Sepher Ha Bahir

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Sepher Ha-Bahir issu du Sepher ha-Zohar Folio 81b – 90b.

« Et tout le peuple voyait les bruits. » Pourquoi l’Écriture dit-elle : « … Voyait les bruits », alors qu’elle aurait dû dire : « … Entendait les bruits » ? Une tradition nous apprend que les paroles qui sortaient de la bouche de Dieu s’imprimaient dans les ténèbres, de telle façon qu’elles prenaient corps, de manière qu’Israël les entendait et les voyait à la fois. Les hommes de cette génération ont vu une lumière si éclatante qu’aucune des générations suivantes n’en verra de pareilles jusqu’au jour de l’avènement du Messie. Voilà pourquoi l’Écriture dit : « Tout le peuple voyait les bruits. » Il les a réellement vus.

Rabbi Éléazar dit : Les Israélites virent en ce moment ce que jamais aucune génération ne verra. En même temps que les Israélites entendaient les bruits du tonnerre, ils entendaient aussi la voix puissante de Dieu. Ceci résulte du mot « eth » ; or, le mot « eth » désigne toujours, dans l’Écriture, quelque chose de plus que ce qui y est expressément mentionné, comme : « J’ai vu l’Éternel », et : « Tu as créé le ciel et la terre » ; « Honore ton père et ta mère » ; « Honore Dieu. » Israël pénétra en ce moment le mystère de la Sagesse suprême, faveur qui n’a plus été accordée à aucune autre génération, jus qu’au jour de l’arrivée du Roi Messie, ainsi qu’il est écrit : « Ils verront de leurs propres yeux que le Seigneur retournera à Sion. » Rabbi Isaac dit : II est écrit : « Dieu a parlé une fois et nous avons entendu deux. » Cela signifie que la parole de Dieu était une et les Israélites ont entendu les deux premiers commandements : « Je suis l’Éternel ton Dieu » et : « Tu n’auras pas un autre Dieu. »

De cette même parole, Rabbi Yehouda dit : Le verset ne dit pas : la voix produite par le « schophar », mais « la voix schophar » ; c’est la voix appelée « Schophar », ainsi qu’il est écrit : « Tu feras entendre le schophar. » Rabbi Yossé dit de même que la trom pette imite le bruit provoqué par le feu, l’air et l’eau ; de même ici toutes les voix étaient enfermées dans la voix appelée « Schophar » qui les produisait toutes. Rabbi Éléazar dit : Le son de la trompette est en ce sens l’image de l’essence de Dieu que la voix qui sort de la trompette est autre chose que la trompette elle-même ; et pourtant elle est inséparable de la trompette et ne forme qu’une avec celle-ci. Rabbi Yehouda dit : Le mot « schophar « est écrit sans Vav, parce que ce mot a aussi la signification d’« agréer » ainsi que cela résulte du livre de Daniel. Rabbi Siméon dit : C’est la région d’où sort la voix qui est appelée « Schophar ». C’est à cette voix que fait allusion l’Écriture :« Par tout ce qui sort de la bouche divine, l’homme vit. » « Ce qui sort de la bouche de Dieu » désigne « la voix du Schophar », voix plus puissante que toutes celles d’ici-bas, comme il est dit : « Et la voix du schophar était puissante. » Elle est aussi appelée « la grande voix qui ne cesse point ». Il y en a une autre plus faible que l’Écriture désigne sous le nom de « voix faible et suave ». C’est une lumière très pure qui éclaire tout.

Que signifie le mot « demamah » ? Rabbi Siméon dit : La signification de ce mot est celle-ci, que quiconque entend cette voix doit garder le silence et se recueillir, ainsi qu’il est écrit : « Je me suis tu, je me suis humilié et j’ai gardé le silence. » Une tradition nous apprend que le tourbillon de vent dont parle Ézéchiels désigne l’orage qui, à la fin des temps, s’abattra sur les quatre grands empires du monde. L’orage viendra du Nord ; c’est l’empire du Nord qui vaincra et brisera les autres empires. Le mot « haschmal » dont parle Ézéchiel est composé des mots : « Hayoth éscha memalela » (Hayoth de feu qui parlent). Rabbi Yossé dit : « Haschmal » est au monde céleste ce que le cœur est au corps. Rabbi Yossé, fils de Rabbi Yehouda, dit : Israël a vu au mont Sinaï des merveilles que même le prophète Ézéchiel n’a jamais vues. Israël a pénétré tous les cinq degrés du règne céleste dont le son de la trompette est le dernier ; et ce n’est qu’après avoir pénétré ces cinq degrés que la Loi lui a été confiée.

Rabbi Éléazar dit : Ézéchiel a bien vu les mêmes merveilles qu’Israël a vues au mont Sinaï ; seulement, la vision d’Ézéchiel n’était pas si claire que celle d’Israël. Rabbi Yehouda dit : Aucun prophète n’a vu ce qu’Israël a contemplé au mont Sinaï ; à plus forte raison nul prophète n’a vu ce que Moïse a vu, duquel l’Écriture dit : « Et Dieu est avec lui » ; et ailleurs : « C’est face à face que je lui suis apparu et non en rêve. » Rabbi Yossé dit en outre : Remarquez que l’Écriture dit : « La parole du Seigneur fut, fut adressée à Ézéchiel (haïoh haïah). » Le double terme de « fut » indique que la prophétie d’Ézéchiel n’était qu’occasionnelle. Rabbi Yehouda dit : Le double emploi du mot « fut » indique que le Saint, béni soit-il, n’abandonne jamais Israël et qu’il est toujours avec lui, même dans l’exil. Rabbi Éléazar dit : La vision d’Ézéchiel était obscure, tandis que la vision d’Israël était nette, ainsi qu’il est écrit : « Et tout Israël vit les voix. » Rabbi Siméon dit : La Loi a été révélée séparément au peuple, séparément aux chefs des tribus et séparément aux femmes, ainsi qu’il est écrit : « Vous vous tenez aujourd’hui devant l’Éternel votre Dieu : vos chefs, vos tribus, vos anciens, vos surveillants et tous les hommes. » Voici les cinq degrés du côté droit. Les cinq degrés du côté gauche sont : « … Vos enfants, vos femmes, l’étranger qui est dans ton camp, celui qui fend ton bois, et celui qui puise ton eau. » Ces dix degrés correspondent aux dix degrés d’en haut grâce auxquels Israël a reçu les dix commandements, synthèse de tous les autres. Une tradition nous apprend qu’au moment où le Saint, béni soit-il, se manifesta au mont Sinaï, tout Israël le vit aussi clairement que la lumière vue à travers le verre ; Israël vit plus de lumière qu’Ézéchiel ; car ce dernier n’a pas vu la Schekhina plus clairement qu’une lumière vue à travers plusieurs murs. Rabbi Yehouda dit : Heureux le sort de Moïse dont l’Écriture dit qu’il a été appelé par le Seigneur. Heureuse la génération dont l’Écriture dit : « Et le Seigneur des­cendit devant tout le peuple sur le mont Sinaï. » Remarquez que l’Écriture dit : « De sa droite une loi de foi a été donnée. » Cette révélation venait de la droite. Quelle est la différence entre cette révélation et celle d’Ézéchiel ?

