Kabbalistiques interrogations

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Kabbalistiques interrogations par Spartakus FreeMann. 

Tout a commencé il y a quelques années, avec la rencontre d’un personnage quelque peu mystérieux qui parlait de la Kabbale comme étant « la » clé de l’ésotérisme occidental. Mathieu avait étudié l’hébreu, les maîtres kabbalistes, le Rashi, et manifestait un penchant quasi sensuel pour les jeux de lettres et de mots, ainsi qu’une passion pour le Cantique des Cantiques. Cette rencontre sera l’instant « t » de mon entrée dans le Pardes [1]. Entrée frileuse tout d’abord, car le paysage qui s’annonçait tenait plus de Dali que de Rembrandt. Où commencer, par où s’engager ? Des noms inconnus aux sonorités exotiques et bizarres, des titres laissant ouvertes toutes les suppositions, des concepts ayant tendance à se multiplier au cours des lectures, aux implications tout aussi déroutantes que leur définition… J’eus peur de n’y rien comprendre. Je pouvais laisser tomber et reprendre ma vie et mes études telles qu’elles étaient l’instant d’avant. Mais non, j’ai continué et j’ai commencé à dévorer quantité d’ouvrages portant sur la Kabbale, avec toujours cette idée qu’il y avait quelque chose d’important à y découvrir.

Kabbalistiques interrogations

J’eus la malchance de débuter par les ouvrages d’Haziel. Vous savez, ces gros livres bruns édités chez Bussière, qui parlent des anges, de la Kabbale antique, du Tarot kabbalistique… La belle affaire ! J’ai failli tout laisser tomber. Je me disais « Ce n’est pas ça la Kabbale quand même ? ». Eh bien non, ce n’est pas ça. La kabbale ne se réduit pas à psalmodier des phrases barbares dans le but de communiquer avec les puissances angéliques. Mais pour m’en assurer, il me fallut aborder d’autres rivages, des auteurs plus classiques tout d’abord, Eliphas Lévi, Papus, puis enfin le site Internet de Virya qui me permit de découvrir une Kabbale plus ouverte, bien que toujours farcie de noms bizarres et d’expressions cryptiques, telles que Parzuf, Sephiroth, Sephirah, Arikh Anpin… Les ouvrages qui tombèrent entre mes mains à l’époque furent La Kabbale Extatique de Virya et L’homme et l’absolu de Shaya. Deux ouvertures, deux lumières dans l’obscurité de la kabbalistique bibliothèque. Ils me permirent également de résister à la tentation du vernis kabbalistique pour épater la galerie.

Il y eut aussi une autre rencontre, tout aussi déterminante que la première. Grâce à Internet, j’eus la chance de tomber – et le mot n’est pas choisi au hasard – sur Prospéro. Anarchiste voyageur et kabbaliste, ce qui m’offrit l’opportunité d’échanger avec un véritable amoureux de la science kabbalistique. Je trouvai chez lui la même fougue dans l’étude des textes, la même passion dans l’explication et la dialectique que chez Mathieu. Et la même verve aussi pour me sermonner lorsque je filais des délires infondés sur Aboulafia et la Kabbale extatique : « Tu ne peux pas dire n’importe quoi, il faut agir en bonne intelligence avec le texte. Or, si tu ne lis pas l’hébreu comment peux-tu appréhender l’essence d’Aboulafia ? ». J’ai donc commencé à apprendre les rudiments de la grammaire et surtout à pénétrer l’univers féerique des lettres. Ce nouveau défi a constitué le véritable début de mes études kabbalistiques.

La rencontre avec Prospéro a également été le point de départ du Portail Kabbale en Ligne. Moment d’échange entre le kabbaliste et le joueur d’internet. Prospéro fournissait la matière tandis que je lui donnais corps grâce au langage PHP et HTML.

Le site fête cette année ses 7 ans d’existence. Il est né du désir de partager et communiquer un savoir d‘accès certes difficile, mais qui sait se révèler passionnant dès lors qu’on ose en franchir le seuil.

Pourquoi la Kabbale ?

La Kabbale est une méthode, une discipline et une infinitude. Méthode, car elle propose un système cohérent d’appréhension du monde et du divin. On pourrait dire que l’essence de cette méthode réside dans le dialogue perpétuel de l’étudiant et du texte. L’interaction est constante à chaque moment de l’étude et de la progression. Le texte marque son empreinte dans l’étudiant tandis qu’il l’interprète selon sa propre vision du monde et sa sensibilité.

