Voici l’Alchimie par Jean Dubuis.
Newton lui a consacrĂ© 90% de ses travaux. Elle est l’exemple mĂȘme de l’interaction entre l’expĂ©rimentateur et l’expĂ©rimentation.
Mais, en 1984 et pour notre avenir, que peut-elle encore nous apprendre ?
En elle, et par elle, la transmutation de la matiĂšre physique et de la matiĂšre psychique cherche Ă se rĂ©aliser. SpiritualitĂ©, art et science, l’Alchimie sait depuis longtemps que l’expĂ©rimentation est en interaction avec lâexpĂ©rimentateur. C’est pourquoi, pour ses recherches les plus fines, la qualitĂ© spirituelle de cet expĂ©rimentateur doit ĂȘtre Ă la mesure de la profondeur et de la finesse de l’expĂ©rimentation. Donc, Ă un certain niveau, l’expĂ©rimentation n’est pas reproductible par tous et c’est pourquoi l’Alchimie n’est pas prĂȘte d’ĂȘtre acceptĂ©e ni mĂȘme Ă©tudiĂ©e par les milieux scientifiques conventionnels. Elle reste dans les zones obscures de l’hermĂ©tisme et de la mĂ©taphysique et y restera longtemps encore jusqu’Ă ce que la conscience des hommes soit capable de l’approcher sans crainte ni dĂ©rision, comme l’avait fait en son temps Isaac Newton dont les travaux alchimiques, tenus secrets, reprĂ©sentent 90% de son oeuvre. Aujourd’hui seulement, sa famille accepte que l’on en commence l’examen.
Parmi les diverses disciplines traditionnelles, l’Alchimie est de loin la plus mal connue, la plus mal interprĂ©tĂ©e. De nos jours, ses vĂ©ritables buts sont encore Ă peu prĂšs occultĂ©s. De nombreuses personnes appartenant Ă des Ă©coles Ă©sotĂ©riques ou philosophiques assimilent en Alchimie, la Pierre Philosophale et l’Elixir de longue vie uniquement Ă des chimĂšres.
Il faut reconnaßtre que les traités obscurs de la plupart des souffleurs ou des alchimistes sont les principaux responsables de cette méprise, ainsi que le maintien du secret hermétique.
Le secret hermétique
Il nous semble qu’il y a eu au moins quatre raisons qui l’ont justifiĂ© ainsi que son maintien en Alchimie :
- premiĂšre raison : dans les Ă©poques d’intolĂ©rance religieuse, il Ă©tait nĂ©cessaire de cacher le vĂ©ritable but des opĂ©rations alchimiques, but initiatique.
- seconde raison : elle est d’ordre politique. La diffusion des processus alchimiques Ă ces Ă©poques aurait eu pour rĂ©sultat de dĂ©stabiliser l’organisation sociale, risque qu’aucun roi ne voulait encourir.
- troisiĂšme raison : elle est d’ordre initiatique. La plupart des initiĂ©s pensaient que ces techniques ne doivent ĂȘtre communiquĂ©es qu’Ă ceux qui sont prĂȘts. Encore eĂ»t-il Ă©tĂ© satisfaisant, sur le plan Ă©thique, que les moyens de se prĂ©parer fussent rĂ©vĂ©lĂ©s Ă tous ceux qui le souhaitaient. Cette erreur des initiĂ©s vient en grande partie d’une mauvaise interprĂ©tation de l’adage hermĂ©tique : « savoir, oser, faire, se taire ». Le « se taire » final ne concerne pas le savoir, mais le rĂ©sultat du travail Ă©sotĂ©rique, lequel ne concerne que celui qui le fait. Cette erreur n’est pas propre Ă l’Alchimie, elle est encore perpĂ©tuĂ©e par la plupart des Ă©coles philosophiques et est sĂ»rement la cause des divers troubles des sociĂ©tĂ©s d’aujourd’hui.
- quatriĂšme raison : l’expĂ©rience montre qu’il existe de nombreux livres « trouble-fĂȘte » qui induisent en erreur. Probablement sont-ils tous l’expression de la revanche de « souffleurs » ayant Ă©chouĂ© sur le sentier.