Rabbi Yossé dit : Au mont Sinaï, ce furent la tête et le corps du Roi céleste qui se sont révélés, ainsi qu’il est écrit : « II a abaissé les cieux et il est descendu. » Or, partout où il y a une tête, il y a aussi un corps, alors que, chez Ézéchiel, L’Écriture dit : « Et la main du Seigneur agit sur lui. » Ézéchiel n’a vu que la main du Roi céleste, mais il n’en a point vu le corps. Remarquez que l’Écriture dit : « Les cieux furent ouverts, et j’eus des visions (maroth) d’Élohim. » Le mot « maroth » est écrit de façon incomplète, parce qu’Ézéchiel n’a pas vu la divinité tout entière ; il n’a vu que la Schekhina. Rabbi Yessa objecta : La Schekhina ne constitue-t-elle donc pas toute la divi­nité ? Rabbi Yossé répondit : II n’y a pas de comparaison entre la Tête du Roi et les Pieds du Roi, bien que tous ces membres ne fassent qu’un seul et même corps. Remarquez que, chez Isaïe, l’Écriture dit : « Et j’ai vu Jéhovah », alors que, chez Ézéchiel, l’Écriture dit : « Et j’ai vu les visions d’Élohim. » Pourtant les deux prophètes ont vu la même chose. Heureux le sort de Moïse à qui nul autre prophète ne peut être comparé en tant que fidélité. Isaïe et Ézéchiel étaient sur le même degré. S’il en est ainsi, pourquoi Isaïe n’était-il pas aussi explicite qu’Ézéchiel ? Rabbi Yossé dit : Ézéchiel a complété et expliqué la vision d’Isaïe. Pour quoi Ézéchiel a-t-il complété la vision d’Isaïe ? Parce qu’il était indispensable qu’Israël su que la Schekhina est avec lui, môme dans l’exil. Rabbi Hiyâ demanda : S’il en est ainsi, pourquoi la Schekhina ne s’est-elle pas manifestée en Chaldée ? – Parce que l’impureté règne dans ce pays. Cependant, le fleuve de Chobar, où la Schekhina apparut à Ézéchiel, est un des quatre fleuves qui sortent de l’Éden. C’est pourquoi il porte le nom de « C’bar », qui veut dire que la Schekhina s’était déjà révélée une autre fois près de ce fleuve. Une tradition nous apprend que, dans le palais sacré, il y a quatre Hayoth qui sont les plus sacrés de tous les anges et aussi les plus anciens ; ces Hayoth sont l’image du Nom sacré. La tradition nous apprend en outre qu’il y a également des Hayoth ici-bas, et c’est par les Hayoth que le monde ici-bas est en rapport avec celui d’en haut. Mais une autre tradition nous apprend que la vision de Moïse était comparable à une lumière de réverbération, alors que la lumière entrevue par les autres pro­phètes n’était pas celle de réverbération, ainsi qu’il est écrit : « S’il se trouve parmi vous un prophète du Seigneur, je lui apparaîtrai en vision, ou je lui parlerai en songe. Mais il n’en est pas ainsi de Moïse, mon serviteur très fidèle dans toute ma maison. Je lui parle bouche à bouche ; il voit le Seigneur clairement, et non sous des énigmes et sous des figures. » Rabbi Yossé dit : Tous les autres prophètes sont à Moïse ce qu’une femme est à un homme. Heureuse la génération qui voit un tel prophète.

Rabbi Yossé, fils de Yehouda, dit : Les Israélites ont vu sur le mont Sinaï la Gloire de leur Roi, face à face, et il n’y avait parmi eux ni aveugles, ni boiteux, ni manchots, ni sourds. Nous savons qu’il n’y avait point d’aveugles parmi eux, puisque l’Écriture dit : « Et tout le peuple voyait, etc. » Nous savons qu’il n’y avait point de boiteux, puisque l’Écriture dit : « Et ils se tenaient debout au pied de la montagne. » Nous savons enfin qu’il n’y avait parmi eux, ni manchots, ni sourds, puisque l’Écriture dit : « Tout ce que le Seigneur a parlé nous l’exécuterons et nous l’en tendrons. » A la fin des temps s’accompliront les paroles de l’Écriture : « Le boiteux bondira comme le cerf, et la langue des muets sera déliée. »

« Et le Seigneur prononça toutes ces paroles. » Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : II est écrit : « Qui racontera les œuvres de la puissance du Seigneur, et qui fera entendre toutes ses louanges ? » La Loi offre à l’homme plusieurs moyens d’échapper aux péchés contre son Maître ; elle lui donne de nombreux conseils propres à le maintenir dans la bonne voie ; enfin elle lui indique de nombreux moyens pour obtenir le pardon de son Maître. Car une tradition nous apprend que la doctrine donne à l’homme six cent treize conseils (préceptes) pour arriver à la perfection et pour plaire à son Maître. Car le Maître désire ardemment faire le bien à l’homme, et dans ce monde et dans le monde futur ; mais c’est surtout dans le monde futur que Dieu désire faire le bien à l’homme ; car une tradition nous apprend que le Saint, béni soit-il, réserve au monde futur la récompense de ceux qu’il aime. Pourquoi ? Parce que le monde futur est le monde du Saint, béni soit-il ; et une tradition nous apprend également que notre monde est au monde futur ce que le parvis est au palais ». Heureux l’homme qui est jugé digne de l’héritage céleste ! Heureux le juste à qui il est donné de demeurer dans le palais du Roi ! Rabbi Siméon dit : Heureux le sort du juste qui est jugé digne des paroles de l’Écriture : « Alors tu trouveras les délices dans le Seigneur. » L’Écriture désigné la région suprême à la quelle aspirent tous les mondes. C’est la région dont l’Écriture dit : « D’où viendra mon salut. » Le désir des justes est de contempler la splendeur suprême d’où émanent toutes les couronnes. Rabbi Siméon dit en outre : L’Écriture ajoute : « Je t’élèverai au-dessus de ce qu’il y a de plus élevé dessus la terre. » Ces paroles désignent évidemment le ciel.