La discipline réside dans le sérieux nécessaire à l’étude — sérieux ne signifiant pas acceptation d’un dogme figé ni répétition du déjà connu, mais également dans l’éthique que l’étudiant se doit d’adopter. Le chemin est long et la vie est courte. Il y a donc des choix à faire, des priorités. Commencer l’étude de l’hébreu exige de la patience et du temps, l’étude des textes exige plus de temps encore, et le travail des lettres requiert une application absolue. Il serait vain de penser pénétrer le cœur de la kabbale en l’abordant comme un passe-temps ou un loisir d’oisif.

Par ailleurs, la Kabbale est une finalité, mais non une fin en soi. Elle peut être le moyen d’atteindre le divin, qu’il soit en nous ou au-delà, mais c’est avant tout une boîte à outils. À quoi servirait-il de savoir manier le ciseau si l’on ne sculpte pas ? La Kabbale cependant est une finalité dans le sens où elle promet une forme de plénitude. On cherche à y exceller comme dans un art. La finalité de l’art est l’œuvre ; la finalité de la Kabbale est de se découvrir et de découvrir les visages cachés de notre monde.

En un mot, la Kabbale est, à notre sens, un moyen artistique de création perpétuelle, d’une création en perpétuel devenir.

Il est inutile d’étudier la Kabbale en pensant y trouver le moyen d’acquérir des pouvoirs supra-humains, ou en espérant contraindre l’archange Gabriel à passer l’aspirateur à sa place. La Kabbale n’est pas non plus un moyen d’édification intellectuelle, ni une manière élégante de briller dans les salons. La Kabbale n’est pas une porte vers le n’importe quoi, n’importe comment. La Kabbale n’est pas le reposoir des espoirs ineptes d’occultistes en mal de sensations fortes, aimant à ânonner des phrases incompréhensibles à leur intellect.

La Kabbale est un moyen et un outil artistique permettant d’instaurer un dialogue entre soi-même et le Texte, entre soi-même et Dieu si l’on veut, ou encore entre soi-même et le monde.

La Kabbale est-elle soluble dans l’occultisme ?

Le lecteur curieux désirant entrer dans l’univers de la Kabbale, sera tout d’abord confronté à une foule d’ouvrages occultistes, dans lesquels il pourra se perdre aisément tant « les » kabbales, orthographiées de dizaines de façons différentes, sont nombreuses et contradictoires. Il fera ainsi connaissance avec la Cabale des Rose-Croix, la Kabbale astrologique, la Kabbale du Tarot, la Qabal d’auteurs qui ne savent pas lire l’hébreu, mais en parlent tout au long d’un livre de 500 pages, la Kabbale des anges gardiens, la Kabbale magique, honteusement plagiée et mixée avec des éléments de magie chrétienne voire avec de la sorcellerie de campagne, la Kabbale philosophique, la Kabbale cryptique, la Kabbale des Illuminati… Le chemin est long avant d’arriver à la Kabbale hébraïque tout court.

Mais si ces bons auteurs brassent de la kabbale à tout va, c’est sans doute qu’elle est liée à la magie ? C’est du moins ce qu’ont l’air de laisser penser la plupart des ésotéristes.

Tout d’abord, la Kabbale se pratique en hébreu, et comme nous le savons tous, l’hébreu c’est magique, lisons Crowley pour nous en convaincre. Pas de magie sérieuse, pas de rituel du pentagramme ou de l’hexagramme sans les Noms Divins, qui sont par nature hébreux et donc kabbalistiques. Même chose pour la magie angélique ou théurgique, on doit y trouver la Kabbale pour que cela ait l’air sérieux.

La Kabbale serait donc la marque de qualité de toute pratique se voulant sérieuse, millénaire et efficace. Cela signifie-t-il pour autant que la Kabbale avalise de facto ces doctrines occultes ? Ou que la Kabbale est une branche de l’occultisme ? Non, pas à notre sens du moins. Que la kabbale ait influencé ces courants n’implique pas qu’elle en participe intimement. On peut certes étudier le rôle de la Kabbale dans les courants magiques et/ou occultistes, mais nous ne le ferons pas, d’autres l’ayant fait avant nous et mieux que nous ne pourrions le faire ; par ailleurs, cet engouement risquerait d’être réducteur.

