Les Origines de la Gnose : Simon le Mage.
On parle souvent de Simon le Mage lorsque lâon aborde la Gnose, et il peut ĂȘtre bon de brosser un court tableau synthĂ©tique de sa « philosophie sacrĂ©e ». Nous profitons de lâopportunitĂ© offerte par la réécriture des cahiers dâinstruction gnostiques pour lâEglise Gnostique Chaote afin de transmettre une parcelle de la connaissance et aider le lecteur Ă mieux apprĂ©hender Simon le Mage, au-delĂ de tout fantasme rĂ©ducteur.
D : Parlez-nous des origines de la Gnose.
R : Eternelle comme la VĂ©ritĂ©, la Gnose est apparue dans le Temps et lâEspace, en une forme concrĂšte, suivant la descente astrale de JĂ©sus, la Fleur du TrĂšs Saint PlĂ©rĂŽme.
D : OĂč et quand ?
R : En Samarie, aprĂšs lâascension, au travers de la rĂ©vĂ©lation de Simon le Mage.
D : Parlez-nous de ce grand homme.
R : Le Mage de Samarie est le premier docteur de la Gnose ; son enseignement contient les graines de la doctrine magnifique qui est la plus lumineuse expression de lâAbsolu.
D : A-t-il créé la Gnose ?
R : Non, elle est la VĂ©ritĂ© et par consĂ©quent, elle est incréée ; mais il lâa dĂ©soccultĂ©e.
D : Ătait-elle inconnue avant lui ?
R : Oui, en sa forme occidentale du moins ; mais lâOrient avait enseignĂ© ses formes Ă©sotĂ©riques. Câest, câĂ©tait et ce sera le vĂȘtement mystique de la VĂ©ritĂ©.
D : OĂč est nĂ© le Mage ?
R : A Gitta en Samarie.
D : Quel nom porte le révélateur ?
R : Il porte le nom de la Grande Vertu de Dieu.
D : Par qui était-il assisté ?
R : Par une femme sublime, nommĂ©e HĂ©lĂšne, quâil rencontra Ă Tyr, lâenlevant dâun endroit infamant et la dĂ©livrant de la tyrannie du mal et de la Chute.
D : Simon était-il un scientifique ?
R : Oui, il possĂ©dait la science de Platon, les dons dâorateur et de poĂ©sie. Il connaissait lâanatomie. Il dĂ©couvrit les lois de la circulation sanguine. Enfin, il Ă©tait un grand thĂ©urgiste et un thaumaturge.
D : Est-ce tout ?
R : Il avait une simple et droite Ăąme et une honnĂȘtetĂ© incontestable.
D : Quelle était sa conduite par rapport aux ApÎtres ?
R : DĂ©jĂ cĂ©lĂšbre aux temps des premiĂšres missions chrĂ©tiennes, il a demandĂ© le baptĂȘme Ă Philippe, en tant quâinitiation supĂ©rieure.
D : Comment expliquez-vous sa conduite par rapport Ă Pierre ?
R : Dans la demande quâil fit Ă Pierre de lui confĂ©rer le Saint-Esprit par lâimposition des mains, il ne vit jamais de conflit avec ses propres principes. Il nâoffrit pas dâargent pour acheter le Saint-Esprit, comme certains le maintiendront. Mais il offrit un prix lĂ©gal et initiatique. Car il possĂ©dait lui-mĂȘme lâEsprit dâun plus ancien degrĂ©.
D : Quâa-t-il dit Ă Pierre qui lui parlait mĂ©chamment ?
R : Il lui offrit ces touchants mots de bontĂ© et dâhumilitĂ© ? « Priez pour moi afin que rien de ce dont vous mâaccusez nâarrive. »
D : QuâĂ©tait HĂ©lĂšne pour Simon ?
R : Elle Ă©tait le symbole de la douleur, lâimage vivante de la chute dans la matiĂšre. Il lâaimait aussi noblement quâun homme pouvait aimer.
D : HélÚne méritait-elle cet amour ?
R : Oui incontestablement, elle le méritait par sa foi, sa dévotion, sa merveilleuse intelligence et son profond attachement au Révélateur.
D : Comment est mort le Mage de Samarie ?
R : Personne ne sait comment exactement. Des fables sont racontĂ©es Ă propos de sa vie, mais elles sont toutes apocryphes. Ces fables sont issues de la haine des chrĂ©tiens…
D : Simon a-t-il composé quelque traité ?
R : Oui, il a Ă©crit le Antirrhetica Apophasis MegalĂȘ.
D : Quâessaye dâexpliquer la Gnose de Simon ?
R : Tout : Dieu, lâHomme et le Monde. La Trilogie de la synthĂšse.
D : Quâil y avait-il au commencement ?
R : Le Feu. Dieu, dit MoĂŻse, est un Feu qui consume tout. Le Feu, qui est trĂšs diffĂ©rent du feu Ă©lĂ©mentaire qui nâest quâun symbole, a une nature visible et une nature mystĂ©rieuse. Ce secret, dâune nature occulte, sâenferme lui-mĂȘme dans lâapparence. De la mĂȘme maniĂšre, lâapparence sâenferme elle-mĂȘme dans lâocculte. Lâinvisible est visible Ă lâEsprit. Mais les ignorants ne peuvent distinguer lâesprit, car ils ne connaissent pas les lois de la correspondance.
D : Dans la philosophie idéale, que serait ce feu ?
R : LâIntelligence et le Sensible, Puissance et Action, IdĂ©e et Parole.
D : Quâest la matiĂšre ?
R : Câest la manifestation extĂ©rieure du feu primordial.
D : Quâest lâEsprit ?
