L’Amour Magique

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L’Amour Magique par Claude Jousseaume. 

À « l’Égyptienne »

Le Soleil règne le jour, la Lune domine la nuit, mais l’Amour que je tends à ma Princesse protège ses jours et ses nuits.

L’Amour peut-il être autre chose que magique ?

L’alchimie entre deux êtres qui s’ignoraient l’instant d’avant n’est sûrement pas le fruit du hasard ?

Toi ! Moi ! Nous enfin, nous encore, nous toujours, nous à jamais ! On s’invente un avenir, des certitudes, une entente « cœurdiale »

Mais qu’en est-il en réalité ! Et, réalité est ce bien le bon mot ?

« La Femme est la porte par laquelle on peut pénétrer dans le domaine de la Mort comme dans celui de la vie éternelle. Ève est l’arène où la vie et la mort se livrent un combat sans merci. »

Maria de NAGLOWSKA.

Maurice Magre écrivait : « qu’il ne convenait pas à l’homme de mourir sans avoir découvert, un secret, une profonde vérité, qui était relative à la mort et surtout à la vie »

La Sexualité une force magique ?

La recherche de l’éternel Féminin provoque chez l’homme digne de ce nom une véritable ascension et de multiples combats.

Découverte concrète d’une réelle complémentarité entre deux êtres que de nombreuses religions veulent à tort opposer : l’Homme et la Femme !

André HARDELLET nous avise dans Le seuil du jardin :

« L’homme meurt de ses désirs insatisfaits »

Et si c’était vrai ?

Combien d’êtres sont véritablement heureux ?

Bien des hommes et bien des femmes ne rencontrent jamais leur complément et l’on se marie très rarement avec son épouse. Il est des êtres qui pourraient nous faire sortir des torpeurs et des vicissitudes de nos vies, mais ils sont souvent enfermés dans des labyrinthes où aucune Ariane ne viendra nous offrir le fil salvateur.

Frédéric Nietzche, criant « Ariane je T’aime », parlait de l’épouse de Richard Wagner, Cosima, jamais il ne put vivre avec celle qu’il considérait comme la Femme de sa vie et ce fut en grande partie la raison de sa déchéance et de sa folie.

La non-connaissance de notre double féminin peut nous conduire à la folie ou pis à la mort !

Et si nous admettons la multiplicité des existences humaines, c’est encore plus terrible !

Une malédiction nous poursuivrait-elle de vie en vie ?

Toi mon Amour, tu aurais donc toujours été, tu aurais donc toujours vécu et je ne t’aurais jamais gardée, alors c’est vrai une malédiction nous tourmenterait de vies en vies et Toi, seras tu un jour mienne ?

L’union sexuelle se situe à une jonction. À la frontière de l’Âme et du corps, à ce moment je suis Toi et Tu es moi.

À cet instant tout est magique, tout est musique, tout chante en nous et tout est possible !

Regardez l’aura de bonheur qui entoure deux personnes qui s’aiment ! Ils s’aiment et « sèment » autour d’eux réussites et joies. Combien de jalousies naissent à leur vue, combien d’humains, faute de rêves s’acharnent à rendre cauchemars l’existence des passionnés.

Cette union sexuelle dont je parlais plus haut n’a rien de commun avec une étreinte « courante » : les effets de ces étreintes sont immédiatement perceptibles au couple ; tout se passe comme si au lieu de se fatiguer, les amants se sentaient tout inondés d’une force nouvelle qui dynamise au lieu d’épuiser (rien n’a voir avec les goûts de regrets de certaines rencontres), ils se trouvent au contraire auréolés de vitalité… ils feront des rêves accomplis en commun… des sons inexplicables, des mouvements d’objets à distance pourront se produire ».

Gustave Meyrink surenchérit dans la « nuit de Walpurgis » :

« Il ne la connaissait que depuis quelques mois ; lorsqu’il songeait, il avait l’impression d’un conte de fées devenu réalité : déjà deux ans plus tôt il avait vu son image : le portrait d’une dame en costume du dix huitième siècle, à la chevelure blond cendré, au visage mince presque transparent, les lèvres entrouvertes dans un sourire voluptueux… où luisaient de minuscules dents blanches. »

Alors, nous y voila, connaissons-nous ou RE connaissons-nous nos amours ?

Le psychanalyste Carl Gustav Jung nous parlerait d’archétypes, de modèles inconscients des désirs.