OĂč en est l’Alchimie aujourd’hui ?
Nous estimons que de nos jours les considĂ©rations prĂ©cĂ©dentes n’ont plus Ă rentrer en jeu et que de ce fait il est du devoir de ceux qui savent de dire comment se prĂ©parer.
Un autre fait autorise Ă dire beaucoup, parce qu’en Alchimie, savoir ne signifie pas automatiquement pouvoir.
Nous entendons souvent dĂ©clarer : « mais s’il y a un secret hermĂ©tique, la science avec ses moyens modernes aurait dĂ» le trouver ? ». A cela la rĂ©ponse est simple : la science ne l’a pas trouvĂ© parce quelle ne l’a pas cherchĂ©. Quand son lent et pĂ©nible « grattage » des lois du monde physique la conduira Ă la limite de la mĂ©taphysique, alors, la science rejoindra l’Alchimie.
Nota : al chimie ou chimie divine. Dans la langue hébraïque, les lettres aleph et lamed, ou leurs équivalences en arabe, jointes à un mot, lui confÚrent un sens divin. Ex. : Alla, Mikael, Raphael, Gabriel, etc.
L’Ă©tude et la pratique de l’Alchimie conduisent Ă une connaissance unitaire, globale qui comprend Ă la fois une connaissance expĂ©rimentale et thĂ©orique, une philosophie, une conception du monde.
En outre, la pratique est davantage un art qu’une technique.
Avant d’aborder diffĂ©rents aspects touchant Ă l’Alchimie, il nous semble utile de donner l’origine des connaissances exposĂ©es ici. Elles sont :
- pour la partie opérative en majeure partie issues des anciennes écoles allemandes, à savoir : Isaac Hollandus, Von Welling, Paracelse, Weidenfeld, Von Bernus.
- pour la partie thĂ©orique, essentiellement : La ChaĂźne d’Or d’HomĂšre.
Le reste provient d’Ă©changes oraux, de conversations directes avec des alchimistes Ă©trangers et de nos propres expĂ©riences.
Conception philosophique et alchimique de la nature
L’Alchimie ne dissocie pas la mĂ©taphysique de la physique. Elle considĂšre la crĂ©ation comme un tout, ce qui se traduit par un double aspect du travail : « Ora et Labora » c’est-Ă -dire « Prie et travaille » ou « Oratoire â Laboratoire », Esprit et MatiĂšre ou plus prĂ©cisĂ©ment Vie et MatiĂšre.
VIE, domaine de la métaphysique à ce jour.
MATIERE, aspect physique des choses.
L’Alchimie pose le principe que tout est vivant, que tout Ă©volue, que la conscience est en tout. L’incompatibilitĂ© de concept entre la science actuelle et l’Alchimie peut se rĂ©sumer ainsi :
- la science cherche comment la matiÚre a créé la vie ;
- l’Alchimie dĂ©clare que c’est la vie qui crĂ©e la matiĂšre pour les besoins de son Ă©volution.
Bien entendu, l’Alchimie ne considĂšre pas que la vie et la conscience soient identiques dans les trois rĂšgnes. Il y a une gradation entre la vie minĂ©rale, la vie vĂ©gĂ©tale et la vie animale. La mort absolue n’existe pas pour l’alchimiste. Par exemple : la mort d’un animal est le dĂ©part de la vie animale, mais dans le cadavre subsiste un certain temps une vie vĂ©gĂ©tale, issue des aliments, et une vie minĂ©rale qui, elle, restera fixĂ©e dans les Ă©lĂ©ments minĂ©raux du corps.
La nature a un but et un seul : l’Ă©volution de l’Essence de la Vie, l’Ăąme du monde ou la Materia Prima des Anciens, et ceci se fait par un processus unique qui est celui de la vie â mort â renaissance accompagnĂ© de phases de purification ou remise en ordre des Ă©lĂ©ments des choses et des ĂȘtres. La partie opĂ©ratoire sera consacrĂ©e Ă cet aspect.
