L’Eucharistie par Clément de Saint Marcq.

Ce texte peut choquer par son côté hors norme, toutefois, il se place de manière sûre dans la tradition gnostique et il faudrait sans doute dépasser nos propres peurs et nos propres intimités mornes afin d’atteindre à la compréhension totale de ce texte. Oeuvre du Coeur et de l’Esprit…

Comme l’écrit P.R. Koenig sur son site : « Barbelos reste peu mentionnée dans tous les écrits des Gnostiques français – bien que l’on veuille avoir reconnu Valentin comme l’auteur de la « Pistis Sophia ». Avec les catéchismes suivants, cependant, se crée la base d’un néo–gnosticisme parfois ascétique, parfois libertiniste (dont l’ethnographie dépasserait malheureusement le cadre de cette étude).

En 1906 apparaît en Belgique, L’Eucharistie interprétée libertinistiquement par/de Clément de Saint–Marcq, dans lequel Theodor Reuss voit le Secret de l’Ordo Templi Orientis publié : l’Union de l’homme et Dieu par Assimilation (c’est–à–dire la consommation du sperme), comme enseigné par Jésus–Christ. La consommation de sperme à des fins magiques est comme un enseignement de VIII° dans l’ O.T.O. La signification du sperme comme porteur de logos peut être trouvée dans le IX° – ici, entre autres, encore des sécrétions vaginales mélangées. Ce n’est que par Crowley que le IX° mute dans un degré purement magique dans lequel les sécrétions sexuelles pour convoquer les esprits auxiliaires et les démons aux talismans sont lubrifiées. »

Nous n’avons pas beaucoup de données disponibles concernant le chevalier Le Clément de Saint Marcq. De son nom civil Georges Le Clément de Saint-Marcq, il est né le 12 mai 1864 à Jodoigne en Belgique et meurt le 17 juillet 1956 à Bilzen en Belgique.

Il semblerait qu’il ait été le secrétaire de la KVMRIS, branche belge du Groupe Indépendant d’Études Ésotériques de Papus, franc-maçon et occultiste. Il y a côtoyé Jean Delville (1867-1953), artiste peintre et grand interprète du symbolisme belge (et ancien disciple du Sâr Péladan).

Lors de la diffusion de L’Eucharistie, Le Clément fut accusé de propager des idées scandaleuses et malsaines ce qui le fera expulser de la société spirite belge dont il était le président (ou le secrétaire).

Spartakus FreeMann

Note : L’auteur, ancien commandant de la place forte d’Anvers, franc-maçon membre de plusieurs ordres occultistes plus hallucinés et creux les uns que les autres, grand amateur de spiritisme (!), passe pour cet « auteur belge » qui, selon Henri Birven, influença fortement Crowley et Reuss sur cette question précise des pratiques de spermatophagie. La consommation de la semence sacrée associée à une forme de théophagie n’est pourtant pas nouvelle ; la symbolique chrétienne s’y prête avec aisance, au travers de la doctrine plus qu’ignorée du Logos Spermatikon (d’autres traditions y font référence ; ainsi, le dieu Skanda naît d’un accouplement de Shiva et Agni, celui-ci absorbant la semence de Shiva par une fellation savante – comme quoi les unions homosexuelles, les dieux montrant l’exemple, peuvent également engendrer des « enfants divins »). L’originalité consiste ici en ce passage de l’ordre symbolique à l’interprétation littérale, plutôt courageux et exceptionnel en contexte chrétien. Que les gnostiques aient pu s’adonner à ces pratiques ne fait aucun doute, mais l’Église catholique…

I

Le développement de la religion chrétienne a joué un rôle d’une importance exceptionnelle dans l’histoire du monde pendant les quinze derniers siècles ; la pensée humaine a subi fortement l’empreinte des conceptions de cette foi, et dans les principales aspirations qui luttent, en ce moment, l’une contre l’autre, dans l’esprit de l’humanité terrestre, à l’effet d’en fixer l’avenir, il n’est pas difficile de discerner, d’une part, les prétentions sacerdotales rattachées au passé et à toutes les formes de l’esprit de domination et, d’autre part, le souffle niveleur et révolutionnaire de l’Évangile, de sorte que l’on peut dire que les tendances les plus puissantes qui se font jour dans le monde politique ne sont que des manifestations opposées de la pensée du Christ.

Il est donc d’une haute importance de connaître exactement ce qu’a été cet enseignement de Jésus, qui a agité le monde avec une force si grande qu’actuellement nous en saisissons encore, à deux mille ans de distance, les remous violents dans l’esprit des hommes.

Pour saisir cet objet, force nous est d’examiner avec le plus grand soin ce qu’affirment ceux qui font profession de garder les leçons du prophète de Nazareth et de les répandre autour d’eux dans le monde.