« La treizième revient et c’est encore la première » nous avertit Gérard de Nerval. Le poète maudit Alain Lefeuvre, écrivait : « On n’aime vraiment qu’une fois, le reste n’a pas d’importance ». Si c’était le même et seul être, que nous recherchions à la fois Eve et Lilith, Femme et Maîtresse de nos sens, et désirs. De notre âme même ?

La Kabbale nous prévient que les âmes descendent à deux des cieux et sont séparées sur la Terre, le Shatan (l’adversaire) fait tout pour les empêcher de se réunir.

Combien de relations amoureuses craquent en effet à la moindre difficulté !

Pourtant, il suffirait… Tout le monde veut être Roi, mais personne ne veut construire le royaume !

Un palais d’Amour ! Mais au fait qu’est-ce l’Amour ?

Les anciens Grecs faisaient une différence certaine entre ces formes d’affections :

Tout d’abord Éros, le désir physique, le désir de ce que l’on croit supérieur à nous.

Ensuite Ptéros, ce désir transcendé qui nous donne des ailes, tel Cupidon.

Philéa, affection entre époux, entre « égaux ».

Et puis enfin Agape, le véritable Amour, je t’aime pour Toi, non pour moi, non pour Te posséder mais, pour Te rendre libre, va vers Toi-même, je sais que je peux Te perdre, mais qu’importe, je T’aime. Pour ma part, je suis là et te laisse la liberté de ne pas m’aimer.

Dans l’Amour Magique ; après l’extase du début, les démons, les djinns, redoubleront d’activité pour faire capoter la relation, la femme ressentira des regrets, des remords, se sentira prisonnière, elle tentera de partir, de « fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve ».Troubles et douleurs se produisent d’ailleurs à la séparation prolongée des amants, symboliquement souvent après le quarantième jour.

C’est alors que l’homme doit se montrer digne de l’aimer (de l’Aimée).

Dans ces rapports sexuels empreints de mystères, l’homme et la femme perdent leur individualité et deviennent un.

Incubes et Succubes

« Il avait demandé Dieu à une femme et aucune femme ne pouvait lui donner » Paul Valéry.

L’Église Catholique par les écrits de ses Docteurs et Théologiens reconnaît l’existence de ces entités, saint Bonaventure, Denys le Chartreux, le Pape Innocent VIII et, même saint Augustin les ont étudiés.

Nos songes nocturnes sont le point de chute et de rencontre de diverses forces, et certains démons (non dans le sens Socratien de l’esprit familier) nous visitent et polluent nos nuits.

Le succube est une entité qui s’unit avec les hommes pendant leurs songes, et l’incube est son pendant masculin, venant pendant la nuit « charmer » les belles dormeuses.

En effet, il s’avère que dans nos torpeurs nocturnes, nos rêves nous amènent ou nous ramènent sur des contrées que le quidam ne pourrait imaginer. L’Amour y est aux prises avec diverses tentations.

Les âmes des vivants y traverseraient le même enfer que celui décrit dans le Bardo Thodol ?

Combien d’entités pénètrent dans nos rêves et s’agit-il vraiment de rêves ou bien d’une autre part de la réalité ?

L’homme trouvera dans ses accouplements nocturnes l’image de la femme qui pourrait le faire vibrer. Sa compagne trouvera le mâle idéal tendre, fort et rigide qui pourrait la faire crier de joie, mais ? Ce ne sont le plus souvent que des mirages créés par la soif de trouver le bonheur, garçons et filles se jouent des rituels de séductions s’illusionnant et la déception est énorme ensuite.

Pour Stanislas de Guaïta, l’Incube et le succube sont : « les deux formes spectrales d’un hermaphrodite convertible, à prédominance tour à tour phalloïde ou ctéimorphe, selon que l’être… dont l’appétit l’évoque est homme ou femme ». Julius Evola surenchérit : « Il s’agit de formes conatives particulières d’union absolue, des deux principes du masculin et du féminin, se développant cependant de manière obsessionnelle ».

La pensée obsessionnelle, l’idée fixe, créent ou attirent très souvent ces sortes d’élémentals vivant dans l’environnement humain et dont le but est de soutirer au rêveur (même s’ils peuvent quelquefois se matérialiser à l’état de veille, mais c’est très rare, son énergie vitale).

Il convient donc d’être prudent dans nos escapades oniriques et de ne pas se laisser emporter sur des sentiers nous menant vers un abîme surtout s’il est resplendissant comme un gouffre de lumière !

De l’Ascète au Guerrier : Brahmanes et Kshatriyas.

