L’électre magique

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L’électre magique, d’après le Grimoire ou Magie Naturelle de Benoit XIV par Eusèbe Barrida.

L’ÉLECTRE MAGIQUE

de la fabrication et préparation vulcanique

et magique

des armes d’Achille

Le célèbre poète Homère écrit dans le dix-huitième livre de l’Iliade, et nous le lisons aussi dans les autres historiens grecs, que Thétis, femme de Pélée, roi de Thessalie, et mère d’Achille, ce grand héros de l’ancienne Grèce, pria Vulcain, le forgeron des dieux, de faire à son fils Achille des armes, sur lesquelles il put se fier dans la guerre et dans la chaleur du combat. La taille de ce héros était, suivant quelques-uns, de sept coudées ; c’est pourquoi Lycophron l’appelle Eptaphron. Hérodote dit qu’Oreste était aussi de la même taille. C’est en ces termes qu’Homère rapporte les paroles de Thétis à Vulcain :

« Je viens donc maintenant me jeter à tes genoux, je viens te supplier de donner à mon fils, dont la vie doit être si courte, un bouclier, un casque, de belles cnémides garnies d’oreilles et une cuirasse. »

Vulcain répondit :

« Rassure-toi; que ces soucis n’occupent pas ton âme. Puissé-je préserver ton fils d’un affreux trépas, lorsqu’arrivera le moment fatal, aussi facilement que je peux lui donner des armes superbes dont la vue étonnera les mortels.« 

Homère continue ensuite son récit en ces termes :

« A ces mots, il quitte la déesse et se dirige vers ses soufflets; il les approche du feu et leur ordonne d’agir. Tous alors soufflent dans vingt fourneaux, laissant échapper un air actif et habilement mesuré, tantôt impétueux, tantôt ralenti, selon les désirs de Vulcain, selon les besoins de son travail. Il jette dans le feu l’airain impénétrable, l’étain, l’or précieux et l’argent; puis il place sur un billot une énorme enclume, et prend d’une main un lourd marteau et de l’autre une forte pince.

Il fait d’abord un grand et solide bouclier qu’il embellit avec art, l’entoure d’un triple cercle dont l’éclat brille et rayonne et y attache une courroie d’argent. Cinq lames forment le bouclier et Vulcain y trace de sa main industrieuse, mille dessins variés.« 

Et, sur la fin du Livre cité :

« Lorsqu’il a terminé ce grand et magnifique ouvrage, il fait une cuirasse d’un éclat plus vif que l’éclat du feu; il fabrique un casque solide qui doit s’adapter au front du héros, casque superbe, habilement travaillé, qu’il surmonte d’une aigrette d’or, il façonne de belles cnémides avec un étain flexible.

A peine l’illustre dieu boiteux a-t-il achevé l’armure entière qu’il la présente à la mère d’Achille, etc.« 

Voilà ce que nous pouvons tirer d’Homère sur ce qui concerne la fabrication des armes d’Achille par Vulcain; et il n’est pas besoin d’autres explications.

Il y a bien des gens qui prennent cette relation d’Homère touchant cette fabrication, pour une pure fable ou pour une fiction poétique et qui n’y voudront pas voir l’intention historique ou en reconnaître la véracité. Mais, comme nous pouvons assurer le contraire en nous appuyant sur des auteurs dignes de foi, nous abandonnons ces gens à leurs préjugés sans nous en préoccuper davantage.

Quant à notre sujet, disons d’abord, que de l’avis unanime de bien des savants, le Vulcain des païens est le véritable Tubalcaïn que l’Écriture Sainte caractérise de Maître en toutes sortes d’ouvrages d’airain et de fer.

Le nom de Vulcain, en effet, est le nom abrégé de Tubalcaïn. Il est à supposer que les païens en aient entendu parler, soit par Japhet lui-même, soit par quelqu’un de sa postérité… Tubalcaïn étant le plus ancien des forgerons, ces païens en ont fait le dieu des ouvriers en fer et des armuriers et l’ont placé au nombre de leurs idoles. Puis, comme le mont Etna, en Sicile, vomissait des tourbillons de feu, de flammes et de fumée, ils ont, dans leur imagination, placé dans ce lieu, l’enclume, le marteau et toute la forge de Vulcain. Et, lorsque quelque habile ouvrier découvrait, par sa longue pratique et par ses nombreuses expériences, quelque secret de son art, on les attribuait à Vulcain, au dieu des forgerons. C’est ce que d’ailleurs nous voyons dans Homère.

