Rituel des Fendeurs du Devoir

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Rituel des Fendeurs du Devoir.

Compagnons Fendeurs, Sylvains et Charbonniers.

Le lieu de réunion se nomme chantier ou vente. Un chantier est validement constitué par neuf fendeurs.

Le chantier s’ouvre en plein jour : l’été dans une grande allée de jardin garnie d’arbres, l’hiver, dans une vaste salle garnie de branches d’arbre ou de tentures représentant une forêt et les diverses occupations des fendeurs. Lorsque le soleil vient apporter son voile sur leurs travaux, on les éclaire par un soleil mouvant transparent, placé à l’Orient, et par un grand nombre de lanternes de couleur, cachées dans les décorations.

A l’Orient est un gros billot de chêne dit billot d’honneur pour le Père-Maître ; devant, une grosse bûche de chêne, à côté, une hache de sapeur avec deux coins, l’un de fer, l’autre de bois. A droite de ce billot, un godet de grès, et pour chaque récipiendaire, un petit pain bis, un petit paquet contenant 5 sous, une paire de gants blancs, un cordon jaune feuille morte, auquel pend un petit coin de buis, une petite hache dorée attachée à un petit flot de ruban de même couleur ; un sifflet de buis attaché à une faveur feuille morte et un tablier de charpentier. Derrière la place du Père-Maître est un houx.

Vers le nord, il y a autant de billots de chêne que de récipiendaires, et, sur chaque billot, une couronne de feuille de chêne.

Au midi et au nord sont rangés, en forme de cercle, autant de fagots qu’il y a de fendeurs, pour leur servir de siège ; derrière sont les lots de bois mal arrangés et des lits de feuilles ou de gazon.

A l’occident, sont deux billots de chêne ; devant chacun est une grosse bûche de chêne couchée ; à côté, une hache de bois à long manche, dont la tête est de fer-blanc, et deux coins, l’un de fer, et l’autre de bois.

Au centre sont les scies de toutes espèces, des cognées, des haches, des coins, entremêlés de copeaux, de branches de feuilles.

Il y a quatre cabanes dans le chantier.

La première à droite du Maître est faite de 3 perches écartées dans le bas, les trois bouts sont réunis par le haut et au point de jonction est une petite cruche pleine d’eau. C’est la cabane du cousin Ermite, habillé en moine. Il a pour siège un tabouret, devant lui un billot sur lequel est une tirelire de grès et un livre de méditation. Dans le billot et au-dessous de la cruche, est un fagot qui sert de coussin au récipiendaire pour entendre à genoux l’exhortation de l’Ermite. Pour éprouver sa charité, il lui dit de mettre dans la tirelire 5 sous qui lui ont été donnés pour droit de passage, et, tenant à la main la ficelle de la cruche, il ajoute :

« Soyez lavé et purgé de toutes les souillures qui accompagnent les briquets, et que la vertu productrice de l’ordre des Fendeurs préside désormais à toutes vos actions. »

En même temps, l’eau de la cruche se répand sur la tête pour le laver et le purifier.

La deuxième cabane est celle du cousin vigneron, faite de feuillage, bien couverte. Au haut de l’ouverture sort un bâton au bout duquel pend un chou, pour servir d’enseigne. Dans l’intérieur, deux tréteaux et un baril de vin pour le repas des cousins.

La troisième cabane, en face de l’Ermite, est celle de mère Cateault, vivandière et lingère. A l’intérieur, un tabouret de bois, un baquet plein d’eau, une planche en travers par-dessus, des linges à lessiver.

La quatrième cabane est en face du cabaret. Elle est en terre et garnie d’un lit de paille épais. C’est la cabane de l’ours.

On livre le récipiendaire à divers exercices : on lui fait transporter un lot qui n’est fait que de fagots d’épines ; on l’apprend à se servir des coins ; il s’éreinte à essayer de fendre une bûche noueuse ; conduit à un établi de scieur de long, il est dessous la planche de travail, il reçoit toute la sciure ; on prétend qu’il ne voit pas droit, on lui met une grande paire de lunettes en carton, tellement noircie en dedans que tout son visage en est barbouillé, un cousin compatissant lui ratisse la figure avec un morceau de toile à emballage.