« Et le Seigneur prononça toutes ces paroles. » Une tradition nous apprend que lorsque le Saint, béni soit-il, s’est manifesté au mont Sinaï, tous les êtres d’en haut et d’en bas furent ébranlés ; et les âmes des Israélites se séparèrent de leur corps. Chaque parole sortie de la bouche de Dieu fit le tour des quatre points cardinaux, remonta en haut et s’imprégna des odeurs suaves et pures du Jardin céleste et retomba ensuite comme une rosée sur les Israélites ; et c’est alors que les âmes revinrent au corps. Rabbi Siméon dit : Chaque parole sortie de la bouche de Dieu renfermait toutes les interprétations dont elle est susceptible, ainsi que tous les mystères. Tel un arbre pourvu de soixante-dix branches, chaque mot sorti de la bouche de Dieu est susceptible de soixante-dix interprétations. Chaque mot reçut dès le com­mencement cinquante moins une couronnes du côté droit, et au tant de couronnes du côté gauche. C’est précisément en raison de la diversité d’interprétations dont chaque parole de Dieu est susceptible que l’Écriture compare la parole de Dieu à un marteau qui brise la pierre, ainsi qu’il est écrit : « Car mes paroles sont comme du feu, dit le Seigneur, et comme un marteau qui brise la pierre. » Les âmes de toutes les générations futures étaient pré sentes au mont Sinaï et voyaient Dieu face à face. Il résulte du rapprochement qui existe dans l’Écriture entre les mots : « Et le Seigneur prononça toutes ces paroles », et les paroles : « Je suis le Seigneur ton Dieu », que, de même que Dieu est caché aux hommes, de même les mystères contenus dans les paroles de l’Écriture doivent demeurer cachés pour les non-initiés. Rabbi Isaac dit : La Loi a été révélée à Israël au milieu du feu et des fumées, pour nous indiquer que quiconque se consacre à l’étude de la Loi sera préservé du feu de l’enfer. Dieu disait à Abraham : Si tes enfants se consacrent à l’étude de la Loi, ils seront préservés du feu de l’enfer ; sinon, ils seront châtiés dans l’enfer et opprimés par les autres peuples. Abraham répondit à Dieu : C’est trop de leur infliger cette double punition ; s’ils en méritent une, qu’ils soient opprimés par les autres peuples dans l’exil, mais qu’ils soient préservés de l’enfer. Le Saint, béni soit-il, acquiesça au désir d’Abraham. Rabbi Yehouda dit : Depuis la sortie de l’Egypte, jusqu’à la révélation de la Loi, cinquante jours se sont passés. Pourquoi ? Pour correspondre à l’année jubilaire qui est au bout de cinquante ans, ainsi qu’il est écrit : « Vous sanctifierez la cinquantième année. » Israël sortit de l’Egypte grâce au mérite de la région dont l’année jubilaire est l’image. C’est pour cette raison que la sortie d’Egypte se trouve répétée cinquante fois dans l’Écriture, afin de nous indiquer que c’est grâce au nombre cinquante qu’Israël est sorti de l’Egypte. Une tradition nous apprend qu’au moment où le Saint, béni soit-il, se manifesta sur le mont Sinaï, cette montagne fut ébranlée, et en môme temps qu’elle toutes les montagnes du monde. Le Saint, béni soit-il, posa son bras sur elles et mit ainsi un terme à leur oscillation ; et une voix retentit alors et fit entendre ces paroles : « Pourquoi, ô mer, t’es-tu enfuie ? et toi, ô Jourdain, pourquoi es-tu retourné en arrière ? Pourquoi, montagnes, avez-vous sauté comme des béliers, et vous, collines, comme les agneaux des brebis ? » Et la terre, qui avait été ébranlée, répondit : « … Devant le Seigneur, devant le Créateur de la terre. » Rabbi Isaac dit : Les paroles : « … Devant le Seigneur » désignent la Mère céleste. « La terre » désigne la Mère d’ici-bas. « Le Dieu de Jacob » désigne le Père, ainsi qu’il est écrit : « Mon fils aîné, Israël… » Rabbi Isaac dit en outre : La Loi révélée à Israël sur le mont Sinaï était écrite avec du feu noir sur du feu blanc, pour que la Clémence et la Rigueur se trouvassent unies dans la Loi. Rabbi Hiyâ dit : Les lettres gravées sur les tables de la Loi étaient lisibles au recto et au verso des tables. Ces tables étaient de saphir. Rabbi Abba dit : Les lettres gravées sur les tables se détachaient de la pierre et volaient dans l’air, de sorte que tout le monde a pu voir les lettres de feu noir sur un fond de feu blanc suspendues dans l’air. Rabbi Yehouda dit : Le mot « ve-halouhoth » (les tables) est écrit sans Vav, pour nous indiquer que, bien que deux, les tables de la Loi ne paraissaient former qu’une seule table. Rabbi Isaac dit : Les tables de la Loi ne formaient primitivement qu’un seul bloc de saphir. Le Saint, béni soit-il, souffla sur ce bloc, et il se fendit en deux. Rabbi Siméon dit en outre : Les tables de la Loi étaient créées avant le monde ; le Saint, béni soit-il, les fit le vendredi. De quoi étaient-elles faites ? De la rosée cé leste qui tombe sur le verger sacré de pommiers. Le Saint, béni soit-il, fit congeler deux gouttes de cette rosée qui se transfor mèrent en deux pierres précieuses. Dieu souffla sur ces deux pierres, et elles devinrent deux tables. Rabbi Yehouda dit : Les lettres gravées sur les tables étaient lisibles au recto aussi bien qu’au verso. Rabbi Abba dit : On lisait au recto des tables ce qui était écrit sur leur verso, et on lisait sur leur verso ce qui était écrit sur leur recto. L’Écriture dit : « Moïse descendit vers le peuple, et lui dit… » Mais elle n’ajoute pas ce qu’il lui dit. Rabbi Isaac dit : Remarquez que la joie autant que la douleur sont in supportables quand elles arrivent à l’improviste. Mais si l’on est prévenu d’avance, l’émotion de la joie ou de la douleur exerce moins d’influence sur l’homme. Craignant que l’émotion qu’ils allaient éprouver au mont Sinaï ne leur fût funeste, Moïse a cru devoir les prévenir d’avance. Tel est le sens des mots : « Moïse descendit vers le peuple, et lui dit… » II l’a prévenu. Pourtant, en dépit de la précaution prise par Moïse, l’émotion éprouvée par Israël était telle que les âmes, se séparant des corps, montaient vers le trône glorieux de Dieu pour y rester toujours. Alors la Loi s’adressant au Saint, béni soit-il, elle lui dit : Est-ce pour rien que tu m’as créée deux mille ans avant le monde ? Est-ce pour rien que l’Écriture contient des lois qui ne concernent qu’Israël, telle que la loi : « Si un homme des enfants d’Israël, ou des étrangers qui sont venus demeurer parmi eux, ’mange du sang, etc. », et ailleurs : « Et tu diras aux enfants d’Israël, etc. » ; et ailleurs encore : « Car les enfants d’Israël sont mes esclaves. » Or, où sont les enfants d’Israël ? Aussitôt après ce plaidoyer de la Loi, les âmes retournèrent aux corps des Israélites. Ainsi, le retourdes âmes d’Israël est dû à la Loi. Tel est le sens des paroles de l’Écriture : « La loi du Seigneur est parfaite ; elle fait revenir l’âme. » Une tradition nous apprend que les paroles : « Et Salo mon fut mis sur le trône du Seigneur, pour régner au lieu de David son père » ont la même signification que les paroles sui vantes : « Les six degrés par lesquels on montait au trône… » Rabbi Abba dit : Ces paroles nous indiquent qu’à l’époque de Salo mon la lune était pleine. De même qu’au quinzième jour du mois la lune est pleine, de même la Lune céleste se trouve pleine toutes les fois que quinze générations se sont écoulées. Ainsi, à l’époque d’Abraham, la Lune céleste était pleine ; à l’époque de David ainsi qu’à l’époque de Salomon, la Lune était également pleine ; or, depuis Abraham jusqu’à David, il y a quatorze générations : Abraham, Isaac, Jacob, Juda, Phares, Esron, Ram. Aminadab, Naasson, Salmon, Booz, Obecl, Jessé, David et Salomon. De David jusqu’à la captivité de Babylone, il y a également quatorze générations : Roboam, Abias, Asa, Josaphat, Joram, Ozias, Joas, Amazia, Joatham, Achaz, Ézéchias, Mariasse, Amon, Josias, Sédécias.

« Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’a tiré de l’Egypte, de la maison de servitude. » Rabbi Éléazar ouvrit une de se s conférences de la manière suivante : II est écrit : « Écoute, mon fils, les instructions de ton père, et n’abandonne point la loi de ta mère. » Les mots : « Écoute, mon fils, les instructions de ton père » désignent le Saint, béni soit-il. Les mots : « … Et n’abandonne point la loi de ta mère » désignent la « Communauté d’Israël ». Qui est la « Communauté d’Israël » ? C’est la Séphirâ « Bina » (Intelligence), ainsi qu’il est écrit : « Pour comprendre les paroles de Bina… » Rabbi Yehouda dit : « Les instructions de ton père » désignent Hocmâ (Sagesse). Les paroles : « … Et n’abandonne point la loi de ta mère » désignent « Bina ». D’après Rabbi Isaac, la Loi pro cède de la Sagesse suprême. Suivant Rabbi Yossé, elle procède de l’Intelligence (Bina). Rabbi Yehouda dit : Elle procède de la Sa gesse suprême et de l’Intelligence, Rabbi Abba dit : Elle procède de la Clémence et de la Rigueur, du Roi et de sa Matrona. Rabbi Yossé dit : Les mots : « Je suis le Seigneur ton Dieu » désignent la Schekhina, ainsi qu’il est écrit ; « J’irai avec toi en Egypte. » Rabbi Isaac dit : II y a entre le mot « anochi » (je suis) et le mot « Jéhovah » un accent disjonctif, pour nous indiquer que le premier mot désigne la Schekhina, et que « Jéhovah ton Dieu » dé signe le Saint, béni soit-il. L’Écriture ajoute : « … Qui t’a tiré de l’Egypte. » L’Écriture nous indique que c’est grâce à la région céleste dont la période jubilaire est l’image qu’Israël sortit de l’Egypte. C’est pour cette raison que la sortie d’Egypte se trouve répétée cinquante fois dans l’Écriture. La Loi a été également révélée à Israël cinquante jours après la sortie de l’Egypte, pour correspondre aux cinquante ans de la période jubilaire, au bout de laquelle règne la liberté. Par les mots : « … De la maison de servitude », l’Écriture désigne les « couronnes inférieures », c’est-à-dire les puissances du démon, en lesquelles les Égyptiens ont mis leur confiance. De même qu’il y a une « Maison » de la Sa gesse éternelle en haut, ainsi qu’il est écrit : « Par la Sagesse la maison se bâtira », de même il y a une maison du démon ici-bas, ainsi qu’il est écrit : « … De la maison de servitude. » Une tradi tion nous apprend qu’au moment où Dieu prononça le mot « Je suis », toutes les lois et tous les commandements de l’Écriture ont pris corps et se sont identifiés, – s’il est permis de s’exprimer ainsi, – avec l’essence même de Dieu ; certains commandements se sont identifiés avec la Tète du Roi sacré, d’autres avec le Tronc, d’autres encore avec les Bras du Roi, et enfin d’autres avec les Pieds ; aucun commandement ne voulut plus dès ce moment se séparer du Corps du Roi céleste. Il en résulte que celui qui trans gresse un commandement pèche contre le Corps même du Roi, ainsi qu’il est écrit : « Ils sortiront pourvoir les corps morts de ceux qui ont péché contre moi. » Ainsi le pécheur pêche contre Dieu lui-même. Malheur aux coupables qui transgressent les commandements de la Loi sans se douter de l’énormité de leurs crimes. Rabbi Siméon dit : Le Saint, béni soit-il, se charge lui-même de rendre publics les péchés que l’homme commet en secret, ainsi qu’il est écrit : « Les deux révéleront son iniquité, et la terre s’élèvera contre lui. « Les cieux révéleront son iniquité » : c’est Dieu. « La terre s’élèvera contre lui » : c’est la « Communauté d’Israël ». Rabbi Yossé dit : Nous avons appris de Rabbi Siméon qu’au moment où la Loi a été révélée, la Mère céleste et ses fils étaient dans la joie, ainsi qu’il est écrit : « La mère des enfant est dans la joie. »