Nous lisons encore que Vulcain fabriqua ces vingt trépieds (viginti tripodes) qui, se remuant d’eux-mêmes comme des automates, se rangeaient en bataille, se battaient furieusement et avec tant de force, qu’ils jetaient souvent la confusion et le désordre dans toute une armée, en renversaient les lignes et revenaient ensuite au camp, tandis que ce fut peut-être quelque habile artisan qui les inventa et les forgea. C’était l’opinion de l’abbé Trythème. Nous n’en dirons pas davantage sur le forgeron des armes d’Achille.

Jadis il y eut de semblables automates fonctionnant d’après un principe mathématique et surtout d’après la Magie naturelle. Il y en eut, dis-je, chez les Chaldéens, chez les Egyptiens, chez les Assyriens, et il y en a aujourd’hui un peu partout, mais principalement en Allemagne. Ces derniers, faits par des maîtres habiles et ingénieux, rient, pleurent, chantent, dansent et font toutes sortes de choses dont l’énumération est inutile.

Qu’on se souvienne seulement du pigeon de bois d’Archytas de Tarente qui volait lui-même, et dont un philosophe parle en ces termes : « Ita erat libramentis simulacrum hoc suspensum et aura spiritus inclusa atque occulta concitum, ut volando aerem tranare conspiceretur. » Telles étaient aussi les mouches d’or de Regiomontanus, les chouettes d’Ictinus et les sphères d’Archimède qui se mouvaient d’elles-mêmes et dans lesquelles – comme dans les boules de verre et de cristal, de Sapor, roi de Perse – on observait le cours des sept planètes et de tous les astres du ciel.

Nous ne dirons rien ici de ces horloges si compliquées et si riches, des vases ambulants, des insectes d’acier, et de semblables automates, parce que tout cela est tellement commun que chacun peut les voir dans les musées et dans les collections des antiquaires. Il n’y a qu’à visiter les musées de Prague, de Dresde, de Munich, de Stuttgard, les arsenaux de Nuremberg, d’Augsbourg, de Strasbourg, il n’y a qu’à voyager en Italie, en France, en Espagne, à visiter les Palais, les Jardins, les Grottes, etc., pour voir les merveilles de l’art, et pour trouver tout ce qui se fait de nouveau. Le vieux Lobsinger, de Nuremberg, traversait les airs au moyen de deux ailes artificielles et volait comme un oiseau. Mais, le mécanisme qui faisait mouvoir ses ailes s’étant un jour dérangé, il tomba et se brisa la jambe. Son sort rappelle celui d’Icare.

Supposons qu’un commandant d’armée ait à sa disposition de semblables appareils, et que des soldats, munis de torches, que ni le vent ni l’eau ne puissent éteindre, se montrent la nuit au-dessus d’une ville ennemie : quelle frayeur et quelle terreur s’emparerait des adversaires que cette peur rendrait faciles à vaincre!

Pour faire des flambeaux que ni le vent ni la pluie ne puissent éteindre, voici comment il faut s’y prendre :

Prenez du coton, ou des étoupes, ou de la soie très légère, mettez cela dans de l’huile et faites ensuite des flambeaux avec de la cire ou du suif. Ces torches ne seront éteintes ni par le vent, ni par la pluie. On en fit autrefois l’expérience à Paris.

Ici, nous devons mentionner l’oeuvre du mathématicien Taysner, et dont il donne lui-même la description. C’est une machine qui, une fois mise en mouvement, ne s’arrête jamais pourvu qu’elle demeure en son entier; ce mouvement qui est circulaire a reçu aussi le nom de mouvement perpétuel. C’est une machine de cette sorte que Cornelius Trebel présenta à l’empereur Rodolphe II, et que l’on voit encore aujourd’hui.

A notre époque, nombre de savants, riches ou pauvres, se sont efforcés, mais en vain, de trouver le mouvement perpétuel artificiel et de s’en servir à puiser les eaux des montagnes, à faire marcher des moulins. Mais on n’a encore rien trouvé sur ce point, malgré les bruits qu’on a fait courir, et il est bien probable qu’on en est à se poser le problème. Dieu veuille qu’on trouve la solution un jour.