Le Brahmane, pour le philosophe René Guénon est supérieur au Kshatriya par nature, parce que la connaissance est supérieure à l’action. Le métaphysique est supérieure au domaine « physique », comme le principe est supérieur à ce qui en dérive. A contrario Julius Evola pense que le point de vue Guénon est typiquement oriental. L’Occident, pour l’écrivain transalpin est de « tradition guerrière » et, doit le rester.  Pour ma part, je dirais que la caste sacerdotale doit disposer effectivement de ce qui justifie sa primauté sur la caste guerrière. Le savoir ésotérique.

Lorsque l’homme et la femme se retrouvent seuls, en face l’un de l’autre, on peut estimer que même si une approche charnelle n’intervient pas entre eux, un contact magnétique d’attirance existe, et s’ils sont en accord fluidique des changements au niveau du supra sensible proviennent, les mots : « je t’ai dans la peau, je t’ai dans le sang » ne sont pas anodins

Pour la « Femme Traditionnelle », la « Femme Magique ». Deux formes d’idéalisation de l’Homme coexistent ; l’Amour pour le Guerrier ou pour l’Ascéte. Le Kshatriya ou le Brahmane.

Une dimension de L’Homme se trouve dans la caste des Kshatryas, l’initié par l’épée, par le combat. Guerrier physique, mais aussi spirituel, conscient de sa force, capable de défendre sa compagne. Le Bhâgavata Gita nous rappelle : « Il n’est pas de plus grand bien pour le Kshatrya qu’une juste bataille. Tué, tu gagneras les cieux ; victorieux, tu jouiras de la terre ».

La Femme Magique qui voit l’intérieur des cœurs le voudra pour sa couche. S’il ne se noie dans les rivages aimés, il la fécondera de sa puissance.

Le sang est le grand agent sympathique de la vie, le subtratum animé de la lumière magnétique et le magnétisme est le fond ultime de tout amour.

Si un homme n’est pas capable de verser son sang pour sauver son aimée, il ne mérite pas son titre.

L’Ascète, le Brahmane est celui qui à la « Virilité Spirituelle », et transcende l’éros en immortalité, la Femme Magique qui voit l’intérieur des âmes désire aussi ce sage.

Être possédée par l’Esprit et parler avec lui la « langue des oiseaux est souvent un des buts ultimes de la féminité consacrée. Elle deviendra sa Muse et les légendes conteront leur histoire. Avec lui, elle accédera à l’accomplissement terrestre et la voie vers le Nirvana sera offerte.

Par contre, pour la femme qui se veut magique il peut être dangereux et même fatal pour son évolution spirituelle et même son existence de s’avilir avec le vulgaire ».

Le combat pour le Guerrier Initiatique est donc d’être le meilleur !

L’important est de traverser le gué. C’est-à-dire de « passer de la manifestation à la non-manifestation » répète Marie-Madeleine Davy.

Petit aperçu sur la Sexualité

Chez l’homme évolué, il n’y a pour ainsi dire jamais de désir sexuel simplement physique, le désir de reproduction mis en avant par certains auteurs comme moteur de l’activité amoureuse est en notre sens une erreur. Le baiser n’a pas d’action reproductrice propre, mais, est un impératif d’établir un contact « fluidique » entre les êtres, la frénésie sexuelle qui emporte les amants, multipliant les caresses est un désir de fusionner et ne plus faire qu’un seul individu.

Ils ont besoin de se voir, de se sentir. En effet le corps aromal (autre appellation du corps astral) a une grande importance dans l’Amour Magique !

Qui n’a jamais été troublé en présence d’une odeur rappelant celle de l’Aimée ou de ses effets ?

On est en odeur de « sainteté » et le mot « extase » n’est pas trop fort !

Oui, le sexe existe et au-delà du corps !

Mais, nous pensons néanmoins, qu’il n’y a pas de véritable Amour sans sexualité, un des pères de l’Église, St Augustin écrivait « parce que nous sommes corporels ». Je rajouterai ; nous avons besoin de l’extase spirituelle et son vecteur est la sexualité. « Ainsi, ceux qui aiment la beauté dans les corps, bien que leur amour soit un amour mêlé, aiment la beauté et, en aimant les femmes pour perpétuer la vie, aiment ce qui est éternel », assène Plotin. Pourtant, celle que la nature pousse à conquérir tout mâle qui passe à sa portée ne saurait être une compagne pour un Homme accompli, elle est à exclure !

Il n’y a de vraie grandeur chez la Femme, que lorsqu’elle donne sans demander, devenant une flamme s’autoalimentant.

La sexualité est le plus grand élément magique de la nature.

La quête de l’Homme véritable (le Tchen-Jen des taoïstes) pour la Femme Magique serait-elle le saint Graal des légendes ?