Calligraphie de Michel D’Anastasio. Visiter son site.

« Je suis le Seigneur ton Dieu. » Une tradition nous apprend qu’Abraham notre père avait une fille. Les paroles de cette tradition désignent la Schekhina appelée « Fille ». Elle est la « Fille » de Jéhovah et la Mère des hommes. Tel est le sens des paroles de l’Écriture : « Lanière des enfants est dans la joie. » Tant que la Mère reste près de ses enfants, la joie règne dans tous les mondes. Une tradition nous apprend que ce sont les péchés des hommes qui déterminent la Mère à se séparer de ses enfants. Tel est le sens anagogique des paroles de l’Écriture : « N’enlève pas la mère à ses petits. » Rabbi Isaac dit : Tout est Un, le Saint, béni soit-il, et la Mère ne font qu’Un. Ce mystère est connu des « Moissonneurs des champs ». Heureux le sort de ceux-ci et dans ce monde et dans le monde futur ! Rabbi Éléazar dit : Une fois, l’Écriture s dit : « Au commencement, Élohim créa le ciel et la terre », et une autre fois l’Écriture dit : « Au jour où Jéhovah Élohim créa la terre et le ciel… » Comment expliquer cette contradiction ? Une tradition nous apprend que le ciel et la terre ont été créés simultanément ; le Saint, béni soit-il, étendit sa main droite et créa le ciel ; et il étendit sa main gauche et créa la terre. Comme le ciel constitue le trône de Dieu, la terre en constitue l’escabeau, ainsi qu’il est écrit’ : « Le ciel est mon trône, et la terre mon escabeau. » Le mot « terre » dans ce verset ne désigne pas notre terre ici-bas, mais la « Terre d’en haut », qui est unie au ciel par le degré appelé « Juste », ainsi qu’il est écrit : « Et le juste sera le fondement du monde. » Entre la tête du Roi céleste et la région où réside le Juste, s’étend le grand fleuve céleste qui arrose toute la « Terre de vie » d’en haut. C’est de cette terre que se nourrissent tous les êtres d’en haut et d’en bas. Le désir du mâle pour la femelle provoque l’écoulement du sperme qui émane de la cervelle, écoulement qui féconde la femelle ; et c’est d’elle que tout dérive. C’est ainsi qu’on peut expliquer les paroles de la tradition suivant laquelle celui qui arrive à la maison de prière, pour compléter le nombre de dix personnes dont la présence est nécessaire pour la récitation de certaines liturgies, reçoit une récompense égale à celle des neuf autres personnes ensemble. Rabbi Isaac dit : II est écrit : « II étendit les cieux et il est descendu. » Et ici il est écrit : « II est descendu devant tout le peuple au-dessus de la montagne de Sinaï. » Où est-il descendu ? Sur le Sinaï ? Mais l’Écriture ne dit pas « sur la montagne », mais « au-dessus de la montagne ». Rabbi Yossé dit : II est descendu d’un degré à l’autre, d’une couronne à l’autre, jus qu’à ce qu’il se fût attaché à cette terre ; et la lune fut éclairée dans sa plénitude. La Schekhina appelée « Terre céleste » se tenait au-dessus de la montagne de Sinaï. Rabbi Abba dit : La Schekhina est appelée « Feu », ainsi que l’Écriture dit : « … A cause du feu dans lequel Dieu est descendu », et ailleurs : « Car Dieu est un feu dévorant. » Rabbi Isaac dit : La descente de Dieu sur le mont Sinaï était l’image de la descente de la Schekhina ici bas. C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et Élohim prononça toutes ces paroles. » Or, Ëlohim désigne la Schekhina. Et l’Écriture ajoute : « Je suis Jéhovah ton Dieu. » Car Élohim et Jéhovah ne font qu’Un. « Tu n’auras point de dieux étrangers devant moi. » Rabbi Isaac dit : Par les mots « dieux étrangers », l’Écriture veut exclure la Schekhina » ; par les mots « devant moi », l’Écriture veut exclure les Noms sacrés du Roi céleste ; car les Noms du Roi sacré constituent le visage même du Roi sacré ; car Dieu et ses Noms ne font qu’Un, ainsi qu’il est écrit » : « Je suis Jéhovah ; c’est là le Nom qui m’est propre. » Béni soit le Seigneur et béni soit son Nom en toute éternité ! Rabbi Siméon dit : Heureux le sort d’Israël à qui le Saint, béni soit-il, donne le nom d’ « homme », ainsi qu’il est écrit : « Et vous, mes brebis, vous, les brebis de mon pâturage, vous êtes des hommes » ; et, ailleurs, il est écrit : « Si un homme offre au Seigneur une hostie… » Pourquoi les appelle-t-il « hommes » ? Parce qu’ils se sont attachés à lui, ainsi qu’il est écrit : « Vous vous êtes attachés au Seigneur votre Dieu. » Seuls les Israélites se sont attachés à Dieu, mais non pas les peuples païens ; c’est pourquoi les Israélites seuls sont appelés hommes, mais non pas les peuples païens. Rabbi Siméon dit : Dès que l’Israélite entre dans l’Alliance que le Saint, béni soit-il, avait faite avec. Abraham, il porte le nom d’ « homme », et dès qu’il est circoncis, il entre dans l’Alliance sus-mentionnée, ainsi qu’il est écrit : « Et Dieu bénit Abraham en tout » ; et ailleurs : « La grâce d’Abraham… » Cet homme a le droit d’entrer dans ce lieu et il s’attache au Corps du Roi ; et seule la postérité d’Israël est appelée « homme ». Remarquez que, d’Israël, l’Écriture dit : « Et il sera un homme sauvage. » Ainsi il s’appelle « homme sauvage », et non pas « homme ». Bien qu’Ismael ait été circoncis à l’âge de treize ans, il n’a cependant pas mérité le nom d’ « homme », par ce qu’il n’a pas reçu la Loi. Seule la race d’Israël est appelée « homme », en raison de sa perfection en toutes choses, ainsi qu’il est écrit : « Ce peuple est la part du Seigneur ; Jacob est le lot de son héritage. » Rabbi Yossé dit : C’est pourquoi il est permis de reproduire toutes sortes d’images, à l’exception de celle de l’homme. Rabbi Isaac dit : La reproduction de la figure humaine est dé­fendue, parce que l’homme ainsi reproduit semble être vivant. Rabbi Yehouda dit : C’est pourquoi le proverbe dit : On reconnaît au moule la forme du vase qu’on y façonne. Rabbi Yehouda allait une fois de Cappadoce à Lyda pour voir Rabbi Siméon, qui se trouvait dans cette dernière ville. Rabbi Hizqiya l’accompagna. Rabbi Yehouda dit à Rabbi Hizqiya : Nous savons ce que Rabbi Siméon a dit au sujet des mots « homme sauvage ». Mais que signifie la fin du même verset : « Et il dressera ses pavillons vis-à-vis de tous ses frères » ? Rabbi Hizqiya répondit : Comme je n’ai jamais rien entendu à ce sujet, je n’ose rien dire ; car nous avons appris que, par les mots : « Voici la loi que Moïse exposa », l’Écriture veut nous apprendre que l’on ne doit répéter que des choses qu’on a entendu exposer par son maître.