On a aussi imaginé des chariots auxquels il n’était pas besoin d’atteler de chevaux : les chars à faux tranchantes dont se servaient les anciens dans les combats étaient peut-être de ce genre. Ulric, duc de Mecklembourg, avait en effet un chariot qui faisait seul quelques lieues.

C’est aussi le genre de ces chars à voiles usités en Hollande; mais on ne peut s’en servir que dans les plaines. Les habitants d’Antorff employaient aussi de pareilles machines.

Mais tout ceci est en dehors de notre sujet; revenons-y.

Tenons donc Vulcain pour le forgeron des armes d’Achille, et recherchons maintenant avec quelle matière ces armes furent fabriquées. Homère dans son texte cite quatre métaux : le cuivre, l’étain, l’or et l’argent. Virgile, amené dans le huitième livre de l’Enéide à parler de ces armes cite aussi ces métaux, mais il en ajoute un cinquième : l’acier vulnifique.

Pourquoi, en effet, aurait-on supprimé, contrairement à toutes les règles de la Magie naturelle, cet acier, ou Mars métallique qui donne la trempe la plus dure et la matière la plus propre à un tel ouvrage ?

Ecoutons encore, dans ce même livre de Virgile, ce que Vulcain dit à Vénus :

Quidquid in arte mea possum promittere curæ,

Quod fieri certe liquidore potest, Electro,

Quantum ignes animæ valent, absiste precando

Viribus indubita tuis.

Ces paroles indiquent assez clairement la vraie matière dont furent composées ces armes d’Achille, grâce auxquelles ce vaillant, ce puissant, ce bouillant Achille au dire de Virgile et de Catulle, montra tant de courage.

Comme nous l’avons vu, l’Electrum, que Philippe Théophraste Paracelse appelle l’Electre magique, composé de sept métaux réunis en un seul, a été omis par Homère, mais Virgile l’a nettement et clairement désigné.

Voici, d’ailleurs, ce qu’en dit Paracelse dans son livre de Electro Magico :

« Si tu peux rassembler, et fondre en un seul métal et dans l’ordre requis les sept métaux, ce seul métal que nous appelons Electrum renferme toutes les vertus des sept qui le composent. Non seulement il possède les propriétés naturelles des métaux purs, mais il a, en outre, de précieuses vertus surnaturelles.» Plus loin il ajoute :

« Quand un vase à boire ou une assiette est fait de cet Electrum, on ne saurait empoisonner, ni ensorceler la personne qui s’en sert, pourvu qu’elle fasse un peu attention. Voici ce qu’il faut remarquer : dans cet Electre réside une merveilleuse sympathie pour l’homme, sympathie provoquée par les sept planètes célestes, de sorte qu’en cas de danger, il se couvre de buée et de rosée. Les Anciens estimaient beaucoup notre Electrum et en faisaient toutes sortes d’ustensiles comme on en trouve parfois dans les fouilles. Ils en faisaient aussi des bijoux tels que bagues, bracelets, chaînes, médailles, cachets, figures, cloches, miroirs, monnaies, etc., qu’on argentait ou qu’on dorait. Mais aujourd’hui cela est méprisé ou tombé dans l’oubli.« 

Le vieux Jean Matthésius, prédicateur au Joachimstahl, écrit dans sa Sarepta, au sermon de Electro :

« Les Anciens nommaient aussi Electrum un mélange d’or et d’argent, qui, au dire de Pline, étincelait à la lumière des flambeaux plus que l’or fin dont était garnie la salle du roi Nenélut, et qui pourtant avait l’éclat du soleil. Les princes et les grands seigneurs s’en faisaient aussi des cuirasses et des brassières. On en faisait encore des coupes et des gobelets, surtout avec de l’or mêlénaturellement avec de l’argent, parce que ces vases ne souffraient pas le poison; aussitôt, en effet, qu’on y versait du vin empoisonné, on voyait se former à la surface des ondes et des cercles qui allaient et venaient sans cesse, comme lorsqu’on jette une pierre dans l’eau. Ils avaient les reflets de l’arc-en-ciel et lançaient des étincelles, comme lorsqu’on passe, la nuit, la main sur le dos d’un chat. Mais ce métal n’a cette propriété qu’autant qu’il est naturel; fabriqué artificiellement, il n’a plus ces vertus.« 

Tout ce que nous venons de dire doit s’entendre non seulement d’un Electrum, mélange naturel d’or et d’argent extrait tout préparé des mines, comme le pense Matthésius qui n’a pu en juger que par ce qu’il savait, mais aussi d’un Electrum forgé suivant l’enseignement d’Homère, de Virgile et du savant Paracelse. Matthésius ignorant cette composition artificielle ne pouvait forcément pas en parler. Je ne nie pas pour cela l’excellence de ce mélange naturel d’or et d’argent dont parle le prédicateur, si toutefois on peut en avoir. Cette composition dans laquelle les deux métaux entrent par poids égaux, serait très bonne et très utile et on pourrait l’ajouter aux cinq autres métaux.