« Le Tchen-Jen trouve son chemin vers l’unité primordiale en harmonisant son Yin et son Yang, re-équilibrant le bien et le mal pour supprimer la douleur » continue Bruno Étienne. L’Émir Abdelkader dans ses écrits métaphysiques déclare être dans le fana’ l’extinction dans l’Un, lorsqu’il fait l’amour avec la femme qu’il aime… »

N’est-ce pas la direction à suivre ?

L’Amour Magique
Cupidon essayant l’effet de son flambeau, Pierre Paul Prud’hon.

Propos sur l’infidélité

Il y a des cas où le besoin de posséder absolument un autre être sur tous les plans peut s’expliquer par l’orgueil du Moi et de désir de surpuissance.

Le poète Gabriele D’Annunzio nous annonce : « Il n’y a sur terre qu’une ivresse durable : la sécurité absolue dans la possession d’une autre créature. Je cherche cette ivresse ».

Séduis, sois désirable, séduis plus que tous les autres, mais reste fidèle. C’est le paradoxe de notre société moderne occidentale, les couples sont soumis à de nombreuses tentations et parfois y succombent

Un homme qui ne désire pas d’autres femmes ne peut être séduisant ! L’épouse à besoin de savoir que son compagnon plaît et réciproquement.

« Pour être désirable, il faut désirer » écrit Francesco Alberoni. Le regard scrutateur du mâle cherchant l’ouverture pour pénétrer le cœur de l’élue ne peut qu’émoustiller la libido de la femme.

Mais il est des cas dans lesquels l’infidélité vécue ou fantasmée peut avoir un effet bénéfique, prenons l’exemple que nous donne la célèbre psychanalyste Marie-Louise Von Franz évoquant une situation « triangulaire » : un homme est pris dans un conflit entre son épouse « légitime » et sa maîtresse (qui peut-être non moins légitime, tout du moins au niveau « cardiaque »), se dit si je repousse mon « amie » je trahis mon amour pour des raisons conventionnelles, si je quitte ma femme, je suis mon désir qui peut-être ne durera pas. Il ne peut prolonger cette situation invivable

Cette situation sans issue, est le début d’un processus d’individuation comme le disait Carl Gustav Jung. Si l’homme a le courage de vivre cette orientation jusqu’au bout, il deviendra ouvert au « troisième terme » : l’élément inconnu qui viendra bien souvent après une situation très douloureuse. Son Soi exaltera ! Et souvent, comme par enchantement un événement que l’on attendait plus viendra récompenser le Courage.

Rappelons-nous que Dante ne rencontre Béatrice qu’au chant XXVII du Purgatoire, le poète avait d’abord traversé l’Enfer et ses chaudrons.

Toute expérience en ce bas monde à ses raisons et gardons-nous de juger autrui. Il faut arriver à déterminer le véritable rôle du « rival ».

Si l’Amour est une statue que des sculpteurs ont façonnée et dégagée de la pierre brute, il peut aussi lui arriver par un acte maladroit de chuter au sol et de se briser. Alors en suivant les lignes de force de la brisure, les Amants peuvent reconstruire l’œuvre, mais il faut pour cela beaucoup d’humilité et réapprendre les gestes les plus anodins. L’Amour naît souvent d’un certain nombre de facteurs mêlés en proportions variables et meurt malheureusement dans des conditions généralement beaucoup plus complexes (ou plutôt que nous efforçons de rendre tortueuses).

En guise de conclusion

L’Amour dans ce vingt et unième siècle où tout semble avoir été découvert est la dernière Terra Incognita du voyageur.

Il est comme nous le dit Rainer Maria Rilke l’ultime combat :

« Avoir de l’Amour d’un être humain à un autre : c’est peut-être le plus difficile… c’est l’extrême, c’est l’ultime preuve, la mise à l’épreuve, c’est le travail pour lequel tout autre travail n’est que préparation… Nous tenir toujours au plus difficile… croyez-en un amour qui se conserve… comme un héritage ; ayez confiance. »

Ne cherchez pas à être le premier pour l’être que vous aimez, priez pour être le dernier, celui qui sera l’Amour de sa vie présente, qui le soutiendra, et, sera là lors du grand voyage où le premier des deux qui partira, préparera la couche nuptiale pour les véritables épousailles aux îles Bienheureuses.

Et surtout, n’attendez pas, AIMEZ, demain, il est déjà trop tard.

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L’Amour Magique, Claude Jousseaume

Illustration par Lumapoche de Pixabay

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