Enfin, exténué de fatigue et à un moment convenu, il tombe ; on le pose sur un lit de feuillage ; l’ours quitte sa tanière, il arrive comme sortant de la forêt et vient droit au récipiendaire comme pour le dévorer. On court s’armer de haches et de fusil ; pendant ce temps, l’ours de roule sur le récipiendaire, le flaire, le retourne, le lèche et lui fait toutes sortes de singeries ; ils se pelotent ensemble. La farce jouée, on finit par faire fuir l’ours qui retourne à sa cabane.

Conduit devant le Maître, agenouillé sur un fagot, la main droite sur le pain, et la gauche sur le vin de l’hospitalité, versé dans une tasse de grès. Dans cette posture, on lui fait prêter son obligation, après laquelle il est conduit au siège d’honneur, où on lui apprend à battre la diane.

COSTUME – veste courte, pantalon de toile, sabots, chemise et cravate débraillée, le chapeau retroussé par devant. Le Père-Maître est le seul qui ait à sa chemise de toile grise des manchettes de toiles blanche, mais sans jabot.

BIJOU – une hache dorée suspendue à une faveur couleur de feuille morte bordée de vert. On la porte à la troisième boutonnière de la veste ou du gilet, ainsi que le petit sifflet de buis.

CORDON – un large ruban jaune moiré feuille morte, porté en écharpe de droite à gauche, au bas duquel pend un coin de buis ; le Père-Maître le porte en sautoir.

TABLIER – tablier de charpentier, peau rousse tannée, deux poches pour la pierre à aiguiser, les bâtons pour la diane, le tabac etc.

DIANE – pour battre la diane on se sert de deux bâtons égaux longs d’un demi-pied ; on les frappe en trois temps, 1 + 2, l’un contre l’autre, pour imiter les maréchaux.

Les Piqueurs ont, de plus que les autres, un fusil avec une bandoulière couleur de feuille morte ; au bout est leur munition. Ils font la ronde dehors, lorsqu’on le leur ordonne. Il y en a toujours à la porte du chantier, le fusil sur l’épaule.

TITRES – Le chef du chantier s’appelle Père-Maître. Le 1er Garde du chantier, cousin Duchêne, parrain. Le 2ème Garde du chantier, cousin de l’Orme, introducteur.

Le Secrétaire, cousin Ducornier, garde du pain.

L’Orateur, cousin Ducharme, garde du vin.

Le Trésorier, cousin L’Erable.

Le Terrible, cousin Dufrêne, garde des sièges d’honneur.

Le Maître des Cérémonies, cousin Duhêtre, garde du bois.

Les coureurs et les gardiens des portes se nomment Piqueurs.

Les récipiendaires s’appellent Briquets.

Le récipiendaire une fois préparé se voit demander de se promener en dehors du chantier. Là, il est arrêté par deux piqueurs qui lui demandent « Qui es-tu ? Que fais-tu là ? Qui t’as conduit ? Pourquoi écoute-tu les travaux du chantier ? ». Sans lui donner le temps de répondre, on le dépouille de tout, sauf de son pantalon et de sa chemise, on lui passe une blouse et on lui met aux pieds des sabots. On dépose ses bijoux dans un chapeau en lui disant : « Si tu étais des nôtres, loin de t’ôter ce que tu as, on te le donnerai ».

Ainsi préparé on lui demande alors : « Que veux-tu ? » A quoi il répond : « Je veux être reçu Fendeur ». On l’emmène alors jusqu’à la porte du chantier.

Arrivé à la porte du chantier, un des piqueurs bat la diane puis siffle trois fois en fendeur, ou à défaut il crie trois fois « Houpe » puis trois fois « A l’avantage ! ».