Il est fort probable aussi que les deux anciens chandeliers de métal qui étaient encore il y a quelques années dans le cloître de Saint-Michel Archange à Hildesheim, diocèse de Cologne, à huit lieues de Wolffenbüttel, et qu’on a longtemps regardés comme des objets sacrés, étaient aussi de cet Electrum, puisque, sur l’un d’eux on lisait ces paroles : « Neque aurum, neque argentum sum, sed id, quod cernis« , et sur l’autre : « Hoc candelabrum suum puerum constare jussit Barbardus. »

Théophraste Paracelse dit encore, dans son livre de Electro que nous avons déjà cité :

« Nous ne pouvons nous empêcher de faire connaître quelques merveilleuses vertus et effets de notre Electrum, que nous avons vu de nos propres yeux et que nous pouvons affirmer avec vérité. Nous avons vu des bagues garantir ceux qui les portaient au doigt de la crampe et du mal de dents; ils n’y ressentaient aucune douleur. Elles garantissent aussi de l’apoplexie et du mal caduc; car lorsqu’on l’a mis au doigt du coeur d’un épileptique (c’est le quatrième doigt), la crise la plus violente s’arrête et la guérison s’ensuit aussitôt. Nous avons aussi constaté que lorsqu’une personne porte une de ces bagues au quatrième doigt de la main, et que cette personne a quelque maladie cachée ou qu’elle en est menacée, la bague se met à suer et à se tacher, par sympathie. Il est bon de savoir aussi que notre Electrum résiste et est contraire aux malins esprits; car il renferme une vertu céleste et subit l’influence des sept planètes.« 

Que personne ne tienne pour impossible et pour incroyable tout ce que nous venons de dire de la vertu des bagues faites de cet Electre magique naturel ou artificiel contre la crampe, le mal de dents, etc. On compose aujourd’hui encore des bagues, travaillées par des maîtres habiles et préparées de telle sorte qu’elles arrêtent la crampe, l’épilepsie, le mal de dents et bien d’autres maladies.

Dans tout cela nous voyons qu’il y a dans la nature beaucoup de choses cachées et qui ne se manifestent que par l’art. Et pourtant – ô temps, ô moeurs – les ignorants s’en moquent; seuls les sages en font cas et les admirent.

On connaît d’ailleurs naturæ officina microcosmica catholicæ plusieurs sortes de phylactères – qu’on nomme en latin Amuleta – et on en prépare encore contre toutes sortes de maladies, de sortilèges, d’infirmités humaines ou de mauvais accidents, quæ vel de collo citra omnem superstitionem cum fructu suspenduntur, vel citra manus extremitatem, vel digitas aut pedes, sive alia quacunque ratione adhibentur, ad demoliendum fascinum proecipue et morbos. Nous n’hésiterons pas à en donner quelques exemples.

Geber dit que lorsqu’on porte sur soi un morceau d’un os du bras d’un homme et de l’os supérieur d’une aile d’oie, cela guérit de la fièvre quarte. Hermès Trimégiste écrit que si un hydropique ou une personne qui a la jaunisse boit pendant quelques jours de son urine à jeun, il s’en trouvera fort soulagé!

De même aussi, quand pour le mal de dents, on pend au col du patient une dent d’homme, il en ressent aussitôt du soulagement; bien plus, si l’on y ajoute une fève où l’on a fait un trou et mis un pou et qu’on a enveloppée ensuite dans un morceau de soie, le soulagement est encore plus rapide.

Jean-Baptiste Porta écrit dans sa Magie Naturelle que lorsqu’on frappe, tout doucement et très légèrement, l’herbe appelée Verbascum, le matin quand elle épanouit ses fleurs, celles-ci tombent les unes après les autres, comme si la tige était tout à fait desséchée ou comme si elle était ensorcelée. Aussi, dit Porta, des gens sans expérience et qui ne s’y entendent point, pourraient bien croire qu’il y a de la sorcellerie, surtout si celui qui la frappe remuait en même temps les lèvres comme pour prononcer quelques secrètes paroles.

