La Prière Sacerdotale 1

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La Prière Sacerdotale 1 par Jean Pierre Bonnerot.

Ou les fondements de la métaphysique chrétienne

Ainsi parla Jésus. Puis il leva les yeux vers le ciel et il dit : « Père l’heure est venue ; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie ; 2 afin que , comme tu lui as donné autorité sur toute chair, à tous ceux que tu lui as donnés, il donne, lui, la Vie éternelle ; 3 et la Vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et ce Jésus-Christ que tu as envoyé. 4 Moi, je t’ai glorifié sur la terre ; « j’ai adressé l’oeuvre que tu m’as donnée à faire. 5 Maintenant, donc, toi, Père, glorifie-moi auprès de toi, de la gloire que j’ai eue avant l’existence de monde, au-dedans de toi. 6 J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés de ce monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont suivi ton Verbe, 7 et ils ont reconnu maintenant tout ce que tu m’as donné, que tout cela est bien de toi : 8 parce que les instructions que tu m’as données, je leur ai données, et ils les ont reçues, et ils ont reconnu véritable que je suis venu de ta part et ils ont cru que c’est toi qui m’as envoyé. 9 Et moi, je te prie pour eux. Je ne te prie pas pour le monde ; mais pour ceux que tu m’as données : parce qu’ils sont tiens, – 10 oui, tout ce qui est mien est tien et tout ce qui est tien est mien, – et j’ai été glorifié en eux. 11 Et désormais je ne suis plus dans le monde, et eux ils sont dans le monde, et moi je viens vers toi. Père Saint, garde-les dans ton nom, dans lequel tu me les as donnés, afin que comme nous ils soient un. 12 Lorsque j’étais avec eux dans le monde, je les gardais dans ton nom. Oui, ceux que tu m’as donnés, je les ai gardés, et aucun d’eux ne s’est perdu ; si ce n’est le Fils de perdition, pour que l’Écriture fut accomplie. 13 Mais maintenant je viens vers toi, et je dis ces paroles dans ce monde, pour que mon bonheur soit en eux. 14 Moi, je leur ai donné ton Verbe ; et le monde les hait, bonheur soit en eux. 14 Moi, je leur ai donné ton Verbe ; et le monde les hait, parce qu’ils ne sont pas de ce monde, non plus que moi je ne suis de ce monde. 15 Je ne demande pas que tu les ôtes de ce monde, mais que tu les gardes du mal. 16 Ils ne sont pas de ce monde, non plus que moi je ne suis de ce monde. 17 Sanctifie-les dans ta vérité : c’est ta parole la Vérité. 18 Comme tu m’as envoyé vers le monde, moi aussi je les ai envoyés vers le monde ; 19 et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’eux aussi soient réellement sanctifiés. 20 Et ce n’est pas seulement pour ceux-ci que je prie : mais aussi pour ceux qui par leur parole croiront en moi, 21 afin que tous ils soient un : oui, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi en nous il soient un, afin que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé. 22 Oui, je leur ai donné, moi la gloire que tu m’as donnée : qu’ils soient un comme nous sommes un, 23 moi en eux, toi en moi ; que l’unité soit ainsi consommée en eux, et que le monde connaisse que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. 24 Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis eux aussi ils soient avec moi, afin qu’ils voient ma gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant que se fit le monde. 25 Père Saint, il ne te connaît pas ce monde ; mais moi je te connais, et ceux-ci reconnaissent que c’est toi qui m’as envoyé : 26 et je leur ai fait connaître ton nom, et je leur ferai connaître : Fais que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et que moi je sois en eux ». (1)

À Emmanuel Levyne, cette tentative de rapprochement des deux Alliances, dans un désir d’Unité.

Pietà de Nouans, Jean Fouquet, vers 1460-1465.

La prière Sacerdotale qui se présente comme la clef de voûte de toute la Révélation Chrétienne, n’a fait l’objet ni des réflexions, ni des commentaires, ni des études qu’elle méritait. Sans prétendre exposer tous les mystères que renferme le chapitre XVII de l’Évangile de Jean, notre présente méditation voudrait toutefois, à l’occasion de la lecture de ces versets, exposer les fondements de la métaphysique chrétienne et montrer – comme toujours – la pleine orthodoxie de la doctrine Cathare.

