Court de Gébelin et le Tarot

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Court de Gébelin et le Tarot par Spartakus FreeMann. 

Je me propose de répondre, dans la mesure de mes maigres connaissances, à l’article posté par Melmothia sur l’origine égyptienne du Tarot.

Chaque fois que les cartes sont mises sur la table, on n’échappe pas à la sentence catégorique selon laquelle le Tarot c’est antique – on n’en doute pas – et que c’est égyptien (je vous fais grâce de l’origine atlante). Or, tout démontre qu’il n’en est rien, si la cabale et l’astrologie sont choses communes chez les Juifs et les Arabes, on ne trouve par ailleurs nulle trace de l’usage du Tarot ou de cartes à jouer. Il est même presque certain qu’en Europe la divination par les cartes est assez moderne. Peucer a publié, en 1552, un traité des diverses méthodes connues de lire dans l’avenir (Commentarius de precipuis divinationum generibus) dans lequel il ne dit rien de la divination par les cartes. Le Dictionnaire de Bichelet de 1733 est tout aussi silencieux dans ses parties traitant de l’astrologie et autres mancies.

Origine égyptienne du Tarot.

Au 18ème siècle, dans le Monde primitif de Court de Gébelin, au tome VIII, pages 365 et suivantes, a été émise pour la première fois, l’opinion qui assigne aux cartes une origine antique. Court de Gébelin commence par une phrase à effet. « Si l’on entendait annoncer, dit-il, qu’il existe encore un ouvrage des anciens Égyptiens, un de leurs livres échappé aux flammes qui dévorèrent leurs superbes bibliothèques, et qui contient leur doctrine la plus pure sur des objets intéressants, chacun serait sans doute empressé de connaître un livre aussi extraordinaire. Certainement. Eh bien, ce livre de la vieille Égypte, c’est le jeu de tarots, ce sont les cartes » (Le Monde Primitif, Antoine Court de Gébelin, Sorin, Paris, 1781).

Court de Gébelin semble être entré en contact avec le tarot lors d’une visite chez une amie, Madame Helvetius : « Ce qui attira le plus l’attention de Court de Gébelin, lors de la découverte du Tarot, ce furent les hiéroglyphes du vingt et unième feuillet qui porte pour titre le monde. Cette carte, qui n’est autre chose que la clef même de Guill. Postel, représente la vérité nue et triomphante au milieu d’une couronne divisée en quatre parties par quatre fleurs de lotus. Aux quatre coins de la carte on voit les quatre animaux symboliques…. Ces quatre figures qu’une tradition incomprise par l’Église même donne pour attributs à nos quatre évangélistes, représentent les quatre formes élémentaires de la Kabbale, les quatre saisons, les quatre métaux et enfin les quatre lettres mystérieuses du Tora des juifs, de la roue d’Ezéchiel Rota et du Taro qui, suivant Postel, est la clef des choses cachées depuis l’origine du monde. Il faut remarquer aussi que le mot Taro se compose des lettres sacrées du monogramme de Constantin, un Rho grec croisé par un tau entre l’alpha et l’oméga qui expriment le commencement et la fin » (R. Merlin, « Origine des cartes à jouer » in Revue archéologique, vol. 1).

« Le fait est cependant très vrai : ce Livre Égyptien, seul reste de leurs superbes Bibliothèques existe de nos jours : il est même si commun, qu’aucun Savant n’a daigné s’en occuper ; personne avant nous n’ayant jamais soupçonné son illustre origine. Ce Livre est composé de LXXVII feuillets ou tableaux, même de LXXVIII, divises en V classes, qui offrent chacune des objets aussi variés qu’amusans et instructifs : ce Livre est en un mot le Jeu des Tarots, jeu inconnu, il est vrai, à Paris, mais très-connu en Italie, en Allemagne, même en Provence, & aussi bizarre par les figures qu’offre chacune de ses cartes, que part leur multitude. »

Voici la route curieuse que Gébelin fait tenir à ce jeu pour arriver jusqu’à nous :

« Dans les premiers siècles de l’Eglise, dit-il, les Egyptiens étoient très-répandus à Rome ; ils y avoient porté les cérémonies et le culte d’Isis, par conséquent le jeu dont il s’agit. Ce jeu, intéressant par lui-même, fut borné à l’Italie, jusqu’à ce que les liaisons des Allemands avec les Italiens le firent connoitre de cette seconde nation, et jusqu’à ce que celles des comtes de Provence avec l’Italie, et surtout le séjour de la cour de Rome à Avignon, le naturalisèrent en Provence et à Avignon. S’il ne vint pas jusqu’à Paris, il faut l’attribuer à la bizarrerie de ses figures et au volume de ses cartes, qui n’étoient pas de nature à plaire à la vivacité des dames françaises ; aussi fut-on obligé, comme nous le verrons bientôt, de réduire excessivement ce jeu en leur faveur. »