Puisque le processus alchimique consiste principalement Ă faire changer de niveau les Ă©nergies de la vie, il est Ă©vident que la technique chimique seule est insuffisante. Agir sur la vie est du domaine de l’Art, l’Art Royal, qui nĂ©cessite une qualitĂ© intĂ©rieure que l’Ă©lĂšve alchimiste doit acquĂ©rir peu Ă peu s’il veut franchir les Ă©tapes du Sentier HermĂ©tique. Ainsi Paracelse dit : « Nul ne transmute aucune matiĂšre s’il ne s’est transmutĂ© lui-mĂȘme.»
Le niveau de conscience dans le minéral est faible, mais ses énergies sont gigantesques, son évolution est lente, aussi ce rÚgne ne concerne-t-il que la fin du Sentier Hermétique.
Le vĂ©gĂ©tal a un niveau de conscience plus Ă©levĂ©, des Ă©nergies moindres, aussi est-ce le rĂšgne rĂȘvĂ© pour celui qui dĂ©sire commencer Ă apprendre l’Art Royal.
Le rĂšgne animal contient les Ă©nergies les plus subtiles, aussi est-ce lui qui Ă©volue le plus vite. Pour les alchimistes, le rĂšgne animal se divise en deux volets : le rĂšgne animal et l’homme. En effet, dans les trois rĂšgnes, la nature agit selon des rĂšgles strictes et aucune dĂ©rogation n’est possible. Seul l’homme dans la nature a en lui une Ă©nergie qui est un des feux secrets des alchimistes.
Cette Ă©nergie donne Ă l’homme la soi-conscience, le sentiment du je, c’est cette Ă©nergie qui doit ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e dans le travail de l’Oratoire mais aussi avec l’aide des opĂ©rations alchimiques du laboratoire.
Théorie de la nature selon les alchimistes
Pour les alchimistes la totalitĂ© de la CrĂ©ation n’est qu’Ă©nergie, celle-ci Ă©manant d’une source unique (Kether pour les qabalistes). Les Anciens dĂ©signent cette Ă©nergie sous plusieurs noms : Chaos, Materia Prima, Hyle. Cette Ă©nergie se transforme et crĂ©e toute chose.
Sous l’effet d’une force (le Verbe, le Pouvoir de l’Etre, etc.), cette Ă©nergie indiffĂ©renciĂ©e se divise en deux phases, un Ă©lĂ©ment actif, dit positif, un Ă©lĂ©ment passif, dit nĂ©gatif ; le positif Ă©tant Ă©gal en quantitĂ© au nĂ©gatif. Ceci pouvant se rĂ©pĂ©ter sur les phases de l’Ă©nergie diffĂ©renciĂ©e.
Dans la nature, il existe dĂšs l’origine une symĂ©trie assez comparable au concept matiĂšre-antimatiĂšre mais Ă la diffĂ©rence de ce concept, le complĂ©ment de la matiĂšre est ici les Ă©nergies de la Vie. La remise en contact des deux phases ne redonne pas l’Ă©nergie premiĂšre, mais un phĂ©nomĂšne d’opposition : le nĂ©gatif servant d’obstacle au positif qui peut ainsi se manifester.
Dans ce qui suit, les mots : Nitre, Sel, Feu, Air, Eau, Terre, Soufre, Mercure, Sel, ne dĂ©signent pas les corps ainsi dĂ©nommĂ©s de nos jours, mais des Ă©nergies gĂ©nĂ©ralement non perceptibles, telle l’Ă©lectricitĂ© ou le support matĂ©riel de lâune dâentre elles.
Nous voyons donc sur le schĂ©ma que le Hyle ou Chaos se diffĂ©rencie en deux Ă©nergies, d’un cotĂ© le Nitre, Ă©nergie active, qui sera la base de toutes les Ă©nergies animatrices de la vie ; de l’autre, le Sel, Ă©nergie passive qui par condensation donnera la matiĂšre, support de la vie.
A nouveau le Nitre se diffĂ©rencie et donne deux Ă©nergies connues comme Ă©lĂ©ments alchimiques : le Feu actif, l’Air passif.
De son cotĂ©, le Sel se diffĂ©rencie, il donne l’Eau, Ă©nergie active, la Terre, Ă©nergie passive.
