Qu’est ce que l’alchimie ? Par André Savoret. 

I. – De Quelques Méprises

Pour le commun des mortels, comme sans doute pour certains alchimistes (ou se croyant tels), l’alchimie est essentiellement « l’art de faire de l’or ». L’unique différence entre ceux-ci et ceux-là, c’est que les premiers tiennent un tel art pour chimérique alors que les seconds en affirment la réalité.

Quant aux profanes «éclairés», voire aux gens de science, leur appréciation est plus nuancée. S’ils supposent, en général, que la chimie a fait prompte et roide justice des recettes bizarres ou fallacieuses dont foisonnent les élucubrations des adeptes, ils concèdent, en revanche, que les théories scientifiques les plus récentes recoupent sur bien des points les idées des hermétistes (leurs « rêveries », disait-on encore aux jours, pas si lointains, de la chimie lavoisienne). Les conceptions d’aujourd’hui sur l’unité de la matière, sur l’inanité de la notion de corps « simples », sur la possibilité d’en opérer la transmutation, sur l’analogie universelle (l’atome, disent les savants, est un petit système solaire), etc., sont un involontaire hommage rendu aux hermétistes qui, de tous temps, n’ont jamais dit autre chose.

Peut-être, avant de condamner en bloc des opérations et manipulations apparemment défectueuses, les savants en place feraient-ils bien de se demander comment ces fols d’alchimistes ont pu tirer des principes aussi justes d’expériences aussi fallacieuses, alors que la chimie, depuis Scheele et Lavoisier, partant d’expériences rigoureuses, a dû brûler plus d’une fois ce qu’elle adorait la veille ? Inutile d’entamer ici des controverses superflues.  Au surplus, l’alchimie – vraie – n’a nul besoin d’aller quémander quelque justification que ce soit chez les tenants de la moderne physicochimie.

Bien au contraire ! Car c’est peut-être pour avoir succombé à cette manie d’approbativité, pour avoir cédé au chimérique espoir de convertir quelques profanes aux convictions des fils d’Hermès que, de concessions en abandons, la plupart des hermétistes ont fini par se cantonner au seul domaine de la transmutation métallique, surtout depuis deux ou trois siècles – du moins dans leurs écrits publics. Et l’impression que l’alchimie n’est rien de plus qu’une sorte de mauvaise chimie, compliquée d’idées biscornues et de prétentions extravagantes, est bien celle que doit éprouver le profane en les lisant sans préparation.

Or, ce qui devait arriver arriva. Quelques chimistes, séduits par la largeur des vues philosophiques des disciples d’Hermès et impressionnés par leur unanimité doctrinale, ont cru de bonne foi qu’il suffirait de « rajeunir » une terminologie désuète, de transposer en termes de chimie moderne des manipulations décrites à demi-mot et de faire abstraction de la partie « mystique » de la doctrine pour réconcilier les inconciliables. Mais leurs efforts, en porte-à-faux, n’aboutirent qu’à créer un monstre hybride, baptisé « hyperchimie » et dont – à juste titre – ni chimistes ni alchimistes ne se soucièrent d’endosser la paternité, nul n’y reconnaissant plus les siens !  Les hyperchimistes, dont François Jollivet-Castelot fut le type le plus représentatif (1), restèrent à une ou deux exceptions près (Delobel, par exemple) des « souffleurs » patients et tenaces autant que mal inspirés et malchanceux.     Précédent à méditer…

Alchimie
L’alchimiste dans son laboratoire

II. – La vivante Alchimie

Certes, la transmutation des métaux par voie alchimique est – toute théorie mise de côté – un fait sur lequel il est difficile d’ergoter. Et le seul livre du très officiel Louis Figuier, L’Alchimie et les Alchimistes, mentionne deux ou trois exemples de transmutations par projection (dont celle du savant Van Helmont, adversaire déclaré de l’Alchimie, offre toutes les circonstances de contrôle et d’impartialité souhaitables), dont une seule suffirait à prouver la réalité de l’art transmutatoire et l’avance considérable prise par les hermétistes sur MM. les physico-chimistes, nonobstant leur manque de fours électriques et de cyclotrons.

Mais la partie n’est pas le tout et si l’Alchimie n’était qu’une sorte de chimie transcendante ou de métallurgie secrète, nous ne pourrions l’estimer au point de rompre une lance en sa faveur.

Si l’or et les passions qu’il suscite, l’or et les maux qu’il provoque, l’or et les crimes qui lui font cortège avait été l’unique ou le principal but poursuivi par les alchimistes, si son éclat fascinateur avait été l’unique lumière de leur âme, nous ne pourrions que les plaindre et tenir à bon droit pour folie leur prétendue sagesse.
Mais en est-il vraiment ainsi ?