À la suite de la dissertation de Gébelin, on trouve un mémoire plus bizarre encore, expliquant que le mot tarot signifiait Le Chemin royal de la vie, du mot tar, qui veut dire chemin, et du mot ro, ros, rog, qui veut dire roi, royal. Cette application n’a pas grande valeur, si on la met en regard de celle-ci :

« Ce livre (ce livre du destin, ce jeu sacré) paraît avoir été nommé A-ROSH, de la lettre A, doctrine, science, et de ROSCH, Mercure, qui, joint à l’article T, signifie tableaux de la doctrine de Mercure ; mais comme rosh veut aussi dire commencement, ce mot ta-rosh fut particulièrement consacré à sa cosmogonie; de même que l’Ethotia (histoire du temps) fut le titre de son astronomie, et peut-être qu’Athotes, qu’on a pris pour un roi fils de Thot, n’est que l’enfant de son génie et l’histoire des rois d’Égypte. » (Extrait du mémoire d’un officier général, M. le comte de M…., intitulé Recherches sur les tarots et sur la divination par les cartes des tarots, que Court de Gébelin a inséré à la suite de sa propre dissertation.)

À l’article V, intitulé : Comparaison des attributs mythologiques des tarots avec les valeurs qu’on assigne aux cartes modernes pour la divination, le même auteur anonyme écrit :

« Nos diseurs de bonne fortune, ne sachant pas lire les hiéroglyphes, en ont soustrait tous les tableaux, et changé jusqu’aux noms de coupe, de bâton, de denier et d’épée, dont ils ne connoissoient ni l’étymologie ni l’expression ; ils ont substitué ceux de cœur, de carreau, de trèfle et de pique; mais ils ont retenu certaines tournures et plusieurs expressions consacrées par l’usage, qui laissent entrevoir l’origine de leur divination. Selon eux,

  • Les cœurs (les coupes), annoncent le bonheur;
  • Les trèfles (les deniers), la fortune;
  • Les piques (les épées), le malheur;
  • Les carreaux (les bâtons), l’indifférence et la campagne.

Le neuf de pique est une carte funeste. » Celui de cœur, la carte du soleil ; il est aisé d’y reconnoître le grand neuf, celui des coupes : de même que le petit neuf dans le neuf de trèfle, qu’ils regardent aussi comme une carte heureuse.

Les as annoncent des lettres, des nouvelles : en effet, qui est plus à même d’apporter des nouvelles que le borgne (le soleil), qui parcourt, voit et éclaire tout l’univers?

L’as de pique et le huit de cœur présagent la victoire; l’as couronné la pronostique de même, et d’autant plus heureuse qu’il est accompagné des coupes ou des signes fortunés.

Les cœurs, et plus particulièrement le dix, dévoilent les événements qui doivent arriver à la ville. La coupe, symbole du sacerdoce, semble destinée à exprimer Memphis et le séjour des pontifes.

L’as de cœur et la dame de carreau annoncent une tendresse heureuse et fidèle. L’as de coupe exprime un bonheur unique, qu’on possède seul; la dame de carreau indique une femme qui vit à la campagne, ou comme à la campagne : et dans quel lieu peut-on espérer plus de vérité et d’innocence qu’au village ?

Le neuf de trèfle et la dame de cœur marquent la jalousie. Quoique le neuf de denier soit une carte fortunée, cependant une grande passion, même heureuse, pour une dame vivant dans le grand monde, ne laisse pas toujours son amant sans inquiétudes, etc., etc. On trouveroit encore une infinité de similitudes qu’il est inutile de chercher : n’en voilà déjà que trop. »

Dès cette publication, en 1781, Court de Gébelin érudit original, n’aura de cesse de défendre ardemment sa thèse donnant au Tarot comme origine certaine l’Égypte. En une cinquantaine de pages, il fonde et décrit le système tarologique qui sera à la base des développements modernes du Tarot occultiste.

Reste la question de l’auteur anonyme que Gébelin rapporte dans son livre. Dummett, Depaulis et Decker l’identifient, dans leur ouvrage L’origine du tarot occulte, comme étant Louis-Raphaël-de-Lucrèce Fayolle, comte de Mellet (1727-1804). Proche de Gébelin, et de ses intérêts pour la philosophie occulte, cet homme était gouverneur du Maine et du Perche et Grand Croix de l’Ordre de Saint-Louis. C’est au comte de Mellet que l’on doit ainsi les premières considérations sur l’usage divinatoire de ce qu’il appelle le « Livre de THOT ».

Nous ne disposons pas de plus d’information, et ne pouvons donc déterminer d’où il tirait ses thèses sur l’origine du tarot. Mais sa relation avec Court de Gébelin est sans doute suffisante, puisque les deux textes, bien que différents, mènent aux mêmes conclusions.

