Analyse d’expĂ©riences initiatiques selon l’Alchimie

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Analyse d’expĂ©riences initiatiques selon l’Alchimie par Victor Brayable.

Le verbe en l’homme, mĂ©thode d’analyse initiatique, l’Oeuvre au blanc :

Ce n’est pas une certitude que nous proclamons, ni un dogme que nous Ă©tablissons (alors qu’il devrait ĂȘtre Ă©tablit ontologiquement), lorsque nous nous attachons Ă  construire une pensĂ©e sur l’Etre qui s’émane de nous. Il semble que le voyage de l’ñme dans les diffĂ©rents plan de l’existence constitue une expĂ©rience bien probante quant Ă  l’analyse des rĂ©percutions verticales de haut en bas, de l’énergie divine.

La mĂ©taphysique ne peut ĂȘtre rĂ©solue par l’acte mĂȘme de penser en soi mais par la contemplation du penser « de soi ». La philosophie atteindra donc le mĂ»r de l’entendement plein plus vite que la poĂ©sie en tant que transmission de l’absolu de l’intĂ©rieur, l’extĂ©rieur en l’autre. Le problĂšme de la cosmogonie porte depuis les inquisitions scolastiques un poids d’une lourdeur incommensurablement inaccessible Ă  l’homme dans son Ă©tat individuel, pour ne pas dire actuel. L’analyse gnostique de la place des hypostases entre elles n’est pas fausse mais incomplĂšte par dĂ©finition. En effet, l’homme n’a pas le pouvoir de vision Ă  l’infini et ne peut que s’efforcer Ă  incorporer en projetant par l’esprit des Ă©lĂ©ments Ă  proximitĂ© de l’objet Ă©tudiĂ© sensĂ© ĂȘtre universalisĂ©. La systĂ©matisation Ă©tant de ce fait inutile voir fausse.

C’est la raison pour laquelle notamment, ce type de raisonnement propre Ă  la rĂ©flexion corrĂ©lative a engendrĂ© le concept de dualitĂ© dont sa prĂ©pondĂ©rance a provoquĂ© la mort de la philosophie en tant que telle. Nous soulignons donc qu’il est nĂ©cessaire d’ĂȘtre « empiriste attentif » plutĂŽt que « thĂ©oricien passif » lorsque nous nous laissons guider par la quĂȘte de l’ĂȘtre en tant qu’ĂȘtre.

Analyse d'expériences initiatiques selon l'Alchimie
Illustration : FrĂšre Bacon, alchimiste anglais, Ă©quilibrant les Ă©lĂ©ments – Michael Maier, 1617. ©TopFoto / Roger-Viollet. Extrait du site du MusĂ©e Historique de l’Environnement Urbain. Analyse d’expĂ©riences initiatiques selon l’Alchimie

La dĂ©marche nous mĂšne sur un centre de rĂ©flexion concernant la volontĂ© des premiĂšres communautĂ©s chrĂ©tiennes gnostiques d’avoir dĂ©fendu le principe d’un Dieu double, ayant portĂ©e cette idĂ©e Ă  travers les Ăąges en commençant par l’avoir spoliĂ©e aux initiĂ©s grecs tout en l’ayant mal interprĂ©tĂ©e et ainsi mal fait fusionner avec l’essence de la constitution de l’Eglise de Rome (comme le dĂ©montre le concile de NicĂ©e). Cependant, l’idĂ©e d’une double manifestation de Dieu, une dans la transcendance (YHVH) et l’autre dans l’immanence (EloĂŻm, le dĂ©miurge), possĂšde l’intelligence propre Ă  la conclusion d’une observation quotidienne concernant l’initiation.

En effet, lorsque le prĂ©tendant Ă  l’Adeptat entame un rĂ©gime d’albification, la possibilitĂ© qui s’offre Ă  lui (l’exploration de contrĂ©es astrales sous plusieurs plans) est d’autant plus nĂ©cessaire qu’elle l’aide Ă  acquĂ©rir des essences idĂ©ales, et ainsi des confirmations, propre aux sphĂšres supĂ©rieures quant Ă  son questionnement humain sur la place de Dieu dans la crĂ©ation. Il remarque, lorsque son Ă©tat de centre provisoire lui permet, que La beautĂ© cachĂ©e par le voile d’Isis, le mercure obscurcit par l’ombre de l’Athanor, est en fait cette Ă©nergie vitale, attisĂ©e par le feu secret, consĂ©quence du rejet de l’Etat absolu de chaos primordiale, de l’Ɠuf opaque au nĂ©ant, d’une part de lui-mĂȘme que l’on nomme verbe.