Si nous lisons de véritables initiés à la science d’Hermès, tels que Khunrath, Jacob Böhme, d’Eckhartshausen, Grillot de Givry ou l’admirable auteur de l’Hortulus Sacer, nous finissons par nous apercevoir que tout en discourant aussi de l’Œuvre métallique, ils parlent surtout d’autre chose.

Qu’est-ce à dire ?

Exposons le comme nous l’avons compris, sans prétendre avoir tout compris.

L’Alchimie vraie, l’Alchimie traditionnelle, est la connaissance des lois de la vie dans l’homme et dans la nature et la reconstitution du processus par lequel cette vie, adultérée ici-bas par la chute adamique (2) a perdu et peut recouvrer sa pureté, sa splendeur, sa plénitude et ses prérogatives primordiales : Ce qui, dans l’homme moral s’appelle rédemption ou régénération (3) ; réincrudation dans l’homme physique ; purification et perfection dans la nature, enfin, dans le règne minéral proprement dit : quintessenciation et transmutation.

Son domaine embrasse donc tout le créé (4) et, pour l’humanité militante, toute la portion du créé qu’elle a entraînée avec elle dans sa déchéance et qui doit ressusciter avec elle et par elle, telle qu’elle fut avant la Transgression.

Quoique son domaine le plus central soit le plan spirituel, l’Alchimie connaît cent applications plus ou moins contingentes, à tous les degrés et sous tous les aspects de la vie.

Il existe donc une alchimie intellectuelle, une Alchimie morale, une sociale, une physiologique, une astrale, une animale, une végétale, une minérale, et bien d’autres encore. Mais l’Alchimie spirituelle demeure le modèle, la clé et la raison des autres. Et, conformément à l’énoncé d’Hermès dans la fameuse Table d’Émeraude, la connaissance d’une quelconque de ces adaptations (5) découvre implicitement celle de toutes les autres. L’univers est un et cette unité est le sceau de la Vérité.

Or le suprême Grand-Œuvre, le seul qui se puisse appeler sans outrance « la Voie de l’Absolu », c’est la réintégration de l’homme dans sa dignité primordiale (6) selon un processus rarement réalisé ici-bas (mais non irréalisable), processus que les anciens appelaient, croyons-nous, « l’Œuvre du Phénix » et qu’on peut lire, ici et là, entre les lignes de certains passages de la Bible, des Évangiles, de l’Apocalypse et de quelques ouvrages, rosicruciens ou autres, dont plus d’un ne semble pas traiter, à première vue, de ce qu’on entend vulgairement par « alchimie ».

Et cet Œuvre-là n’est ni du goût, ni dans les cordes des amateurs de « petits particuliers », des collectionneurs de recettes bonnes seulement à torturer inutilement les métaux, des fabricants d’homuncules, des distillateurs d’herbes, de sang, de moelle ou de sperme, ni de ceux qui ne rêvent de longévité corporelle que dans l’espoir misérable de rééditer les folies et les désordres d’une jeunesse tumultueuse !

Il est même, assez probablement, hors de la portée de plus d’un adepte admiré comme tel pour sa réussite, réelle ou supposée, dans le domaine de l’Alchimie métallique.

Car cette science (à tous les degrés de sa réalisation, y inclus la Pierre transmutatoire) est science de vie, science vive, science vivante à jamais – et science des Vivants (7). Et seuls les « Vivants » peuvent la pratiquer intégralement sans mensonge et sans dommage (8).

Telle est l’origine des malheurs qui ont émaillé, et parfois clos, l’existence de pas mal de faiseurs d’or qui n’étaient, hélas, rien de plus que des « faiseurs d’or » – sans parler de ceux qui ne furent que des « voleurs d’or » (9).

Il n’y a que celui qui a régénéré, avec l’assistance d’En-Haut, ses propres métaux microcosmiques et les a dépouillés de la lèpre des sept péchés qui peut de plein droit, de droit divin, régénérer à son gré les métaux physiques. Celui-là n’agit qu’à bon escient, dans la Lumière du Verbe (10).

Les autres – qui n’en sont pas là – ou bien font du Grand-Œuvre une simple opération magique (car l’on peut réaliser des transmutations apparentes par voie magique, mais ceci n’a rien à voir avec l’Alchimie) ou bien ont vu leurs efforts, leurs souffrances, leurs travaux, leur persévérance et leur charité couronnés d’or – physique – par la bonté du Ciel toujours indulgent envers les débutants de bon vouloir ; ou bien encore ont eu pour toute sagesse l’art d’écouter aux portes et d’espionner par le trou des serrures (11). Ceux-là, s’il en est qui aient réussi, se sont forgé avec leur or maudit une chaîne plus lourde que celle de bien des criminels de droit commun.