La lecture d’ouvrages occultistes est édifiante à ce sujet, d’une façon quasi systématique, la Kabbale est décrite comme n’étant qu’une branche, tantôt principale, tantôt secondaire, de la magie ou de l’occultisme. Les thélémites sont persuadés, selon les enseignements de leur maître, Aleister Crowley, que la Kabbale est une clé de Thelema, un outil didactique et magique, ce qui a pour conséquence qu’ils évacuent toute la spiritualité propre à la Kabbale pour n’en retenir que les surgeons les plus bizarres. Passés à la trappe aussi toutes les finesses des textes des kabbalistes, on ne retient que le phénoménal, l’extraordinaire. L’autre alternative consiste à livrer une vision réduite de la Kabbale qui ne servirait que de connaissance accessoire au corpus occultiste.

Nous avons toujours essayé d’éviter ce poncif voulant que la Kabbale soit un incontournable des salons occultistes. Car, soyons clairs, la quête de pouvoirs magiques fait sortir ipso facto du cadre de la Kabbale, ou du moins de la Kabbale hébraïque. Non que la magie en soit exclue, mais elle n’en représente qu’une des branches secondaires. On peut réaliser des qameoth (talismans) afin d’agir sur le monde, ou encore tirer des lettres comme on le ferait avec un Tarot dans un but de divination, on peut psalmodier des psaumes ou girer l’alphabet pour atteindre des états de conscience modifiés, on peut enfin lire le Sepher Raziel et s’essayer à certains de ses arcanes.

Mais se focaliser sur ces pratiques revient à oublier le reste, c’est-à-dire le plus important. La Kabbale a son système propre, sa méthodologie et ses finalités propres. Se perdre dans des labyrinthes magiques tapissés d’invocations en hébreu peut être intéressant à condition de se rappeler qu’on pratique alors la magie, et non la Kabbale.

Pour le dire autrement, lorsque l’on étudie la Torah et les écrits des Rabbis, lorsque l’on cherche son chemin dans l’Arbre de Vie selon la méthodologie kabbalistique, alors on est un kabbaliste. Lorsqu’on utilise la Kabbale dans un autre système, alors on est un occultiste.

C’est pourtant le risque à l’heure actuelle, voir la Kabbale avalée purement et simplement par la magie et plus particulièrement par l’occultisme. Prenons l’exemple de la Golden Dawn, ce système qui a influencé plus que tout autre l’occultisme contemporain, on y découvre des éléments kabbalistiques employés comme outil avec une finalité propre à la Golden Dawn. L’ascension de l’Arbre de Vie, par exemple, est utilisée pour symboliser la progression personnelle et l’ascension au sein du système. Il ne s’agit donc pas de la Kabbale, mais d’un système qui utilise des outils de la Kabbale. Or, il convient de ne pas confondre outil, objet et finalité.

Kabbale et dérives sectaires

Un danger de confusion bien plus grave a émergé dans les années 80. Un certain Philip Berg, autoproclamé rabbin, après avoir administré un « Centre de la kabbale » à Tel-Aviv suffisamment louche pour éveiller la suspicion des autorités religieuses locales, décide de se lancer sur le marché américain. Retourné dans sa patrie, il installe ses bureaux à Los Angeles, où il découvre toute une réserve de pigeons prêts à plumer : les stars d’Hollywood. Et voilà la Kabbale en première page des journaux américains, Madonna et Britney Spears s’étant prises de passion, non pour l’hébreu ni pour l’étude du texte biblique, mais pour une doctrine où il suffit de passer une main sur le texte pour que les bienfaits en soient immédiatement dispensés !

Mais évidemment pour cela, il faut payer. Car à défaut d’étudier, le Centre de la Kabbale vous propose d’acquérir des gadgets destinés à « obtenir des changements positifs et rapides dans votre vie » ; on vous propose également d’être initié aux secrets de l’astrologie, de la réincarnation et de la guérison miraculeuse, sans oublier que vous pouvez acheter les nombreux livres des époux Berg ou encore acquérir l’étendard de cette croisade hollywoodienne, le fameux « red string », ce cordon rouge censé éloigner le mauvais œil de celui qui le porte.

Précisons que si le Judaïsme et la Kabbale permettent l’utilisation de segulah (talismans consacrés par un rav ou un rabbin), ceux-ci ne sont pas idolâtrés et ne font jamais l’objet d’un délire éroto-commercial comme celui qui nous occupe ici.

