L’oeuvre de Paris

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L’oeuvre de Paris par Aleister Crowley. 

Introduction

L’Œuvre de Paris est sans doute une des pièces magiques les plus amusantes & les plus « charitables » de Crowley. On y voit Crowley & Neuberg se perdre dans des enfantillages ou dans des voies sans issues, & les diatribes que les deux mages s’échangent lors de leurs communications avec les dieux invoqués resteront sans doute parmi les chefs-d’œuvre du genre. À notre connaissance aucun mage, jamais, n’a osé avouer ses erreurs & ses défauts dans le déroulement de rites & rituels.

Voici ce que nous dit Crowley de cette opération : « À la fin de 1913, je me trouvai moi-même à Paris avec un Zelator de l’Ordre, Frater L.T. J’avais travaillé la théorie de la méthode magique de l’O.T.O. ; & nous décidâmes de tester mes conclusions par une série d’invocations.

Nous commençâmes l’opération le premier jour de l’an & nous continuâmes sans interruption pendant six semaines. Nous invoquâmes les dieux Mercure & Jupiter ; & obtînmes de nombreux résultats étonnants de toutes natures ; allant de l’illumination spirituelle à des phénomènes physiques. Il est impossible de transcrire ici l’entièreté du compte-rendu & n’en donner que des extraits ne conduirait qu’à une très mauvaise idée du résultat. » (Aleister Crowley – Confessions, pages 719).

Ce journal se démarque aussi par son caractère explicitement sexuel. Les dieux ne sont pas invoqués par des correspondances zodiacales ou planétaires, mais par des vers pornographiques. Les techniques & pratiques sexuelles lors de ces rites se couplent à des banquets – éléments jamais encore rencontrés dans la rituélie magique. Ces banquets sont de véritables orgies dans le sens antique du terme. Les divinités invoquées sont également d’un caractère assurément sexuel & sortent de l’habituelle représentation de la tradition magique : Juppiter (sic !), Ammon, Vesta, Priape, ce sont là des dieux gréco-romains certes, mais invoqués selon des formules nouvelles dans un cadre de magie sexuelle. La magie développée dans cette œuvre est celle qui est la plus fortement marquée par une recherche d’union mystique des contraires, des parts masculines & féminines au sein du mage. Crowley, avec son assistant Victor Neuberg, cherchèrent à explorer la « féminité » en se revêtant des formes de dieux à la nature double (diphues) comme Dionysos ou Zeus (Arrhenothelus). Ainsi, Crowley se voulait comme épitaphe « une demi-femme avec un demi-dieu » ce qui correspond bien à la photographie de lui-même fardé comme une femme qu’il insérera dans son journal avec comme légende « Alys », c’est-à-dire Alice, le féminin de Aleister.

Concernant les résultats de cette œuvre que le lecteur pourrait trouver étranges, « Les phénomènes jupitériens furent tout particulièrement remarquables. Nous pratiquâmes en tout seize opérations pour invoquer cette force. Il semblait de prime abord que notre œuvre ne faisait qu’accroître effectivement l’inertie habituelle. Des phénomènes jupitériens que nous étions en droit d’attendre n’eurent jamais lieu. Et même pour ce qui concerne les banquets, qui nous étions supposés tenir en son honneur, l’opposition nous submergeait. Affamés comme nous pouvions l’être, nous semblions incapables de nous forcer à manger ne fût-ce qu’un léger souper. Assez soudainement, la barrière invisible éclata & des phénomènes jupitériens de nature très inattendue se mirent à nous pleuvoir dessus…

Nous fûmes identifiés avec Jupiter, mais en des aspects différents. Frater L.T. suivit pendant quelques mois la personnification de la générosité…

Pour moi, cependant, en tant qu’étudiant de la nature, le plus important résultat de cette œuvre fut la preuve de l’efficacité de la méthode magique employée… »

Et laissons la conclusion de cette œuvre à Crowley lui-même : « Maintenant, des années après, il me semble toujours que durant toute la période de l’initiation, j’ai été transporté dans un monde qui n’était pas familier ; les histoires sont des histoires magiques dans le sens le plus comique du terme. Les événements ne sont ni réels ni rationnels – si ce n’est en relation avec la condition de l’expérimentation, exactement comme le candidat dans la Franc-maçonnerie voit, entend, parle & agit avec ses sens normaux & cependant d’une manière sans aucun lien avec son expérience antérieure. Ce vieux gentleman en tenue de soirée est réellement le Roi Salomon. Il entend en lui un chant à la fois faux & insignifiant qu’il doit comprendre comme porteur de quelque chose d’entièrement autre que ce que cela semble être apparemment. Ses mots sont mis dans sa bouche & produisent un effet ni attendu ni désiré ni compréhensible. Il exécute une série de gestes incompréhensibles en eux-mêmes & qui ne sont même pas (pour autant que nous puissions le voir) calculés afin de soutenir ce but. Et même lorsque, à la fin, il trouve qu’il s’est plié aux conditions prescrites & a accompli son objectif, il est incapable de dire ce qui s’est passé en relation rationnelle avec sa vie ordinaire. La situation est uniquement. » (Aleister Crowley – Confessions, pages 722-724).

Le Grimorium Sanctissimum contient des instructions qui ne doivent pas être révélées aux membres du X° de l’OTO, ces instructions ressortent de la magie homosexuelle et relèvent donc du XI°, ce degré suprême de la structure magique de l’Ordre. Au sujet de ce grade, Crowley écrivit : « Du Onzième Degré, de se ses pouvoirs, privilèges & qualifications, rien jamais n’en est dit dans aucun grade. Il n’a aucun lien avec le plan général de l’Ordre, il est impénétrable & repose en son propre lieu » (« Liber CXIV » publié en 1919). Ailleurs, Crowley lui-même qui nous en parle dans son journal de 1916 : « Je suis incliné à penser que le XI° degré est meilleurs que le IX°… Ô, combien est supérieur l’Œil d’Horus dans la Bouche d’Isis ! ». Crowley affirme dans son essai sur la Tour Atu : « À côté de cela, il y a une technique magique spéciale qui est expliquée ouvertement seulement aux initiés du XI° degré de l’OTO ; un grade si secret qu’il n’est même pas donné dans les documents officiels. Il ne doit même pas être compris par l’étude de l’Œil dans Atu XV. Peut-être est-ce légitime de mentionner que les sages arabes et les poètes perses ont écrit sur le sujet ».

Nous avons commencé cette traduction en septembre 2003 e.v. avant d’en perdre le fruit de notre travail, nous l’avons reprise & réalisée les 4, 5 & 6 septembre 2007 e.v. Le lecteur trouvera les notes complémentaires en fin d’ouvrage.

AVIS : texte retiré sur la demande de William Breeze, aka Hymaneus Beta, grand pontife de l’Ordo Templi Orientis.

Plus sur le sujet :

L’oeuvre de Paris, Aleister Crowley. Traduction par Spartakus FreeMann, nadir de Libertalia, ☉ in 13° ♍ : ☽ in 12° ♋ : Anno IVxv a.n.

Image by TPHeinz from Pixabay

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