Il a été fait mention, quelques lignes plus haut, d’une catégorie de chercheurs, parfois heureux, qui représentent, pensons-nous, l’honnête moyenne des hermétistes. Ceux-là en sont, intérieurement, aux préliminaires de l’Œuvre du Phénix. Le Ciel (eu égard á leur bonne volonté et aux difficultés du début de la Voie) les inspire soit directement par une révélation intérieure, soit indirectement en les orientant vers un véritable Maître, leur permet d’accéder aux connaissances adéquates à telle partie de la science et met à leur portée les moyens de réalisation. Ceux-là ont aussi mandat d’agir, mais dans certaines limites et sous certaines conditions (dont le désintéressement, la patience dans les épreuves, la charité et l’humilité sont le plus universellement requises).

Mais ce droit est une grâce spéciale, par laquelle le Ciel escompte leur bonne volonté et fait crédit à leurs mérites.

III. – De l’Œuvre mystique et de l’Œuvre physique

En résumé, l’homme régénéré est la pierre philosophale de la nature déchue, de même que l’homme non régénéré est la materia bruta de ce Grand-Œuvre dont le Verbe divin est l’Alchimiste et l’Esprit Saint le feu secret : il y a deux Voies dans l’Œuvre, mais il n’y a qu’un Agent : l’Amour ! Et tous les vrais hermétistes chrétiens (12) – non les souffleurs – sont unanimes sur ce point (13) comme sur celui de la subordination de l’Œuvre physique à l’Œuvre mystique (14).

Quant à l’homme « physique », son Grand-Œuvre est sa transformation en « corps glorieux », en corps régénéré et incorruptible (15). Et cette transformation (d’une absolue rareté) n’est possible que parce qu’il n’en diffère que du fait de cet accident, de cet obscurcissement que la tradition chrétienne nomme la Chute. Le corps glorieux, c’est le corps de l’homme tel qu’il était avant la Chute (et ceci touche à un des aspects de la « résurrection de la chair ») ; le corps physique, c’est le corps glorieux tel que l’a transformé la Chute, rendu corruptible par les impuretés hétérogènes de tous les lieux traversés par lui lors de sa descente ici-bas (impuretés dont la racine est le « gluten » ou matière du péché dont parle à diverses reprises ce véritable alchimiste que fut d’Eckhartshausen).

Comme dans l’interne des métaux, il y a dans l’interne de l’homme une certaine « terre vierge », que les Aphorismes Basiliens nomment avec Paracelse le « limbe du grand et du petit monde » et que doit dégager des « immondices de la terre » et revivifier un « esprit tant du grand que du petit monde », pour suivre la même terminologie. Comme le dit Jacob (Révélation alchimique) : « La fin du grand œuvre est (pour l’adepte) de se débarrasser quand il voudra de la chair corruptible sans passer par la mort ».

Et St Paul ne nous dit-il pas que ce qui est semé corruptible est fait pour renaître incorruptible ? Non pour être « détruit » mais pour être « transfiguré ». Et ceci vaut universellement.

Le Grand-Œuvre physique et le Grand-Œuvre mystique sont analogues mais point identiques. Avoir réalisé le dernier c’est pouvoir réaliser souverainement le premier ; avoir réalisé le premier, c’est savoir quel chemin peut conduire à la réalisation du dernier mais ce n’est pas forcément avoir parcouru ce chemin. La nuance est de première importance.

IV. – Méthode Alchimique et Méthodes Profanes

Puisque nous parlons du Grand-Œuvre, profitons-en pour revenir sur un point capital, déjà effleuré, c’est-à-dire sur l’abîme qui le sépare des essais de transmutation par voie physico-chimique, essais auxquels la dissociation atomique donne un regain d’actualité.

Tout d’abord, remarquons à quels frais, avec quel gaspillage d’énergie, dans quels laboratoires titanesques (que nulle fortune privée ne pourrait s’offrir le luxe de financer) opèrent, en rangs serrés, nos modernes Faust. Cela pour aboutir d’ailleurs à des « transmutations » de l’ordre de un dix-millionième de gramme.

C’est la montagne qui enfante d’une souris !…

En regard, le Grand-Œuvre physique ne nécessite que quelques corps assez répandus, un peu de charbon, deux ou trois vases très simples, aucune des sources d’énergie que consomme, en véritable ogresse, la science actuelle et peut être accompli en entier par un seul homme avec patience et longueur de temps. Ceci pour obtenir des transmutations éventuellement massives.

Autre chose. La science d’aujourd’hui, dans sa furie de disséquer la matière aboutit, somme toute, à faire exploser l’atome en le désintégrant brutalement. Cet aboutissement lui interdit évidemment tout nouveau pas en avant dans la connaissance des choses, du moins par cette voie. Pour faire une comparaison grossière et regrettablement irrévérencieuse, nous ne voyons pas une bien fondamentale différence entre le geste du savant qui met l’atome en charpie afin de le mieux connaître et le geste de l’enfant qui brise un jouet mécanique dans le naïf espoir de « savoir ce qu’il a dans le ventre », comme on dit ! Seulement, le premier jeu s’avère infiniment plus dangereux que le second..