L’opposition Feu-Air engendre une sorte de corps spirituel, l’Ame des choses animĂ©e par le Feu, construite par l’Air, et que les alchimistes dĂ©nomment Soufre.
Eau et Terre engendrent le Sel ou plus exactement la matiĂšre Ă©nergĂ©tique des formes physiques. L’Air et l’Eau engendrent le Mercure Philosophique ou l’Esprit des choses. Ce Mercure est la Clef de l’Alchimie car il est le seul des trois principes Ă avoir accĂšs d’un cotĂ© aux Ă©nergies de la vie et de l’autre aux Ă©nergies de la matiĂšre. Pour les alchimistes, un corps, une matiĂšre, pour ĂȘtre utilisables doivent ĂȘtre vivants, et dans ce cas sont dits philosophiques. Et ceci implique que soient prĂ©sents les trois principes, Ă savoir : Soufre, Mercure, Sel, ou : Ame, Esprit, Corps. Dans l’homme, c’est le Mercure qui permet Ă l’Ame d’animer le corps. D’oĂč le symbolisme ancien de Mercure, messager des Dieux.
Nul ne peut « ouvrir » un des rĂšgnes de la nature s’il n’en possĂšde pas le Mercure. Les supports physiques du Mercure sont les suivants :
- le sang dans le rĂšgne animal
- l’alcool dans le rĂšgne vĂ©gĂ©tal
- un hydrocarbure (vinaigre des Anciens) dans le rÚgne minéral.
Nota : le rÚgne minéral a deux « Mercure » :
- le Mercure Philosophique extrait des minerais métalliques des sept métaux traditionnels ;
- l’Alkaest extrait des autres minĂ©raux vierges.
Dans la nature comme dans les opĂ©rations alchimiques, il y a sans cesse involution et Ă©volution de l’Ă©nergie, c’est-Ă -dire que l’essence des choses est en fait le Feu plus ou moins « coagulĂ© » selon les Anciens. L’Ă©nergie involue incessamment dans le cycle Feu, Air, Eau, Terre, et Ă©volue dans le cycle Terre, Eau, Air, Feu.
L’hydrogĂšne, Ă©lĂ©ment Feu, est le seul Ă©lĂ©ment directement issu de la Materia Prima et toute la suite des corps n’apparaĂźt que par l’accolage des atomes d’hydrogĂšne.
Parvenue au carbone, la vie manifestée devient possible puisque tous les Mercures animateurs contiennent C et H.
A ce jour de l’Ă©volution cosmique, l’agglomĂ©ration des atomes d’hydrogĂšne s’arrĂȘte au plomb. Au-delĂ , l’incorporation Soufre-Mercure ne se fait plus, ces corps sont alchimiquement morts, la radio-activitĂ© les dĂ©compose et renvoie leur Ă©nergie au Chaos.
Un corps totalement privé de son Soufre et de son Mercure devient radio-actif.
Pour illustrer la diffĂ©rence entre Alchimie et techniques modernes, prenons le cas des transmutations nuclĂ©aires. La transmutation nuclĂ©aire, dans les piles ou les bombes, est due aux Ă©nergies nuclĂ©aires et Ă©lectriques des Ă©lĂ©ments Eau et Terre, domaine de la matiĂšre. Ces rĂ©actions sont donc du mĂȘme domaine que celui du corps physique et sont dangereuses pour lui, mais elles ont peu, sinon pas du tout, d’action directe sur le psychisme. Par contre l’alchimiste agit sur la matiĂšre par l’intermĂ©diaire des Ă©lĂ©ments de la vie, Feu et Air. Il n’y a plus de risque de graves perturbations psychiques en cas d’erreur.
Méthodes opératives en Alchimie
Tous les processus ne seront que des imitations des processus de la Nature puisque l’Art Royal ne se propose que d’accĂ©lĂ©rer les processus naturels.
Le premier processus, le processus vie-mort, consiste Ă faire changer le niveau de vie d’un liquide, l’opĂ©ration Ă©tant rĂ©pĂ©tĂ©e de nombreuses fois. La distillation en est le procĂ©dĂ© le plus simple, il imite la nature. En effet, l’eau de la mer Ă©vaporĂ©e par le soleil meurt et se transforme en vapeur, sa renaissance est la condensation sous forme de pluie.
