Le Nom pluriel d’Elohim

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Le Nom pluriel d’Elohim par Roland Bermann. 

De nombreux textes sur la Kabbale viennent de nous ĂȘtre transmis. Cela m’incite Ă  vous faire part de cette brĂšve analyse personnelle sur : Le Nom pluriel Élohim.

Roland Bermann

Tous les Ă©crits traditionnels, qu’il s’agisse du corpus zoharique, des textes de MaĂŻmonide, des Ă©crits plus rĂ©cents des mystiques et penseurs d’Europe Centrale, donnent comme signification premiĂšre au Nom divin Élohim : MaĂźtre de toutes les forces. Ils le considĂšrent comme un homonyme pour toutes les forces particuliĂšres existant dans la nature alors que le Nom TĂ©tragramme YHVH caractĂ©rise la source de ces forces. Hayyim de Volozhym, faisant rĂ©fĂ©rence aux anciens commentaires, Ă©crit dans L’Ăąme de la vie (p. 137) « Ă‰lohim se dit d’une force particuliĂšre qui Ă©mane de Dieu, tandis que YHVH se dit de la source de toutes les forces qui Ă©manent de lui Â».

Le Nom pluriel d'Elohim
Menorah – Le Nom pluriel d’Elohim

Le nom divin de forme pluriel Élohim apparaĂźt dĂšs le premier verset de la GenĂšse oĂč il incarne le Nom dans la crĂ©ation. Il y figure donc comme un dĂ©terminatif de toutes les forces. Ce Nom sera celui des attributs de la rigueur et de la justice alors que le Nom TĂ©tragramme sera celui de la MisĂ©ricorde rĂ©sidant dans l’Unique. Ce Nom Élohim est celui des infinies possibilitĂ©s de perceptions, cet ensemble indĂ©fini des modalitĂ©s incluses dans l’unitĂ©, perceptions qui ne vont dĂ©pendre en rĂ©alitĂ© que de l’homme, sa libertĂ© Ă©tant de percevoir ou de ne pas percevoir, de recevoir ou de ne pas recevoir. L’approche unitaire, c’est-Ă -dire la comprĂ©hension synthĂ©tique de la multiplicitĂ©, comprĂ©hension qui ne dĂ©pend plus de la logique ni du raisonnement discursif ne peut ĂȘtre issue ces deux mĂ©thodes. Elle ne peut ĂȘtre donnĂ©e qu’Ă  celui qui cherche et qui persĂ©vĂšre, ainsi qu’il est Ă©crit en Proverbes (4,20-22) : « Sois attentif Ă  mes paroles (l’Écriture ou Loi Ă©crite), prĂȘte l’oreille Ă  mes discours (la Tradition ou Loi orale). Qu’ils ne s’Ă©cartent pas de tes yeux, garde-les au fond de ton coeur, car c’est la vie pour ceux qui les trouvent Â».

Hayyim de Volozhym revient souvent sur ce thĂšme et explique notamment (p. 143) « Dans le rĂ©cit de la CrĂ©ation, Ă  propos des Dix Paroles crĂ©atrices, on ne mentionne que le Nom Élohim. Chaque parole est le maĂźtre de la force de la chose ainsi créée, ainsi que de toutes les espĂšces qu’elle contient. Elle est le Nefesh qui se rĂ©pand Ă  l’intĂ©rieur des ramifications de ses diverses parties Â». Il prĂ©cise que quand il est Ă©crit « Ă‰lohim crĂ©a Â» le pluriel reprĂ©sente les aspects multiples de l’Unique, sont dessinĂ©s et l’expansion Ă  venir et la condensation ou rĂ©intĂ©gration qui devra la suivre.

Il faut d’ailleurs noter qu’il existe une Ă©quivalence guĂ©matrique devenue classique : Élohim = ha-tĂ©va (la nature) que les kabbalistes ne se sont pas fait faute d’utiliser pour argumenter le fait que ce nom dĂ©signe toutes les forces particuliĂšres s’exerçant dans le monde et qui, sous forme d’attributs, seront utilisĂ©es comme des noms divins. On le trouve frĂ©quemment adjoint au nom TĂ©tragramme YHVH dans l’expression « l’Eternel-Dieu Â». Ces deux noms, ainsi juxtaposĂ©s comme c’est le cas aux chapitres deux et trois de la GenĂšse, rassemblent alors en eux la totalitĂ© des qualificatifs tentant d’exprimer le divin.