Et, en dépit d’une terminologie barbare qui s’allonge tous les jours, où les ions, les électrons, les protons, les neutrons, les deutons et autres ingrédients de la cuisine nucléaire jouent un rôle impressionnant, la matière demeure « terre inconnue ».

Comme si l’on pouvait, d’ailleurs, expliquer la matière par la matière ? …

Aussi, le bombardement atomique n’a pas fait exploser que l’atome. Il a mis en pièces du même coup tout l’édifice scientifique moderne. Et c’est au seuil de nos super-laboratoires qu’on pourrait graver la phrase fameuse : « Vous qui entrez ici, laissez toute espérance ? »

Et ceux qui y entrent – les « initiés » tout au moins – ont en effet peu d’illusions quant à la valeur philosophique et métaphysique (16) de leurs recherches. Et sans doute également quant à leur contribution au bonheur de l’humanité…

Puisque nous parlons de désintégration atomique, rappelons un petit fait qui pourrait nous rendre enclins à quelque modestie.

Lors de certaines expériences métapsychiques on a vu des objets matériels – une bague en or, par exemple – dématérialisés sous les yeux des spectateurs, sans bruit ni explosion gigantesque, ni cyclotron. Puis on les a vus se rematérialiser quelques minutes plus tard, sans altération de poids, de substance ou de forme.

C’est que, dans la désintégration de la chimie nucléaire, les seuls éléments mis en œuvre sont des forces physiques, matérielles, et des agrégats de matière physique. Le résultat ne peut donc être qu’un changement d’équilibre matériel entre les dits éléments, quel que soit le degré de subtilité qu’on accorde à certains d’entre eux. Il ne s’agit toujours que de la matière en action sur de la matière, sous cette même modalité qui constitue la forme du monde où nous passons en tant que matériellement vivants. La vie et la matière, en tant que revêtues d’autres états – parfaitement inaccessibles aux investigations de la physico-chimie moderne – interviennent dans la désintégration métapsychique ci-dessus relatée, comme dans tout travail hermétique normal.

Non, cent fois non, la voie royale de l’hermétisme ne passe pas et ne passera jamais par les laboratoires de la science officielle, luciférienne dans ses principes et dans son inspiration, comme aussi dans ses résultats humains.

Et la possession de cette science extérieure, n’est pas faite pour favoriser l’accès du sanctuaire alchimique, au contraire. Notre ami regretté Auriger (qui joignait à ses connaissances hermétiques celles de l’ingénieur-chimiste et était donc bien placé pour juger) nous écrivait peu avant sa mort : « L’Alchimie est évidemment sœur de la mystique, il suffit de lire Jacob Böhme pour s’en convaincre, et c’est dans ce sens que j’ai répondu ces jours-ci à votre ami N.., qui m’avait écrit. Il s’excusait presque d’ignorer la chimie ; c’est au contraire un atout dans son jeu et il ne risquera pas d’avoir l’esprit faussé par les théories modernes sur la constitution de la matière. La chimie, telle que nous la concevons à l’époque actuelle, peut sans doute jouer un rôle utile en biologie et parfois en thérapeutique, mais quant au reste je lui dénie tout intérêt. Son rôle pendant l’accomplissement du Grand-Œuvre ne vaut guère plus que celui de la chaisière pendant le Saint Sacrifice de la Messe ! Je crois que sa connaissance constitue plutôt un obstacle à la perception claire des buts et des méthodes de l’alchimie. »     Tout commentaire affaiblirait la portée de cette opinion particulièrement autorisée.

V. – Simples aperçus sur le Grand Œuvre

En résumé, dans l’œuvre métallique, l’artiste utilise comme agent – et c’est par là qu’il se différencie le plus profondément du chimiste – une énergie vivante et universelle qu’il n’est pas utile de préciser pour l’instant. Comme substrat, il se sert d’une substance purifiée, ranimée par cette énergie universelle et portée progressivement par lui au degré requis pour opérer la transmutation ou réincruder le composé humain.

Dans l’Œuvre spirituel, même processus : purification, simplification, descente de l’Esprit (non plus universel ou cosmique mais divin). Ce qui constitue le véritable et définitif « baptême de feu » dont parlait St Jean-Baptiste et que le Verbe de Dieu peut seul conférer.

Non seulement la description de l’œuvre physique s’adapte strictement aux phases de l’Œuvre spirituel, mais il est possible de tirer d’une description de l’Œuvre spirituel une adaptation parfaite à l’œuvre physique (pourvu qu’on ait de l’un ou de l’autre un peu plus qu’une connaissance simplement livresque et superficielle).