L’axe central du dialogue à Gethsémani entre Jésus et son Père, c’est le retour par l’Unité, de toute la Création dans le Sein de Dieu, avec la certitude que s’accomplira le Salut Universel.

Une fois déjà, avec la Tradition des Pères, nous avions souhaité répondre à l’interrogatoire de René Nelli, sur les motifs qui présidèrent à la chute provisoire de Lucifer (2) ; aujourd’hui nous voudrions résoudre l’inquiétude qu’il nous a semblé percevoir dans cette déclaration – au demeurant fort juste – de l’acteur du Phénomène Cathare :

« D’après ce que nous savons, par d’autres sources, de la pensée cathare, il serait logique que toutes les âmes créées par le Dieu du Bien fussent sauvées et lui fissent retour« . (3)

Avant d’aller plus outre, il importe de constater que, selon les règles de la théologie biblique, mais aussi selon celles de la rhétorique, le Christ, à Gethsémani, répond à des interrogations émises par Son Père, et cet aspect est fondamental.

Ce dialogue entre la Deuxième et la Première Personne de la Très Sainte Trinité est perceptible dans les Évangiles : à l’occasion de la résurrection de Lazare, le Seigneur, précédemment au miracle qu’il va accomplir :

« Levant les yeux au ciel dit : Père, je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé. Mais je savais que toujours tu m’exauces ; mais j’ai dit cela pour cette foule qui est là tout autour, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé ». (Jean XI, 41-43)

Ce ton qui semble celui de la justification, dans le cadre du chapitre XI : « Moi je savais que toujours tu m’exauces, mais…« , se retrouve au chapitre XVII : « Maintenant donc toi Père…« .

Ce « mais », ce « maintenant », sont lourds de sens, non celui d’une quelconque explication face à une inconcevable réprimande qu’aurait manifesté antérieurement la Mère à l’égard de Son Fils ; mais ces mots plus simplement s’expliquent par le mode d’expression du Christ, qui est celui du dialogue : Jésus alors que les disciples dormaient, n’est pas seul.

Lorsque le Christ « leva les yeux vers le ciel« , cela n’indiquait pas l’expression d’une direction de nature symbolique vers Son Père, mais la tension physique que d’un visage vers une présence virtuelle, lorsque Jésus déclare précisément aux disciples quelques instants auparavant : « Vous vous en irez, chacun à vos intérêts, et vous me laisserez seul. Je ne serai pas seul cependant, parce que le Père est avec moi« . (Jean XVI, 32)

I.

Ainsi parla Jésus. Puis il leva les yeux vers le Ciel et il dit : « Père l’heure est venue ; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie ; afin que, comme tu lui as donné autorité sur toute chair à tous ceux que tu lui as donnés, il donne lui, la Vie éternelle.

Père l’heure est venue ! Ce moment particulier que proclame le Sauveur, correspond à deux niveaux aboutissant au fait que le Christ a vaincu le monde.

– lorsque Jésus va être livré : « Cela suffit, l’heure est venue : voilà que le Fils de l’Homme va être livré aux mains des pécheurs« . (Marc XIV, 41) ;

– lorsque Jésus va être glorifié : « l’heure est venue, le Fils sera glorifié » (Jean XII, 23).

