeMann. 

Nous commençons ici une série de cinq articles issus de lectures et méditations sur les 5 premiers versets de la Genèse. Dans ce premier article, nous explorerons le premier verset constitué de 7 mots : Bereshit Bara Elohim Et HaShamayim V’et HaAretz.

Les cinq premiers versets de la Genèse בְּרֵאשִׁית contiennent 52 mots et 197 lettres.

Gen. 1:1 – Bereshit Bara Elohim Et HaShamayim V’et HaAretz.

Ce verset contient 7 mots qui font référence aux sept jours de la Création. Il contient, en outre, 28 lettres, le nombre de jours lunaires, mais également valeur du mot hébreu ‘koach’, puissance.

Selon le Baal haTurim, il y a 7 mots dans le premier verset qui correspondent « aux sept jours de la semaine, aux sept années du cycle de la shemitah… aux sept cieux, aux sept pays, aux sept mers, aux sept serviteurs. Au sujet de cela, le Roi David dit « Sept fois par jour, je Te loue » (Psaumes 119.164) ».

De la même manière, 7 mots et 28 lettres sont contenus dans le verset « Dieu dit… » (Shemot 20.1) qui introduit les 10 Commandements.

En outre, si nous lisons le Sepher Yetzirah nous avons « 7 maisons (batim) construites par 28 pierres (avanim) » et cela fait référence aux 7 mots constitués de 28 lettres dans ce premier verset de la Genèse. 28 est également un nombre parfait, puisque divisible par lui-même et par les nombrese 1 2 4 7 14 dont la somme donne 28.

Les 7 Rechei Tevot de ce verset – Bet, Bet, Alef, Alef, Hey, Vav, et Hey – ont une valeur numérique de 22, ce qui est une référence aux 22 lettres de l’alphabet hébreu. La Kabbale nous enseigne que le Monde fut créé par la Parole de Dieu au travers des 22 lettres, la valeur des 7 Rechei Tevot confirme cela puisque dans les 7 premières lettres du premier verset, on retrouve la présence de ces 22 lettres qui, par leur combinaison, sont à l’origine de toutes choses. Ces 7 Rechei Tevot peuvent se lire : HV Be HaABA – Lui dans le Père.

Parallèlement, le Roi Salomon composa sept versets commençant par « un temps pour naître » et finissant par « un temps pour la paix » (Kohelet 3:2-8) qui parlent donc de 28 ‘temps’ qui correspondent au 28 périodes de temps de la semaine (il y a quatre temps par jour entier : de l’aube à midi, de midi au coucher du soleil, du coucher du soleil à minuit et de minuit à l’aube).

Le Midrash nous dit que la Torah commence par la lettre Beth et non par la lettre Aleph car Beth symbolise la Berakha, la bénédiction, tandis qu’Aleph symbolise la malédiction, arirah. Dieu dit (Zohar) : « Je commencerai avec un Beth, par une expression de la bénédiction ». Le Beth se réfère également aux deux divisions de la Torah : la Torah orale et la Torah écrite. Selon Mishlei 8.22 c’est pour l’amour de la Torah, qui est appelée ‘commencement’, que le monde fut créé.

Selon le Zohar, Bereshit désigne le mystère de Hokhmah ; Bara désigne le degré suprême, voilé, impénétrable appelé Kether. Élohimm désigne Bina. Eth embrasse Hésed et Gueboura, Clémence et Rigueur à la fois. Ha-chamaïm désigne Tiphéreth. Ve-eth embrasse Netsa’h et Hod ensemble. Le Vav du mot Ve-eth désigne « le juste ». Enfin, Ha-aretz désigne « La Communauté d’Israël » qui constitue « La terre de la vie » (ertz ha-hayim).

Bereschith désigne le Verbe qui correspond au degré de Hokhma, et il est appelé « Commencement » (Bereschith). (Zohar, I, 26,3a)

La guématria de Bereshit – בְּרֵאשִׁית – vaut 913 qui est identique à ‘batorah yatzar’ – ‘Il forma avec la Torah‘ – et à ‘Yitsrael bachar baanim’ – ‘Il choisit Israël parmi les nations’ – ainsi qu’à ‘taryag yatzar’ – Il forma 613 – indiquant que Dieu créa le monde par amour pour Israël afin qu’elle observe les 613 mitzvot. Notons que 913 se réduit à 13 qui est le nombre de Ahavah – AHBH – Amour et de Echad – A’HD – Unité. Ce commencement dans la dualité du Beth est donc, par essence, la promesse de l’Unité.

En outre, Rashi réinterprète la première lettre Beth comme signifiant ‘pour l’amour de’, pour l’amour d’Israël et de la Torah qui sont toutes deux associées au mot Reshit comme nous l’avons vu. Ainsi, les premiers mots de ce versets pourraient se lire : « Pour l’Amour de la Torah (ou d’Israël), Élohimm créa… »

Le Zohar nous dit que Bereshit peut être lu non comme un adverbe, mais comme le nom propre d’une entité supérieure qui créa Élohim  ! Bereshit créa Elohim. Le Zohar identifie, en outre, Bereshit avec la Torah ainsi qu’avec la Sephirah Hokhmah sur base de Proverbes (8.22) dans lequel la Sagesse dit « le Seigneur me créa au commencement ». Le Midrash Rabba 1.1 ajoute d’ailleurs qu’il n’y a pas d’autre Reshit que la Torah. Le Zohar identifie ensuite le nom Elohim à la Sephirah Binah qui est issue de Hokhmah. Le premier verset de la Genèse pourrait ainsi être lu comme la création dÉlohimm en tant que celui est associé avec la Nature puisque la guématria dÉlohimm est identique à celle de haTevah – la nature.

