Voici l’Alchimie par Jean Dubuis.

Newton lui a consacré 90% de ses travaux. Elle est l’exemple même de l’interaction entre l’expérimentateur et l’expérimentation.

Mais, en 1984 et pour notre avenir, que peut-elle encore nous apprendre ?

En elle, et par elle, la transmutation de la matière physique et de la matière psychique cherche à se réaliser. Spiritualité, art et science, l’Alchimie sait depuis longtemps que l’expérimentation est en interaction avec l’expérimentateur. C’est pourquoi, pour ses recherches les plus fines, la qualité spirituelle de cet expérimentateur doit être à la mesure de la profondeur et de la finesse de l’expérimentation. Donc, à un certain niveau, l’expérimentation n’est pas reproductible par tous et c’est pourquoi l’Alchimie n’est pas prête d’être acceptée ni même étudiée par les milieux scientifiques conventionnels. Elle reste dans les zones obscures de l’hermétisme et de la métaphysique et y restera longtemps encore jusqu’à ce que la conscience des hommes soit capable de l’approcher sans crainte ni dérision, comme l’avait fait en son temps Isaac Newton dont les travaux alchimiques, tenus secrets, représentent 90% de son oeuvre. Aujourd’hui seulement, sa famille accepte que l’on en commence l’examen.

Parmi les diverses disciplines traditionnelles, l’Alchimie est de loin la plus mal connue, la plus mal interprétée. De nos jours, ses véritables buts sont encore à peu près occultés. De nombreuses personnes appartenant à des écoles ésotériques ou philosophiques assimilent en Alchimie, la Pierre Philosophale et l’Elixir de longue vie uniquement à des chimères.

Il faut reconnaître que les traités obscurs de la plupart des souffleurs ou des alchimistes sont les principaux responsables de cette méprise, ainsi que le maintien du secret hermétique.

Le secret hermétique

Il nous semble qu’il y a eu au moins quatre raisons qui l’ont justifié ainsi que son maintien en Alchimie :

  • première raison : dans les époques d’intolérance religieuse, il était nécessaire de cacher le véritable but des opérations alchimiques, but initiatique.
  • seconde raison : elle est d’ordre politique. La diffusion des processus alchimiques à ces époques aurait eu pour résultat de déstabiliser l’organisation sociale, risque qu’aucun roi ne voulait encourir.
  • troisième raison : elle est d’ordre initiatique. La plupart des initiés pensaient que ces techniques ne doivent être communiquées qu’à ceux qui sont prêts. Encore eût-il été satisfaisant, sur le plan éthique, que les moyens de se préparer fussent révélés à tous ceux qui le souhaitaient. Cette erreur des initiés vient en grande partie d’une mauvaise interprétation de l’adage hermétique : « savoir, oser, faire, se taire ». Le « se taire » final ne concerne pas le savoir, mais le résultat du travail ésotérique, lequel ne concerne que celui qui le fait. Cette erreur n’est pas propre à l’Alchimie, elle est encore perpétuée par la plupart des écoles philosophiques et est sûrement la cause des divers troubles des sociétés d’aujourd’hui.
  • quatrième raison : l’expérience montre qu’il existe de nombreux livres « trouble-fête » qui induisent en erreur. Probablement sont-ils tous l’expression de la revanche de « souffleurs » ayant échoué sur le sentier.
Les Douze Clés de Basile Valentin - alchimie
Les Douze Clés de Basile Valentin – Voici l’Alchimie

Où en est l’Alchimie aujourd’hui ?

Nous estimons que de nos jours les considérations précédentes n’ont plus à rentrer en jeu et que de ce fait il est du devoir de ceux qui savent de dire comment se préparer.

Un autre fait autorise à dire beaucoup, parce qu’en Alchimie, savoir ne signifie pas automatiquement pouvoir.

Nous entendons souvent déclarer : « mais s’il y a un secret hermétique, la science avec ses moyens modernes aurait dû le trouver ? ». A cela la réponse est simple : la science ne l’a pas trouvé parce quelle ne l’a pas cherché. Quand son lent et pénible « grattage » des lois du monde physique la conduira à la limite de la métaphysique, alors, la science rejoindra l’Alchimie.

Nota : al chimie ou chimie divine. Dans la langue hébraïque, les lettres aleph et lamed, ou leurs équivalences en arabe, jointes à un mot, lui confèrent un sens divin. Ex. : Alla, Mikael, Raphael, Gabriel, etc.