Le cousin Delorme frappe un coup de hache et dit : « Père-Maître, il y a quelqu’un de nos cousins égaré dans cette forêt, souhaitez-vous que j’aille lui porter secours ? ». Le Père-Maître répond : « Cousin Delorme, c’est votre devoir ; courez vite et faites ce que vous voudriez qu’on vous fit ».

Le cousin Delorme salue le Père-Maître de la hache et va voir à l’entrée du chantier ce qui se passe dans la forêt.

Le Piqueur : « Bonne vie, cousin Delorme ! ».

Le cousin Delorme : « Bonne vie, cousin piqueur ».

D : « Quel est cet homme que vous amenez avec vous ? ».

R : « C’est un bon briquet qui demande à être reçu compagnon fendeur ».

Le cousin Delorme dit : « A l’avantage, cousin piqueur, je vais demander si cela se peut. » Il rentre dans le chantier, salut le Père-Maître de la hache et dit : « Bonne vie, Père-Maître ».

R : « Bonne vie, cousin Delorme ! D’où venez-vous ? »

R : « De la forêt ».

D : « Qu’avez-vous trouvé ? ».

R : « Un bon briquet qui demande à être reçu bon cousin et compagnon fendeur ».

D : « Est-ce sa volonté ? »

R : « Oui, Père-Maître ».

D : « Admettez-le dans le chantier : allons, cousin, à l’avantage ! »

Tous les cousins se lèvent, se remettent devant leurs fagots et frappent chacun sur sa hache et s’asseyent.

Le cousin delorme amène le briquet à l’occident, en face du Père-Maître, derrière lequel un piqueur tire en l’air un coup de fusil chargé de poudre.

Alors le cousin Delorme dit : « Bonne vie, Père-Maître ».

R : « Bonne vie, cousin Delorme ! D’où venez-vous ? »

R : « De la forêt ».

D : « Qu’avez-vous trouvé ? »

R : « Un bon briquet qui demande à être reçu bon cousin et compagnon fendeur ».

Un des deux piqueurs entrés avec le briquet, jette au milieu du chantier tout ce qu’il lui a ôté. Le Père-Maître lui dit :

D : « Cousin piqueur, qu’est-ce que tout cela ? »

R : « C’est un butin que nous avons fait sur ce malheureux, attiré par la curiosité et qui rôdait dans la vente ».

D : « Est-il bien courageux, s’est-il bien défendu ? »

R : « Oui, Père-Maître ».

Alors, le Père-Maître, s’adressant au briquet :

D : « Parlez donc, mon garçon ; comment vous appelez-vous ? ». Il répond.

R : « Vos prénoms ». Il répond.

La réception achevée, le Père-Maître lui dit : « Que le mal qu’on vous a fait soit changé en bien ! Voilà tout ce qu’on vous a pris. Voyez si celui qui vous a volé est ici ; il ne doit pas être votre ennemi, mais votre ami ; car, dès ce moment, il est votre défenseur comme vous devez être le sien ».

Le cousin Ducormier et le cousin Ducharme présentent le pain et le vin de l’hospitalité : « Mangez et buvez, nous vous donnons ce que nous avons ; nous sommes de pauvres gens, nous vous offrons de bon cœur. Et lui remettant un petit paquet : Voilà cinq sous pour vous conduire ».

SERMENT – « Je jure sur l’honneur, sur le pain et le vin de l’hospitalité, de ne jamais rien révéler du devoir de fendeur ; je promets d’offrir aux cousins et cousines, dans le besoin, l’hospitalité, le pain, la soupe, le copeau et la moitié de ma journée, quand je l’aurai gagnée. Que la hache des fendeurs me sépare la tête du corps si jamais je deviens parjure ».

TUILEUR – Ordre : La main droite à la gorge en forme de coin. – Signe : Porter vers la terre la main gauche formant un coin, la droite à la gorge. – Signe de reconnaissance : Se coller le dos contre un arbre, frapper deux coups contre avec le talon droit et un du talon gauche, en glissant le pied. – Attouchement : La griffe de maître : étendre le doigt majeur sur le poignet où il frappe 3 coups égaux et le majeur de la main gauche frappe 3 coups sur l’omoplate. – Mot sacré : Bonne vie ! On y répond par le mot de passe : A l’avantage ! – Marche : Empiler le bois, c’est-à-dire faire trois sauts de côté. – Batterie : trois coups égaux. – Salut de la hache : la présenter en avant et se courber. – Ordre de Table : la main droite en coin à la gorge, la main gauche sur la hanche, comme pour se reposer.

