La Sigilisation au sein de la Magie du Chaos par Spartakus FreeMann. 

« Les moyens utilisés & la manière dont cela se déroule sont simples, l’inverse de la science. J’utilise une formule, créée par l’instinct & fabriquée arbitrairement, qui n’est pas rendue complexe par des hypothèses & des expérimentations. La loi de la sorcellerie est sa propre loi, utilisant les symboles sympathiques » – Austin Osman Spare.

Les Sigils, ou Sceaux, sont une des techniques les plus utilisées dans la Magie du Chaos. Ses principes sont, à la base, très simples & permettent à tous magiciens de travailler avec & sur eux de manière rapide, efficace & amusante comme nous le souligne Frater Inkubus : « Je le répète une fois encore : la magie des sceaux est probablement l’une des disciplines magiques les plus rapides & les plus aisées à apprendre. La plupart du temps, vous n’aurez besoin de rien d’autre que d’une feuille de papier & d’un crayon. Avec un peu d’expérience, vous aurez fini une opération entière, en comptant la ’mise en route’ & le bannissement final, en moins de cinq ou dix minutes. Impossible de faire plus vite – même magiquement ! » (Frater Inkubus — La Magie des Sceaux, page 3). Nous allons donc essayer, en quelques lignes, de dégager l’essence de cette technique qui peut, selon nous, être un outil essentiel dans la pratique magique de ce 21e siècle.

La Sigilisation au sein de la Magie du Chaos

Un Sigil est un glyphe ou un symbole qui possède une signification mystique ou magique. Les sigils, ou sceaux, sont construits sur base de lettres d’alphabets vulgaires, sacrés ou personnels, lettres qui sont combinées en un glyphes simplifié destiné à exprimer la volonté magique que l’on désire actionner. Les sigils fonctionnent en utilisant directement l’inconscient, cette puissante matrice de la volonté magique. Ainsi, le travail par les sigils permettrait au magicien de se connecter, par voies des symboles, à l’inconscient & de fonctionner de manière subliminale. Le fondement théorique de nature subliminale des sigils peut se retrouver dans les oeuvres de Jung & de Freud : la barrière entre le conscient & l’inconscient est supprimée & toutes les pensées & impressions non logiques peuvent alors remonter à la surface & aider le magicien dans la projection de sa volonté dans son travail magique.

« Les Sceaux sont un moyen permettant de guider et unir la croyance partiellement libre à un désir organique, d’assurer son maintien et sa mémoire jusqu’à ce qu’elle remplisse sa fonction dans le moi subconscient, et son moyen de réincarnation dans l’Ego. Toute pensée peut être exprimée par une forme présentant une véritable relation. Les sceaux sont des monogrammes de la pensée, servant au gouvernement de l’énergie (toute l’héraldique, les armoiries, les monogrammes, sont des Sceaux et les Karmas qu’ils régissent), renvoyant aux Karmas ; un moyen mathématique de symboliser le désir et de lui donner une forme qui ait la vertu d’empêcher toute pensée sur, ou association à, ce désir particulier (durant le temps magique), échappant aux recherches de l’Ego, de sorte que ce dernier n’attache ou ne restreint pas tel désir à ses propres représentations transitoires, souvenirs et tracas, mais permet son libre accès au subconscient » — AO Spare, Le Livre du Plaisir.

Les sceaux sont ainsi ce que l’on pourrait qualifier de ’programmes’ que nous envoyons à notre inconscient afin de transformer nos croyances & modes d’action afin de les rendre actives dans le monde sensible.

Dans son texte « Pop Magick ! », Grant Morrison explique le processus de création & d’activation des sigils : « Le sigil prend un désir ou une intention magique – disons « c’est mon désir de visiter le Rwanda » & il le transforme en créant un symbole hautement chargé. Le désir est alors oublié. Seul le symbole reste & peut ensuite être chargé en puissance lorsque le magicien le désire. Charger & lancer votre sigil est la partie amusante du processus ».