Ce souffle, remontĂ©e par notre respiration, sort et rentre par les chemins des lettres hĂ©braĂŻques, marquant ainsi son empreinte divine dans les entrailles de l’ñme du philosophe, permet au clairvoyant d’avoir la vision d’un ĂȘtre « qui s’enfuit », pourchassĂ© Ă  la fois par les flammes de l’enfer de l’illusion, du faux-semblant, mais aussi par son maĂźtre en quĂȘte d’UnitĂ©, Ă  savoir l’homme microcosmique et l’Univers macrocosmique. La force attractive du bas manifestĂ© intĂ©rieurement dans cette parole est de type lucifĂ©rienne dans sa correspondance symbolique. Celle qui l’attise vers le haut tout en s’incarnant en elle, est de type angĂ©lique ou « daemonique » ; en l’homme, elle peut s’exprimer par la manifestation Ă©quivalente et synchronisĂ© de la double nature de l’une de ses natures doubles (par exemple, la sorciĂšre de son anima, et le tyran de son animus pour reprendre les images de Jung).

L’action de ses deux forces opposĂ©e sur le verbe, c’est ce que nous appelons « l’étirement de l’ĂȘtre », l’amour exprimĂ© dans l’émotion mystique Ă©tant ici, le rĂ©ceptacle complet de cette opĂ©ration, l’Ɠil de Horus qui observe sans agir, dans la crainte de la colĂšre de l’ĂȘtre blĂąmant le voyeurisme astral. Cette essence Ă  la fois substance, verbe qui voyage Ă  une vitesse Ă©poustouflante, peut donc ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le dĂ©miurge fuyant l’absolu pour tisser la trame du monde et enfin pour intervenir dans le Christ, hypostase stellaire de l’amour en tant que sphĂšre crĂ©atrice, Tiphereth en tant que croisement de l’univers. L’expĂ©rience initiatique, notre verbe agissant en nous comme il agit Ă  plus grande Ă©chelle dans l’univers, prouve que l’intuition d’un concept fondamental pour une doctrine n’est ni l’opposĂ© d’une rĂ©flexion dialectique impassible, ni la simple observation menant Ă  la crĂ©ation mĂ©galomane de lois physiques, mais bien la dĂ©couverte, l’étude, et la retranscription (malheureusement incomplĂšte) d’un principe agissant, une part de vie naviguant sur tous les affluents du fleuve de l’étant.

D’aprĂšs nos analyses, il est par consĂ©quent faux, d’affirmer que les capacitĂ©s d’analyse psychique acquises lors de la petite mĂ©decine doivent ĂȘtre consciemment mises de cĂŽtĂ©s, en effet, c’est bien grĂące Ă  elle qu’il nous a Ă©tĂ© permis de rĂ©soudre un problĂšme fondamental. Nous avons pu « connaĂźtre ce qu’il se passe » faute de pouvoir Ă  ce degrĂ©, le savoir.

Attachons nous pour mieux guider l’initiĂ© qui nous lit, de faire savoir le mĂ©canisme qui permet un tel comportement d’étude. Il sera dĂ©crit initiatiquement comme un processus alchimique : l’Oeuvre au blanc. La putrĂ©faction permettant l’avĂšnement individuel de l’état primordial chaotique au sein de l’Etre du philosophe du feu encore nĂ©ophyte devant le temple, est permise par l’action du feu secret apparentĂ© Ă  l’instinct naturel, au dĂ©voilement de la nuditĂ© psychique (les mĂ©taux impurs sont Ă©jectĂ©s de la prima materia pour former la vĂ©ritable materia prima). Ces flammes de la passion, le mouvement archĂ©typique masculin fĂ©minisĂ© (le jaillissement de la mer divine intervenant grĂące Ă  la sĂ©paration Ă©lĂ©mentale, la rupture par le glaive de St Michel du rocher de l’étant), sont caractĂ©risĂ©es aussi par le lion rouge, fougueux, parcourant les marĂ©cages de l’inconscient, qui s’emballe dans sa course frĂ©nĂ©tique vers l’autre polaritĂ© du sujet.