L’étude et la pratique de l’Alchimie conduisent à une connaissance unitaire, globale qui comprend à la fois une connaissance expérimentale et théorique, une philosophie, une conception du monde.

En outre, la pratique est davantage un art qu’une technique.

Avant d’aborder différents aspects touchant à l’Alchimie, il nous semble utile de donner l’origine des connaissances exposées ici. Elles sont :

  • pour la partie opérative en majeure partie issues des anciennes écoles allemandes, à savoir : Isaac Hollandus, Von Welling, Paracelse, Weidenfeld, Von Bernus.
  • pour la partie théorique, essentiellement : La Chaîne d’Or d’Homère.

Le reste provient d’échanges oraux, de conversations directes avec des alchimistes étrangers et de nos propres expériences.

Conception philosophique et alchimique de la nature

L’Alchimie ne dissocie pas la métaphysique de la physique. Elle considère la création comme un tout, ce qui se traduit par un double aspect du travail : « Ora et Labora » c’est-à-dire « Prie et travaille » ou « Oratoire – Laboratoire », Esprit et Matière ou plus précisément Vie et Matière.

VIE, domaine de la métaphysique à ce jour.

MATIERE, aspect physique des choses.

L’Alchimie pose le principe que tout est vivant, que tout évolue, que la conscience est en tout. L’incompatibilité de concept entre la science actuelle et l’Alchimie peut se résumer ainsi :

  • la science cherche comment la matière a créé la vie ;
  • l’Alchimie déclare que c’est la vie qui crée la matière pour les besoins de son évolution.

Bien entendu, l’Alchimie ne considère pas que la vie et la conscience soient identiques dans les trois règnes. Il y a une gradation entre la vie minérale, la vie végétale et la vie animale. La mort absolue n’existe pas pour l’alchimiste. Par exemple : la mort d’un animal est le départ de la vie animale, mais dans le cadavre subsiste un certain temps une vie végétale, issue des aliments, et une vie minérale qui, elle, restera fixée dans les éléments minéraux du corps.

La nature a un but et un seul : l’évolution de l’Essence de la Vie, l’âme du monde ou la Materia Prima des Anciens, et ceci se fait par un processus unique qui est celui de la vie – mort – renaissance accompagné de phases de purification ou remise en ordre des éléments des choses et des êtres. La partie opératoire sera consacrée à cet aspect.

Puisque le processus alchimique consiste principalement à faire changer de niveau les énergies de la vie, il est évident que la technique chimique seule est insuffisante. Agir sur la vie est du domaine de l’Art, l’Art Royal, qui nécessite une qualité intérieure que l’élève alchimiste doit acquérir peu à peu s’il veut franchir les étapes du Sentier Hermétique. Ainsi Paracelse dit : « Nul ne transmute aucune matière s’il ne s’est transmuté lui-même.»

Le niveau de conscience dans le minéral est faible, mais ses énergies sont gigantesques, son évolution est lente, aussi ce règne ne concerne-t-il que la fin du Sentier Hermétique.

Le végétal a un niveau de conscience plus élevé, des énergies moindres, aussi est-ce le règne rêvé pour celui qui désire commencer à apprendre l’Art Royal.

Le règne animal contient les énergies les plus subtiles, aussi est-ce lui qui évolue le plus vite. Pour les alchimistes, le règne animal se divise en deux volets : le règne animal et l’homme. En effet, dans les trois règnes, la nature agit selon des règles strictes et aucune dérogation n’est possible. Seul l’homme dans la nature a en lui une énergie qui est un des feux secrets des alchimistes.

Cette énergie donne à l’homme la soi-conscience, le sentiment du je, c’est cette énergie qui doit être développée dans le travail de l’Oratoire mais aussi avec l’aide des opérations alchimiques du laboratoire.

Théorie de la nature selon les alchimistes

Pour les alchimistes la totalité de la Création n’est qu’énergie, celle-ci émanant d’une source unique (Kether pour les qabalistes). Les Anciens désignent cette énergie sous plusieurs noms : Chaos, Materia Prima, Hyle. Cette énergie se transforme et crée toute chose.

Sous l’effet d’une force (le Verbe, le Pouvoir de l’Etre, etc.), cette énergie indifférenciée se divise en deux phases, un élément actif, dit positif, un élément passif, dit négatif ; le positif étant égal en quantité au négatif. Ceci pouvant se répéter sur les phases de l’énergie différenciée.

