Le cabinet de réflexion ou la caverne alchimique

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Le cabinet de rĂ©flexion ou la caverne alchimique par Marcos Drake. 

Le profane qui demande Ă  ĂȘtre initiĂ© aux mystĂšres de la Franc-Maçonnerie peut-il imaginer ce qui l’attend et les Ă©preuves que celui-ci devra surmonter afin de recevoir la lumiĂšre ? Non, mais son instinct lui laisse entrevoir un « changement », une « transmutation » qui se prĂ©pare au plus profond de lui. Le chemin qu’il vient de prendre c’est celui de l’Initiation, du latin Initiare qui veut dire commencer, car c’est bien une quĂȘte initiatique que celui-ci vient d’entreprendre. Pourquoi cherche-t-il Ă  ĂȘtre InitiĂ© ? Peut-ĂȘtre que son inconscient, fil conducteur de la plupart de ses actions, au travers d’un imperceptible murmure, que seul celui qui Ă©coute avec son cƓur peut espĂ©rer entendre, lui a rĂ©vĂ©lĂ© le but ultime de l’« Homme » : la PURIFICATION. En effet, l’Initiation c’est la purification, purification de l’« Homme Cosmique » qui aprĂšs le drame de la Chute Ă©dĂ©nique, entraĂźnant sa propre destruction, cherche Ă  se rĂ©gĂ©nĂ©rer afin de rĂ©intĂ©grer le paradis perdu.

La premiĂšre Ă©preuve que le profane vivra pour entrer en Franc-Maçonnerie sera celle du cabinet de rĂ©flexion, nom Ă©trange qui cache une pratique bien plus ancienne que la Maçonnerie elle-mĂȘme. Le cabinet de rĂ©flexion est Ă  mon sens, une des Ă©preuves les plus importantes sur le chemin de l’Initiation, car c’est en son sein qu’il faudra « procĂ©der Ă  une sorte de dĂ©crassement intellectuel et moral ayant pour but de dĂ©barrasser l’esprit de tout ce qui empĂȘche la lumiĂšre de parvenir jusqu’à lui » [1] Le cabinet de rĂ©flexion utilise le langage universel de la symbolique, afin de faire vivre au profane sa premiĂšre Ă©preuve, qui est celle de la terre. Il est Ă©crit quelque part dans la Bible « tu es sorti nu du ventre de ta mĂšre et tu retourneras nu dans le ventre de la terre. Tu n’emporteras rien en mourant, tu n’emporteras pas tes richesses avec toi », et en effet, avant que le profane ne rentre dans le cabinet de rĂ©flexion, on lui demande de se dĂ©faire de son argent et de dĂ©poser tous ses objets mĂ©talliques. À l’intĂ©rieur du cabinet de rĂ©flexion, le profane dĂ©couvrira plusieurs symboles Ă©voquant la mort, puis le postulant est invitĂ© Ă  rĂ©diger son « testament philosophique » car Ă  cet instant prĂ©cis il va mourir Ă  sa vie profane, mais avant de renaĂźtre et de vivre pleinement sa seconde naissance, il se doit de faire un bilan et de rĂ©pondre par Ă©crit Ă  trois questions : Quels sont les devoirs de l’homme envers lui-mĂȘme ? Quels sont les devoirs de l’homme envers Dieu ? Quels sont les devoirs de l’homme envers l’humanitĂ© ?

Dans cet Ă©troit cabinet de rĂ©flexion, aux murs peints en noir, dont la seule source lumineuse se trouve ĂȘtre une simple bougie dont la flamme vacille lentement, le profane, une fois que le bandeau lui est retirĂ©, se trouve rapidement confrontĂ© aux nombreux symboles et inscriptions qui l’entourent. Puis peu Ă  peu, il dĂ©couvre un autre symbole, dont aucun support matĂ©riel ne peut exprimer la prĂ©sence et qui pourtant est le plus important des symboles : le SILENCE. Il est dit que « quand se taisent les bruyantes passions du monde, le cherchant peut enfin Ă©couter », ainsi le profane est invitĂ© Ă  faire le silence, afin qu’il puisse Ă©couter au plus profond de lui-mĂȘme les paroles de sagesse que lui inspire son cƓur. Le cabinet de rĂ©flexion est comme une caverne alchimique oĂč se dĂ©roule un rite de purification, une matrice dans laquelle notre ĂȘtre renaĂźtra purifiĂ©, c’est un lieu oĂč, si nous y passions plusieurs jours, nous pourrions y atteindre l’illumination intĂ©rieure. Lorsque le profane aura fait le silence sur les passions du monde qui l’entoure, et que par un savant contrĂŽle de sa respiration il aura atteint une tranquille mĂ©ditation, alors il commencera Ă  devenir sensible aux messages qui l’entourent.