Mizaldus rapporte qu’on lui a assuré comme très vrai que de porter en sa main gauche le coeur d’un chien au milieu duquel on a mis une dent de chien, cela empêche les chiens d’aboyer en sa présence, surtout si c’est le coeur d’un chien noir.

Guillaume Varignana et Pierre Argelates, chirurgiens, nous assurent : Quod si sponsus mingat per annullum nuptialem, tunc liberetur a fascino et veneris impotentia, qua a maleficio erat ligatus.

Gill. Angeli dit que lorsqu’on porte sur soi de la graine d’oseille cueillie par un jeune garçon (qui virgo adhuc), on ne saurait faire évacuer sa semence, ni en veillant, ni en dormant; c’est pourquoi cette graine est d’une grande vertu contra nocturnas pollutiones.

L’once d’un élan, porté sur la peau nue, et les nerfs de la même bête, attachés aux pieds et aux mains, arrêtent les douleurs de la crampe.

L’acorus aquatique, déterré au mois de mai, et le Dens bestiæ marinæ Hippotimus du cheval marin, apporté de Lisbonne en Allemagne, et dont Jacob Tabernamontanus fait mention dans son trésor aquatique, loco de Spasmo, ont les mêmes vertus non seulement contre la crampe, mais encore contre la dysenterie et contre les autres flux de sang, tant des hommes que des femmes.

Le crâne, la corne, les nerfs et l’once de l’élan, ramassés dans leur temps balsamique, ont été trouvés aussi excellents et d’une grande vertu dans l’épilepsie. Il en est de même de la racine ou de la graine de pivoine et de la fleur de sureau poussées sur le cadavre pourri d’un moineau épileptique, et cela virtute spirituali naturalis sympathici vel antipathici vegetabilium ac animalium quamvis insensibilis, attamen ex effectu sufficienter sensibilis.

Quelles vertus ne sont pas attachées à la véritable crapaudine, pour que des savants l’estiment avec raison, la portant continuellement sur eux ? Nam ubi venena a tsunt tam intra quam extra hominem, præsens talis lapis colorem mutat, et quasi sudans guttas emi tit.

Et le corail, qu’en dirons-nous ? Non seulement des savants, mais aussi d’autres écrivains, assurent que les coraux rouges transparents, ont, par une secrète vertu que Dieu leur a donnée, la propriété de chasser, de dissiper et d’éloigner la grêle et les tempêtes. Ils font fuir aussi les fantômes qui excitent ces orages, les malins esprits, qui bien qu’invisibles, voltigent autour des hommes et les rendent tristes et mélancoliques.

C’est pour cette raison qu’on pend et qu’on attache au cou des jeunes enfants, contre la peur qu’ils pourraient avoir dans leur sommeil, et au cou des personnes moroses (est enim verissime melancholia pulvinar Satanæ et Balneum Diaboli) de beaux et gros grains de corail rouge transparent.

Un bon vieux Comte d’Allemagne m’a également assuré, et il l’a raconté à beaucoup d’autres personnes comme une chose très certaine, qu’un paysan de sa contrée avait coutume, chaque fois qu’il labourait ou ensemençait ses champs, d’y jeter, par-ci par-là, de petits morceaux de corail. Jamais alors ni la grêle ni les tempêtes n’endommageaient ses récoltes bien que cela arrivât parfois aux autres paysans dont les champs touchaient les siens, mais qui n’avaient pas employé ce préservatif.

Parmi les herbes, l’Hypericon et le Harthau produisent le même effet, et c’est ce qui a provoqué ces vieux vers allemands que Hieron. Trug. rapporte dans son livre des herbes.

