La femme prêtresse

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La femme prêtresse par Jules Bois.

Nous allons lire ici un étrange article issu de la plume de Jules Bois dans lequel nous retrouvons le principe de la femme prêtresse. Bois n’était pas un féministe ordinaire, il serait même antinomique des mouvements contemporains. Cependant, l’auteur de l’Ève moderne nous présente ici, entre les lignes, une vision personnelle — et cependant tellement vraie — de la femme à l’autel. Ces lignes seront donc d’un certain intérêt pour les églises gnostiques ou chrétiennes libérales qui accordent à nouveau à la femme sa place de prêtresse.

Spartakus FreeMann.

Jules Bois présente en ce moment à la Bodinière un prêtre et une prêtresse égyptiens, qui doivent donner à Paris une cérémonie isiaque, pour célébrer un office en l’honneur d’Isis, la femme-dieu.

On désirerait avoir quelques renseignements sur le rôle de la femme prêtresse ; s’il est vrai que dans le catholicisme primitif, il y avait eu des femmes ordonnées. De nos jours existe-t-il encore des prêtres femmes dans le christianisme.

Est-ce un indice de notre décadence, que cet engouement de Paris pour les religions de l’Orient, brahmanisme, bouddhisme et surtout pour ce culte d’Isis qui s’établit dans Rome antique, au moment où l’Empire entrait dans sa période de déclin ?

JEANNE DAX.

M. Jules Bois qui dans ses livres s’est souvent occupé de la femme-prêtresse et de la femme Dieu nous donne les notes suivantes :

« C’est dans mes recherches pour les Petites religions de Paris que j’ai trouvé l’hiérophante Rhamsès et la grande prêtresse Anari, (ce sont leurs noms d’initiés) qui voudront bien reconstituer devant un public parisien à la Bodinière l’ancien rite isiaque avec le dévoilement des dieux, le bruit des sistres, le chant des formules magiques et la danse des quatre éléments, devant la statue d’Isis, exécutée par la mime sacrée. Rhamsés et Anari sont des occultistes qui prétendent avoir reçu par tradition l’initiation égyptienne. J’ai pu vérifier chez eux les idées et les mœurs du primitif sacerdoce. »

« Chez les Égyptiens, selon Hérodote et Diodore, la femme avait un rôle prépondérant : tandis que l’homme filait et se livrait aux soins du ménage, la femme faisait les lois, édifiait la cité intérieure. Elle fut donc là-bas la première déesse, le premier prêtre. Toute l’antiquité est pleine de prêtresses. La femme à l’autel indique que cette humanité que nous nous plaisons à considérer parfois comme barbare avait un sentiment plus vrai et plus élevé de sa vie morale puisqu’elle associait la femme au culte de son idéal. »

« La question de la prêtresse se rattache d’abord à la question du dieu double, du Père-Mère. Je l’ai montré dans le Satanisme et la magie, c’est Moïse qui créa le dieu misogyne, le dieu mâle solitaire ; sans femme ; et du coup plaça la femme au second rang, au temple et dans la vie intérieure. Les religions qui suivirent eurent une tendance à se conformer à l’injuste prohibition, christianisme, mahométisme, etc. Dès lors la femme est en tête de l’hérésie. J’ai expliqué maintes fois que la femme chassée du temple devint la sorcière. Elle paya cette révolte, du plus riche et du plus précieux de son sang. Les Albigeois et les gnostiques la glorifièrent. La sainte Sophia était pour eux la déesse invisible et il existait une papesse qui était la Sophia visible. C’est dans le massacre que fut noyée cette résurrection mystique de la femme. Plus tard les bohémiens arrivent à Paris, ils disent obéir à la sublime maîtresse du feu et du métal, prêtresse d’Isis, qui dans le dernier de leurs chariots penche un front couronné de sequins sur le livre d’Hermès, le Tarot, la Bible de la Femme. Mais la pauvre sorcière du Moyen-âge est encore la plus dolente. On l’extermine par hécatombes. Au sabbat elle avait le premier pas. Prêtresse du diable, elle officiait à la messe noire, devenait même l’autel. »

« De nos jours, le mouvement hérésiarque de la femme se continue. C’est elle qui a, avec Mme Blavatsky, élevé en face des églises masculines d’Occident la Théosophie. La Gnose, que l’helléniste Doinel avait voulu rétablir à Paris, associait comme autrefois, au pontificat, la femme. »

« J’ai connu beaucoup le fameux abbé Boulan (le Dr Johannes de Là-Bas) il était le pontife d’une secte religieuse “l’œuvre de la miséricorde” qui consacrait des femmes et j’ai connu ainsi diverses prêtresses. L’abbé Boulan était le continuateur de cet extraordinaire Vintras qui se croyait l’homme du Paraclet et avait proclamé la femme “prêtresse de Marie” comme elle le fut dans la secte de Callydiciens. Le vin de la messe de la femme était rouge, celui de l’homme, blanc. »

« Michelet a affirmé que dans les premiers temps du catholicisme, la femme consacrait, ayant le sacrement de l’Ordre. Elle recevait le Saint-Esprit par l’imposition des mains. (Concile de Chalcédoine 4e œcuménique) »

« Le concile de Laodicée de 366 ou 369 lui défend le sacerdoce (cap. XII. collection de Denys le Petit, Mayence, 1525). Le concile de Carthage en 391 lui défend de catéchiser de baptiser, d’étudier même, sinon avec son mari. Jusque-là elle présidait, prêchait, donnait des ordres, officiait. Un auteur du temps remarqua qu’elle en était très digne par l’instruction qu’elle avait reçue dans les temps païens. On comprend aisément la puissance de la femme (de trente ans dit Michelet, belle, éloquente et subtile comme elles étalent en Grèce et en Orient), dans ces hautes fonctions qui, presque la divinisèrent. Intronisée à l’autel même, admirée, et l’amour de tous, elle avait un véritable règne et certainement le plus complet. Le sombre Tertullien s’en indigne. Le farouche Athanase craint l’effet trop sensible du moment où elle consacrait, où tous communiaient avec elle de sa main, de sa douce main. Si elle consacre, il veut que ce soit à huis clos et pour elle seule. Mais souvent elle n’avait pas la force de se clore ainsi tout à fait. La porte ne fermait pas bien fort ; les zélés restaient au-dehors, la surprenaient au moment décisif, dans un trouble touchant de pudeur et de sainteté. Là, nouvelle fureur d’Athanase qui ne veut pas qu’elle se laisse surprendre, voudrait la rendre repoussante, lui interdit de se laver. »

« Et dire que tant de théologiens ignorent ces faits et pousseraient même les hauts cris si on leur disait que dans l’Église orientale, pendant plus de trois siècles, il exista des prêtresses. En Occident la femme, plus ignorante, eut seulement le diaconat. »

« Le christianisme libéré a continué à revêtir du caractère sacré la femme. Les femmes pasteurs sont de plus en plus nombreuses en Amérique. Dans le récent congrès de Mme Joséphine Butler à Londres, j’ai entendu une femme-pasteur raconter les misères de pauvres femmes hindoues ; elle nous arracha les pleurs des yeux. »

« Je crois que la femme est très susceptible de porter à tous la parole divine, puisque cette parole devrait être toujours une parole de paix et d’amour. »

« En tout cas la semaine prochaine, à la Bodinière, ce sera la première fois depuis près de deux mille ans qu’une prêtresse d’Isis officiera en Europe. »

Plus sur le sujet :

La femme prêtresse par JULES BOIS.

La Fronde, 26 février 1899. Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Provenance : Bibliothèque nationale de France
Image par Stefan Keller de Pixabay

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