Le Crata Repoa 2

Le Crata Repoa 2 par Frère Bailleul

Cinquième Grade

Balahate

Le Chistophoris avait le droit de demander ce grade que le Demiourgos ne pouvait lui refuser.

Conduit dans l’endroit où l’assemblée se réunissait d’abord, il était reçu par tous les membres. Ensuite, on l’introduisait dans une autre salle disposée pour une représentation théâtrale. Là il était, en quelque sorte, seul spectateur ; car chacun des membres prenait part à l’action.

Un personnage, appelé Orus, accompagné de plusieurs Balahates portant des flambeaux, marchait dans la salle et paraissait chercher quelque chose. Orus tirait son épée au moment d’arriver à la porte d’une caverne d’où sortaient des flammes. Le meurtrier Typhon était au fond, assis et ayant l’air abattu. Orus s’en approchait ; Typhon se levait et se montrait sous une apparence effrayante : cent têtes reposaient sur ses épaules ; tout son corps était couvert d’écailles et ses bras avaient une longueur démesurée.

Sans se laisser décourager par cet épouvantable aspect, Orus s’avançait vers le monstre, le terrassait et l’assommait.

Après l’avoir décapité, son cadavre était jeté dans la caverne d’où ne cessaient de sortir des torrents de feu et, sans proférer une parole, on montrait cette tête hideuse à tous les assistants.

Cette cérémonie se terminait par l’instruction que l’on donnait au nouveau Balahate, et qui renfermait l’explication de cette scène allégorique.

On lui apprenait que Typhon signifiait le feu qui est un des agents les plus terribles et sans lequel cependant rien ne pourrait se faire dans ce monde ; qu’Orus était l’emblème du travail et de l’industrie à l’aide desquels l’homme exécute de grandes et utiles entreprises en parvenant à dompter la violence du feu, à diriger sa puissance et à s’approprier ses effets. Le Balahate apprenait dans ce grade, la chimie, l’art de décomposer les substances et de combiner les métaux. Il était le maître d’assister quand il le voulait aux recherches et aux expériences que l’on faisait dans cette science. C’est par cette raison que le mot d’ordre était Chymia.

Sixième Grade

L’Astronome devant la porte des Dieux.

Quelques préparations précédaient ce grade. On commençait par mettre l’initié aux fers en entrant dans la salle.

Le Thesmosphores le conduisait à la Porte de la Mort où il fallait descendre quatre marches, parce que la caverne qui servait pour cette réception était la même où avait eu lieu l’initiation du troisième grade, et qu’elle était alors remplie d’eau pour faire voguer la barque de Caron. Des cercueils placés çà et là frappaient les yeux de l’initié. Il apprenait qu’ils renfermaient les restes d’hommes mis à mort pour avoir trahi la société. On le menaçait d’un sort pareil, s’il lui arrivait de commettre un semblable crime. Il était amené au milieu de l’assemblée pour prêter un nouveau serment. Après l’avoir prononcé, on lui expliquait l’histoire de l’origine des dieux, objets de l’adoration du peuple, et à l’aide desquels on amusait et dirigeait sa crédulité ; on lui faisait sentir en même temps la nécessité de conserver le polythéisme pour le vulgaire (I). Ensuite on lui développait les idées qui lui avaient été présentées dans le discours de réception au premier grade sur les éléments de la doctrine d’un seul être qui embrassait tous les temps, présidait à l’unité, à l’admirable régularité du système de l’univers, et qui par sa nature était au-dessus de la compréhension de l’esprit humain. Ce grade était consacré à enseigner au Néophyte les connaissances pratiques de l’astronomie. Il était obligé d’assister la nuit aux observations et de concourir aux travaux qu’elles exigeaient.

On avait soin de l’avertir d’être en garde contre les astrologues et les tireurs d’horoscopes car, les regardant comme les auteurs de l’idolâtrie et de la superstition, la société mystérieuse les avait en aversion.

Ces faux docteurs du peuple avaient choisi le mot Phoenix pour leur mot d’ordre, mot que les astronomes tournaient en dérision (Hérodote, Hist. Æthiop., liv. 3). Après la réception, on conduisait l’initié vers la porte des Dieux et on l’introduisait dans le Panthéon. Il y voyait tous les dieux représentés par de magnifiques peintures.

Le rite du Crata Repoa reprend le mythe d’Osiris perfidement assassiné par Typhon (Seth) qui en dispersa le cadavre avant qu’Isis recueille les morceaux pour lui redonner vie. Repris par l’alchimie et la franc-maçonnerie, l’origine égyptienne fut pour un temps occultée. Les rites égyptiens révélèrent cette claire filiation entre Hiram et Osiris.

Demiourgos lui en retraçait de nouveau l’histoire, sans lui rien cacher. On lui mettait sous les yeux la liste de tous les Chefs-inspecteurs, dans l’ordre chronologique où ils avaient existé, ainsi que le tableau de tous les membres de la société répandus sur la surface du globe.

On lui apprenait aussi la danse des prêtres dont les pas figuraient le cours des astres (Lucien, de Saltatione). Le mot d’ordre était Ibis, qui signifiait Grue, et était le symbole de la Vigilance.

Statuette d’Osiris assis, vers 664 – 332 av. J.C. Bronze avec des incrustations en or. Musée du Louvre.

Septième Grade

ou Saphenath Pancah L’homme qui connaît les Mystères (Jamblique, De Mysteriis).