L’Artiste suivant ses besoins distille de maniĂšres diffĂ©rentes : soit de la maniĂšre classique pour la sĂ©paration des impuretĂ©s ; soit par cohobation : en ce cas les impuretĂ©s rĂ©siduelles sont calcinĂ©es puis on reverse le distillat sur les rĂ©sidus de la calcination : on circule le tout et on re-distille, en ce cas il y a : distillation-purification-Ă©volution. Sept cohobations-distillations sont au moins nĂ©cessaires pour un rĂ©sultat sensible. Un autre moyen de distiller est la circulation : un flacon de forme spĂ©ciale dans un environnement correct assure une distillation lente mais continue en circuit fermĂ© ; un mois Ă un an ou plus de circulation est souvent nĂ©cessaire. « Patience » est le mot Ă©crit sur la porte du laboratoire.
Le second grand processus, premiĂšre rĂ©alisation vĂ©ritablement alchimique, est la sĂ©paration des trois principes Soufre, Mercure, Sel. Ceci ne peut se faire que si l’on possĂšde le Mercure du rĂšgne.
Par exemple, prenons de la graine de carvi qui possĂšde, mĂȘme sĂšche, la vie puisqu’elle a le pouvoir germinatif. Le Mercure, ici alcool absolu issu du vin rouge, est relativement aisĂ© Ă obtenir ; on charge alors un extracteur moderne, type Soxhlet, avec ces deux produits et aprĂšs une douzaine d’heures, on obtient un liquide colorĂ©, la teinture, qui contient Soufre, Mercure et impuretĂ©s ; un rĂ©sidu solide, les fĂšces qui contiennent le Sel. Les fĂšces seront calcinĂ©es, lessivĂ©es, et on obtient un peu de Sel blanc.
Par distillation, la teinture donne séparément le Soufre et le Mercure. Plusieurs distillations sont nécessaires pour les purifier et les faire évoluer à un degré suffisant.
Une longue circulation des trois principes donnera un élixir vivant aux qualités thérapeutiques énergétiques.
Le dernier processus examinĂ© sera celui de la fĂ©condation ou du mariage alchimique. Le Soufre sera considĂ©rĂ© comme mĂąle, le Mercure comme femelle, le Sel sera la matrice. Les trois sont enfermĂ©s dans l’Ćuf Philosophique lui-mĂȘme placĂ© dans une couveuse dont la tempĂ©rature est d’environ 40°. Une circulation va commencer dans l’Ćuf.
Avec les trois principes du processus prĂ©cĂ©dent, on obtient une Pierre VĂ©gĂ©tale dont la propriĂ©tĂ© est d’extraire immĂ©diatement un Ă©lixir d’une simple macĂ©ration aqueuse.
Action de l’Alchimie sur l’alchimiste
Opérations dans le rÚgne végétal.
Il est certain que le travail de laboratoire de l’Alchimie est un travail solitaire, Ă cause des rĂ©actions opĂ©rateur-opĂ©rations. Les opĂ©rations sur les Ă©lĂ©ments de la vie sont dĂ©licates et peuvent ĂȘtre contaminĂ©es par des prĂ©sences inutiles ; une discipline de bloc opĂ©ratoire est nĂ©cessaire Ă ces niveaux. Mais si l’alchimiste veut entreprendre des expĂ©riences du rĂšgne mĂ©tallique, une prĂ©paration psychique et physique est nĂ©cessaire, il doit nettoyer son Soufre, son Mercure, son Sel. Dans les Ă©coles alchimiques d’origine allemande, cette prĂ©paration est basĂ©e sur les conceptions et le symbolisme de la Qabal hĂ©braĂŻque.
Cette tradition dit que l’homme possĂšde en lui dix niveaux Ă©nergĂ©tiques, dix niveaux de conscience appelĂ©s Sephiroth. Pour sept de ces niveaux, il existe une analogie et mĂȘme une identitĂ© de fonctions avec les sept chakras du yoga. Comme pour eux, la prĂ©paration consiste en un nettoyage prĂ©liminaire de ces centres et des conduits Ă©nergĂ©tiques qui les relient.