Le besoin de porter sur soi un symbole pour se sentir mieux ou pour témoigner de sa foi n’est en rien condamnable. Le problème, avec ce commerce des cordons rouges, c’est qu’il tend à dénaturer une tradition séculaire pour en faire un produit de consommation vulgaire. Le soi-disant enseignement spirituel est en réalité fondé sur des pratiques superstitieuses, avec notamment pour conséquence de fourvoyer ceux qui pourraient trouver dans la Kabbale un cheminement vivifiant.

Le Centre de la Kabbale est actuellement dans le viseur des associations anti-sectes. N’ayant pas le dossier sous les yeux, il me serait difficile d’estimer la dangerosité du mouvement, mais ce qui est certain c’est que la fortune du dirigeant de cette association s’annonçant comme « à buts non lucratifs » s’élève à plusieurs millions de dollars. Ainsi que le formule Alain Chouffan, dans un article du Nouvel Observateur :

« En lui ôtant sa complexité et son contenu spirituel, Berg a réduit la kabbale à une série de « maximes de sagesse correspondant aux attentes d’adeptes aussi naïfs que novices ». Ses Centres de la Kabbale ressemblent plus à des supermarchés qu’à des institutions de religion. En effet, faire des affaires est bien la principale motivation de Rav Berg. Le célèbre ruban rouge, signe de ralliement de ses adeptes, est vendu 26 dollars sur le site Internet » [2].

Mais peut-être que le Centre de la Kabbale que l’exemple le plus flagrant des dérives inévitables dès lors que l’on touche au domaine de la foi ? Il est facile de s’autoproclamer « élu de dieu » ou de faire dire à un texte sacré ce que l’on désire y trouver. Comme les autres voies mystiques, la kabbale peut être la porte ouverte aux gourous, aux intégristes, aux interprétations servant telle ou telle idéologie, aux fous et aux charlatans. Il convient de toujours rester sur ses gardes confronté à un groupe ou à une doctrine et de savoir, ainsi que la kabbale le réclame par ailleurs, décrypter le discours sous le discours.

La kabbale, c’est quoi ?

Le mot Kabbale est dérivé du verbe Q-B-L (קבל) qui signifie recevoir, accueillir. Ce que l’on reçoit, c’est la Sagesse d’En Haut. Les kabbalistes rapportent plusieurs origines légendaires de leur art, dont l’une raconte que la sagesse fut révélée à Moïse sur le mont Sinaï, en marge de la Loi Écrite, le Pentateuque (Torah). Une autre dit qu’Adam a reçu de l’ange Raziel un livre sur la Création et un autre sur la Merkava (le char céleste grâce auquel l’homme est censé accéder au divin).

Le livre sur la Création (Ma’asse Bereshit) se référerait aux forces naturelles et surnaturelles qui régissent notre monde. Le Ma’asse Merkava ne se référerait qu’aux mondes spirituels précédant notre monde matériel.

Adam aurait eu la faculté de voir d’un bout à l’autre du monde ainsi que de connaître le présent et le futur. Il vit ainsi que David ne pourrait vivre longtemps et de ce fait il lui donna 70 ans de sa vie. Adam qui devait vivre 1000 ans ne vécut ainsi que 930 ans. Lorsqu’il consomma du fruit de l’Arbre de la Connaissance (Etz HaDaat), il ne put retourner à l’Arbre de Vie (Etz HaHaim). Il perdit ainsi une partie de la connaissance que lui avait transmise l’ange Raziel. Ce qui en restait, il le transmit à ses enfants, puis à Hénoch et ensuite à Noé. Noé l’a transmis à Chem qui l’a transmis à Eber. Chem et Eber fondèrent un Beth-Midrach (un lieu d’étude). C’est dans celui-ci qu’alla étudier Abraham, qui transmit ensuite son savoir à Isaac, et Isaac à Jacob.

Ce ne sera qu’au début du IIe siècle de notre ère qu’apparaîtra en Palestine le rabbi Siméon Bar Yo’Hai, auteur présumé du Sepher ha-Zohar (Le Livre de la Splendeur). Et ce ne sera qu’un millénaire plus tard que se développera dans le Midi de la France le mouvement kabbalistique, avant de s’épanouir en Espagne. Il atteint son apogée à Safed (Galilée) au XVIe s. avec Cordovero et Louria.