Dans son ouvrage Etz Hayyim (L’Arbre de Vie), le ARI expose son concept que l’Adam Kadmon (Homme Primordial) serait la substance première, ou Émanationn primordiale, qui créa la Torah (Bereshit) qui, à son tour, créa Élohimm qui est l’ensemble de la Nature comme cela est démontré par sa valeur guématrique.

En ce qui concerne la première lettre de ce verset – Beth – le Maharal de Prague explique que la lettre Beth, seconde de l’alphabet hébreu, montre la dualité du monde créé. Par son symbole, le Beth est également la maison et Bereshit pourrait alors se lire Bayth Reshit, Maison de la Tête, Maison de Dieu.

La lettre Beith rappelle par sa forme ב la formation de l’homme qui, par l’effet de la sagesse divine, a lieu dans un corps fermé de toutes parts et ouvert par devant. La lettre Aleph est ouverte par dessous également « א  » pour nous apprendre qu’elle reçoit la semence de Kéther et la transmet aux autres par l’autre porte. (Zohar I, 2.66a.)

Au sujet de la lettre Beth, le Zohar nous dit encore : « Nos sages se sont posés la question : Pourquoi avoir commencé le récit de la création par la lettre – Beith – qui n’est pas la première lettre de l’alphabet ? Parce que – Beith – s’inscrit dans un carré, avec un coté ouvert à l’avant. Il est fermé en haut, en bas, et en arrière. Ceci pour indiquer que l’homme, ne doit pas chercher à savoir ce qui se passe au ciel. Ce qui se passe dans le monde d’en bas. Ni ce qui existait avant la création ».

Quant au Sepher ha-Bahir (traduction Virya) il nous dit du Beth : § 3. Pourquoi la Torahcommence-tt-elle avec la lettre Beith ? Pour qu’elle commence comme une bénédiction (Berakah). Comment savons-nous que la Torah est appeléeé « bénédiction » ? Parce qu’il est écrit Deutéronome 33 :23), « et rempli de bénédiction de Yhwh, possède la Mer et le Sud. » La Mer n’est rien d’autre que la Torah, comme il est écrit (Job 11 :9), « Elle est plus large que la mer. » Quelle est la signification du verset, « et rempli de bénédiction de Yhwh ? » Cela signifie que chaque fois que nous trouvons la lettre Beith cela indique une bénédiction. Il est écrit (Genèse 1 :1), « au commencement (BeReshit) [Dieu créa le ciel et la terre . »BeReshit est Beth Reshit.] Le mot « commencement » (Reshit) n’est rien d’autre que la Sagesse. Il est écrit (Psaume 111 :10), « Le commencement de la sagesse, la crainte de Yhwh. » La sagesse est une bénédiction. Il est écrit, « Et Dieu bénit Salomon. » Il est aussi écrit (I Rois 5 :26), « Et Dieu donna la Sagesse à Salomon. » Cela ressemble à un roi qui marie sa fille à son fils. Il la lui donne en mariage et lui dit, « Fais avec elle selon ton désir« .

Les 5 premiers versets de la Genèse : Bereshit
Les 5 premiers versets de la Genèse : Bereshit

Suarès nous décrit ainsi sa vision des 6 lettres de Bereshit :

« Beth : contenant l’existence, existence du contenant; dualité, pensée.

Resh : univers contenant les existences, contenant sa propre existence.

Aleph : naissance de la vie, pulsation intermittente, invisible, nouveauté, toujours/jamais présent.

Shin : Création, mouvement cosmique, dépôt de toutes les possibilités.

Yod : Existence, projection de la vie, négation de l’existence, continuité dans la durée de toutes les durées.

Tav : Sanctuaire de l’énergie, résistance cosmique à la vie qui permet à la vie d’exister. »

« Bereshit : contenance des existences, existences en leurs contenances. L’Univers contenant les existences, contenant sa propre existence. Mouvement de l’Univers. Surgissement de la vie, invisible et intermittente pulsation, impensable; vie sans cesse nouvelle, toujours présente, jamais présente.

Création, Mouvement vertigineux, mouvement incommensurable, mouvement qui transcende toute conception. Dans les profondeurs cachées du mouvement réside le secret de l’existence. Et ce mouvement est le dépôt de toutes les possibilités possibles. Existence, projection de la vie, négation de l’existence. (Tout ce qui existe doit finir d’exister). Trahison apparente de la vie. Révélation ! Vie-mort est Une. Et la collision, le choc de la résistance passive de la masse, le dur, le sec, les pierres : résistance bénie ! Sans résistance il n’y aurait pas de naissance. C’est le devenir.

