Le Shin aux quatre branches par Spartakus FreeMann.
Suite à de nombreuses questions portant sur un Shin à 4 branches, nous donnons ici quelques éléments qui devraient aider le lecteur à mieux comprendre le caractÚre de cette lettre « invisible ». Et nous le verrons si cette lettre est théurgique par essence elle se détache nettement des délires occulteux habituels.
Ce Shin porte le nom de HaOt, le Signe, qui dĂ©rive dâExode 3.12. HaOt signifie « le Signe » ou « la Lettre ». Au cours du temps, cette lettre a portĂ© plusieurs noms : la Lettre Manquante, la Lettre Perdue, la Lettre IntĂ©grale, la Lettre Sainte, la Lettre du Monde Ă Venir, la 23e Lettre, la Lettre de la BontĂ© et Ot Olam, la Lettre Ăternelle.
Le Sefer haTemunah, un guide mystique mĂ©diĂ©val, raconte une tradition selon laquelle une lettre manquerait Ă lâalphabet hĂ©breu. Son absence est la source de toute la douleur, tragĂ©die de ce monde. La lettre manquante sera rĂ©vĂ©lĂ©e par le Messie et elle corrigera toutes les dĂ©fections et problĂšmes du monde. Selon certains, cette lettre manquante serait le Shin Ă quatre branches qui se trouve sur le Tefilin shel Rosh.
Selon le Temunah, ce Shin serait le symbole du prochain cycle cosmique qui sera basé sur Hessed, la Bonté.
Le Sefer haTemunah nous encore dit que lorsque nous inclurons le HaOt dans notre vocabulaire et dans notre vie, nous rĂ©aliserons alors lâunitĂ© cosmique et personnelle qui existe dĂ©jĂ en potentialitĂ©. HaOt est donc une potentialitĂ© transformative. Le HaOt, en ce sens, participe donc au Tikkun du monde. Celui qui retrouve la prononciation de cette lettre se sauve et sauve le monde. Peut-on dire alors que HaOt serait le symbole de la Parole Perdue de la Franc-Maçonnerie ?
Le Shin traditionnel et le Shin Ă quatre branches se trouvent placĂ©s sur la boĂźte des Tefilin qui est portĂ©e sur la tĂȘte. Selon certains sages, le HaOt reprĂ©sente le Olam haBa, le monde Ă venir, le temps messianique qui verra la venue dâun monde parfait, rĂ©parĂ© et Ă©quilibrĂ©.
Le HaOt est utilisĂ© au sein de techniques et de processus de mĂ©ditation. Par la priĂšre mĂ©ditative â une respiration juste, une conscience totale et une posture juste de lâesprit et du corps – a pour but dâatteindre Ă la communication avec les sphĂšres supĂ©rieures, et le HaOt en est lâoutil le plus prĂ©cieux. Lors de la priĂšre, le pieux porte sur lui les Tefilin sur lesquels nous retrouvons, comme nous lâavons dit, le Shin Ă quatre branches.
Les origines du HaOt se rattachent Ă la rĂ©ception de la Torah sur le Mont SinaĂŻ et dans le Talmud, traitĂ© Menachot 35a, Rabbi Abaye dit : « Le Shin Ă quatre branches des Tefilin est une loi donnĂ©e Ă MoĂŻse sur le Mont SinaĂŻ ». Le HaOt fut créé lors du don de la Torah et des Commandements Ă Moise et les sages du Talmud nous disent que les Tables de la Loi furent en fait gravĂ©es dans la pierre et quâune marque dans la pierre derriĂšre la lettre Shin en modifia la forme afin de donner un Shin Ă quatre branches. Ainsi Rashi en son commentaire sur Exode 32.15-16 explique ainsi la crĂ©ation du HaOt : la Torah dit « ⊠et les deux Tables du TĂ©moignage Ă©taient dans sa main, les Tables Ă©taient gravĂ©es de chaque cotĂ©, sur cette face et sur lâautre face il Ă©tait Ă©crit ; et les Tables Ă©taient de la main de Dieu, et lâĂ©criture Ă©tait lâĂ©criture de Dieu, gravĂ©e sur les Tables ». Rashi demande : quelle est la signification de la phrase « de chaque cĂŽtĂ© » ? Il rĂ©pond en citant Rabbi Chisda, Talmud Shabbat 104a : « on lisait les lettres de chaque cote en mĂȘme temps, et cela Ă©tait miraculeux ». On pouvait donc lire le texte Ă©crit sur chaque face en mĂȘme temps. Et de lĂ provient la formation du Shin aux quatre branches. « Shin shel tefillin halakha le-Moshe mi-Sinai », le Shin gravĂ© sur la boĂźte (du tefilin) est la Loi donnĂ©e Ă MoĂŻse sur le SinaĂŻ.