Rabbi Yehouda commença alors à parler ainsi : II est écrit : « Car elle est ta vie et ta longévité. » Celui qui s’attache à la Loi et ne s’en sépare jamais est jugé digne de deux vies, une dans ce monde et une autre dans le monde futur. Mais celui qui se sépare de la Loi se sépare de la vie, et celui qui se sépare de Rabbi Siméon se sépare également de la vie. Voilà un verset dont il nous a expliqué le commencement, et pourtant nous ignorons le sens de la fin ; à plus forte raison sommes-nous dans l’incertitude pour l’interprétation de tous les versets dont il ne nous a jamais parlé ! Malheur à la génération à laquelle Rabbi Siméon sera enlevé ! Tant que nous nous trouvons en présence de Rabbi Siméon, nous nous sentons le cœur et l’esprit ouverts et nous saisissons tous les mystères ; mais dès que nous nous en séparons, nous ne savons plus rien ; et toutes les sources de notre esprit tarissent. Rabbi Hizqiya lui dit : C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et il prit l’esprit qui était en lui et le donna à ces soixante-et-dix hommes. » Moïse était comparable à une chandelle allumée.à laquelle on allume de nombreuses autres chandelles, sans que la lumière de la première diminue pour cela. De môme Rabbi Siméon, fils de Jochaï, est comparable aune chandelle allumée à laquelle on allume de nombreuses autres chandelles, sans que sa lumière diminue pour cela. Ils continuèrent leur chemin. Arrivés chez Rabbi Siméon, ils le trouvèrent occupé à l’interprétation de ce verset : « Prière du pauvre, lorsqu’il est dans l’affliction et qu’il répand sa prière en la présence du Seigneur. » La prière du pauvre est au-dessus de celle des autres hommes, parce qu’elle monte jusqu’au trône glorieux du Roi ; et le Saint, béni soit-il, en fait une couronne qu’il pose sur sa tête. Le mot « Atoph » ne veut pas dire « envelopper », mais « être dans l’affliction », ainsi que dans le verset : « Ceux qui sont affligés par la famine… » « … Et qu’il répand sa prière en là présence du Seigneur. » Car.le Maître recevra sûrement sa prière. Quand même il n’y aurait point d’autres justes, le monde subsiste rait par le mérite des pauvres. Malheur à celui dont un pauvre se plaint devant son Maître ; car le pauvre est plus près du Roi que tous les autres hommes, ainsi qu’il est écrit : « S’il crie vers moi, je l’exaucerai, car je suis compatissant. » Les plaintes des autres hommes sont parfois exaucées, et parfois non, alors que celles du pauvre sont toujours écoutées, parce que le Roi choisit sa demeure parmi les tessons, ainsi qu’il est écrit : « J’habite avec l’esprit humble et le cœur brisé. » Et ailleurs il est écrit : « Le Seigneur est proche de ceux dont le cœur est affligé. » Et encore ailleurs il est écrit : « Tune méprises pas, ô Dieu, un cœur contrit et humilié. » Une tradition nous apprend que quiconque lèse un pauvre est aussi coupable que s’il lésait la Schekhina ; car la Schekhina est la tutrice des pauvres ; c’est elle qui défend leur cause, ainsi qu’il est écrit : « Car le Seigneur se rendra lui-même le défenseur de sa cause. » La Schekhina n’a besoin ni de témoins, ni de juges, pour châtier ceux qui lèsent les pauvres ; elle leur ôte les âmes. Rabbi Siméon continua : « Tephila » désigne le phylactère de la Tête du Roi céleste. Ayant tourné la tête, Rabbi Siméon vit que Rabbi Yehouda et Rabbi Hizqiya se tenaient à côté de lui. Il leur dit : Vous étiez possesseurs d’un trésor et vous l’avez perdu. Ils lui répondirent : En e/fet, toi, notre Maître, tu avais ouvert la porte ; mais elle était trop élevée pour nous, de sorte que nous ne pouvions y entrer. Rabbi Siméon leur ayant demandé de quel verset il s’agissait, ils lui répondirent : C’est la fin du verset : « II sera un homme sauvage. » Nous comprenons bien le commence ment du verset ; mais nous ne comprenons pas la suite ; « Et il dressera ses pavillons vis-à-vis de tous ses frères. » Rabbi Siméon leur répondit : Je jure à votre vie que le mystère caché dans les paroles de la fin du verset est le même que celui que renferme le commencement du verset. Une tradition nous apprend que le Saint, béni soit-il, a plusieurs faces ; il aune face lumineuse, et une autre qui ne l’est pas ; il a une face qui semble éloignée, et une face qui semble proche ; il a une face intérieure, et une face extérieure ; et enfin il a une face à droite, et une face à gauche. Remarquez combien est heureux le sort d’Israël qui contemple la Face suprême du Roi, alors que tous les autres peuples n’en voient que les faces inférieures, la face qui semble éloignée ; et c’est pour cette raison qu’ils sont les plus éloignés du Corps du Roi. Mais comme Ismaël avait été circoncis, il avait cet avantage sur les autres peuples qu’il voyait la face de Dieu qui était la plus proche de toutes celles que voyaient les autres peuples. Tel est le sens des mots : « Et il dressera ses pavillons au-dessus de la face de tous ses frères. » Rabbi Yehouda et Rabbi Uizqiya baisèrent la main de Rabbi Siméon ; et Rabbi Yehouda lui dit : Le proverbe dit que le vin est bon tant qu’il repose sur la lie. La Loi prospère égale ment tant que tu la propages. Malheur au monde lorsque toi, le Maître, lui seras enlevé, et malheur à la génération qui vivra à cette époque ! Mais heureuse la génération qui connaît le Maître ! Rabbi Hizqiya ayant demandé si Ismaël, après sa circoncision, avait le nom de « .converti », Rabbi Siméon lui répondit qu’Ismaël n’était pas un converti, attendu qu’il était le fils d’Abraham et, partant, issu d’une race sacrée. Rabbi Yehouda dit : C’est pour cette raison que Dieu ordonna : « Tu n’auras pas d’autres dieux au-dessus de ma face. » L’Écriture indique par ce terme qu’Israël voit la Face suprême du Roi, et qu’il n’y a point d’autres au-dessus de cette Face ; et voici sa foi. « Tu ne te feras point d’image taillée, ni aucune figure. » Rabbi Yossé dit : II est permis de reproduire toutes sortes d’images, excepté celle de l’homme, parce que celle-ci est au-dessus de toutes les images. Rabbi Isaac commença à parler ainsi : iI est écrit : « Que la légèreté de ta bouche ne soit pas à ta chair une occasion de tomber dans le péché. » Ces paroles nous indiquent que l’homme ne doit jamais prononcer des choses relatives à la Loi s’il ne les a pas entendues de son maître. C’est ce précepte que l’Ecriture nous donne par l’expression : « Tu ne te feras point d’image taillée. » Le Saint, béni soit-il, punira l’homme qui transgresse ce précepte, et dans ce monde et dans le monde futur ; lors que l’âme voudra retourner à la région d’où elle émane, elle en sera chassée et rejetée de la communauté des autres âmes. Tel est également le sens des paroles suivantes : « … De crainte que Dieu ne s’irrite contre ta voix. » La « voix » désigne l’âme de l’homme. Enfin l’Écriture ajoute : « Car le Seigneur ton Dieu est un Dieu jaloux, qui venge l’iniquité. » Ces paroles s’appliquent aussi bien à celui qui reproduit des images qu’à celui qui avance des opinions relatives à la Loi qu’il n’a pas entendues de son maître. L’un et l’autre nient la vérité du Nom sacré ; or, celui qui nie l’existence du Roi suprême n’entrera pas dans le palais du Roi et sera exclu du monde futur. Rabbi Abba dit : Ici l’Écriture se sert du terme « pesel » (taillée) ; et ailleurs il est écrit : « Taille deux tables de pierre (pesai). » Par cette similitude d’expressions, l’Écriture nous indique que l’homme ne doit pas former une loi nouvelle qu’il n’a pas entendue de son maître ; car Dieu punira une pareille action en précipitant l’âme dans l’enfer. Rabbi Isaac applique ces paroles à la circoncision ; car quiconque néglige cet acte nie l’Alliance du Saint, béni soit-il ; car la circoncision est le premier acte par lequel Israël a contracté l’Alliance avec Dieu. Il faut être fidèle à cette Alliance ; l’infidélité consiste à entretenir des relations avec des femmes païennes, ainsi qu’il est écrit : « Car Juda a profané la sainteté de Dieu … ; il a eu des relations avec les filles des dieux étrangers. » Rabbi Yehouda dit : Celui qui trahit l’Alliance trahit Dieu, parce que c’est par elle qu’on est attaché à Dieu, comme dit l’Écriture : « Ils ont trahi Dieu ; car ils ont eu des enfants étrangers. »