L’affirmation d’identitĂ© des deux noms est Ă©crite au verset 4,39 du DeutĂ©ronome, verset utilisĂ© comme rĂ©fĂ©rence : « IHVH hou haElohim » (IHVH est l’Elohim). Ce qui est lu, dans l’une de ses nombreuses interprĂ©tations, comme signifiant : intĂšgre le nom Élohim dans le Nom IHVH pour comprendre qu’ils sont un et indivisibles. (cf. Zohar I,12a). Ce verset est considĂ©rĂ© comme l’un des 613 commandements de la Loi et sera repris par le christianisme dans la formule du Credo : « Je crois en un seul Dieu… Â». Nous devons remarquer qu’il y est Ă©crit « Ha-Elohim Â», l’Élohim, ramenant ainsi la multiplicitĂ© des manifestations Ă  l’unitĂ© en caractĂ©risant un nom pluriel par un article singulier. Le terme « hou Â» peut se traduire soit par « lui Â» ou par « lui-mĂȘme Â», soit par le verbe ĂȘtre ; divergences de traductions qui ne changent pas le sens gĂ©nĂ©ral de l’expression, mais peuvent en modifier le sens analytique. En tant que « Lui Â» il est souvent utilisĂ© comme nom divin (par exemple DeutĂ©ronome 32,39) « car moi seul je suis Lui ».

Remarquons que le nom « Ă‰lohim Â» apparaĂźt trente-deux fois dans le premier rĂ©cit de la crĂ©ation, jusqu’Ă  son achĂšvement dans le septiĂšme jour au second verset du deuxiĂšme chapitre. Ce nombre, comme mis en Ă©vidence, est, celui de Leb, le coeur (Lamed-Beith, derniĂšre et premiĂšre lettres du Pentateuque), tout comme il est celui des Sentiers de la Sagesse. C’est pourquoi il est dit, dans le Zohar, que les forces divines qui animent et assurent l’existence permanente des mondes et de la nature sont au nombre de trente-deux et qu’elles sont rĂ©vĂ©lĂ©es par ce Nom, centre et coeur de la crĂ©ation. Mais ce nombre est aussi celui de la Gloire divine, Kavod, qui se manifestera par la PrĂ©sence dans l’Arche puis dans le Temple et est l’une des appellations de la ShĂ©kina. Ce rapport implicite entre coeur et Élohim confirme, s’il en est besoin, que la voie de pĂ©nĂ©tration de la comprĂ©hension de l’unitĂ© est celle du coeur et non celle de l’intellect. Par la formulation plurielle de ce nom, il faut comprendre dieux non au sens d’une pluralitĂ© de dieux, mais au sens des sept aspects fondamentaux et insĂ©parables de l’unique CrĂ©ateur, ces sept aspects fondamentaux symbolisĂ©s dans les sept jours de la GenĂšse, ces sept aspects manifestĂ©s dans et au travers des sept sĂ©phiroth de la crĂ©ation cosmologique se rĂ©fĂ©rant Ă  Binah. Ce sont les aspects prototypiques impliquĂ©s dans la manifestation de l’Unique. Ils sont la septuple manifestation, le septiĂšme jour Ă©tant celui du repos (ou retrait) qui n’est autre que le lieu immobile et Ă©ternel, le point ontologique tout Ă  la fois prĂ©sent et retirĂ©, immanent et transcendant, l’axe fixe et permanent de la CrĂ©ation englobant l’ensemble de ses niveaux. Si Élohim en venait vraiment Ă  ĂȘtre lu comme pluriel et que, ce faisant, l’homme se l’approprie pour en faire « ses dieux Â» – ce qu’il fait plus ou moins consciemment dans son quotidien en consacrant toute sa force, toute son Ă©nergie et sa pensĂ©e Ă  la matĂ©rialitĂ© du monde et Ă  ses exigences, sans plus faire la part de l’essentiel – alors nous retrouverions l’Ă©pisode du veau d’or d’Exode 32 : « Fais-nous des dieux… Â» (Ex. 32,1), chapitre que le Zohar prend comme illustration : « Les hommes qui faiblirent au moment du veau d’or dirent, en rapport avec ce secret : VoilĂ  tes dieux IsraĂ«l Â». LittĂ©ralement : Exode 32,8 Ceux-lĂ  : tes dieux IsraĂ«l. Eleh EloĂ©ikha

C’est l’image de la faute qui consiste Ă  briser le Nom pour en ĂŽter le Qui ? (Mi) du nom Élohim en isolant « ceux-là » (Eleh).

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Le Nom pluriel d’Elohim, Roland Bermann, auteur du livre Voie des lettres, voie de sagesse, les lettres ont leurs mots Ă  dire, paru aux Ă©ditions Dervy. Texte reproduit avec l’autorisation de l’auteur. Image par beate bachmann de Pixabay

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