Sculpture De echo van de Veluwe, Chris Booth, 2003.

CATECHISME.

Connais-tu ton père ? L’interrogé regarde le ciel.

Ta mère ? La terre.

Ton parrain ? Son épaule droite.

Ta marraine ? Son épaule gauche.

Le tronc de l’arbre ? Son corps.

Les racines de l’arbre ? Ses pieds.

Les branches de l’arbre ? Ses bras.

Les dix branches de l’arbre ? Présente ses dix doigts.

L’arbre le plus touffu ? Met la main sur ses cheveux.

L’arbre le plus haut ? Elève sa main au-dessus de sa tête.

L’arbre fourchu ? Présente deux doigts en fourche.

L’arbre tordu ? La jambe droite pliée.

L’arbre croisé ? Croise les jambes.

Ouverture – les Fendeurs assemblés et décorés de leurs attributs font une marche conduite par un maître des cérémonies et fermée par le Père-Maître. Après trois tours le Père-Maître dit : « Que chacun prenne sa place ! ». On bat le bois ou la diane.

Le Père-Maître : « A l’avantage, bonne vie cousins !

Le 1er garde : « A l’avantage ! Bonne vie, Père-Maître ! »

Le 2ème garde : « A l’avantage ! Bonne vie, Père-Maître ! Bons cousins et bons compagnons, bonne vie, de la part du Père-Maître ! »

Le Père-Maître va alors attoucher le cousin Ducormier : pied droit en avant, la main gauche sur l’épaule droite du cousin. De la droite il tient sa hache comme pour se défendre, le bras raccourci. Le cousin jette sa hache, met le pied gauche dessus et présente la main gauche, les 4 doigts serrés, le pouce levé. Le Père-Maître lui donne un petit coup du tranchant de la main droite, feignant de lui fendre le pouce et lui présente la main droite fermée, le pouce levé ; le cousin serre ; le Père-Maître regarde le ciel, le cousin regarde la terre. Puis ils se griffent réciproquement… Ils s’embrassent alors en disant : « Bereshit bara Elohim ».

D : « Quel temps fait-il, cousin Duchêne ? »

R : « Très beau, Père-Maître, le soleil se lève, le vent est calme et les feuilles sont tranquilles.

D : « Pourquoi le soleil s’est-il levé ? »

R : « Pour nous favoriser au travail ».

Le Père-Maître bat la diane et frappant un grand coup de hache : « Cousins, bons compagnons Fendeurs, les outils sont effilés, chaque cousin est en bonne santé, le soleil est levé, courons au travail ! »

Le Père-Maître : « Bons cousins et bons compagnons Fendeurs, le chantier est ouvert ».

Clôture – Le Père-Maître : « Cousin Duchêne, quel temps fait-il ? »

R : « La nuit vient, Père-Maître, la journée est finie et le soleil est couché ».

D : « Qu’est-ce que cela signifie ? »

R : « Qu’il est temps de nous retirer pour prendre du repos, afin de nous mettre en état de retourner demain au travail.

D : « Quoi, toujours travailler ? »

R : « Nous sommes nés pour le travail ».

Le Père-Maître : « Puisque le soleil est couché, que la journée est finie et que la nuit vient, que chacun se retire en paix dans sa cabane ! »

L’attouchement circule et à la fin : « Que signifie cet attouchement ? »

R : « Que nous nous ferions hacher les uns pour les autres ».

Le Père-Maître : « Bons cousins et bons compagnons Fendeurs, bonne vie et à l’avantage ! Le chantier est fermé ».

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Rituel des Fendeurs du Devoir, anonyme. 

Image by Johannes Plenio from Pixabay

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