À propos de cette heure qui approche, cette exclamation du Sauveur à l’égard des apôtres « Cela suffit« , parce qu’ils dorment ; montre que cette humanité que récapitulent les disciples est dans une situation de passivité, or si l’inaction c’est le péché, cet état est à assimiler au temps des ténèbres antérieures et l’Apôtre déclare :

« L’amour est la plénitude de la loi. Et cela, faites-le d’autant plus que vous voyez le temps, l’heure qui nous avertit de sortir du sommeil : car enfin le salut pour nous est plus proche que quand nous avons CRU. C’était la nuit auparavant ; mais le jour maintenant est avancé : rejetons donc les oeuvres de ténèbres, et revêtons l’équipement que demande la claire lumière« . (Romains XIII, 10-13)

« Cela suffit, l’heure est venue ! » A Gethsémani, l’instant de la transfiguration approche, et après le Christ, l’Apôtre nous apostrophe : « Réveille-toi, toi qui dors ; relève-toi d’entre les morts : et le Christ versera sur toi sa clarté« . (Ephésiens V, 14)

Cet instant de la transfiguration, c’est bien évidemment aussi l’instant de la glorification, car si le Fils par son Sacrifice, permet la transfiguration de l’homme en état de chute, il est naturel que le Sauveur connaisse la glorification demandée à l’occasion de ce verset premier, en ce qu’elle se trouve essentiellement eschatologique : « Alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de l’Homme ; alors aussi toutes les tribus de la terre se lamenteront et elles verront le Fils de l’Homme venir sur les nuées du ciel avec puissance et beaucoup de gloire« . (Mathieu XXIV, 30)

Cette dimension eschatologique est la trame de la Prière Sacerdotale, mais elle s’applique à qui, à tous ceux qui lui ont été donnés, c’est-à-dire sur toute chair : À tous ceux que tu lui as donnés, il donne lui, la vie éternelle, et cette dimension nous introduit dans le Royaume.

L’accès au Royaume suppose une Connaissance que possèdent notamment les Apôtres et les Envoyés : « Parce qu’à vous, il a été donné de connaître les mystères du règne des cieux, tandis qu’à eux ce n’est pas donné ». (Mathieu XIII, II). Si à certains, il n’a pas été donné de connaître immédiatement les mystères du Royaume, c’est parce que le Christ déclare : « A moins de renaître, nul ne saurait voir le Royaume de Dieu« . (Jean III, 3) (4)

La vie éternelle c’est de connaître Dieu et Son Fils, et si le Christ donne la Vie éternelle, c’est parce qu’il a autorité sur toute chair, et cette autorité permet à Jésus de déclarer : « Ce qui est né de la chair est chair ; il faut naître de l’esprit pour être esprit« . (Jean III, 6)

Cette remarque du Sauveur ne doit pas nous engager vers les pièges d’un manichéisme qui serait contraire à la métaphysique chrétienne : ce qui est esprit, n’a pas besoin de l’action salvatrice du Christ, puisque cela appartient déjà au Royaume, à ce Royaume qui n’est pas de ce monde (Jean XVIII, 36) ; le Christ n’aurait d’ailleurs pas eu – contrairement à ce qu’imaginent bien des théologiens de renom – à s’incarner s’il n’y avait pas eu chute de l’homme ; si Jésus-Christ a reçu autorité sur toute chair, c’est parce que tout ce qui est chair – à l’exception de l’Incarnation et ses modes – est né du péché, en ce fût que parmi les conséquences de la chute, les êtres selon leur degré de responsabilité, acquirent un corps grossier d’une intensité variable, dans le cadre de leur manifestation dans ce monde (2), « Iahvé-Elohim fit pour l’homme et sa femme des tuniques de peau et les en revêtit« . (Genèse III, 21), verset que le Dr Chauvet traduit : « Puis le Dieu-Vivant de l’Angélie réalisa pour Adam et pour son Aïsha, des enveloppes protectrices de nature inférieure et obscure dont il les recouvrit ». (5)

Tous les êtres ont été donnés au Christ, et pourtant, il est dit au verset 9 : « Je te prie pour eux, je ne te prie pas pour le monde », et au verset 12 : « et aucun d’eux ne s’est perdu, si ce n’est le Fils de perdition, pour que l’Écriture fut accomplie« . La métaphysique chrétienne proclame le salut comme universel, mais on doit distinguer dans les étapes menant à l’Apocatastase, les créatures, le monde, le Fils de perdition, car nous savons que c’est à l’homme que revient de sauver – avec la grâce de Dieu – le monde (6), mais aussi le Fils de perdition qui, comme nous l’avons évoqué en notre étude sur Judas ou les conditions de la Rédemption (7), n’est pas l’Apôtre, mais le Prince de ce monde (2).