La première partie de l’Apocalypse de Jean s’adresse « aux Sept Églises qui sont en Asie » et promettent au « vainqueur », entre autres récompenses, « les fruits de l’Arbre de Vie », « la Manne cachée et le caillou blanc où est écrit un nom nouveau », « l’Etoile du Matin », etc., autant de symboles voilant des réalités qui, pour être « spirituelles » n’en sont pas moins précises et fort peu nuageuses.

Or, fait digne de méditation, tout ceci a ses palpables correspondances dans l’Alchimie élémentaire, où l’œuvrant s’adresse « aux sept métaux qui sont en la terre » et où le « vainqueur du dragon » doit aussi trouver successivement l’arbre de vie (qui pourrait être le Mercure des Sages), la manne cachée, l’étoile du matin, et ainsi de suite.

Ceux qui sont familiarisés avec l’hermétisme comprendront parfaitement ce dont il s’agit et nous sauront gré d’en remettre l’interprétation à des temps meilleurs.

Quant aux autres, nous ne leur conseillons nullement de se livrer aux difficiles travaux de l’Œuvre, s’ils ne se sentent intérieurement appelés. C’est ici le lieu de citer l’avertissement qui clôt la lettre d’invitation aux Noces chimiques, de Valentin Andreae :

Examine-toi toi-même.
Si tu ne t’es pas purifié assidûment
Les Noces te feront dommage.
Malheur á qui s’attarde là-bas.
Que celui qui est trop léger s’abstienne.

Avertissement qui rappelle, non fortuitement, l’épisode évangélique du convive qui n’avait pas revêtu son habit de noces et qui est rejeté « dans les ténèbres extérieures où il y aura des pleurs et des grincements de dents » (17) (Matthieu XXII).

Tout ce qui peut être dit sur la partie matérielle de l’Œuvre l’a été par les vrais adeptes, aussi complètement que possible. Ils ont seulement réservé ou décrit par énigmes lés travaux préparatoires, leur feu vivant et le nom de la matière brute d’où proviendra la pierre des philosophes. Ceux qui se sentent l’inspiration de travailler dans cette voie doivent s’adresser à eux et non à nous. Il nous suffira de leur donner quelques conseils très simples ou plutôt de les leur rappeler :

1° La vie minérale n’est pas une figure de rhétorique ; le minéral a sa fleur, son fruit, son temps de maturité.

2° Les opérations alchimiques sont – matériellement – simples. Parfois d’autant plus simples que leur description se fait plus compliquée.

3° Les conditions de temps et de température jouent un rôle capital. Comme les « vitamines » des aliments, les ferments métalliques se détruisent si la température dépasse le régime de cuisson requis.

4° Que l’inquisiteur de science se défie des petites recettes, qui traînent dans tant de bouquins : la Voie de l’Universel est universelle. Ce n’est pas que de telles recettes soient sans enseignement, mais elles ne valent que rapportées à la recherche de la voie, comme sujets de réflexions sur la marche de la nature et le sens de ses opérations.

5° Comme le dit Jacob, l’artiste doit préparer lui-même ses instruments de travail et purifier lui-même – précautionneusement – ses matières.

6° Une seule matière est la vraie matière. Une autre cependant est matière adjuvante. C’est là le nœud d’un problème délicat à résoudre et impossible à éluder.

7° L’alchimiste n’est pas un magiste. Et le feu qu’il emploie pour son œuvre n’est pas, malgré l’opinion de certains modernes, son propre « astral ». C’est cependant un feu « astral » si on l’envisage à un certain point de vue. Rien d’alchimique ne se fait sans lui, rien de chimique ne se fait avec lui. Connaître ce feu est aussi nécessaire avant de rien entreprendre que connaître ou soupçonner quelle est la matière.

8° Ne pas s’hypnotiser sur des questions de terminologie. Sous les étiquettes des termes de l’art se cachent des réalités fixes. Si certains ont changé les étiquettes, les réalités qu’ils désignent sont toujours semblables à elles-mêmes et c’est leur connaissance qui importe. Dans sa Révélation alchimique, concise mais assez explicite, Jacob dit (§§ 15 et Ì6) : « Toutes choses ont trois principes : le soufre, le sel, le mercure des sages. Tous trois forment l’Azoth vivant qui est le quatrième principe. Ces trois principes sont extraits de la matière première par l’Azoth des Sages. Cet Azoth est attiré des cieux par la glaise rouge, appelée Adama, là où la rosée est neutralisée par les vapeurs souterraines. » C’est un bel exemple de piège terminologique ! Éventer ce piège porte en soi sa précieuse récompense.

9° Il y a deux voies : la voie sèche ou voie abrégée, et la voie humide. La plus longue n’est pas moins riche en enseignements que la plus courte. La plupart des auteurs les mélangent assez inextricablement.