Das Harthau und Weisheit

Thut dem Teuffel viel zû leid

Ici je dois aussi mentionner une recette qui montre comment on peut, d’une manière très naturelle, détourner, avec l’Hypericon, les plus grandes tempêtes. Ce secret ne sera pas de peu d’utilité pour un chef d’armée qui pourra ainsi détourner de son camp toutes les intempéries. Voici la recette :

« Le lendemain du jour de la Saint-Jean-Baptiste, lorsque cette fête tombe dans la nouvelle lune, on cueille l’Hypericon avant le lever du soleil. Aux quatre coins du champ ou du jardin que l’on veut préserver, on plante quatre pieux de chêne, le vendredi avant le lever du soleil. On y pend l’Hypericon et la tempête cesse.« 

Il y en a d’autres qui s’y prennent d’une autre façon :

« Ils font une croix sur une assiette et y gravent les lettres AGLA. Ils plantent un couteau dans la croix le tranchant tourné contre le vent et les tempêtes s’apaisent.« 

En Moravie, quelques seigneurs le placent au-dessus de leurs maisons. Les marins s’en servent aussi quand ils ont le vent contraire.

« D’autres font par terre deux coeurs et y gravent les mêmes lettres, mais aucune ne doit toucher les traits. Cela fait encore le même effet.« 

On sait d’ailleurs ce que peuvent la chicorée blanche, la taure et l’origanum contre la sorcellerie en pareil cas.

Contre la grêle et les tempêtes, le tonnerre et les éclairs, on peut encore agir ainsi : qu’on fasse d’abord le signe de la croix, qu’on jette dans le feu trois grêlons (de ceux qui sont tombés les premiers), en invoquant la Très Sainte Trinité, qu’on prononce ensuite l’Evangile selon saint Jean : In principio erat Verbum, etc.; qu’on fasse ensuite le signe de la croix contre la grêle et le tonnerre à gauche et de tous les côtés et qu’on le fasse par terre aux quatre points cardinaux. Puis, quand l’exorciste aura prononcé par trois fois : Verbum caro factum est, en y ajoutant toujours ces paroles : « Que la tempête s’éloigne d’ici en vertu de ce salut Evangélique », la tempête cessera surtout si elle a été provoquée par sorcellerie. Johannes Wierius dit que cette façon est sûre et certaine et très permise. (Lib. IV; de Prestigiis Dæmonum incantationibus ac veneficis.)

Que pensez-vous de la croix de la graine de genièvre ? On a remarqué la vertu de cette graine sur ceux qui sont possédés des malins esprits, qu’on l’applique de n’importe quelle manière.

On sait aussi, par expérience, que lorsqu’une femme met au monde sept garçons l’un après l’autre, sans qu’aucune fille n’intervienne, le dernier né des garçons peut guérir les gouëtres en les touchant

Quod etiam christianissimis regibus Galliæ raro quodam privilegio Dei concessum est.

Parmi les bêtes, on estime fort la licorne et la croix, le foie et le sang des plus jeunes brochets.

Il y aurait encore bien des choses semblables à dire, mais ce serait trop long ici. Continuons donc de rapporter ce que Paracelse pense de notre Electrum Magicum :

« Je ne puis, dit-il, passer sous silence ce grand miracle que je vis en Espagne, accompli par un nécromancien. Il possédait une cloche d’un poids d’à peine deux livres. Lorsqu’il sonnait cette cloche, il faisait apparaître toutes sortes de spectres et de fantômes; en y écrivant à l’avance quelques mots et caractères, les esprits lui apparaissaient sous telle et telle figure qu’il voulait. Il pouvait également, en la sonnant, faire paraître devant lui des âmes et les chasser ensuite : c’est ce qu’il me montra. Lorsqu’il voulait voir une autre apparition, il était obligé de renouveler les caractères. Il ne voulut pas me dévoiler ces mots et ces caractères secrets, mais j’y réfléchis et les trouvai sans difficulté. Je vis aussi que la cloche était plus importante que les paroles qu’on y pouvait graver, car il est certain qu’elle était faite de notre Electrum. C’est d’une cloche semblable que parle Virgile, au son de laquelle tous les adultères de la cour du roi Artius, tellement épouvantés, tombèrent dans un torrent poussés par une force invisible.« 

Cette histoire de la cloche de Virgile n’est pas une fable, mais une relation véritable comme on peut le voir dans les chroniques de la Cour du roi Acturius, ou Artius, ou Messenius comme on l’appelle encore. L’évêque Paulus Jonius dit aussi que cela ne doit pas être regardé pour un conte d’après le livre de Johannes Friseus pour la défense des Archives et des histoires d’Angleterre, et d’après Polydorus Virgilius. Il y eut d’ailleurs des savants qui y applaudirent, entre autres Jean Richard Menzer, J.U.D., in tyrocinio Emblematum.

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