Dans la nature, il existe dès l’origine une symétrie assez comparable au concept matière-antimatière mais à la différence de ce concept, le complément de la matière est ici les énergies de la Vie. La remise en contact des deux phases ne redonne pas l’énergie première, mais un phénomène d’opposition : le négatif servant d’obstacle au positif qui peut ainsi se manifester.

Dans ce qui suit, les mots : Nitre, Sel, Feu, Air, Eau, Terre, Soufre, Mercure, Sel, ne désignent pas les corps ainsi dénommés de nos jours, mais des énergies généralement non perceptibles, telle l’électricité ou le support matériel de l’une d’entre elles.

Nous voyons donc sur le schéma que le Hyle ou Chaos se différencie en deux énergies, d’un coté le Nitre, énergie active, qui sera la base de toutes les énergies animatrices de la vie ; de l’autre, le Sel, énergie passive qui par condensation donnera la matière, support de la vie.

A nouveau le Nitre se différencie et donne deux énergies connues comme éléments alchimiques : le Feu actif, l’Air passif.

De son coté, le Sel se différencie, il donne l’Eau, énergie active, la Terre, énergie passive.

L’opposition Feu-Air engendre une sorte de corps spirituel, l’Ame des choses animée par le Feu, construite par l’Air, et que les alchimistes dénomment Soufre.

Eau et Terre engendrent le Sel ou plus exactement la matière énergétique des formes physiques. L’Air et l’Eau engendrent le Mercure Philosophique ou l’Esprit des choses. Ce Mercure est la Clef de l’Alchimie car il est le seul des trois principes à avoir accès d’un coté aux énergies de la vie et de l’autre aux énergies de la matière. Pour les alchimistes, un corps, une matière, pour être utilisables doivent être vivants, et dans ce cas sont dits philosophiques. Et ceci implique que soient présents les trois principes, à savoir : Soufre, Mercure, Sel, ou : Ame, Esprit, Corps. Dans l’homme, c’est le Mercure qui permet à l’Ame d’animer le corps. D’où le symbolisme ancien de Mercure, messager des Dieux.

Nul ne peut « ouvrir » un des règnes de la nature s’il n’en possède pas le Mercure. Les supports physiques du Mercure sont les suivants :

  • le sang dans le règne animal
  • l’alcool dans le règne végétal
  • un hydrocarbure (vinaigre des Anciens) dans le règne minéral.

Nota : le règne minéral a deux « Mercure » :

  • le Mercure Philosophique extrait des minerais métalliques des sept métaux traditionnels ;
  • l’Alkaest extrait des autres minéraux vierges.

Dans la nature comme dans les opérations alchimiques, il y a sans cesse involution et évolution de l’énergie, c’est-à-dire que l’essence des choses est en fait le Feu plus ou moins « coagulé » selon les Anciens. L’énergie involue incessamment dans le cycle Feu, Air, Eau, Terre, et évolue dans le cycle Terre, Eau, Air, Feu.

L’hydrogène, élément Feu, est le seul élément directement issu de la Materia Prima et toute la suite des corps n’apparaît que par l’accolage des atomes d’hydrogène.

Parvenue au carbone, la vie manifestée devient possible puisque tous les Mercures animateurs contiennent C et H.

A ce jour de l’évolution cosmique, l’agglomération des atomes d’hydrogène s’arrête au plomb. Au-delà, l’incorporation Soufre-Mercure ne se fait plus, ces corps sont alchimiquement morts, la radio-activité les décompose et renvoie leur énergie au Chaos.

Un corps totalement privé de son Soufre et de son Mercure devient radio-actif.

Pour illustrer la différence entre Alchimie et techniques modernes, prenons le cas des transmutations nucléaires. La transmutation nucléaire, dans les piles ou les bombes, est due aux énergies nucléaires et électriques des éléments Eau et Terre, domaine de la matière. Ces réactions sont donc du même domaine que celui du corps physique et sont dangereuses pour lui, mais elles ont peu, sinon pas du tout, d’action directe sur le psychisme. Par contre l’alchimiste agit sur la matière par l’intermédiaire des éléments de la vie, Feu et Air. Il n’y a plus de risque de graves perturbations psychiques en cas d’erreur.

Méthodes opératives en Alchimie

Tous les processus ne seront que des imitations des processus de la Nature puisque l’Art Royal ne se propose que d’accélérer les processus naturels.

Le premier processus, le processus vie-mort, consiste à faire changer le niveau de vie d’un liquide, l’opération étant répétée de nombreuses fois. La distillation en est le procédé le plus simple, il imite la nature. En effet, l’eau de la mer évaporée par le soleil meurt et se transforme en vapeur, sa renaissance est la condensation sous forme de pluie.