10° Dans la véritable Alchimie des Rose-Croix, un axiome doit être médité soigneusement : « Le grand Arcane est un esprit céleste descendant du soleil, de la lune et des étoiles, qui est rendu parfait dans l’objet saturnin par une cuisson continuelle jusqu’à ce qu’il ait atteint le degré de sublimation et la puissance nécessaire pour transformer les métaux vils en or. Cette opération s’accomplit au moyen du feu hermétique. La séparation du subtil et du grossier doit se faire avec soin, en ajoutant continuellement de l’eau ; car plus les matériaux sont terrestres, plus ils doivent être dilués pour être rendus mobiles. Continuez ce procédé jusqu’à ce que l’âme séparée soit réunie de nouveau au corps. »

Tout le processus est donc de séparer et de rassembler : corporiser l’esprit et spiritualiser le corps, ce, l’un par l’autre. Et l’Alchimie spirituelle procède de la même méthode. C’est pourquoi Jésus nous dit d’élever notre âme vers Dieu par la prière et de la réincorporer derechef par l’exercice de la charité, afin que nous devenions « un », comme il est « un » avec le Père.

11° La théorie précède la pratique et l’accompagne. La pratique ne supplée point à la théorie mais la démontre ou la condamne. Qui pratique sans une connaissance suffisante des principes et des méthodes risque fort de mourir dans la peau d’un souffleur. L’analyse spagyrique des métaux – comme par exemple la donne Roger Bacon – les notions essentielles de soufre, de sel, de mercure, de feu, et ainsi de suite doivent être étudiées et méditées avec assiduité, jusqu’à compréhension suffisante, avant tout travail vraiment utile.

12° Observez la nature !… Conseil souvent donné et rarement suivi. De même que celui-ci qui lui est analogue : L’art doit commencer son œuvre au point où la nature laisse la sienne. IÌ faut donc ouvrir ses yeux et regarder autour de soi. La terre enseigne quelque chose. La voûte étoilée aussi… Quel bon alchimiste pourrait faire un jardinier intelligent et pieux !

13° Les herbiers n’apprennent rien. Les métaux morts non plus. Une mine, fut-elle abandonnée, vaut dix laboratoires ; une promenade en forêt est parfois plus profitable à l’intellect et à l’âme que dix salles de musée. Il y a aussi une Alchimie esthétique : comment un beau clair de lune, une aurore roséeuse profitent à l’esprit et au cerveau sont un grave sujet de méditation !

14° L’œuvre métallique et les préparations spagyriques ont quelque analogie dans certaines opérations (en particulier dans le processus de la voie humide). Il y a toutefois des différences irréductibles entre ces deux sortes de travaux. Celui qui s’exerce à comprendre et à manipuler spagyriquement, comme préface ou préparation à ses travaux sur les métaux n’a pas tort, mais à la condition de se souvenir que tirer la quintessence d’un mixte est chose différente de tirer l’Elixir de la matière. C’est tout au plus une moitié de l’Œuvre.

15° Evitez-vous des complications superflues et des dangers possibles en laissant au mercure vulgaire son emploi le plus utile, qui est, sans conteste, de remplir la boule des thermomètres.

16° Travailler sur le vrai sujet et de la juste façon entraîne à un certain moment des dangers signalés, plus ou moins ouvertement, par les auteurs sérieux. Sachez que les connaissances les plus étendues en chimie ordinaire ne vous permettent pas de les prévoir et d’y parer. Fiez-vous plutôt à l’aide et à l’inspiration du Ciel : Orare et Laborare !

17° Etudiez les vieux auteurs et n’acceptez pas sans réserve les propos des spagyristes des dix-septième et dix-huitième siècles. Lisez et relisez sans découragement et avec simplicité. N’étudiez pas un hermétiste médiéval avec une mentalité de scientiste du vingtième siècle. Souvenez-vous parfois qu’on peut être d’autant plus hyperbolique qu’on serre de plus prés la réalité opératoire.

18° Négligez les fantaisies des occultistes modernes : Ni « l’électricité magnétisée» d’Eliphas Lévi, ni la « pile électrique » de Stanislas de Guaita, ni la « Volonté du Mage » de Jollivet-Castelot première manière, ne provoqueront jamais la moindre transmutation alchimique.

19° Les grandes époques de foi – et d’art – furent les époques bénies de l’Alchimie. Les époques de scepticisme marquèrent son déclin. Être alchimiste, c’est avoir la foi !

20° La Voie est étroite qui mène à la Vie ; étroite et pierreuse. Les chemins spacieux et faciles ne manquent pas pour ceux qui craignent de se blesser les pieds ou qui rêvent de faire fortune rapidement !… Le corps a faim de repos ; l’âme a soif d’épreuves. Nul n’a jamais cueilli la « rose des neiges » sans se blesser d’abord à ses épines. Comme les débuts de l’œuvre physique, les débuts de l’Œuvre spirituel sont « travaux d’Hercule », mais, comme son Mercure, l’alchimiste acquiert des forces en marchant.