Face Ă  lui, une inscription Ă©nigmatique l’invite Ă  un voyage au plus profond de lui-mĂȘme, et sans mĂȘme le savoir il s’y prĂȘtera, guidĂ© dans sa dĂ©marche par le rythme du silence. V.I.T.R.I.O.L, Ă©nigme indĂ©chiffrable, dont le profane ne comprendra intellectuellement le sens que bien plus tard, mais Ă  cet instant prĂ©cis, lorsqu’il se trouve dans l’Ɠuf primordial, caverne alchimique aux pouvoirs de transmutations infinis, son inconscient n’aura aucune peine Ă  comprendre cette inscription dont la valeur alchimique ne fait plus aucun doute. Les sept initiales, V.I.T.R.I.O.L, sont la rĂ©vĂ©lation de l’opĂ©ration du Grand ƒuvre, aide -mĂ©moire indispensable au profane, comme Ă  l’InitiĂ©, car il rĂ©vĂšle le processus alchimique de la transmutation de l’ĂȘtre comme des mĂ©taux. V.I.T.R.I.O.L, septĂ©naire mystĂ©rieux dont le sens dĂ©voilĂ© rĂ©vĂšle une parfaite connaissance des processus qui mĂšnent Ă  l’éveil, « Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem » : « Visite l’intĂ©rieur de la terre, et en rectifiant tu trouveras la pierre cachĂ©e ». Cette pierre que le profane doit trouver n’est autre que la pierre philosophale des alchimistes, et celle-ci se trouve au plus profond de chacun d’entre nous, elle ne se dĂ©voile qu’à ceux qui par un travail intĂ©rieur sincĂšre, sont arrivĂ©s au parfait Ă©quilibre pour ne faire qu’un : « Omnia ab uno, omnia ad unum », « Tout procĂšde de l’UnitĂ©, tout tend vers l’UnitĂ© ».

Le ternaire alchimique est Ă©galement prĂ©sent, car indispensable au processus alchimique de formation de la pierre philosophale. Le Sel, le Soufre, et le Mercure expriment ensemble le vĂ©ritable Ă©quilibre, auquel le profane doit tendre afin de se rĂ©gĂ©nĂ©rer. Le Soufre reprĂ©sente l’énergie expansive, principe actif masculin et le Mercure reprĂ©sente l’énergie attractive, principe passif fĂ©minin, tandis que le Sel qui rĂ©sulte de l’action du Soufre sur le Mercure, est neutre, rĂ©sulta des deux principes, il est donc l’agent Ă©quilibrant, comme l’exprime avec perfection son symbole, un cercle divisĂ© en deux par une diagonale qui le traverse, image parfaite de l’équilibre.

Le sablier qui se trouve posĂ© devant le profane, est un attribut de Saturne, il symbolise le temps, il reprĂ©sente sur le plan matĂ©riel, donc terrestre, le temps qui s’écoule et qu’on ne peut inexorablement pas arrĂȘter, chaque grain de sable qui tombe nous rapprochant irrĂ©versiblement du jour de notre mort. Le sablier reprĂ©sente encore autre chose, qui pour le profane n’est peut-ĂȘtre pas tout de suite perceptible, ce qui n’enlĂšve rien Ă  sa force Ă©vocatoire, car le sablier qui a tout pouvoir sur le plan terrestre ( matĂ©riel ), n’en a aucun sur le plan astral ou cosmique. Ce qui signifie, qu’une fois l’homme libĂ©rĂ© des chaĂźnes matĂ©rielles du temps terrestre, il pourra enfin rĂ©intĂ©grer le temps initial, c’est-Ă -dire celui du commencement, de la crĂ©ation, l’instant primordial d’avant la chute, lĂ  ou le pĂ©chĂ© et les servitudes n’existaient pas.

Pour que ce rite de vie et de mort puisse ĂȘtre efficace et aboutir Ă  la purification du profane, il lui faut encore un puissant symbole, un « tĂ©moin » psychique permettant de relier les vivants aux morts, un lien puissant exprimant la chaĂźne ininterrompue entre les MaĂźtres passĂ©s Ă  l’Orient Eternel et le profane qui aspire Ă  reprendre le flambeau en devenant Franc-Maçon Ă  son tour. Ce « tĂ©moin » psychique est un vĂ©ritable crĂąne humain posĂ© prĂšs du profane, et devant lui se trouve Ă©crit ces mots : « J’étais ce que tu es, tu seras ce que je suis ! », des mots lourds de significations. Ce crĂąne, rĂ©ceptacle des forces supĂ©rieures, transmettra alors un dernier message au profane, comme le faisaient autre fois les tĂȘtes de mort parlantes qui enseignaient aux vivants. Elle lui dira : »Ce que tu vas voir, je l’ai dĂ©jĂ  vu ; ce que tu vas vivre, je l’ai dĂ©jĂ  vĂ©cu ; ce que tu vas entendre, je l’ai dĂ©jĂ  entendu, je suis « la rĂ©alitĂ© telle qu’elle apparaĂźt dĂ©pouillĂ©e de son dĂ©cor sensible ; la vĂ©ritĂ© brutale, privĂ©e du voile des illusions », (O. Wirth) alors courage et bonne route ! Mais dans cette demeure alchimique, le crĂąne possĂšde encore un autre secret, qui n’apparaĂźt qu’au moment dĂ©licat de la sublimation alchimique, c’est celui du Caput mortem, lorsqu’il faut couper la tĂȘte, Caput mortem, afin de voir apparaĂźtre le cygne blanc, thĂšme alchimique de la putrĂ©faction. Mourir pour renaĂźtre Ă  nouveau, c’est une loi universelle : « En vĂ©ritĂ©, je vous le dis, si le grain de blĂ© qui est tombĂ© en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruits » (Jean 12 : 24). Puis le profane, qui peu Ă  peu sortira de sa profonde mĂ©ditation, lĂšvera les yeux vers le Coq, symbole solaire qui lui annoncera la fin de sa nuit Ă©ternelle, et le triomphe prochain de la lumiĂšre sur les tĂ©nĂšbres.

Plus sur le sujet :

Le cabinet de rĂ©flexion ou la caverne alchimique, Lausanne, le 05 juillet 2005 Par Marcos Drake. Article extrait d’un livre Ă  paraĂźtre de Marcos Drake.

Image par Ann Black de Pixabay

[1] Oswald Wirth, L’apprenti.

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