« Tu ne les adoreras point, et tu ne leur rendras point le culte. » Rabbi Éléazar fit une fois un voyage en compagnie de Rabbi Hiyâ. Ce dernier parla ainsi : II est écrit : « Si tu vois parmi les prisonniers de guerre une femme d’une grande beauté, et que tu veuilles l’épouser … » Comment l’Écriture peut-elle parler d’un pareil cas, alors que le mariage entre Israélites et païens est défendu ? Rabbi Éléazar lui répondit : Le mariage était permis tant que les païens étaient maîtres de leur pays. Remarque en outre qu’il n’y a point parmi les peuples païens une seule femme qui ’soit absolument pure. Une tradition nous apprend que le rapprochement immédiat de la section concernant le mariage avec une païenne à la section relative au fils rebelle a pour but de nous apprendre que celui qui se mariera avec une païenne engen­drera certainement un fils rebelle. Pourquoi ? Parce qu’il est difficile d’épurer une païenne de la pollution ; cela est d’autant plus difficile que cette femme a déjà connu un homme, car, dans ce cas, la souillure adhère si solidement, qu’il est difficile de l’éliminer. C’est pourquoi Moïse a dit au sujet des femmes Madianites : « Faites mourir toutes les femmes qui ont connu des hommes. » Heureux l’homme qui garde le patrimoine de pureté qu’il a hérité de ses ancêtres ; grâce à cette .pureté l’homme s’unit au Saint, béni soit-il, surtout s’il a le bonheur de connaître les commandements de la Loi. Le Roi céleste tend sa droite à un tel homme, l’attire à lui et l’unit à son Corps sacré. C’est pourquoi l’Écriture dit d’Israël : « Vous vous êtes attachés au Seigneur votre Dieu », et. ailleurs : « Vous êtes les enfants du Seigneur votre Dieu. » Les Israélites sont réellement et littéralement les enfants de Dieu. Et ailleurs’ il est écrit : « Israël est mon fils aîné », et encore ailleurs.) : « Israël, je me glorifierai en toi. » « Tu ne prendras point en vain le nom du Seigneur ton Dieu. » Rabbi Siméon commença à parler ainsi : II est écrit : « Elisée lui dit : Que veux-tu que je fasse ? Dis-moi, qu’as-tu dans ta mai son ? » Elisée dit à la Sulamite : Dis-moi ce que tu as dans ta maison, sur quoi la bénédiction du Saint, béni soit-il, pourrait se répandre. Car une tradition nous apprend qu’il est défendu à l’homme de réciter la bénédiction prescrite pour les repas quand la table est desservie et qu’il n’y a aucun aliment dessus ; car la bénédiction de Dieu ne peut se répandre que sur quelque chose, mais elle ne peut pas s’exercer là où il n’y a rien. C’est pour cette raison qu’on doit avoir un ou plusieurs pains sur la table lors qu’on prononce la bénédiction ; car ce n’est qu’alors que les bénédictions du ciel peuvent se répandre. Tel est le sens des paroles : « Tu ne prendras point en vain le nom du Seigneur ton Dieu. » Car il est défendu de prononcer le Nom du Saint, béni soit-il, inutilement, et il aurait mieux valu pour l’homme qui agit ainsi qu’il ne fût pas né. Rabbi Éléazar dit : On ne doit prononcer le Nom sacré que suivi d’un autre mot, attendu que, dans l’Ecriture, le Nom sacré n’est mentionné qu’à la suite de deux mots : « Au commencement créa Elohim… » Rabbi Siméon dit : Le Nom sacré ne fut prononcé de manière complète qu’après que le monde a été achevé, ainsi qu’il est écrit : « Au jour où Jéhovah Elohim avait créé le ciel et la terre… »