21° Qui veut la Lumière, doit la demander d’abord à Dieu, le Père des Lumières. Qui veut parcourir la voie doit suivre Celui qui est La Voie. Vivre selon la vérité qu’on connaît, c’est faire descendre en soi un peu de la vérité qu’on ignore.

22° Que l’Esprit divin s’incarne dans les doubles eaux pour les glorifier, voilà tout le programme de l’Œuvre : Ignis et Azoth tibi sufficiunt, disent les Adeptes. Trouve d’abord en toi cette eau, dégage-la des superfluités et des ténèbres infernales, c’est là le travail préparatoire du véritable Grand-Œuvre. Quand cette purification qui t’incombe sera terminée, l’Esprit descendra. Mais ceci ne t’incombe pas. C’est Dieu qui choisira son heure. Tel est le vrai Grand-Œuvre, par lequel ton nom sera écrit dans le Livre de Vie. L’autre, le Grand-Œuvre physique, te sera donné par surcroît.

Les quelques remarques qui précèdent pourront, croyons-nous, rendre de menus services à ceux qui se croiraient « appelés ». Il ne dépend que de Dieu et d’eux qu’ils soient un jour « élus ». Nous n’avons pas voulu faire de ces quelques pages un « cours d’Hermétisme ».

Nous espérons avoir montré ce qu’est l’Alchimie véritable, dégagée de ses contrefaçons.

Au lecteur de juger si nous n’avons pas été trop présomptueux.

Plus sur le sujet :

Qu’est ce que l’alchimie ? André Savoret, 1947.

Image par arturo_ngeek de Pixabay

Notes :

1. « M. Jollivet-Castelot dont j’admire la persévérance …, me permettra sans doute une remarque sur le qualificatif d’alchimiques qu’il donne à ses expériences : … Par les matériaux mis en oeuvre et les procèdes employés, elles ressortissent au domaine de la chimie pure et simple. Si elles étaient alchimiques au vrai sens du mot, il n’y aurait point, au moins à ma connaissance, de professeur en Sorbonne, quelle que soit son érudition, capable de les contrôler. D’ailleurs M. Jollivet Castelot réclame uniquement le contrôle des chimistes, c’est donc que les transmutations qu’il affirme obtenir sont effectuées par voie chimique sans plus.» Auriger, « l’Alchimie devant la Science » (Revue Le Voile d’Isis, n° 84, 1926).

2.  « La vraie science royale et sacerdotale est la science de la régénération, ou la science de la réunion de l’homme tombé avec Dieu. » D’Eckhartshausen (Nuée sur le Sanctuaire).

3.  « Il n’y a pas de différence entre la naissance éternelle, la réintégration et la découverte de la Pierre philosophale. Tout étant sorti de l’éternité, tout doit y retourner d’une même façon. » Jacob Böhme (De Signatura Rerum).

4. « En traitant du Soufre, du Mercure et du Sel, je n’entends parler que d’une chose unique, spirituelle ou corporelle; toutes les créatures sont cette chose unique ; mais les propriétés la différencient. Quand je parle d’un homme, d’un animal, d’une plante ou d’un être quelconque, tout cela est la même chose unique. Tout ce qui est corporel est une même essence, plantes, arbres et animaux; mais chacun diffère selon qu’au commencement le Verbe fiat y a imprimé une qualité. » J. Böhme (De Signatura).

5. Toute la Table d’Emeraude est bien, ainsi qu’il y est écrit, la base de la doctrine de l’unité, des analogies universelles et des correspondances entre toutes les parties de la création, comme entre la création et le Créateur, entre l’œuvrant et son oeuvre. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, comme le chercheur sagace doit le constater en portant ses regards des choses terrestres sur les célestes et vice versa. (N’est-ce pas ainsi que le Sage Fo-Hi est dit avoir créé les caractères sacrés?) S’il sait séparer le subtil de l’épais, contempler spirituellement les choses spirituelles et observer physiquement les choses matérielles, « avec délicatesse et prudence», il découvrira, en lui et hors lui, le Soleil et la Lune hermétiques, Aourim et Thumim, et la terre vierge qui est leur matrice.

6. « Tu es la matière même du Grand-Œuvre »… «La noblesse de l’Œuvre requiert la noblesse de l’oeuvrant»… Grillot de Givry (Le Grand-Œuvre).

7.  « Un mort n’en réveille point un autre. il faut que l’Artiste vive, s’il veut dire à la Montagne: Lève-toi et te jette dans la mer. » Böhme (De Signatura).

8.  « J’avertis le chercheur, s’il veut prendre soin de son salut temporel et éternel, de ne pas se mettre dans le chemin du procédé terrestre avant de s’être tout d’abord débarrassé de la malédiction de la mort par le Mercure divin… autrement ses travaux seront vains et sa science inutile. » Böhme (I cit.).