L’Artiste suivant ses besoins distille de manières différentes : soit de la manière classique pour la séparation des impuretés ; soit par cohobation : en ce cas les impuretés résiduelles sont calcinées puis on reverse le distillat sur les résidus de la calcination : on circule le tout et on re-distille, en ce cas il y a : distillation-purification-évolution. Sept cohobations-distillations sont au moins nécessaires pour un résultat sensible. Un autre moyen de distiller est la circulation : un flacon de forme spéciale dans un environnement correct assure une distillation lente mais continue en circuit fermé ; un mois à un an ou plus de circulation est souvent nécessaire. « Patience » est le mot écrit sur la porte du laboratoire.

Le second grand processus, première réalisation véritablement alchimique, est la séparation des trois principes Soufre, Mercure, Sel. Ceci ne peut se faire que si l’on possède le Mercure du règne.

Par exemple, prenons de la graine de carvi qui possède, même sèche, la vie puisqu’elle a le pouvoir germinatif. Le Mercure, ici alcool absolu issu du vin rouge, est relativement aisé à obtenir ; on charge alors un extracteur moderne, type Soxhlet, avec ces deux produits et après une douzaine d’heures, on obtient un liquide coloré, la teinture, qui contient Soufre, Mercure et impuretés ; un résidu solide, les fèces qui contiennent le Sel. Les fèces seront calcinées, lessivées, et on obtient un peu de Sel blanc.

Par distillation, la teinture donne séparément le Soufre et le Mercure. Plusieurs distillations sont nécessaires pour les purifier et les faire évoluer à un degré suffisant.

Une longue circulation des trois principes donnera un élixir vivant aux qualités thérapeutiques énergétiques.

Le dernier processus examiné sera celui de la fécondation ou du mariage alchimique. Le Soufre sera considéré comme mâle, le Mercure comme femelle, le Sel sera la matrice. Les trois sont enfermés dans l’Œuf Philosophique lui-même placé dans une couveuse dont la température est d’environ 40°. Une circulation va commencer dans l’Œuf.

Avec les trois principes du processus précédent, on obtient une Pierre Végétale dont la propriété est d’extraire immédiatement un élixir d’une simple macération aqueuse.

Action de l’Alchimie sur l’alchimiste

Opérations dans le règne végétal.

Il est certain que le travail de laboratoire de l’Alchimie est un travail solitaire, à cause des réactions opérateur-opérations. Les opérations sur les éléments de la vie sont délicates et peuvent être contaminées par des présences inutiles ; une discipline de bloc opératoire est nécessaire à ces niveaux. Mais si l’alchimiste veut entreprendre des expériences du règne métallique, une préparation psychique et physique est nécessaire, il doit nettoyer son Soufre, son Mercure, son Sel. Dans les écoles alchimiques d’origine allemande, cette préparation est basée sur les conceptions et le symbolisme de la Qabal hébraïque.

Cette tradition dit que l’homme possède en lui dix niveaux énergétiques, dix niveaux de conscience appelés Sephiroth. Pour sept de ces niveaux, il existe une analogie et même une identité de fonctions avec les sept chakras du yoga. Comme pour eux, la préparation consiste en un nettoyage préliminaire de ces centres et des conduits énergétiques qui les relient.

Les qabalistes et les alchimistes qui utilisent le symbolisme de la Qabal placent les dix Sephiroth, les dix niveaux de conscience de l’homme, sur un schéma dit « Arbre de Vie ». Cet Arbre de Vie est divisé de deux manières différentes :

a) Verticalement en trois colonnes

  • 3 Sephiroth à gauche forment la colonne de la Rigueur
  • 3 Sephiroth à droite forment la colonne de la Miséricorde
  • 4 Sephiroth au centre forment la colonne de 1’Equilibre

b) Horizontalement, l’arbre est divisé en quatre mondes

  • Atziluth, le monde supérieur divin
  • Briah, le monde des idées créatrices
  • Yetzirah, le monde de la matérialisation des choses
  • Assiah, le monde physique.

Chacun de ces mondes constitue un plan de conscience de l’homme. Sauf pour le monde physique, Assiah, l’homme a dans chaque plan trois niveaux de conscience.

L’Initiation véritable est la possibilité, pour l’homme de la terre, de relier ces niveaux de conscience à sa conscience physique ordinaire.

Le mécanisme de l’Initiation consiste à rétablir les liaisons inter-Sephiroth.

