Le Rituel de l’Hexagramme : origine et symbole

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Le Rituel de l’Hexagramme : origine et symbole par Spartakus FreeMann.

Nous commençons ici notre série de trois articles sur le Rituel de l’Hexagramme.

Étudier ou pratiquer au sein de la magie cérémonielle ou de la Wicca conduit inévitablement à se confronter au rituel du pentagramme, mineur ou majeur, et, dans la foulée, à celui de l’hexagramme.

J’avoue ne pas trop l’apprécier, car bien trop long, et lui préférer le précédent, mais il est impossible de faire l’impasse sur ce pivot pratique, dès lors que l’on s’intéresse aux traditions issues de la Golden Dawn (Ordre Hermétique de l’Aube Dorée).

Ce petit travail n’a d’autre prétention que de partager quelques informations. Nous étudierons le symbolisme de l’hexagramme, avant de chercher les origines du rituel tel que proposé par la Golden Dawn. Enfin, nous verrons son contenu dans la tradition de la Golden Dawn et de Thelema.

Spartakus FreeMann, octobre 2020 e.v.

Symbolique

Le symbole de l’hexagramme, très présent dans le Judaïsme, est connu sous l’appellation « Sceau de Salomon », « Étoile de David », « Magen David » (מגן דוד) ou encore « Bouclier de David ». On le trouve dans la Kabbale et dans certains grimoires comme les Clavicules de Salomon.

Il est composé de deux triangles équilatéraux superposés faisant apparaître un hexagone central dont chaque côté est la base de l’un des six triangles équilatéraux qui constitue les pointes de la figure.

Les angles visibles sont de 60° et 120°. En reliant les intersections ou les pointes, on peut également faire apparaître des subdivisions de 20°, de 90°, de 10° ou de 30°.

Rituel de l'Hexagramme : origine et symbole

Traditionnellement, l’hexagramme est le symbole du macrocosme – de l’univers. Le triangle pointant vers le haut représente la matière ; celui pointant vers le bas, l’esprit. L’esprit féconde la matière tandis que la matière s’élève vers l’esprit.

Les deux triangles symbolisent également l’union du masculin et du féminin, du principe actif et du principe passif.

Enfin, ils symbolisent les éléments : tout d’abord, l’eau et le Feu, respectivement représentés par le triangle bleu pointe en bas pour l’Eau et par le triangle rouge pointe en haut pour le Feu. Et, plus généralement, la totalité de ce qui existe au travers des 4 éléments :

En outre, depuis l’Antiquité et le Moyen-âge, les sept planètes sont associées aux sept métaux. On trouve, déjà, dans le commentaire de Proclus du Timée de Platon cette relation, ainsi que l’influence des astres sur la production des métaux : « L’or naturel, l’argent, chacun des métaux, comme les autres substances, sont engendrés dans la terre sous l’influence des divinités célestes et de leurs effluves. Le Soleil produit l’or, la Lune l’argent, Saturne le plomb et Mars le fer »[1].

  • L’Or est associé au Soleil ;
  • La Lune est associée à l’Argent ;
  • Mercure est associée au Mercure ;
  • Vénus est associée au Cuivre ;
  • Mars est associée au Fer ;
  • Jupiter est associée à l’Étain ;
  • Saturne est associée au Plomb.

Ainsi, l’hexagramme symbolise le Tout, le Macrocosme, unissant les contraires, le masculin et le féminin, l’actif et le passif, les planètes et le soleil, les éléments constitutifs de l’univers.

Origines

La première trace écrite du rituel de l’hexagramme se trouve dans les écrits d’Aleister Crowley, précisément dans la revue The Equinox et dans l’ouvrage The Golden Dawn d’Israel Regardie, paru en 1939.

Mais, bien entendu, le symbole lui-même, était déjà utilisé en magie. Dans le Testament de Salomon, le Sceau est offert au roi Salomon par un archange envoyé par Dieu afin de chasser des démons. Ce sceau se présentait soit sous la forme de deux triangles entrelacés, c’est-à-dire un hexagramme, soit sous la forme d’un pentalpha, soit comme cinq « A » formant une étoile ou un pentagramme.