« L’alchimie ne peut être pratiquée sans danger que par ceux qui sont protégés par la Puissance divine et que Dieu autorise à se servir de la pierre philosophale. Les autres en deviennent fous ou malheureux. » Jacob (Révélation alchimique).

9.  «Vous qui aspirez à l’accomplissement du grand oeuvre, soyez grands et simples comme Elisée. Ce que vous voulez, c’est une royauté et non un brigandage. Vous devez quérir et non usurper la richesse. » Asch Mezareph.

10. « Le but du sage est de faire servir les avantages qu’il acquiert et l’influence qu’il exerce sur les autres hommes à les gagner à Jésus-Christ leur Rédempteur, et à les rendre heureux. C’est là le vrai grand oeuvre éternel. » Jacob (I. cit.).

11.  « Il doit toujours y avoir à la porte du laboratoire une sentinelle armée d’un glaive flamboyant pour examiner tous les visiteurs et renvoyer ceux qui ne sont pas dignes d’être admis. » Madathanus.

12.  L’aspect spécial du Verbe pour les traditions autres que chrétienne engendre la Voie spéciale qui convient à chacune et non aux autres. Le plus court chemin – sauf cas extraordinaires – est toujours celui de la tradition ancestrale. En matière initiatique, le « déracinement », le changement de Voie est toujours périlleux et rarement profitable. Quant au syncrétisme, s’il est un amusement de théoricien, il est initiatiquement ou impossible ou catastrophique.

13.  Voir l’admirable petit poème de l’Hortulus Sacer, « L’Amour chasseur ».

14. L’œuvre métallique fait partie de ce que les Rose-Croix nomment le Parergon ou oeuvre secondaire. Quoiqu’ils n’aient pas indiqué nommément quel était leur oeuvre principal ou Ergon, tout porte à croire qu’il s’agit de l’Œuvre du Phénix ou de la régénération intérieure que Fludd, un de leurs porte-parole probables, exprime ainsi: «A celui qui possédera le Verbe proféré de la nue, et s’unira à l’Esprit rutilant de splendeur divine appartiendra la destinée de Moïse ou d’Elie». Ajoutons que c’est aussi celle d’Hénoch, que c’est à Hénoch que remonterait la tradition rosicrucienne, et que, dans ce cas, il s’identifierait spirituellement à Elias Artista, génie protecteur des Rose-Croix.

15. « Dans notre sang, il y a une matière gluante (appelée gluten) cachée, qui est … la matière du péché… » « La Régénération n’est autre chose qu’une dissolution et qu’un dégagement de cette matière impure et corruptible, qui tient lié notre être immortel et qui tient plongée en un sommeil de mort la vie des forces actives opprimées… » « La renaissance est triple : premièrement la renaissance de notre raison ; deuxièmement, celle de notre cœur ou de notre volonté. Et enfin la renaissance de tout notre être. La première et la seconde sont appelées la renaissance spirituelle ; et la troisième la renaissance corporelle. Beaucoup d’hommes pieux et qui cherchaient Dieu ont été régénérés dans l’esprit et la volonté ; mais peu ont connu la renaissance corporelle. » D’Eckhartshausen (Nuée).

16. «Quand nous parlons d’un atome, nous avons en vue, selon le but que nous nous proposons, tantôt le système planétaire de Bohr, tantôt l’atome matriciel de Heisenberg ; nous savons que c’est celui-ci qui répond le mieux au comportement prévu de ce que nous avons baptisé atome, mais nous serions vraiment d’une candeur incurable si nous nous figurions que ce dernier n’est effectivement rien d’autre qu’un tableau de nombres. Derrière ce tableau de nombres, il y a quelque chose, de même qu’il y a quelque chose derrière l’onde-corpuscule de Louis de Broglie. C’est ce quelque chose que nous appelons réalité. Que peut bien être cette réalité ? Comment pouvons-nous imaginer un atome en tant que gondolement local de l’espace ?…

Nous savions déjà que les objets que nous manions journellement… n’étaient que des agglomérations de particules dont les mouvements rapides étaient décrits au mieux par le mathématicien. Nous devons maintenant accomplir un dernier pas et nous avouer que cette peinture mathématique elle-même n’est qu’une image plus ou moins fidèle de l’inconnaissable réalité.

« Oui, nos sept constantes, et ces groupes, et ces matrices, et tout ce vaste arsenal dont nous avons étalé ici une à une les pièces compliquées, ne sont que des ombres de quelque chose qui est au-delà de nous et hors de notre compréhension, parce qu’il est hors de notre espace et de notre temps. » Pierre Rousseau (La conquête de la Science, pp. 338-339).

17. Toute cette parabole peut s’interpréter alchimiquement, tant au physique qu’au spirituel.

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