Il est nĂ©cessaire pour atteindre la blancheur psychique (la sublimation du vice, l’émanation de la quintessence, la remontĂ©e contradictoire du verbe) de freiner cet animal terrible, de prendre le taureau par les cornes selon l’image le mythe de Mithra. Ainsi, la mer flasque se congĂšle par le froid provoquĂ© par l’enlĂšvement du feu des philosophes , phĂ©nomĂšne d’autant plus accentuĂ© Ă  cause du regard inquisiteur du spiritus mundi opĂ©rant une coagulation sĂ©vĂšre en jouant du soufre. Le scel philosophal naĂźt ainsi de la rĂ©conciliation de deux principes, de la suppression de la contradiction psychique (et non spirituelle : cela est propre Ă  l’Ɠuvre au rouge). Le sujet alors imprĂ©gnĂ© de son anima, cherche son animus en calmant ses pulsions. L’anima mundi (Binah) devient dĂšs lors le contenant pouvant ĂȘtre fĂ©condĂ© par la sagesse masculine, les rayons lumineux du Soleil cosmogonique (Hokmah).

Il est intĂ©ressant de remarquer par analogie, les diffĂ©rents symboles parcourant les civilisations, dĂ©signant cette Ɠuvre fondamentale pour l’Univers. Pour l’HermĂ©tisme grec, l’enfant philosophal naĂźt de l’union de la syzygie primordiale incarnĂ©e Ă  un taux vibratoire de type astral dans l’inconscient. La renaissance acquise par la petite mĂ©decine, achĂšvement de l’initiation royale, Ă©tape de l’initiation sacerdotale, porte une toute autre cause d’aprĂšs le systĂšme JudĂ©o ChrĂ©tien Ă©sotĂ©rique : c’est l’union de 5 hypostases sĂ©phirothiques (Kether, Hokmah, Binah, Guedulah, Hesed) via la transparence de Daath, qui produisent le Christ en tant que Dieu (d’aprĂšs la Kabbale ChrĂ©tienne). Il est d’autant plus intĂ©ressant de remarquer que le 5 reprĂ©sente la perfection incarnĂ©e en l’homme (le symbole du pentagramme) et que le 6 marque la triade divine en son reflet (L’hexagramme, le talisman de Salomon)… Il semble nĂ©cessaire de distinguer deux passages dans la vie du Christ (en prenant pour rĂ©fĂ©rentiel ontologique, l’état d’homme du Christ, et non son essence divine) : avant sa crucifixion et aprĂšs. Avant le supplice de la croix, nous assimilons le Christ comme enfant philosophal, lors de sa crucifixion et de sa rĂ©surrection, le Christ rejoint le principe solaire par une voie verbale directe (incomprĂ©hensible pour l’esprit humain), il est alors phoenix naissant des cendres, symbole de l’Ɠuvre rouge propre Ă  l’initiation sacerdotale.

Dans De turba philosophorum, nous pouvons lire : « les corps qui Ă©taient morts se relĂšveront des tombeaux, et seront glorifiĂ©s » dans une relecture des Evangiles… C’est bien dans ce corps d’enfant, consĂ©quence de la premiĂšre mort initiatique, que le verbe agit, monte et descend pour organiser les diverses vibrations de l’ĂȘtre. De ce fait, il n’est pas rare d’observer des comportements Ă©tranges de type mystique chez l’initiĂ© : crise d’illumination, sensibilitĂ© accrue, dĂ©tection de formes supĂ©rieures, condensation de superposition de ces formes. Il est ainsi livrĂ© Ă  lui-mĂȘme, et ce corps subtil s’élevant de l’athanor ne possĂšde pas encore les qualitĂ©s requises au contrĂŽle de sa puissance.

C’est la raison pour laquelle il est conseillĂ© de fermer les cloisons du contenant pour Ă©viter l’échappĂ©e mystique de l’ñme du sujet (l’athanor doit ĂȘtre hermĂ©tique dans l’Ɠuvre alchimique, si vous me permettez le jeu de mot…). NĂ©anmoins, le lĂącher prise nĂ©cessaire Ă  l’exploration de la vĂ©ritĂ© nĂ©cessite une telle dĂ©cision. Le nĂ©ophyte doit se laisser aspirĂ© par la lumiĂšre qui Ă©claire sa vie (lux naturae). »

Plus sur le sujet :

Analyse d’expĂ©riences initiatiques selon l’Alchimie, extrait de « La mystique du grand oeuvre » de Victor Brayable (1983).

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