Les qabalistes et les alchimistes qui utilisent le symbolisme de la Qabal placent les dix Sephiroth, les dix niveaux de conscience de l’homme, sur un schĂ©ma dit « Arbre de Vie ». Cet Arbre de Vie est divisĂ© de deux maniĂšres diffĂ©rentes :
a) Verticalement en trois colonnes
- 3 Sephiroth Ă gauche forment la colonne de la Rigueur
- 3 Sephiroth à droite forment la colonne de la Miséricorde
- 4 Sephiroth au centre forment la colonne de 1’Equilibre
b) Horizontalement, l’arbre est divisĂ© en quatre mondes
- Atziluth, le monde supérieur divin
- Briah, le monde des idées créatrices
- Yetzirah, le monde de la matérialisation des choses
- Assiah, le monde physique.
Chacun de ces mondes constitue un plan de conscience de l’homme. Sauf pour le monde physique, Assiah, l’homme a dans chaque plan trois niveaux de conscience.
L’Initiation vĂ©ritable est la possibilitĂ©, pour l’homme de la terre, de relier ces niveaux de conscience Ă sa conscience physique ordinaire.
Le mĂ©canisme de l’Initiation consiste Ă rĂ©tablir les liaisons inter-Sephiroth.
Assiah est la conscience ordinaire.
L’Initiation antique des MystĂšres mineurs devait rĂ©tablir la conscience en Yetzirah.
L’Initiation antique des MystĂšres majeurs devait rĂ©tablir la conscience en Briah.
Les trois Sephiroth d’Atziluth ne sont pas concernĂ©s, ni par l’Initiation, ni par l’Alchimie.
Le monde d’Atziluth est un monde intemporel et n’est pas accessible Ă des processus physiques. Le trait en pointillĂ© est le symbole de cette inaccessibilitĂ© et, par suite, est nommĂ© le Seuil des Abysses.
Le franchissement de ce seuil est l’Ultime Initiation. Le seul personnage concernĂ© par ce passage est, dans la Bible, ENOCH dont on dit qu’« il vit Dieu face Ă face et ne revint pas ».
Les anciennes traditions alchimiques et qabalistiques (Hollandus, Paracelse, TrithÚme, VigénÚre) donnent une équivalence symbolique de ces centres et attribuent à chacun une planÚte et des plantes, à savoir :
Lorsque l’on est parvenu Ă produire des Ă©lixirs vĂ©gĂ©taux satisfaisants, ou mieux des quintessences vĂ©gĂ©tales, on opĂšre de la maniĂšre suivante.
Une fois les sept Ă©lixirs fabriquĂ©s, une dose de quelques gouttes d’un Ă©lixir chaque jour de la semaine amorcera le nettoyage souhaitĂ©. Nous pensons que 18 mois de ce rĂ©gime sont nĂ©cessaires au nettoyage des centres afin de les rendre aptes au travail mĂ©tallique.
Ce processus constitue la premiĂšre partie de l’Initiation alchimique. Bien conduit il Ă©quivaut Ă l’Initiation dite des MystĂšres mineurs.
Opérations dans le rÚgne métallique
Les alchimistes ne travaillent jamais sur des mĂ©taux courants, qui sont alchimiquement morts : s’ils possĂšdent encore le Soufre, ils n’ont plus le Mercure. Le travail se fait donc sur des minĂ©raux vierges sortant de la mine. Ceux-ci doivent ĂȘtre purifiĂ©s chimiquement sans feu de fusion et sans acides minĂ©raux, sinon ils meurent. Seul l’antimoine peut affronter la fusion sans alchimiquement mourir.
La sĂ©paration des trois principes mĂ©talliques nĂ©cessite la possession soit du Mercure philosophique, soit celle d’un Alkaest.
L’Alkaest est le Mercure philosophique extrait dâun minĂ©ral non mĂ©tallique. Ses propriĂ©tĂ©s alchimiques sont moins universelles que celle du Mercure, mais il est plus aisĂ© Ă obtenir (distillation sĂšche du tartre ou soufre natif).