Si nous pénétrons dans une église consacrée à ce culte, au moment du sacrifice divin, nous voyons l’officiant rendre les honneurs suprêmes à un corpuscule blanc, de forme circulaire, formé d’une pâte alimentaire et sèche, qui remplace la victime offerte aux idoles du paganisme et porte pour ce motif le nom d’hostie, en sorte que c’est le Dieu du temple lui-même qui s’immole ainsi devant tous et pour tous.

Tout le culte réside dans la divinité de l’hostie, dont l’octroi au fidèle purifié par la pénitence forme le pivot du sacrement essentiel de l’Eucharistie, dans lequel, selon la foi, Dieu se donne à ceux qui l’adorent.

L’hostie n’est pas une image ou un symbole de la divinité ; d’après la foi catholique, elle est la divinité elle-même, à la fois matériellement et spirituellement présente en la personne de Jésus-Christ, dont la conscience, la sensibilité, sont tout entières présentes et vivantes dans la moindre parcelle d’une hostie consacrée.

C’est en cela que réside l’affirmation à la fois la plus nécessaire à l’existence du culte et la plus inadmissible à la raison, parmi toutes celles qui sont le fondement de la religion catholique. Si encore on nous disait que la pensée du Christ en tant que créateur du mouvement religieux qui porte son nom, est présente dans le symbole de l’hostie, dont l’invention est une conséquence des paroles qu’il a prononcées, de même que le génie de l’artiste est présent dans l’œuvre qu’il a conçue et mise au jour, la thèse ainsi réduite n’aurait rien que de raisonnable et d’évident en soi-même ; mais aucun homme réfléchi ne peut admettre que la personnalité du Christ puisse être simultanément, éternellement présente dans chaque hostie, qu’il puisse y être, y voir, y entendre, s’y trouver aussi profondément réel qu’il l’était de son vivant en son corps.

Lorsqu’on examine attentivement cette situation, on se demande comment il est possible qu’un nombre aussi considérable de prêtres aient pu, depuis plus de quinze siècles, affirmer et soutenir une pareille énormité ; comment la foule immense des croyants a pu se laisser endoctriner de la sorte sans que le bon sens universel se soit révolté et ait rejeté dans le néant des théories aussi éloignées de la saine raison. Personne ne pourrait concevoir une pareille aberration collective, si l’on ne devinait qu’à côté de ce que l’on dit, il y a ce que l’on ne dit pas ; à côté de ce qu’on expose à haute voix dans le catéchisme, il y a les explications cachées qui circulent de soutane en soutane et se chuchotent à l’oreille des dévotes extasiées. Si nous pénétrons dans ce domaine mystérieux, nous y découvrons un culte secret entièrement parallèle au culte public ; le second n’est que la glorification extérieure du premier. Celui-là est mensonger, mais il enveloppe et couvre le premier qui, par sa nature, ne semble pas pouvoir être exposé aux regards de la foule. Celui qui est initié à ces mystères comprend comment les générations précédentes ont été amenées à élever l’édifice de mensonge au sein duquel il est appelé à vivre, et se retrouvant dans les mêmes nécessités, il continue à défendre, à répandre et à protéger ces contre-vérités, qui lui apparaissent comme le véhicule nécessaire de la tradition la plus haute, la plus sainte, la plus pure, la plus respectable. C’est précisément cet enseignement secret, cette doctrine occulte, transmise de bouche en bouche au sein de l’Église, depuis le temps des apôtres, que le présent opuscule a pour objet d’exposer. En soulevant pour le lecteur le voile pudique tissé par les siècles pour couvrir ces mystères, nous cherchons à amener ceux qui ignorent la véritable tradition chrétienne à la connaître, à la comprendre d’une façon complète.

Ils auront ainsi une notion plus exacte, plus conforme à la vérité de tout ce qui touche à l’existence des prêtres, à leur manière de vivre et de penser, à leurs influences réelles sur le monde ; ils pénétreront le sens de tous les écrits sortis des mains des penseurs ecclésiastiques qui ont occupé une si grande place dans la littérature de tous les temps et dont plusieurs, tels que Fénelon et Bossuet, sont encore présentés comme des modèles à notre jeunesse studieuse. Nous leur permettrons aussi, par cette révélation, de mieux comprendre la réalité historique, de retrouver dans le passé l’effet puissant et continu des idées qui ont cheminé derrière les manifestations extérieures du culte, et de découvrir aujourd’hui encore autour d’eux, les mêmes usages, les mêmes conspirations mystérieuses de femmes et de prêtres unissant dans un même idéal, leurs aspirations de luxure et de domination (1). Quant à ceux qui connaissent déjà le mystère que nous allons dévoiler, notre travail actuel ne leur sera non plus sans utilité ; ils y trouveront l’occasion de réfléchir à la vérité en elle-même, dépouillée de tout l’appareil du culte ; ils pourront se demander s’il ne convient pas de laisser là les vieilles formes mensongères qui entourent la doctrine de leur Maître, s’il ne faut pas dire purement et simplement, sans réserve et sans fausse honte, devant le monde entier, ce que le Christ a enseigné à l’oreille de ses disciples, afin que ce qu’il peut y avoir de vrai, de bon, de juste dans cette tradition devienne le patrimoine commun de l’humanité et cesse d’être le privilège d’une association de soi-disant élus qui, tant qu’elle vivra dans l’oisiveté aux dépens des travailleurs, ne saurait être le véritable guide moral du monde.