Plus tard, nous le retrouvons dans les Clavicules de Salomon. Ainsi dans le chapitre sur la construction du cercle, nous pouvons lire :

« Prends le couteau, la faucille ou l’épée de l’Art consacrée de la façon mentionnée dans le Second Livre. Avec ce couteau ou cette faucille, tu vas tracer, autour du cercle intérieur déjà formé, un second cercle, distant d’une trentaine de centimètres et ayant le même centre. À l’intérieur de cet espace d’une trentaine de centimètres de large entre la première et la deuxième circonférence, tu traceras en direction des quatre quartiers de la Terre, le sacré et vénérable symbole de la sainte lettre Taw (ת). Et entre le premier et le second cercle, que tu auras toi-même dessiné avec l’instrument de l’Art, tu traceras quatre pentacles hexagonaux entre lesquels, tu écriras les quatre terribles et formidables noms de Dieu, à savoir :

Entre l’est et le sud, le suprême nom : Tétragrammaton ;

Entre le sud et l’ouest, le nom Tétragrammatique essentiel : Éheiéh ;

Entre l’ouest et le nord, le nom puissant : Élion ;

Et entre le nord et l’est, le grand nom : Éloah. »[2]

On retrouvera plus tard le symbole dans l’ouvrage The Secret Symbols of Rosicrucians, datant du 18e siècle, et compilé en 1888 par Franz Hartmann.

La popularité moderne de ce symbole et son adoption par la Golden Dawn est possiblement due à Eliphas Levi qui écrit dans son Dogme et Rituel :

« Le grand Symbole de Salomon. Quod superius sicut quod inferius [mots de la Table d’émeraude des hermétistes : ce qui est en haut est comme ce qui est en bas]… L’unité du macrocosme se révèle par les deux points opposés des deux triangles… Aussi l’univers est-il balancé par deux forces qui le maintiennent en équilibre : la force qui attire et celle qui repousse… Le triangle de Salomon. Plenitudo vocis [plénitude de la voix, en latin]. Binah [lettre hébraïque]. Physis [“nature”, mot grec]… Ces deux triangles réunis en une seule figure, qui est celle d’une étoile à six rayons, forment le signe sacré du sceau de Salomon, l’étoile brillante du macrocosme. L’idée de l’infini et de l’absolu est exprimée par ce signe, qui est le grand pentacle, c’est-à-dire le plus simple et le plus complet abrégé de la science de toutes choses. »[3].

Dans les enseignements originaux de la Golden Dawn, le rituel mineur de l’hexagramme utilise occasionnellement trois variantes du symbole classique de l’hexagramme. Celles-ci dérivent de l’une des illustrations du manuscrit 10862 de La Clé de Salomon, qui était l’un des sept codex utilisés par Mathers pour compiler son édition de 1888 de ce grimoire. Le lien avec les Clavicules est évident, même si le rituel de l’hexagramme utilisé par la Golden Dawn n’est pas explicitement présent dans le texte :

L’hexagramme et les trois variantes de ce symbole présentes dans Les Clavicules de Salomon, en lien avec l’image ci-dessous.
Cercle magique du manuscrit 10862, folio 14r.

Lire la suite de cet article.

Aller plus loin :

Le Rituel de l’Hexagramme : origine et symbole par Spartakus FreeMann.

Sources :


[1] Berthelot, M. & Flammarion, C., « Les Planètes et les Métaux dans l’Alchimie Ancienne. », L’Astronomie, vol. 5,‎ 1887, p. 161-171

[2] Les Clavicules de Salomon, version de Mac Gregor Mathers, traduction française par Soror D.S.

[3] Éliphas Lévi, Dogme et rituel de la haute magie (1854-1861), in Secrets de la magie, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2000, p. 8, 62-66

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