La construction des sigils est très simple & ne demande aucune culture ésotérique particulière, ce qui explique sans doute pourquoi on la retrouve dans le courant de la Magie du Chaos. On utilise simplement les lettres de l’alphabet courant — ou de tout autre alphabet —, ainsi qu’une bonne dose d’intuition & de finesse esthétique afin de le rendre agréable & artistiquement, occultement parlant.

Un exemple de création de sigil (repris du « Livre du Plaisir » de Spare)

Disons que notre volonté ou désir magique soit d’avoir une force accrue afin de faire face à de l’adversité ou pour tout autre but.

Nous pourrions alors écrire notre intention sous cette forme :

C’EST MON SOUHAIT QUE D’OBTENIR LA FORCE D’UN TIGRE.

Cette phrase doit être écrite en lettres majuscules. Ensuite, l’on biffe toutes les lettres qui se répètent. Ce qui nous donne :

C’EST MON UHAI Q DBR L F G

Dans le cas de la citation d’origine en langue anglaise, il nous resterait les lettres T, H, I, S, M, Y, W, O, B, A, N, E, R, G, F. Le sceau est créé à partir de ces lettres. Il est possible de considérer telle lettre, mettons le M, comme un W à l’envers, ou comme un E vu de côté. Et donc ces trois lettres ne doivent pas nécessairement apparaître trois fois distinctes dans le sceau mais peuvent se fondre en un seul glyphe. Il existe bien sûr de nombreuses possibilités de représentation & de stylisation. Ce sigil peut alors être reproduit sur n’importe quel support que le magicien choisira ou préférera (feuille de papier, bois, parchemin, glaise, mur, …)

Voici ce que donne le désir d’acquérir la force d’un tigre, comme le résume graphiquement Spare dans son exemple :

La Sigilisation au sein de la Magie du Chaos
Sigil de Spare

Une autre technique pour charger les sigils.

En aparté ici, certains magiciens pensent que l’acte lui-même de création du sigil donne la puissance, non la charge que l’on tente d’insuffler par la suite. Ainsi, une technique différente de sigilisation est basée sur la création ou la génération continue & spontanée du sigil. Il s’agit alors de fabriquer un sigil que l’on reproduira ensuite sur toutes les surfaces, dans tous les lieux possibles & aussi souvent que possible. Lors de la création de chaque copie du sigil, on se concentre uniquement sur lui. Dans cette optique, il importe peut de bannir ou non le sigil puisque l’on va le reproduire ensuite de toute manière. Cette technique de sigilisation s’apparente presque au graph ou tagging de nos cités urbaines…

Méthodologie générale des sigils.

Maintenant que nous avons dressé notre sceau dans cet exemple, il est bon de se pencher sur la méthode globale de son utilisation et de la projection de la volonté magique en ce sigil.

1. L’énoncé de l’intention magique ou du désir doit être formulé & transcrit en lettres majuscules. Puisque la Magie des Sceaux a pour but d’obtenir des résultats tangibles, essayez de construire une phrase d’intention magique qui soient concrètes, explicites & claires. Évitez tant que faire se peut, toute ambiguïté dans l’énoncé. En outre, pour des raisons évidentes, essayez d’éviter l’emploi d’intentions négatives utilisant les mot « pas, ne…pas, ni, … ». Il est également utile de disposer une bordure autour des sigils que l’on construit, que ce soit sous la forme d’un carré, d’un triangle, d’un cercle…

2. Les lettres en double doivent être supprimées de sorte que chaque lettre ne soit présente qu’une seule fois.

3. Les diverses parties de la phrase sont sigillisées afin de donner plusieurs sceaux simples OU toutes les lettres de la phrase tout entière sont combinées dans un sceau général.

4. Tous les sceaux sont alors combinés de manière à fournir un sceau général OU BIEN le sceau général construit est simplifié et stylisé.