Assiah est la conscience ordinaire.

L’Initiation antique des Mystères mineurs devait rétablir la conscience en Yetzirah.

L’Initiation antique des Mystères majeurs devait rétablir la conscience en Briah.

Les trois Sephiroth d’Atziluth ne sont pas concernés, ni par l’Initiation, ni par l’Alchimie.

Le monde d’Atziluth est un monde intemporel et n’est pas accessible à des processus physiques. Le trait en pointillé est le symbole de cette inaccessibilité et, par suite, est nommé le Seuil des Abysses.

Le franchissement de ce seuil est l’Ultime Initiation. Le seul personnage concerné par ce passage est, dans la Bible, ENOCH dont on dit qu’« il vit Dieu face à face et ne revint pas ».

Les anciennes traditions alchimiques et qabalistiques (Hollandus, Paracelse, Trithème, Vigénère) donnent une équivalence symbolique de ces centres et attribuent à chacun une planète et des plantes, à savoir :

Lorsque l’on est parvenu à produire des élixirs végétaux satisfaisants, ou mieux des quintessences végétales, on opère de la manière suivante.

Une fois les sept élixirs fabriqués, une dose de quelques gouttes d’un élixir chaque jour de la semaine amorcera le nettoyage souhaité. Nous pensons que 18 mois de ce régime sont nécessaires au nettoyage des centres afin de les rendre aptes au travail métallique.

Ce processus constitue la première partie de l’Initiation alchimique. Bien conduit il équivaut à l’Initiation dite des Mystères mineurs.

Opérations dans le règne métallique

Les alchimistes ne travaillent jamais sur des métaux courants, qui sont alchimiquement morts : s’ils possèdent encore le Soufre, ils n’ont plus le Mercure. Le travail se fait donc sur des minéraux vierges sortant de la mine. Ceux-ci doivent être purifiés chimiquement sans feu de fusion et sans acides minéraux, sinon ils meurent. Seul l’antimoine peut affronter la fusion sans alchimiquement mourir.

La séparation des trois principes métalliques nécessite la possession soit du Mercure philosophique, soit celle d’un Alkaest.

L’Alkaest est le Mercure philosophique extrait d’un minéral non métallique. Ses propriétés alchimiques sont moins universelles que celle du Mercure, mais il est plus aisé à obtenir (distillation sèche du tartre ou soufre natif).

Nota : Soufre natif. Ce soufre se trouve généralement dans la terre sous forme cristallisée en général. Le soufre volcanique perd sa vie alchimique par la fusion, et il ne peut être régénéré que par un très long séjour dans la terre. Seul le soufre volcanique du Massif Central peut être considéré comme natif étant donné la date très ancienne d’extinction de ses volcans. Dans les anciens textes, on ne trouve pas le mot natif mais philosophique qui signifie vie alchimique présente.

La possession du Mercure assure la dissolution philosophique du minerai purifié ; une simple distillation sépare les trois principes. La grosse difficulté est la manipulation du Mercure philosophique très volatil qui bout à la température ambiante et qui ne se conserve qu’en ampoule de verre scellée à la flamme.

Nous n’irons pas plus loin dans ces explications car la manipulation des teintures métalliques n’est pas sans danger, et il est nécessaire de préparer les sept teintures, à savoir celle de la galène, de la cassitérite, de la marcassite, de l’or, du « vitriol bleu » (minerai de cuivre), du cinabre, de l’argent.

Ces teintures n’ont plus un effet de nettoyage mais à certaines doses elles provoquent une libération des énergies spirituelles en l’opérateur. Ce qui correspond à l’initiation dite des Mystères majeurs déjà mentionnés.

Dans ces processus métalliques, il existe selon Paracelse une hiérarchie de pouvoir que nous pensons exacte par l’expérience et qui est la suivante, en commençant par le plus puissant : plomb-étain-fer-(or)-cuivre-mercure-(argent). Chacun de ces métaux donne une Pierre. Chacune d’elles marque une étape sur le chemin vers l’ultime initiation.

En conclusion…

Une divulgation massive de l’Alchimie est-elle souhaitable ? Est-elle possible ? Quelles en seraient les conséquences scientifiques, philosophiques religieuses et, pourquoi pas, sociales ou politiques ? La rencontre avec des membres de la communauté scientifique conduit à constater trois types de comportements différents : conformiste, double, courageux.