R : Câest la manifestation intĂ©rieure du feu primordial.
D : Que contient donc de Feu ?
R : Il contient lâAbsolu et le Relatif, lâInformel et le Formel, lâEsprit et la matiĂšre, lâUn et lâInnombrable, Dieu et les Ă©manations de Dieu.
D : Que pouvons-nous conclure de cela ?
R : Que ce feu, cause Ă©ternelle, se dĂ©veloppe par des Ă©manations, quâil est en Ă©ternel devenir. Mais, en se dĂ©veloppant, il est stable, il est permanent, il demeure. Il est Celui qui est, Ă©tait et sera, Immuable, Infini, Absolu et Substantiel.
D : Pourquoi se dĂ©veloppe-t-il lui-mĂȘme ?
R : Car, bien quâinchangeant, il nâest pas inerte ; lâInfini peut agir, car il est Intelligence et Raison ; car Dieu passe de la Puissance Ă lâAction.
D : Développez cette évolution.
R : La PensĂ©e a une expression qui est le Verbe, le Logos. Ainsi, lâIntelligence se nomme elle-mĂȘme, et en se nommant elle agit, Ă©volue, Ă©mane, devient. En prononçant une pensĂ©e, cette Intelligence unit les moments de sa pensĂ©e ; elle lie ses pensĂ©es les unes aux autres par la Raison, comme Un devient Deux, comme Un devient Deux par Ă©manation, le feu Ă©mane par deux, par couple, par syzygie. Et de ces deux, un est actif et lâautre passif ; un est masculin et lâautre est fĂ©minin ; un est Lui et lâautre est Elle. Ces Ă©manations par couple sont appelĂ©es Saints Ăons par la Gnose.
D : Nommez les Ăons.
R : Dieu Ă©mana six Ăons : Esprit et PensĂ©e, Voix et Nom, Raisonnement et RĂ©flexion. Et Dieu avait la puissance entiĂšre sur ces Ăons.
D : Que firent les Ăons ?
R : Pour atteindre Dieu, les Ăons Ă©manĂšrent de nouveaux ĂȘtres. La loi divine de lâanalogie le demande ainsi. Ces couples continuĂšrent donc, masculin et fĂ©minin, actif et passif ; câest lâĂ©chelle de lâEtre SuprĂȘme que Jacob gravit en rĂȘve alors quâil dormait avec sa tĂȘte sur la pierre sacrĂ©e du Beth-El. Les Eons montent et descendent les Ă©chelons mystĂ©rieux par couple. Ils forment une chaĂźne ininterrompue entre le monde et Dieu. Ils constituent la trame de lâEsprit et de la MatiĂšre, et la Loi qui les dirige et les lie est le Feu primordial, câest lâAmour. Tel est le premier ou divin monde.
D : Parlez-nous du monde intermédiaire.
R : Six Ăons, un reflet des six Ăons supĂ©rieurs, le peuplent. Ils portent les mĂȘmes noms.
D : Comment Simon appelle-t-il le second monde ?
R : Air incompréhensible ; le PÚre ou Unité y vit. Il évolue alors que le Feu se développe dans le monde divin. Il se manifeste par sa Pensée, Epinoïa. Il est également appelé Silence.
D : Quâest-il arrivĂ© ?
R : EpinoĂŻa, lâEon fĂ©minin du Silence, Ă©mana les Anges et les Puissances dont est issu le troisiĂšme monde, celui dans lequel nous vivons. Ces Anges voulaient la dĂ©tenir captive, dâoĂč la Chute qui demande une RĂ©demption.
D : DâoĂč vient lâhumanitĂ© ?
R : LâhumanitĂ© est Ă©manĂ©e par un de ces Anges, le DĂ©miurge, le Dieu des Juifs et des ChrĂ©tiens.
D : Que devint EpinoĂŻa ?
R : La PensĂ©e, tenue captive par les Anges, fut ramenĂ©e par son instinct cĂ©lestiel et elle se dĂ©sespĂ©ra encore plus pour le Silence, le PĂšre quâelle avait quittĂ©. Les Anges la gardĂšrent en la faisant souffrir. Ils lâenfermĂšrent dans une prison, le corps humain. Câest Ă partir de lĂ que lâexil malĂ©fique commença et, donc, au travers de tous les siĂšcles, son exil douloureux continue par des transmigrations successives. Câest la chute de la PensĂ©e dans la MatiĂšre, câest une dĂ©chĂ©ance, câest lâorigine du mal.
D : Et ?
R : Puisque tout est en dĂ©cadence, la RĂ©demption est nĂ©cessaire. EpinoĂŻa se rĂ©incarne au travers des Ăąges, dâune femme dans une autre femme, comme une fragrance qui passe dâun vase Ă un autre. Câest de cette maniĂšre que Simon rencontra HĂ©lĂšne, qui Ă©tait une incarnation de la PensĂ©e, appelĂ©e EpinoĂŻa, il lâaima, il la transfigura, il la sauva et il appliqua la parabole du mouton qui Ă©tait perdu et retrouvĂ©.
D : Résumez tout cela.
R : Comme Simon a sauvĂ© HĂ©lĂšne de la dĂ©gradation suprĂȘme, le Sauveur, envoyĂ© du PĂšre, descendit dans ce monde sous une forme astrale et il dĂ©livra la PensĂ©e de la tyrannie des Anges injustes. En JudĂ©e, il est appelĂ© JĂ©sus et le Fils, en Samarie, il Ă©tait appelĂ© Simon et le PĂšre. Pour les races futures, il sera le Saint-Esprit que nous attendons, la Grande Vertu de Dieu, la Femme qui est Ă Venir.
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Image par Stefan Keller de Pixabay