5. Le sceau est intériorisé/activé. Lorsque le sigil est terminé, il existe diverses manière d’activer celui-ci. Un manière rapide est d’aller au lit avec lui, de se masturber et, durant l’orgasme, de se concentrer sur le sigil. Avec une imagination bien entraînée, l’on peut même en un seul moment visualiser le sigil au lieu de le regarder physiquement. Surtout, ne pensez pas, n’intellectualisez pas le contenu de votre sigil ou de la phrase d’intention ou de désir au moment de le charger !

Un autre moyen de charger le sigil, plus longue et plus rituelle, est donnée par Spare dans son « Livre du Plaisir » est celle de la posture de la mort : « Étendu paresseusement sur le dos, le corps exprimant l’émotion du bâillement, soupirant tout en concevant par le sourire, telle est l’idée de la posture. Oubliant le temps, avec ces choses qui étaient essentielles reflétant leur insignifiance, le moment est au-delà du temps et sa vertu est arrivée ». Cette posture est censée apporter un abandon du flux de la pensée & permettre un contact entre conscient & inconscient. Il existe diverses manière d’adopter & d’utiliser la posture de la mort, nous allons nous contenter d’en décrire une seule qui peut être utilisée debout ou assis. Après avoir pris une profonde inspiration, fermez les yeux, bouchez-vous les oreilles, fermez votre bouche et votre nez, à l’aide de tous vos doigts. Il faut alors vous concentrer sur la tension interne de votre corps avec comme souci principal de ne pas penser au sigil & à votre intention magique. Retenez votre souffle jusqu’à ce que vous ne soyez plus capable de vous empêcher de respirer. Juste avant de vous sentir défaillir, ouvrez grands vos yeux et fixez le sigil & reprenez votre respiration. À ce moment, vous serez en état de transe magique & en position d’activité non mentale permettant une ouverture de l’inconscient.

6. Le sceau est banni et oublié. L’un des moyens les plus puissants du bannissement en Magie du Chaos est le RIRE. Éclatez donc de rire afin de bannir votre sigil &, tout de suite après, passez à une activité totalement différente.

Avec de la pratique, vous deviendrez être capable de combiner les étapes 3 et 4 en une seule opération.

Essayez de fabriquer des sigils qui soient beaux & agréables à l’oeil, mais, comme le signale avec justesse Frater Inkubus, « le talent artistique n’est pas un critère de réussite dans la Magie des Sceaux ! LE POINT LE PLUS IMPORTANT, C’EST DE CREER LES SCEAUX POUR VOUS-MÊME ».

Si vous désirez garder, & cela est même conseillé, une trace de vos travaux sigilesques alors je vous conseille de tenir un journal magique, mais essayez d’éviter de revenir sur eux par la suite. N’oubliez-pas d’oublier vos sigils !

Les Sigils mantriques.

La méthode consistant à faire dériver le sigil d’une suite de lettres est identique. Mais, ensuite, les lettres sont réarrangées de manière totalement fortuite, l’idée étant d’obtenir une série de mots sans aucun sens.

Ainsi, avec notre exemple ci-dessus, les lettres « C’EST MON UHAI Q DBR L F G » peuvent devenir : « STAQ DEBGR CLON FOUIM ». Ces mots sont notre mantra sigilisé !

Le sigil doit, ici encore, être chargé par les méthodes données ci-dessus. Mais, au lieu de regarder ou de visualiser le sigil, on le chante, on le scande comme un mantra. Bien sûr, on peut combiner le sigil pictural & le sigil mantra afin d’obtenir plus d’efficacité dans la réalisation de l’intention magique.

Plus sur le sujet :

La Sigilisation au sein de la Magie du Chaos par Spartakus FreeMann, Nadir de Libertalia, septembre 2006 e.v.

Illustration : S.L. MacGregor Mathers and Aleister Crowley [CC BY-SA 4.0], via Wikimedia Commons

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