Boiteau lui-même, dont tout le système repose sur la supposition que les cartes sont entrées en Europe comme moyen de divination avec les Bohémiens venant de l’Inde, est obligé d’avouer que même, « sous Louis XIV, on ne voit pas que les cartes aient Joué leur rôle à la cour dans les consultations » des magiciens. Il considère le tarot comme le père et source de toutes les autres cartes, et cependant il nous raconte comment Alliette s’inspira de Court de Gébelin, et inventa, vers 1783, la méthode divinatoire par ces cartes « égyptiennes ».

L’explication de Gébelin, le raccord entre les hiéroglyphes et le tarot, peut s’expliquer, selon moi, par la frénésie de l’époque pour les mystères de ces signes déjà étudiés par Athanasius Kircher et d’autres, mais toujours restés impénétrables. Nombreux sont ceux qui ont tenté d’y voir – avant même un langage – une forme symbolique et mystique renfermant les connaissances de civilisations élevées et « sages ». Ainsi, Gébelin, déjà plongé dans l’hébreu et les écrits de la Kabbale, ne put-il rester à l’écart. A-t-il joué au chaote syncrétique avant l’heure ? A-t-il eu une intuition géniale en percevant dans ces images, des formes archétypales communes aux hommes et transmises de manière atavique ? Possible ou pas. Mais comme tout inventeur génial, et comme nous allons le voir, il fut pillé et la voie qu’il a tracée se termine aujourd’hui en chemin bourbeux et glissant de lettres, de chiffres et de symboles abscons censés, justement, élucider le « parler » intuitif de la divination par les cartes. La tradition ésotérique du Tarot était née.

Etteilla, pseudonyme de Jean-François Alliette : « Le Tarot est un livre de l’Égypte ancienne dont les pages contiennent le secret d’une médecine universelle, de la création du monde et de la destinée de l’homme. Ses origines remontent à 2170 avant J.-C. quand dix-sept magiciens se réunirent en un conclave présidé par Hermès Trismégiste. Il fut ensuite incisé sur des plaques d’or placées autour du feu central du Temple de Memphis. Enfin, après diverses péripéties, il fut reproduit par de médiocres graveurs du Moyen-Age avec une quantité d’inexactitudes telle que son sens en fut dénaturé ».

C’est ce même Etteilla qui « restitua » au Tarot ce qu’il estimait être leur forme primitive. Il en remodela l’iconographie et le baptisera, à la suite du texte de Gébelin, « Livre de Thot ».

Court de Gébelin et les Philalèthes.

Antoine Court, dit « De Gébelin », fut un savant respecté, un encyclopédiste, mais aussi un « mystificateur involontaire ». Court de Gébelin était le fils du pasteur Antoine Court, figure éminente du protestantisme français au 18ème siècle. Vers 1771, il entre en franc-maçonnerie en adhérant à la loge les « Amis Réunis » et rejoint ensuite la loge des « Neuf Sœurs ». Il y côtoie Voltaire, Benjamin Franklin, avec qui il participe à une publication consacrée à la défense de l’indépendance des Américains et paraissant sous le titre de Affaires de l’Angleterre et de l’Amérique.

En 1780 il fonde la « Société Apollonienne » qui deviendra plus tard le « Musée de Paris », un établissement littéraire qui finira par sombrer faute de fonds.

Antoine Court sera également membre de l’ordre des Philalèthes et probablement de celui des Elus Cohens.

Les Philalèthes furent fondés par Savalette, vers 1773, comme une véritable académie de recherches maçonniques, qui se consacre à l’étude de la « science maçonnique ». Ce rite proposait douze grades proposant à ses membres des instructions et des études sur les diverses branches des sciences hermétiques : alchimie, kabbale, symbolisme.

Les Philalèthes regroupèrent des personnages comme Duchanteau, hébraïsant et kabbaliste, auteur d’un immense calendrier magique, et qui devait mourir des suites d’une expérience alchimique faite dans la loge des « Amis réunis », le Marquis de Chefdebien, l’alchimiste Clavières, le Prince d’Assia de Beverley, le Prince de Hesse, Condorcet, le Vicomte de Tavannes, Willermoz… Il est à noter que parmi les savants, de tous horizons, qui accompagneront Bonaparte dans son expédition égyptienne, nombreux seront membres de divers groupes maçonniques, dont les Philalèthes qui seront à l’origine de la fondation des rites égyptiens de la franc-maçonnerie au 19ème siècle.

Court de Gébelin publiera, entre 1773 et 1782, les neuf volumes de son Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne, dans lesquels il analyse et commente les manifestations du génie humain.

Il finira ruiné, ses créanciers feront saisir le « Musée », en même temps que toutes ses archives vendues aux enchères.

Antoine Court de Gébelin

Le Tarot occultiste.