Nota : Soufre natif. Ce soufre se trouve gĂ©nĂ©ralement dans la terre sous forme cristallisĂ©e en gĂ©nĂ©ral. Le soufre volcanique perd sa vie alchimique par la fusion, et il ne peut ĂȘtre rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© que par un trĂšs long sĂ©jour dans la terre. Seul le soufre volcanique du Massif Central peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme natif Ă©tant donnĂ© la date trĂšs ancienne d’extinction de ses volcans. Dans les anciens textes, on ne trouve pas le mot natif mais philosophique qui signifie vie alchimique prĂ©sente.
La possession du Mercure assure la dissolution philosophique du minerai purifiĂ© ; une simple distillation sĂ©pare les trois principes. La grosse difficultĂ© est la manipulation du Mercure philosophique trĂšs volatil qui bout Ă la tempĂ©rature ambiante et qui ne se conserve qu’en ampoule de verre scellĂ©e Ă la flamme.
Nous n’irons pas plus loin dans ces explications car la manipulation des teintures mĂ©talliques n’est pas sans danger, et il est nĂ©cessaire de prĂ©parer les sept teintures, Ă savoir celle de la galĂšne, de la cassitĂ©rite, de la marcassite, de l’or, du « vitriol bleu » (minerai de cuivre), du cinabre, de l’argent.
Ces teintures n’ont plus un effet de nettoyage mais Ă certaines doses elles provoquent une libĂ©ration des Ă©nergies spirituelles en l’opĂ©rateur. Ce qui correspond Ă l’initiation dite des MystĂšres majeurs dĂ©jĂ mentionnĂ©s.
Dans ces processus mĂ©talliques, il existe selon Paracelse une hiĂ©rarchie de pouvoir que nous pensons exacte par l’expĂ©rience et qui est la suivante, en commençant par le plus puissant : plomb-Ă©tain-fer-(or)-cuivre-mercure-(argent). Chacun de ces mĂ©taux donne une Pierre. Chacune d’elles marque une Ă©tape sur le chemin vers l’ultime initiation.
En conclusionâŠ
Une divulgation massive de l’Alchimie est-elle souhaitable ? Est-elle possible ? Quelles en seraient les consĂ©quences scientifiques, philosophiques religieuses et, pourquoi pas, sociales ou politiques ? La rencontre avec des membres de la communautĂ© scientifique conduit Ă constater trois types de comportements diffĂ©rents : conformiste, double, courageux.
- les « conformistes », en gĂ©nĂ©ral, travaillent Ă la thĂ©orie de disciplines scientifiques et ne touchent pas ou peu Ă l’expĂ©rience ou Ă la matiĂšre.
- les « doubles » restent officiellement conformistes, mais sortent, en privé, du cadre confortable du conformisme.
- les « courageux » expriment leur curiosité, leur non-conformisme et de ce fait, sont plus ou moins marginalisés par la communauté scientifique.
Mais qu’est-ce que le conformisme scientifique?
La connaissance scientifique est comme un gigantesque puzzle dans lequel manquent de nombreux morceaux, puzzle qui n’est pas limitĂ© sur les bords, mais dans lequel il semble que l’on puisse distinguer l’amorce de formes cohĂ©rentes.
Quand un chercheur propose une nouvelle piĂšce, la communautĂ© officielle commence par regarder si l’on peut insĂ©rer cette piĂšce dans le puzzle, quitte pour cela Ă rogner, Ă limer, Ă tordre la piĂšce. Sinon, on garde la piĂšce sous le boisseau jusqu’Ă ce qu’elle « accepte » de rentrer dans le puzzle. Mais on fera tout pour ne pas altĂ©rer ou modifier l’acquis. Si quelqu’un prĂ©sente une piĂšce qui s’adapte sur le bord du puzzle, mais qui Ă©tendrait celui-ci dans les directions mĂ©taphysiques : esprit, Ăąme, psychisme, alors on jette la piĂšce dans « la poubelle du silence et du ridicule ».