II

Abordons le sujet principal qui nous occupe et ouvrons l’Évangile de Saint-Jean, au chapitre VI, v. 47 et suivants. Voici les paroles sur lesquelles est fondée l’institution de l’Eucharistie :

47. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle…

48. Je suis le pain de vie.

49. Vos pères ont mangé la manne dans le désert et ils sont morts.

50. C’est ici le pain qui est descendu du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point.

51. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement, et le pain que je donnerai, c’est ma chair que je donnerai pour la vie du monde.

52. Les Juifs donc disputaient entre eux : « Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger » ?

53. Jésus leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis Si vous ne mangez de la chair du fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous-mêmes ».

54. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour.

55. Car ma chair est véritablement une nourriture et mon sang est véritablement un breuvage.

Posons-nous d’abord cette question : Comment un homme peut-il faire manger sa chair et boire son sang sans se couper, ni s’arracher un membre, sans se blesser, sans porter atteinte à l’intégrité physique de son corps ?

Ce problème comporte une solution et n’en comporte qu’une seule. Nous n’avons donc pas le choix ; nous sommes obligés de la prendre telle que la science nous la fournit : la semence procréatrice de l’homme est une matière comestible, semi-solide, semi-liquide, qui peut donc être mangée ou bue ; elle est à la fois la chair et le sang de l’homme de qui elle provient, parce que c’est en elle que se trouve le germe de sa descendance possible, laquelle est la chair de sa chair et le fruit de son sang. Ce n’est donc que sous les espèces du sperme que la chair de Jésus-Christ a pu être véritablement une nourriture et son sang véritablement un breuvage.

Mais nous avons vu que, selon l’enseignement du Messie, il fallait absolument manger cette chair et boire ce sang, pour obtenir la vie éternelle.

Dociles à cette injonction, quelques fidèles vont donc s’approcher de leur Maître et recevoir de lui quelque parcelle de la sainte substance qui les immortalise.

Mais après eux, une fois le Maître parti, qui pourra le remplacer, qui pourra continuer ses largesses célestes ? Qui pourra encore inviter les pauvres humains au festin du royaume de Dieu ? Le verset suivant va nous répondre sur ce point.

56. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.

Voilà la base de l’extension indéfinie de la personne de Jésus, de sa présence universelle parmi tous les membres de son Église. Chacun de ceux qui ont eu part à la sainte Communion de la chair et du sang devient, par le fait même, un nouveau corps du Christ, un prolongement de la personnalité du Maître ; chacun de ceux-là est, à son tour, une source sainte où d’autres fidèles peuvent venir puiser et les explications données par la bouche du Sauveur et les eaux vives de la régénération spirituelle dans la substance desquelles se propage sa Divinité.

De transmission en transmission, le même acte toujours répété avec les mêmes paroles et les mêmes effets fait encore vivre au milieu de nous, en des milliers d’endroits différents, la figure du fondateur du christianisme.

La promesse même de la vie éternelle se trouve implicitement garantie par la thèse du v. 56.

Le fidèle se sait, par la parole du Christ, si intimement uni à lui qu’ils ne font plus qu’un ; or, la tradition lui rapporte que son Maître a franchi victorieusement les épreuves de la mort, qu’il est sorti vivant du tombeau et s’est montré à diverses reprises à ceux qui avaient cru en lui ; comme lui, il se croit donc assuré de revivre au-delà du trépas et même, quoi qu’il ait fait, quelques crimes qu’il ait commis, il compte sur un avenir éternel de béatitude. N’est-ce pas le Christ, selon sa foi qui doit venir juger les vivants et les morts ? Or, on ne peut être en même temps juge et justiciable, et lui, fidèle chrétien, Christ lui-même par le mystère de la sainte Communion, sera donc, à ce moment redoutable, sur le trône divin et non sur le banc des accusés.

Ainsi nous voyons que cet acte, si simple en apparence, suffit pour expliquer l’extension énorme du christianisme et les manifestations les plus visibles de son culte.

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