Ce grade était le dernier et le plus éminent. On y donnait une explication détaillée et plus complète de tous les Mystères.

L’astronome ne pouvait obtenir ce grade, qui complétait son aptitude à toutes les fonctions, même publiques et politiques, sans l’assentiment du Roi et du Demiourgos, et même sans le consentement général des membres intérieurs de la Société.

Cette réception était suivie d’une procession publique à laquelle on donnait le nom de Pamylach (c’est-à-dire « oris circumcisio », circoncision de la langue ; il semble que c’est une expression figurative par laquelle on voulait dire que le Néophyte, ayant acquis toutes les connaissances qu’on pouvait lui donner, sa langue était déliée et qu’il lui était permis de parler de tout). On y exposait à la vue du peuple tous les objets sacrés. La procession finie, les membres de la société sortaient clandestinement de la ville pendant la nuit, se rendaient à un lieu voisin, et se réunissaient dans des maisons d’une forme carrée composées de plusieurs appartements ornés de peintures admirables représentant la vie humaine (Voyage de Lucas en Égypte).

Ces maisons étaient appelées Maneras (séjour des mânes), car le peuple croyait que les initiés étaient en commerce particulier avec les mânes des trépassés. Elles étaient ornées d’un grand nombre de colonnes entre lesquelles étaient des cercueils et des sphinx. En y arrivant, on présentait au nouveau Prophète un breuvage nommé Oimellas (vraisemblablement, composé de vin et de miel ; Athénée, Liv. 9), et on lui disait qu’il était parvenu au terme de toutes les épreuves.

Il recevait ensuite une croix dont la signification était particulière, et connue des seuls Initiés. Il était obligé de l’avoir constamment sur lui (Rufin, Liv. 2, chap. 29). On lui passait une très belle robe blanche rayée, fort ample, qu’on appelait Etangi. On lui rasait la tête et la coiffure qu’il portait était d’une forme carrée (Pierius, Liv. 32 – Grand Cabinet romain, p. 66).

Son signe principal se faisait en portant les mains croisées dans ses manches, qui étaient très larges (Porphyre, De Abstinentiâ).

Il avait la permission de lire tous les livres mystérieux écrits dans la langue amounique, et dont on lui donnait la clef, qu’on appelait la Poutre royale (Plutarque, De Amore Fraterno – Diod. de Sicile, in Additionibus).

La plus grande prérogative attribuée à ce dernier grade était de contribuer à l’élection d’un Roi (Synesus, De Providentiâ).

Le mot d’ordre était Adon (Histor. Deor. synt. prim., Lilio Gregor autore, p. 2). Le nouveau Prophète pouvait aussi, après un certain temps, parvenir aux emplois dans la société et même à celui de Demiourgos.

Des Offices et de l’Habillement

  1. Le Demourgos, chef-inspecteur de la société, portait une robe bleu de ciel, parsemée d’étoiles brodées et une ceinture jaune (Montfaucon, Tome 2, page 102, fig. 1 ; Ungerus, Liv. de Singulis). Il avait à son cou un saphir entouré de brillants, suspendu à une chaîne d’or. Il était en même temps juge suprême de tout le pays.
  2. L’Hiérophante était habillé à peu près de même, avec la seule différence qu’il portait une croix sur la poitrine.
  3. Le Stolista, chargé de la purification des Récipiendaires par l’eau, portait une robe blanche rayée et une chaussure d’une forme particulière. Le vestiaire était confié à sa garde.
  4. L’hiérostolista (secrétaire) avait une plume à sa coiffure et tenait à la main un vase de forme cylindrique, appelé Canonicon, qui contenait l’encre pour écrire.
  5. Le Thesmosphores était chargé de diriger et d’introduire les initiés.
  6. Le Zacorb remplissait les fonctions de trésorier.
  7. Le Komastis avait soin de la table et des banquets. Il avait sous lui tous les Pastophores.
  8. L’Odos était orateur et chanteur.

Banquets

Avant de se mettre à table, tous les membres étaient obligés de se laver. On ne leur permettait pas le vin ; ils ne pouvaient faire l’usage que d’une boisson qui ressemblait à notre bière moderne.

On promenait autour de la table un squelette d’homme, ou un Butoi (Sarcopeja, figure de cercueil).

L’Odos entonnait le Maneros, hymne qui commençait ainsi : Ô mort ! viens à l’heure convenable. Tous les membres faisaient chorus.

Le repas fini, chacun se retirait. Les uns allaient vaquer à leurs occupations, les autres se livraient à la méditation ; le plus grand nombre, selon l’heure, goûtaient les douceurs du sommeil, à l’exception de ceux dont c’était le tour de veiller pour introduire par la porte des Dieux (Birantha) les initiés du sixième grade qui devaient faire les observations célestes. Ceux-là étaient obligés de passer la nuit entière, et même de seconder ou plutôt de diriger les travaux astronomiques.

Retour à la première partie.

Plus sur le sujet :

Le Crata Repoa 2 traduit de l’allemand par le Frère Bailleul. Bailleul éditeur, Paris 1821. Image par Albert Dezetter de Pixabay

Notes

[4] Jamblique, De Mysteriis. Pausanias, Liv. I, raconte très expressément que ces colonnes se trouvaient dans certains souterrains prés de Thèbes.

[30] L’empereur Commode, remplissant un jour cet emploi, s’en acquitta d’une manière tellement sérieuse qu’elle devint tragique.

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