La kabbale est la science de l’être par excellence. Elle est basée sur l’idée que le mot contient l’essence de la chose. Pour les kabbalistes, la connaissance du nom induit la connaissance de la chose elle-même. Ainsi, connaître le nom de Dieu reviendrait à connaître Dieu lui-même.

Pour comprendre ce principe, il faut remonter à l’origine du monde : C’est avec 10 paroles que Dieu créa l’univers. En hébreu, parole se dit DAVAR, ce qui signifie « chose, parole, affaire ou ordre ». Ce qui est nommé acquiert existence et de là, nous pouvons déduire son corollaire : une chose n’a d’existence que si elle porte un nom.

La Kabbale se différencie de la métaphysique par le fait qu’elle ne se préoccupe pas de savoir si la chose existe, elle ne se questionne pas sur l’être et le non-être. Il suffit que la chose soit. Le kabbaliste ne cherche pas la vérité, mais participe à la vérité par ses actes, s’inscrivant ainsi dans une démarche et un mode de vie spirituels.

La Kabbale étant essentiellement hébraïque, son cadre de référence sera la Communauté d’Israël. La Loi orale a été révélée à Moïse. Les grands maîtres sont juifs. Sa cosmogonie est celle de la Genèse. L’étude de la kabbale passera donc par l’étude des textes sacrés, précisément par celle de l’Ancien Testament.

La kabbale pour autant se résume-t-elle à l’exégèse biblique ? Il est certain qu’un kabbaliste doit lire la Torah, en scruter les moindres recoins afin d’en retirer la substantifique moelle, et passer des heures penché sur certains versets. Cependant, cette étude n’est pas une fin en soi, à moins de vouloir devenir séminariste ou théologien. Il faudra passer outre ce stade afin d’atteindre le cœur de l’étude, à savoir les lettres elles-mêmes. Là réside sans doute l’essence de nos préoccupations, chercher dans le texte de la Torah des traces de lumières qui seront affinées dans l’étude des lettres.

Ainsi, oui il s’agit de lire la Torah et certains livres en particulier (les Psaumes, la Genèse, le Cantique des cantiques), mais non comme des buts en soi, plutôt avec l’idée de dépasser le texte et d’atteindre l’Esprit de la lettre.

Les sages de la Kabbale interprètent l’écriture en suivant 4 méthodes fondamentales dont les initiales forment le mot PARDES (Paradis) :

P — PSHAT qui est « l’interprétation simple », celle du texte dans son sens littéral.

R — REMEZ « allusion » aux sens multiples cachés dans chaque phrase, chaque lettre, signe et point de la Torah.

D — DERACH « exposition » des vérités doctrinales embrassant toutes les interprétations possibles.

S — SOD « secret », initiation à la Hokhmah, Sagesse Divine cachée dans l’Écriture et appelée Hokhmat HaKabala.

Selon la tradition kabbalistique, quatre rabbis entrèrent dans le P.A.R.D.E.S : Ben Azzaï en mourut ; Ben Zouma en sortit fou ; Elisha perdit la foi, car il émit des doutes ; seul Rabbi Akiba en sortit indemne.

L’hébreu offre cette particularité que chaque lettre a une valeur numérique ; le kabbaliste va décrypter des textes sacrés composés de mots, mais en s’appuyant sur leurs valeurs numériques. Ainsi, il opère à partir du sens ontologique des nombres pour retrouver derrière le mot l’image la plus adéquate de la vérité qu’il recèle.

Pour aller plus loin dans les interrogations :

Kabbalistiques interrogations. Extrait de l’ouvrage Introduction à la voie de la kabbale de Spartakus FreeMann, 2008.

Pour en apprendre plus sur la Kabbale, visitez Kabbale en Ligne.

Notes :

[1] Le terme Pardes signifie littéralement « verger » ; il désigne un lieu où l’étudiant de la Torah pourra trouver l’illumination ; l’expression est tirée d’une anecdote mystique et philosophique dans laquelle quatre sages, grâce à leur étude de la Kabbale, entrent dans le Pardes, chacun cependant, évoluant à un niveau de compréhension différent. Les quatre lettres du mot Pardes indiquent les quatre niveaux d’étude des Écritures – voir plus loin dans le texte.

[2] « Sur les pas de Madonna… La kabbale Hollywood », Alain Chouffan, Le Nouvel Observateur décembre 2004.

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