  • les « conformistes », en général, travaillent à la théorie de disciplines scientifiques et ne touchent pas ou peu à l’expérience ou à la matière.
  • les « doubles » restent officiellement conformistes, mais sortent, en privé, du cadre confortable du conformisme.
  • les « courageux » expriment leur curiosité, leur non-conformisme et de ce fait, sont plus ou moins marginalisés par la communauté scientifique.

Mais qu’est-ce que le conformisme scientifique?

La connaissance scientifique est comme un gigantesque puzzle dans lequel manquent de nombreux morceaux, puzzle qui n’est pas limité sur les bords, mais dans lequel il semble que l’on puisse distinguer l’amorce de formes cohérentes.

Quand un chercheur propose une nouvelle pièce, la communauté officielle commence par regarder si l’on peut insérer cette pièce dans le puzzle, quitte pour cela à rogner, à limer, à tordre la pièce. Sinon, on garde la pièce sous le boisseau jusqu’à ce qu’elle « accepte » de rentrer dans le puzzle. Mais on fera tout pour ne pas altérer ou modifier l’acquis. Si quelqu’un présente une pièce qui s’adapte sur le bord du puzzle, mais qui étendrait celui-ci dans les directions métaphysiques : esprit, âme, psychisme, alors on jette la pièce dans « la poubelle du silence et du ridicule ».

C’est probablement le chemin que prendrait une révélation massive de l’Alchimie, en tant que métaphysique expérimentale et qui, en plus, se heurterait aux milieux religieux et philosophiques. Notre position, en tant que groupe de recherches, est la suivante : donner à ceux qui le souhaitent les connaissances nécessaires pour effectuer l’auto-transformation personnelle qui fait d’un profane un alchimiste.

Quant à l’enseignement que l’alchimiste peut tirer de son étude de la nature ou de sa propre étude, elle heurtera fortement les concepts des sociétés matérialistes actuelles.

L’Alchimie est la science d’une civilisation spirituelle

Pour dépasser les limites de la révélation, la question qui se pose est la suivante :

Existe-t-il une expérience, ou une série d’expériences, qui démontrerait une affirmation alchimique ?

A ce point, le domaine alchimique se divise en deux parties. Un domaine où l’expérience est possible quel que soit l’état de l’opérateur. Un domaine où l’état spirituel adéquat de l’opérateur est nécessaire : c’est le cas des transmutations. Nous ne parlerons pas des expériences qui demandent une transmutation intérieure de l’alchimiste ; celles-ci n’étant pas reproductibles par tous, se heurtent à coup sûr à un refus de considération a priori de la part de la communauté scientifique.

Toutefois un récent communiqué de chercheurs américains détruit une des objections majeures opposées à la transmutation ; l’argument en est le suivant : on ne peut pas par voie chimique, qui n’agit que sur les électrons extérieurs, agir sur le noyau, siège des transmutations. Les noyaux sont donc inaccessibles par cette voie.

Le communiqué en question dit qu’un transfert d’énergie entre les couches extérieures et le noyau est possible et que l’impossibilité théorique de transmutation par action sur les couches extérieures n’est plus une certitude.

C’est probablement en ce domaine que le psychisme de l’alchimiste peut agir. C’est pourquoi, nul ne peut transmuter sans s’être transmuté lui-même.

L’effet psychique et spirituel de l’Alchimie sur l’alchimiste est le point qui déclencherait une opposition farouche de toutes les forces des sociétés matérialistes actuelles si l’Alchimie se développait à grande échelle. Car les révélations alchimiques tout on détruisant les faux dogmes religieux actuels, feraient s’écrouler les systèmes philosophiques matérialistes et les systèmes qui les accompagnent. En effet, l’Alchimie conduit à une initiation véritable, c’est-à-dire à un niveau de conscience et de connaissance qui transcende tout ce qui peut être acquis par un intellect uniquement physique quel qu’il soit.

L’accès à une métaphysique expérimentale montre l’irréalité de tous les dogmes des religions et de la plupart des sectes de nos jours. Seul un enseignement métaphysique comme la Qabal ou ses quelques équivalents orientaux demeure acceptable.

La réalisation intérieure conduit à un état de « bonne volonté » et le constat de l’existence des réalités supérieures en l’homme change l’orientation de sa volonté ; en un mot, son éthique devient « ne plus se servir mais servir ».

Il est délicat de croire que les structures des sociétés actuelles puissent supporter cette transmutation humaine.

Plus sur le sujet :

Voici l’Alchimie, Jean Dubuis.

N.B. Cet article est paru dans la revue le « 3ème Millénaire ».

Pour retrouver tous les textes des Philosophes de la Nature.

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