Il a été donné au Christ-Jésus autorité sur toute chair, mais il convient de noter – sans vouloir anticiper l’analyse du verset 12 – que ceux qui lui ont été donnés, le Christ les a gardés, et qu’aucun ne s’est perdu ; or, « pour que l’Écriture fut accomplie » il se trouverait un être qui n’entrerait pas dans cette récapitulation, « le Fils de perdition » c’est donc que le Fils de perdition n’a pas été donné au Christ !

Sur quelle chair le Christ a-t-il autorité ?

Poser l’interrogation qui précède c’est résoudre celle-ci déjà en ce que la métaphysique chrétienne considère que ce terme Chair désigne la créature placée sous les lois du déterminisme par opposition au pneuma, présence pénétrante de l’Esprit de Dieu en Sa créature.

C’est donc sur les créatures placées sous les lois du déterminisme que le Christ a reçu toute autorité et ce premier constat est d’une importance considérable ! le Fils de perdition n’est pas soumis aux lois du déterminisme, par contre, et il ne saurait y être soumis en ce qu’il est lui-même ce déterminisme comme le rappelle l’Apôtre : « Puisque les enfants avaient part au sang et à avait force de mort, c’est à dire le diable, et délivrer tous ceux que la crainte de la mort tenait en esclavage toute leur vie« . (Hébreux II, 14-16)

C’est tout ce qui est sur la terre qui est chair lorsqu’Élohim dit à Noé : « Voici que moi, j’amène le Déluge, les eaux sur la terre pour détruire toute chair en qui se trouve un souffle de vie sous les cieux. Tout ce qui est sur la terre expirera« . (Genèse VI, 17), et cela est identique « pour toute chair de l’homme à la bête » (Ecclésiastique XL, 8 ) !

À tous ceux qui lui ont été donnés, c’est à dire à toute chair, le Christ donne la Vie éternelle, voilà pourquoi l’Apôtre déclare :

« Ce qui est semé, c’est de la pourriture, ce qui ressuscite c’est de l’incorruptible ; ce qui est semé est dégoût, ce qui ressuscite est gloire ; ce qui est semé est sans force, ce qui ressuscite est force pure. Le corps est semé corps psychique ; il ressuscite corps spirituel« . (I Corinthiens XV, 42-45)

II.

Et la Vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent ; toi le seul vrai Dieu, et ce Jésus-Christ que tu as envoyé.

Si le Christ joint au mot vie, la précision éternelle, cela pourrait bien signifier que la vie ne se trouve pas de facto posséder cette qualité, sans pourtant déclarer un prétendu manichéisme entre une Vie Vivante et une vie conduisant à la mort !

« On a beau être dans l’abondance, les biens ne sont pas la vie » (Luc XII, 15), plus littéralement traduit Darby, « la vie ne devient pas de ses biens« , car Jean XII, 25 rapporte ces paroles du Sauveur : « Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie en ce monde, la gardera pour une vie sans fin« .

Parce que tous les hommes sont appelés à une seule résurrection, l’Apôtre déclare : « Maintenant au contraire, affranchis du péché et devenus serviteurs de Dieu, vous avez comme salaire la sanctification et comme résultat final la vie éternelle« . (Romains VI, 23)

Dans l’attente de ce résultat final, l’Apôtre nous exhorte :

« Persévère dans la justice, dans la piété, dans la foi, dans l’amour fraternel, dans la patience, la bienveillance charitable. Combats le bon combat de la foi ; conquiers la vie éternelle à laquelle tu t’es voué« . (Timothée, VI, 11, 12)

La Prière Sacerdotale constitue, si l’on peut s’exprimer ainsi, le réel « testament spirituel » du Fils dans Son Incarnation, or en aucun endroit de ce témoignage, il n’est indiqué – bien au contraire – que la vie terrestre puisse conduire quiconque à une vie de mort !