« Souviens-toi de sanctifier le jour du sabbat. » Rabbi Isaac dit : il est écrit : « Elohim bénit le septième jour. » Or, dans le chapitre relatif à la manne, l’Écriture dit : « Recueillez pendant les six jours la manne ; car, le septième jour, c’est le sabbat ; et vous n’en trouverez point. » Est-ce là l’effet de la bénédiction ? Si on ne trouve pas de nourriture en ce jour, en quoi consiste donc la bénédiction qu’Élohim lui accorda ? Mais voici ce qu’une tradition nous apprend à ce sujet : Toutes les bénédictions d’en haut et d’en bas dépendent du septième jour. Si on ne trouvait point de manne en ce jour, c’est parce que, tous les six autres jours de la semaine n’étant bénis que par le septième, il était naturel que chaque jour de la semaine cédât une part de bénédictions au septième. Aussi un homme de foi doit-il servir la table et préparer le repas pour le soir du sabbat, afin que sa table soit bénie pendant les six jours suivants de la semaine ; car c’est le jour de sabbat qui attire les bénédictions pour tous les autres jours de la semaine. Rabbi Yehouda dit : II faut se réjouir le jour du sabbat et manger trois repas pendant ce jour. Rabbi Abba dit : II convient d’attirer, en ce jour, les bénédictions d’en haut ; car c’est pendant ce jour que l’Ancien sacré, le plus mystérieux de tout, verse la Rosée sacrée sur la table de la « Petite Figure », laquelle visite en ce jour trois fois le verger sacré des pommiers. C’est pourquoi un homme de foi doit faire trois repas en ce jour, dont le premier doit être pris à l’entrée du sabbat. Grande sera la punition de l’homme qui manque un des ces repas. Dès le commencement du sabbat, le repas doit être servi sur la table, afin que la bénédiction puisse s’y répandre, attendu qu’elle ne peut se répandre là où il n’y a rien. C’est en agissant ainsi que l’homme donne la preuve de sa foi. Rabbi Siméon dit : Une voix céleste retentit et fait entendre les paroles suivantes qui s’appliquent à celui qui fait trois repas le jour du sabbat : « Alors tu trouveras tes délices dans le Seigneur ; je t’élèverai au-dessus de ce qu’il y a de plus élevé sur la terre ; je te donnerai pour te nourrir l’héritage de Jacob. » Les trois phrases contenues dans ce verset font allusion au trois repas du jour de sabbat- Rabbi Hiyâ dit : C’est également pour cette raison que l’Écriture répète trois fois les mots « septième jour » clans le verset suivant : « Et le Seigneur termina au septième jour l’ouvrage qu’il avait fait ; il se reposa le septième jour, après avoir achevé tous ses ouvrages ; et il bénit le septième jour. » Rabbi Abba avait coutume de dire à chacun des repas du sabbat : Ce repas est en l’honneur de l’Ancien sacré et mystérieux, en l’honneur du Saint, béni soit-il. Et à la fin de chaque repas il avait coutume de dire : Nous avons fini le repas qui est l’emblème de la Foi. Rabbi Siméon avait coutume de dire avant chaque repas du sabbat : Approchez le repas qui est l’emblème de la Foi suprême, apportez le repas préparé en l’honneur du Roi céleste. Rabbi Éléazar dit une fois à son père : Quelle est la raison de ces trois repas ? Rabbi Siméon lui répondit : Le repas qu’on fait pendant la nuit au commencement du sabbat est en l’honneur de la Matrona ; et c’est par ce repas que l’homme s’attire pour tout le jour du sabbat l’âme supplémentaire. Le matin du jour du sabbat, on prend le deuxième repas en l’honneur de l’Ancien sacré. Et le troisième repas est en l’honneur de la « Petite Figure ». C’est par ces trois repas qu’Israël se distingue des peuples païens. C’est par ces repas qu’Israël donne la preuve qu’il est le fils du Roi sacré. Celui qui manque un de ces repas s’attire les châtiments d’en haut et donne la preuve qu’il ne fait pas partie des membres du palais royal. Remarquez en outre que, pendant toutes les autres fêtes, tout homme est obligé de donner une part de réjouissance aux pauvres ; et si l’on se réjouit seul sans y faire participer les pauvres, on est sévèrement puni ; c’est à un tel homme que s’appliquent les paroles de l’Écriture : « Je te jetterai sur le visage les ordures de tes repas solennels des fêtes. » Mais il n’en est pas de même le jour du sabbat ; car, alors môme qu’on ne fait pas participer le pauvre aux réjouissances de ce jour, on n’est pas puni pour cela, attendu que l’Écriture ne parle que de « repas solennels des fêtes », mais non pas des repas du sabbat. C’est par la foi que l’homme obtient pour le jour du sabbat une âme supplémentaire, une âme supérieure qui a toutes les perfections, à l’exemple du monde d’en haut. C’est pour cela que ce jour est appelé « Sabbat » ; car Sabbat est le nom du Saint, béni soit-il, qui est la perfection même. Malheur à l’homme qui ne se réjouit pas en l’honneur du Roi sacré. Les trois repas du sabbat répondent aux trois patriarches qui plaident en ce jour en faveur d’Israël, ce qui n’est pas le cas pendant les fêtes. Pendant ce jour, on accorde du repos aux damnés de l’en fer ; pendant ce jour, la Rigueur est domptée et ne sévit point dans le monde ; pendant ce jour, la Loi sert de couronne à Dieu ; pendant ce jour, la joie règne dans deux cent cinquante mondes. Remarquez que, pendant les autres jours de la .semaine, l’heure des vêpres est l’instant où la Rigueur sévit dans le monde, alors que, pendant le jour du sabbat, l’heure des vêpres est l’heure de la Clémence. C’est à l’heure des vêpres du jour de sabbat que Moïse, le prophète fidèle et sacré, fut enlevé de ce monde, afin d’indiquer que sa mort n’était pas due à la Rigueur, mais uniquement à la.volonté de l’Ancien sacré qui prit l’âme de Moïse et la cacha. C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et nul homme jusqu’à aujourd’hui … « Car, de même que l’Ancien sacré est caché et invisible aux êtres d’en haut aussi bien qu’à ceux d’en bas, de même l’âme de Moïse, qui fut enlevée le jour du sabbat à l’heure des vêpres, est cachée dans le monde d’en haut, de manière que la Rigueur ne peut avoir aucune prise sur elle- Une tradition nous apprend que le jour de sabbat est le plus propice à l’étude de la Loi ; en se consacrant ce jour-là à l’étude de la Loi on découvre les soixante-dix interprétations dont chacune de ses paroles est susceptible. Heureux le sort d’Israël et dans ce monde et dans le monde futur ! Il a cet avantage sur les peuples païens de sanctifier le jour du sabbat.

Calligraphie 8 Michel D'Anastasio.
Calligraphie de Michel D’Anastasio. Visiter son site.

Une tradition nous apprend en outre que, durant le jour du sabbat, les âmes des justes se délectent en présence de l’Ancien sacré et mystérieux et sont à l’abri de toutes les attaques de la Rigueur, ainsi qu’il est écrit : « Lorsque le Seigneur te fera reposer de tes douleurs, de tes fatigues et de ton dur travail… » La sanctification du sabbat vaut à elle seule toutes les autres lois, ainsi qu’il est écrit : « Heureux l’homme qui fait cela, et le fils de l’homme qui observe le sabbat et s’abstient défaire le mal. » Donc celui qui observe le sabbat est considéré comme s’il a observé toute la Loi. Rabbi Yehouda ayant rencontré un jour Rabbi Siméon en voyage lui dit : Maître, quel est le sens des paroles qui suivent : « Voici ce que le Seigneur dit aux eunuques, à ceux qui gardent mes jours de sabbat. » Rabbi Siméon lui dit : Cappadocien, descends de ton âne ; car les paroles de la Loi exigent du recueille ment et de la méditation, ce que tu ne saurais faire monté à dos d’âne. Rabbi Yehouda lui répliqua : C’est pour apprendre de toi cette chose que je t’ai suivi ; car, en te suivant, je crois suivre la Schekhina. Rabbi Siméon lui dit : Ces paroles ont été déjà expliquées par les collègues ; mais leur explication n’est pas suffisamment connue. Ces paroles s’appliquent aux maîtres de la Loi qui s’abstiennent des relations conjugales pendant tous les six jours de la semaine et qui ne s’y livrent que pendant la nuit du sabbat, nuit pendant laquelle a lieu le Mystère suprême de l’union de la Matrona avec le Roi. Tel est le sens des paroles : « Voici ce que le Seigneur dit aux eunuques, à ceux qui attendent (ischmerou) mes jours de sabbat. » Car le mot « ischmerou » ne signifie pas en cet endroit « qui gardent », mais« qui attendent », de même que dans le verset suivant : « Et son père attendait la chose. » L’Écriture désigne ainsi ceux qui attendent toute la semaine le jour de sabbat pour les relations conjugales. Heureux le sort de ceux qui sanctifient le jour du sabbat de cette manière ! Remarquez que l’Écriture dit : « Tu travailleras pendant six jours, et tu y feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour de repos consacré au Seigneur ton Dieu. » Comme les six jours sont jours de travail, et comme l’union avec leurs femmes n’est pas pour eux un travail profane, mais une œuvre consacrée au Saint, béni soit-il, ils réservent cet acte au jour du Seigneur. Comme d’autre part, l’union de la Matrona avec le Roi céleste a pour but de faire descendre les âmes saintes en ce monde, les collègues consacrent ce moment aux relations conjugales, afin d’attirer pour leurs enfants de ces âmes sacrées. Rabbi Yehouda s’écria : Bénie soit la miséricorde divine qui m’a favorisé de me trouver ici et d’entendre ces paroles ! Rabbi Yehouda se mit à pleurer. Rabbi Siméon lui dit : Pourquoi pleures-tu ? Rabbi Yehouda lui répondit : Je pleure sur le sort des hommes qui vivent comme des bêtes et qui ignorent qu’il aurait mieux valu pour eux de ne pas naître. Malheur au monde lorsque toi, mon Maître, lui seras enlevé ; car il n’y aura plus personne pour divulguer les mystères et pour les expliquer ! Rabbi Siméon lui répondit : Je jure par ta vie que le monde n’a été créé que pour les collègues qui se consacrent à l’étude de la Loi et en connaissent les mystères. C’est avec raison que les collègues ont comparé les ignorants qui marchent dans la mauvaise voie, à des bêtes, qu’ils ont permis de les châtier, même pendant le jour du grand pardon, et enfin qu’ils ont qualifié leurs enfants de bâtards. Rabbi Siméon dit en outre : L’Écriture dit : « Vous n’allumerez point de feu dans toutes vos maisons au jour du sabbat. » Pourquoi cette défense ? Pour que la Rigueur ne sévisse pas en ce jour ; or, le feu est l’emblème de la Rigueur. Mais, pourquoi fait-on du feu le jour du sabbat au temple ? Parce que le feu allumé pour Dieu ne représente pas la Rigueur, mais la Clémence. Le feu de l’autel est un feu qui consume l’autre feu. C’est parce que l’Ancien sacré se manifeste en ce jour que la Rigueur n’a aucune prise sur le monde. Le sort d’Israël est plus heureux que celui de tous les autres peuples païens ; car c’est de lui que l’Écriture dit : « Vous vous êtes attachés au Seigneur votre Dieu, etc. »