Rabbi Bachya, en son commentaire sur Exode 32.16, nous dit : « Dieu grava plutĂŽt que posa les lettres sur les deux Tablettes car Dieu voulait quâon puisse les lire sur les deux cotĂ©s. Ainsi, les deux cĂŽtĂ©s font rĂ©fĂ©rence Ă la dimension rĂ©vĂ©lĂ©e et Ă la dimension occultĂ©e de la Torah ». La lettre Shin reprĂ©sente la dimension rĂ©vĂ©lĂ©e de la Torah et le Shin Ă quatre branches reprĂ©sente la dimension occultĂ©e de la Torah. Câest Ă cela quâil est fait allusion dans le Cantique des Cantiques 2.9.
Le Shin est la silhouette de Moise Ă©levant ses bras avec ses mains tendues. Le Shin reprĂ©sente la force Divine puisquâil est le symbole de ShaddaĂŻ et de la PrĂ©sence Divine puisquâil est le symbole de la Shekhinah.
Alors que toutes les autres lettres ont une valeur numérique, le Shin à quatre branches est inimaginable.
Les quatre branches du Shin signifient le monde physique avec ses quatre dimensions, les quatre Ă©lĂ©ments, les quatre anges de Dieu â Gabriel, Michael, Uriel et RaphaĂ«l â les quatre bĂ©nĂ©dictions du Shema, les quatre groupes de juifs â Cohen, LĂ©vites, IsraĂ©lites et les Justes convertis â les Tefilin qui contiennent quatre passages de la Torah. Dans le Orah Chaim 32.43 nous lisons que les quatre branches reprĂ©sentent les quatre matriarches : Sarah, Rebecca, Rachel et Leah.
Les trois branches du Shin et les quatre branches du HaOt font 7 : les sept jours de la Création, les 7 jours de la Pùques, les 7 branches de la Menorah.
Le Zohar nous enseigne quâavant de mettre les Tefilin, lâon doit dâabord regarder le Shin Ă quatre branches et ensuite le Shin Ă trois branches. Alors que le Shin Ă trois branches se rĂ©fĂšre Ă Shaddai, le Shin Ă quatre branches, selon Berachot 6a, se rĂ©fĂšre Ă YHVH, le Nom Ineffable de Dieu.
Le Orach Chaim 32 dans le Beith Yosef, et Rav Isaac Abohav citant Rav Natrunai, enseigne que le Shin et le Shin à quatre branches sur la boßte des Tefilin représentent les 613 Commandements de la Torah :
6 SS, sesh, signifie 6;
3 le Shin Ă 3 branches;
4 le Shin Ă 4 branches;
300 en Gematria pour le Shin 3 branches;
300 en Gematria pour le Shin Ă 4 branche, car ce Shin reprĂ©sente le TĂ©tragrammaton. Selon le procĂ©dĂ© ATBaSH, le TĂ©tragramme devient Mem TsadĂ© PĂ© TzadĂ© (ŚŚŠŚ€Ś„) dont la valeur numĂ©rique devient 300.
Dans Bereshit I, p. 55, Rabbi Nahum fait sans doute une allusion Ă une mĂ©taphore sexuelle en parlant de lâunion de Yesod et de la Shekhinah (Yod + Shin), les principes male et femelles de la DivinitĂ©. « Cette connaissance se rĂ©fĂšre au fait dâĂȘtre joints ensemble, et cette sorte de connaissance est considĂ©rĂ©e comme entiĂšre. Cela donne au Shin sa forme Ă quatre branches : intellect et comprĂ©hension, mais au sein de lâesprit amour et crainte ». Rabbi Nahum relie donc amour et crainte avec Jethro qui « ajouta (YeTeR) quelque chose Ă la Torah et complĂ©ta ce Shin Ă quatre branches » et donc unifia la Torah.
Plus sur le sujet :
Le Shin aux quatre branches, Spartakus FreeMann, Nadir de Guantanamo, août 2004 e.v.
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