Profitons de cette remarque pour nous interroger sur le sens de cette géhenne que certaines Églises Apostoliques brandissent comme une malédiction envers ceux qui – prétendent-elles – ne sauraient bénéficier du Salut.

La géhenne, c’est un lieu terrestre : c’est la Vallée de Hinnôm, située sur le flanc sud de Jérusalem, vallée que Jérémie VII, 32 et XIX, 6, nomme Vallée de la tuerie ; et cette vallée deviendra synonyme d’enfer, or, ce dernier mot n’existe pas en tant que tel dans la Bible !

Une étude attentive des Évangiles nous conduit, si nous prenons par exemple Mathieu, à distinguer trois situations :

– la géhenne, les ténèbres extérieures, où il y aura des pleurs et des grincements de dents : ce lieu est réservé à l’homme ;

– l’Hadès, ce lieu est réservé à Capharnaüm ;

– le feu éternel, ce lieu est réservé au diable et à ses anges.

Nous avons noté que le principe d’une condamnation éternelle, pour quelque créature qu’il s’agisse, n’existe pas, en ce que cette idée n’est pas même suggérée, dans la révélation biblique.

Le feu est éternel, en ce fait qu’il est un feu inextinguible (Mathieu III, 12) et s’il est réservé au diable et à ses anges, cela a déjà fait l’objet, de notre part d’une claire explication (2) : Lucifer, comme principe angéologique retrouvera son état originel lorsqu’il perdra dans le feu purificateur son enveloppe démonologique qui se nomme Prince de ce monde et ce ne sont pas ceux qui pourraient être purifiés par ce feu qui demeureront éternellement dans l’élément igné mais c’est cet élément qui est déclaré, lui, inextinguible, donc si l’on veut éternel, parce qu’aucune puissance humaine ou angélique ne saurait l’éteindre ! Une question de pose, où réside ce feu ? L’Apocalypse répond à notre interrogation et cet éclaircissement qui ne surprendra pas le gnostique chrétien suscitera peut-être une exclamation d’étonnement pour le chrétien attaché à certaines Églises Apostoliques : le lieu où réside ce feu, est sur terre, sinon la terre :

« Il a été jeté le grand dragon, l’antique serpent, qu’on appelle le diable et le Satan, lui qu’il égare tout le séjour, il a été jeté sur la terre et ses anges ont été jetés sur lui« . (Apocalypse XII, 9)

et monsieur Philippe déclare :

« l’enfer est ici-bas sur cette terre ; par conséquent on devrait souffrir continuellement. Si nous avons quelques bons moments, nous devons remercier Dieu et, pendant ce temps, nous sommes dans le paradis terrestre ». De même « aucun être ne reste éternellement dans les ténèbres, dans ce que vous appelez l’enfer« . (8)

Si la Géhenne est le lieu des tourments infernaux, selon la tradition ; nous savons par ailleurs que c’est un lieu terrestre et cela vient confirmer la thèse selon laquelle l’enfer est sur terre !

Quant à l’Hadès, Darby à propos de Mathieu XI, 23 note qu’il s’agit : d’une « expression très vague, comme Sheol dans l’A.T, lieu invisible où les âmes des hommes vont après la mort, – distinct de géhenne, le lieu des tourments infernaux » ; et il convient de distingue la mort de ce lieu où séjournent les morts, quand cette précaution est déjà affirmée par la Révélation Biblique : « la mort et l’Hadès ont donné les morts qu’ils avaient » (Apocalypse XX, 13), et si « la mort et Hadès ont été jetés dans l’étang de feu. Telle est la seconde mort, l’étang de feu » (Apocalypse XX, 14), c’est parce que « comme les hommes ne meurent qu’une fois » (Hébreux IX, 27), et qu’en outre « Dieu n’a pas fait la mort » (Sagesse I, 13), la mort et le lieu où séjournent les âmes des hommes après leurs morts sont appelés à la destruction.