« Honore ton père et ta mère. » Rabbi Hiyâ commença à parler ainsi : II est écrit : « De l’Éden sortait un fleuve pour arroser le Jardin. » Ces paroles désignent la Source céleste qui donne naissance au fleuve qui arrose le paradis. Cette Source porte le nom de « Père ». C’est ce « Père » que l’Écriture commande d’honorer. Rabbi Éléazar dit : Les mots : « Honore ton père » dé signent le Saint, béni soit-il. Les mots : « … Et ta mère » dé signent la « Communauté d’Israël » ; le mot « eth » nous indique qu’il faut également honorer la Schekhina. Rabbi Yehouda dit : Les mots « père » et « mère » désignent réellement le père et la mère d’après la chair. Quant au mot « eth » il désigne les êtres d’en haut, que l’homme doit également honorer. Rabbi Isaac dit : Le mot « eth » désigne le maître que l’homme est également tenu d’honorer, attendu que c’est grâce au maître qu’on parvient à par­ticiper au monde futur. Une tradition nous apprend que les cinq premiers commandements sont en rapport direct et intime avec les cinq derniers commandements. Ainsi, le premier commande ment : « Je suis le Seigneur ton Dieu » est en rapport direct avec le sixième commandement : « Tune tueras point », attendu que celui qui tue son prochain offense l’Image sacrée de son Maître, puisque l’homme est créé à l’image de Dieu, ainsi qu’il est écrit : « Car l’homme est créé à l’image de Dieu » et : « Au-dessus, trônait une image qui avait la figure d’homme. » En disant donc : « Je suis ton Dieu », il en résultait nécessairement l’autre commandement : « Tu ne tueras point. » Le deuxième commande ment : « Tu n’auras point de dieux étrangers devant moi » est en rapport direct avec le septième commandement : « Tu ne com­mettras point de fornications », ainsi qu’il est écrit : « Ils ont trahi Dieu, car ils ont eu des enfants étrangers. » En effet, ces deux commandements ont pour but que l’homme n’efface pas la marque sacrée que le Saint, béni soit-il, a imprimée sur chaque corps. Le commandement : « Tu ne prendras point en vain le nom du Seigneur » est en rapport avec le commandement : « Tu ne voleras point », puisque chaque voleur est amené à faire des faux serments, ainsi qu’il est écrit : « Celui qui s’associe à un voleur est ennemi de sa propre vie ; il l’entend abjurer et ne le dénonce pas. » Le commandement : « Souviens-toi de sanctifier le jour du sabbat » est en rapport avec le commandement : « Tu ne porteras point faux témoignage », puisque le jour de sabbat est appelé « témoignage », ainsi qu’il est écrit » : « Et il est une marque entre moi et les enfants d’Israël, etc. » Le commandement : « Honore ton père » est en rapport avec le commandement : « Tu ne désireras point la femme de ton prochain » ; car celui qui, au moment de son union avec son épouse, pense à une autre femme, attire l’âme que cette autre femme était destinée à attirer ici-bas, de sorte que l’enfant qui naît d’une telle union ne doit nullement l’honorer, attendu qu’il n’est pas son père. Ainsi les cinq premiers commandements ont un rapport intime avec les cinq autres commandements. C’est pour cette raison que le mot « voix » est répété cinq fois dans le récit de la révélation au mont Sinaï ; et c’est également à cause de cela que les livres du Pentateuque sont au nombre de cinq. Rabbi Ëléazar dit : Les dix commandements renferment toutes les autres lois. C’est par la Loi que tout a été créé : les arbres, les plantes, le ciel et la terre, l’océan et les ondes. Car la Loi est le Nom du Saint, béni soit-il. De même que la création a été faite par les dix noms du Saint, béni soit-il, de même la Loi a été donnée par le Décalogue. Heureux la part de celui qui s’occupe de la Loi ! Il réussit à connaître le nom du Saint, béni soit-il. Rabbi Yossé dit : Cet homme arrive à la connaissance de Dieu lui-même, car Dieu et son Nom ne forment qu’Un.

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« Vous ne ferez point de dieux d’argent, ni de dieux d’or. » Rabbi Yossé dit : Bien que l’argent et l’or appartiennent à Dieu, ainsi qu’il est écrit : « L’argent est à moi, et l’or est aussi à moi, dit le Seigneur des armées », cependant il est défendu d’employer ces métaux pour représenter l’image de Dieu. Rabbi Isaac dit : La répétition du mot » grand » dans le verset suivant : « Seigneur, il n’y a point de Dieu qui te soit semblable ; tu es grand, et ton nom est grand en puissance » désigne les deux couleurs de l’ar gent et de l’or, symbole de la Clémence et de la Rigueur, qu’on retrouve en Israël. Car voici ce que Rabbi Yehouda nous apprend à ce sujet : L’Écriture dit : « Je me réjouirai dans le Seigneur (Jéhovah), et mon âme se délectera dans mon Dieu. (Élohaï). » Pourquoi cette répétition (Jéhovah et Élohaï) ? Israël parla ainsi : Nous reconnaissons Dieu à ses couleurs ; s’il se révèle à nous sous la couleur de Clémence (Jéhovah), nous nous réjouissons en Jéhovah ; et s’il se révèle à nous sous la couleur de la Rigueur (Élohénou), nous nous délectons en Ëlohaï. Et l’Ecriture ajoute : « …Parce qu’il m’a revêtu des vêtements de salut. » Ces « vêtements de salut » désignent les diverses couleurs sous lesquelles Dieu se révèle aux hommes pour leur salut. De même les paroles suivantes : « … Comme un époux qui a la couronne sur la tête, et comme une épouse parée de toutes ses pierreries » désignent les deux couleurs : celle de la Clémence et celle de la Rigueur, sous lesquelles Dieu se révèle à Israël. Dans le verset cité, l’Écriture emploie deux fois le terme de « joie ». Mais la joie qu’Israël éprouvera à l’époque où le Saint, béni soit-il, le délivrera de l’exil sera beaucoup plus grande, puisque l’Écriture répète à cette occasion plusieurs fois le terme « joie », ainsi qu’il est écrit : « Ceux que le Seigneur aura rachetés retourneront et viendront à Sion chanter ses louanges ; ils seront couronnés d’une allégresse éternelle ; le ravissement de leur joie ne les quittera point, etc. » Le terme « joie » se trouve répété quatre fois dans ce verset pour correspondre aux quatre exils d’Israël. Et c’est à la délivrance du dernier exil que s’appliquent les paroles du verset suivant : « Et vous direz en ce jour-là : Chantez les louanges du Seigneur, et invoquez son nom, etc. »

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Sepher Ha-Bahir.

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