Ainsi sont introduits les deux partenaires jouant l’un contre l’autre : Aleph surgissant de son contenant et Yod écrase par le souffle du Shin se pressant contre tout ce qui résiste afin de les contenir tous. »

Carlo Suarès, Cypher of Genesis, p 88.

Dans le même sens, Aleister Crowley nous propose cette lecture du premier mot de la Genèse (voir l’article « Une note sur la Genèse ») :

« Beth signifie au départ une Maison ou un Domicile, & dans le Tarot c’est Mercure, le Mage – Vox Dei – & Thoth, le Scribe.

Voici l’Histoire Magique.

* Resh signifie la Tête ou le Commencement du Temps & des Choses ; & par le Tarot c’est la Gloire, la Vie, la Lumière, le Soleil.

Nous lisons donc :

De l’Aube de la Vie & de la Lumière.

* Aleph a la forme d’un Svastika, symboliquement Aleph, le Boeuf, comme tel démontre la terrible force des Spirituels « Mouvements Tourbillonnants » dans le Plan Matériel, comme une Puissance destructrice terrible. Cela est également démontré par le Fou, comme emblème Tarotique matériel de ce qui, en sa propre & haute manifestation, est l’Éther Spirituel.Par conséquent, nous lisons :

Les Mouvements Tourbillonnants ont commencé.

* Shin signifie puissant dans le feu, dont il est aussi le hiéroglyphe. C’est le Rouach Élohim survolant la Face des Eaux.

Nous lisons donc :

Le Feu Primordial est formulé.

* Yod est la Main, « La Main de Dieu, toujours Symbole de Sa Puissance », symbolisant la Puissance en Action, & la Clé du Tarot est l’Hermite & la Voix de Lumière, le Prophète des Dieu.

Donc :

Le Règne des Dieux de la Lumière est proclamé.

* Taw est la dernière lettre de l’alphabet, le « finis », l’Omega, l’Univers, Saturne, la Planète éloignée, & il est aussi Taw-Resh-Ayin-Aleph, Throa, la Porte de l’Univers ; & par la Kabbale des Neuf Chambres il est Dalet, le Passage de l’Initiation.

D’où :

Au Seuil de l’Univers.

Le second mot de ce verset – Barah – est significatif et n’est pas utilisé par hasard puisque la Genèse aurait pu utiliser le verbe « yotzer » pour création, mais Barah implique le yesh me-ayin, la création ex nihilo. Donc, littéralement et expressément, la Genèse nous dit que la terre et les cieux furent créés même avant la lumière elle-même.

Le troisième mot de ce verset est אֱלֹהִים dieu(x) Elohime qui Se traduit littéralement par « dieux », car la terminaison : « im », « ים », indique le masculin pluriel.

À propos d’Élohim encore , voici un extrait de La kabbale, chemin d’Éveil (JLC-CEH), extrait du chapitre 10 : « La réponse du Tsim-Tsoum » :

« (…) ELOHIM est Tout. Le nom d’ELOHIM est formé par le mot ELEH qui se réfère à l’Être et par le pluriel IM dont la valeur numérique (iod 10 mem 40 = 50) est la même que celle du mot  » tout « , KOL ( kaf 20 lamed ). Élohim est CE QUI EST ( Eleh ) TOUT ( kol ). Élohim est UN (Eleh) et MULTIPLE (im). Par ailleurs, Élohim et la Nature ne sont pas séparés, puisque la valeur numérique de ELOHIM ( 1 30 5 10 40 = 86 ) est identique à celle de HA-THEVA, « La Nature » ( hé, teth, beth, ayin = 5 9 2 70 = 86 ). On peut dire la même chose concernant l’homme car si nous prenons la première et la dernière lettre d’ELOHIM, selon les procédés du Notarikon, nous obtenons le mot EM (aleph, mem) qui signifie « Mère » et constitue l’un des Noms traditionnels de la Schékinah. Or, les lettres restantes, lamed, hé, iod, celles qui demeurent au sein de la Mère dans le Nom d’ELOHIM, ont pour valeur numérique 45 ( 30 5 10 = 45 ) qui est identique à celle de l’homme : ADAM ( aleph 1 daleth 4 mem 40 = 45 ). Au coeur de la Présence Divine (Shekinah), l’homme est Élohim.

ELOHIM ATEM, déclare le Psaume 82 : « Vous êtes des Dieux ». Est-il possible de dire que le Dieu de la kabbale est Celui du théisme classique, du monothéisme, du panthéisme ? »

Le quatrième mot – Eth – n’est pas superflu et il nous réfère, en fait, à l’ensemble de l’alphabet hébreu qui va d’aleph à tav. Ainsi, le premier verset pourrait être lu « Au commencement, Dieu créa l’alphabet« … Osé, certes, mais plausible si l’on se souvient que le monde fut créé par Dieu à partir des Lettres qui sont kadoushim, sacrées.

Pour aller plus loin :

Les 5 premiers versets de la Genèse : Bereshit, Spartakus FreeMann, 2006.

Image par Gerd Altmann de Pixabay

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