Cette destruction ne signifie pas un « mal », mais un bien considérable, en ce que les théologiens ont eu trop tendance à oublier sinon refuser de reconnaître la transfiguration des séjours des morts par l’action salvatrice du Christ que rappellent les Écritures pourtant, lorsque l’on veut bien les lire :

« Car les morts aussi ont été évangélisés pour que, jugés dans leur chair selon les hommes, ils vivent dans l’Esprit selon Dieu« . (Pierre IV, 6)

Au niveau des professions de foi, seul, le Symbole des Apôtres, le symbole d’Athanase, celles des IVe Concile du Latran, du IIe Concile de Lyon, comportant l’affirmation de la foi en la descente du Christ aux « enfers », et cela ne se trouve pas relevé donc fans les professions de foi les plus connues et utilisées ! Ce point n’est pas pour nous étonner, puisqu’il n’y a pas lieu d’attendre des grandes Églises Apostoliques l’expression des vérités intégrales ou réelles de la Révélation, et donc de la métaphysique chrétienne.

Comme cela avait été évoqué en notre étude sur Satan, l’interrogation qui a hanté les Pères de l’Église c’est le rapport entre un péché commis dans un temps très court et le bien fondé d’une justice punitive éternelle, et Justin en son Dialogue avec Thryphon – ce que fera Irénée de Lyon en son contre les hérésies – déclare que les paroles suivants ont été retranchées de Jérémie : « le Seigneur Dieu, Saint d’Israël, s’est souvenu de ses morts, qui dorment dans la terre du tombeau, et il est descendu vers eux, leur annoncer la bonne nouvelle de leur salut ». (9)

Cette certitude dans l’évangélisation des « enfers » par le Christ est exprimée par toute l’École d’Alexandrie et Origène déclare : « Et, son âme une fois dépouillée de son corps, il est allé s’entretenir avec des âmes dépouillées de leur corps, et il a converti à lui celles d’entre elles qui le voulaient ou qu’il voyait, pour des raisons connues de lui, mieux disposées« . (10)

L’Eglise Primitive n’enseignait pas seulement l’évangélisation du Christ aux personnes décédées, elle allait plus loin encore en affirmant que les Apôtres avec le Seigneur accomplirent cet office : le Pasteur d’Hermas déclare par exemple : « ces apôtres et ces docteurs qui ont prêché le nom du Fils de Dieu, après être morts dans la vertu et la foi du Fils de Dieu, l’ont prêché aussi à ceux qui étaient morts avant eux et leur ont donné le sceau qu’ils annonçaient« . (11)

Cette action salvatrice du Christ est universelle. Origène en son Commentaire sur Saint-Jean déclare à propos de Jésus : « Il n’est pas mort seulement pour les hommes, mais aussi pour les autres êtres spirituels« , et le grand Docteur ajoute : « C’est pour cela qu’il est grand prêtre, parce qu’il rétablit toutes choses dans le royaume de son Père, veillant à combler les déficiences de chaque créature pour qu’elle devienne capable de recevoir en elle la gloire du Père« . (12)

Cette universalité s’étend non pas aux créatures de ce monde, mais de tous les mondes connaissables et inconnaissables à l’homme et si certains tournent la difficulté pour reconnaître ce point en leur traduction par « l’univers » ou « les siècles », alors qu’hélas Alta n’a pas traduit l’Épître aux Hébreux, du moins Darby, Osty et l’École Biblique de Jérusalem reconnaissent : « que les mondes ont été formés par la parole de Dieu » (Hébreux XI, 3), ce qui permet de comprendre pourquoi le Maître Alexandrin déclare : « le soleil, la lune et les étoiles prient le Dieu suprême par son Fils unique« . (13)

L’accès à la Vie éternelle c’est par la grâce de Dieu, l’accès à la Connaissance du Père, à laquelle l’homme peut accéder par le Christ : « C’est moi qui suis la voie et la vérité et la vie : personne ne vient au Père, sinon par moi« . (Jean XIV, 6)

Christ. Mosaïque du Baptistère Saint-Jean, Florence, vers 1300. Photographie par The Yorck Project.

Christ. Mosaïque du Baptistère Saint-Jean, Florence, vers 1300. Photographie par The Yorck Project.

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