C’est probablement le chemin que prendrait une rĂ©vĂ©lation massive de l’Alchimie, en tant que mĂ©taphysique expĂ©rimentale et qui, en plus, se heurterait aux milieux religieux et philosophiques. Notre position, en tant que groupe de recherches, est la suivante : donner Ă ceux qui le souhaitent les connaissances nĂ©cessaires pour effectuer l’auto-transformation personnelle qui fait d’un profane un alchimiste.
Quant Ă l’enseignement que l’alchimiste peut tirer de son Ă©tude de la nature ou de sa propre Ă©tude, elle heurtera fortement les concepts des sociĂ©tĂ©s matĂ©rialistes actuelles.
L’Alchimie est la science d’une civilisation spirituelle
Pour dépasser les limites de la révélation, la question qui se pose est la suivante :
Existe-t-il une expĂ©rience, ou une sĂ©rie d’expĂ©riences, qui dĂ©montrerait une affirmation alchimique ?
A ce point, le domaine alchimique se divise en deux parties. Un domaine oĂč l’expĂ©rience est possible quel que soit l’Ă©tat de l’opĂ©rateur. Un domaine oĂč l’Ă©tat spirituel adĂ©quat de l’opĂ©rateur est nĂ©cessaire : c’est le cas des transmutations. Nous ne parlerons pas des expĂ©riences qui demandent une transmutation intĂ©rieure de l’alchimiste ; celles-ci n’Ă©tant pas reproductibles par tous, se heurtent Ă coup sĂ»r Ă un refus de considĂ©ration a priori de la part de la communautĂ© scientifique.
Toutefois un rĂ©cent communiquĂ© de chercheurs amĂ©ricains dĂ©truit une des objections majeures opposĂ©es Ă la transmutation ; l’argument en est le suivant : on ne peut pas par voie chimique, qui n’agit que sur les Ă©lectrons extĂ©rieurs, agir sur le noyau, siĂšge des transmutations. Les noyaux sont donc inaccessibles par cette voie.
Le communiquĂ© en question dit qu’un transfert d’Ă©nergie entre les couches extĂ©rieures et le noyau est possible et que l’impossibilitĂ© thĂ©orique de transmutation par action sur les couches extĂ©rieures n’est plus une certitude.
C’est probablement en ce domaine que le psychisme de l’alchimiste peut agir. C’est pourquoi, nul ne peut transmuter sans s’ĂȘtre transmutĂ© lui-mĂȘme.
L’effet psychique et spirituel de l’Alchimie sur l’alchimiste est le point qui dĂ©clencherait une opposition farouche de toutes les forces des sociĂ©tĂ©s matĂ©rialistes actuelles si l’Alchimie se dĂ©veloppait Ă grande Ă©chelle. Car les rĂ©vĂ©lations alchimiques tout on dĂ©truisant les faux dogmes religieux actuels, feraient s’Ă©crouler les systĂšmes philosophiques matĂ©rialistes et les systĂšmes qui les accompagnent. En effet, l’Alchimie conduit Ă une initiation vĂ©ritable, c’est-Ă -dire Ă un niveau de conscience et de connaissance qui transcende tout ce qui peut ĂȘtre acquis par un intellect uniquement physique quel qu’il soit.
L’accĂšs Ă une mĂ©taphysique expĂ©rimentale montre l’irrĂ©alitĂ© de tous les dogmes des religions et de la plupart des sectes de nos jours. Seul un enseignement mĂ©taphysique comme la Qabal ou ses quelques Ă©quivalents orientaux demeure acceptable.
La rĂ©alisation intĂ©rieure conduit Ă un Ă©tat de « bonne volontĂ© » et le constat de l’existence des rĂ©alitĂ©s supĂ©rieures en l’homme change l’orientation de sa volontĂ© ; en un mot, son Ă©thique devient « ne plus se servir mais servir ».
Il est délicat de croire que les structures des sociétés actuelles puissent supporter cette transmutation humaine.
Plus sur le sujet :
Voici l’Alchimie, Jean Dubuis.
N.B. Cet article est paru dans la revue le « 3Úme Millénaire ».
Pour retrouver tous les textes des Philosophes de la Nature.