Au 19ème siècle, Eliphas Lévi, dans son Dogme et Rituel de la Haute Magie (Paris, 1861), se chargea de restaurer le Tarot en critiquant le système d’Etteilla et en affirmant que les 22 Triomphes correspondaient aux 22 lettres de l’alphabet hébreu !

Les Arcanes du Tarot, publiées par Papus dans Le Tarot Divinatoire, et suivant l’ordre donné par Eliphas Levi, sont associés, outre aux lettres hébraïques, à des lettres en sanskrit et à des hiéroglyphes égyptiens ! Nous voyons également des symboles décrits comme étant ceux de l’Archéomètre de Saint-Yves d’Alveydre. Ce livre contient effectivement une mise en correspondance mystique des lettres de divers alphabets.

Papus, moins sobre que Gébelin, laissera s’écouler toute la poésie hermétique dont il était coutumier afin de nous éclairer sur l’origine du Tarot : « Les anciens Égyptiens possédaient un livre dont chaque feuillet d’or. Ce livre servait à enseigner l’astronomie et l’alchimie aux jeunes prêtres et à donner les clefs des adaptations symboliques à tous les initiés.

Les bohémiens ont porté ce livre jusqu’à nous et la clef de la Thorah, la Rota d’As-Taroth, est devenue un vulgaire jeu de cartes.

Nous avons écrit un volume pour donner la clef de ce livre, mais aujourd’hui nous donnons seulement les figures des Arcanes majeurs, dont chacune forme un véritable talisman » (Le livre de la chance bonne ou mauvaise, Papus, Paris, 1880).

Mais, malgré nos recherches, nulle trace, avant Lévi – donc vers le milieu du 19ème siècle – d’une association lames du tarot, hiéroglyphes et/ou lettres hébraïques.

Dans le tableau ci-dessus, proposé par Papus, nous pouvons observer la correspondance entre les lettres hébraïques (première partie à gauche), les figures hiéroglyphiques et l’alphabet des mages, ainsi que la symbolique alchimique attribuée aux lames du tarot.

Le 19ème siècle semble avoir été hanté par l’étude des langues proche-orientales – hébreu et l’hiéroglyphique égyptien surtout. Nombreux sont les savants, chercheurs ou simples amateurs, qui ont tenté, avant l’élucidation de la Pierre de Rosette, de percer le mystère des hiéroglyphes. Les théories, parfois les plus loufoques, sont nombreuses, ainsi dans les Fragments de Lecourt nous lisons : « En examinant l’alphabeth de la langue hébraïque, en étudiant la signification de chacune de ses lettres, la première observation qui devait se présenter, et cependant celle à laquelle personne, je crois, n’a pensé, pas même Court de Gébelin, c’est que ces caractères conservent les éléments d’un alphabet zodiacal; alphabeth par conséquent primitif, antérieur à celui de vingt-deux et même de seize lettres ».

Dans un ouvrage paru en 1896, Les XXII Lames hermétiques du Tarot, R. Falconnier tente de reconstruire les « lames originelles » égyptiennes et donne, en lieu et place des numérations latines traditionnelles, les glyphes de l’alphabet des mages. Nous reportons le curieux à la reproduction de ces lames que vous pouvez voir dans Les XXII Lames Hermétiques du Tarot Divinatoire.

Avec ce rapide survol de l’égyptomanie tarologique, on comprendra qu’il est très hasardeux de tenter de tracer une ligne de transmission continue de l’Égypte antique à nos jours, en passant par les bohémiens, les Indiens, les Atlantes et autres peuples joueurs de l’univers. Ainsi, « de tout temps » – j’insiste car cela a de l’importance -, l’homme aurait joué à la divination au moyen de cartes sous différentes formes, ayant évolué de l’or le plus fin au carton de sous-bock bon marché, pour finir en programme virtuel sur le net ? Or, il est certain qu’avant Court de Gébelin, aucune trace n’existe d’une filiation supposée avec l’Égypte, après lui, c’est l’inflation dont Etteilla, Levi, Papus, de Guaïta… puis Marabout Sidi Bubu et madame Juliette 3615 ne sont que les modernes avatars.

Et cependant, le tarot marche ! Il marche, avec ou sans, ou malgré, les lettres hébraïques, hiéroglyphes, sigils, et autres gribouillis ornant ses lames. Pourquoi ? Comment ? Personne n’a encore répondu, personne ne le fera probablement. Que ce soit Court de Gébelin, ou un autre, qui ait décidé d’égyptianiser le tarot importe, finalement, peu. Peu, si l’on ne devient pas sectaire de la chose et qu’on laisse parler les cartes sans les étouffer dans une inflation de symboles baroques.

Plus sur le sujet :

Court de Gebelin et le Tarot, Spartakus FreeMann, septembre 2010 e.v.

Image par Ava McCoy de Pixabay

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