Un peu de Magie

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Un peu de Magie par Jean Bricaud. 

Pantacles et Talismans

Beaucoup d’étudiants de la Magie pratique ne se rendent pas compte exactement de ce que sont les talismans et les pantacles ou s’en font une idée tout à fait fausse. Qu’est-ce donc qu’un pantacle ?

Supposons un occultiste praticien ou magiste qui, par les procédés habituels, vient d’entrer en relations avec un esprit : s’il veut conserver ses relations avec cet esprit, il sera nécessaire qu’il accorde avec lui une sorte de plaque vibrante. C’est cette plaque vibrante qui porte le nom général de pantacle. Pour faire ce pantacle, il faut que la nature de la plaque vibrante soit d’une nature correspondante avec les affinités de l’être fluidique, sa couleur, ses parfums, etc. Elle doit être imbibée de ces derniers.

Il faut alors :

1° exposer la plaque à l’induction de l’esprit appelé ou présent, de manière à ce qu’elle rende les mêmes vibrations ou ondes harmoniques que cet esprit ;

2° laisser imbiber la plaque de la substance fluidique de l’esprit ;

3° conserver la charge de la plaque (en l’enveloppant d’un sachet de soie).

Il faut mettre sur la plaque :

1° le nom de l’esprit ou de l’ordre auquel il appartient ;

2° le signe idéographique par lequel il est désigné ;

3° et généralement le nombre de ses vibrations par seconde. Vibrant à l’unisson avec un esprit, le pantacle écarte par suite les ondes parasites des esprits mauvais ; il est alors une amulette.

Le Pantacle doit éprouver une transformation intra-atomique par suite du passage du courant fluidique, et il devient lui-même le siège d’un courant analogue. Quelle que soit sa nature, métal, bois, pierre, le pantacle est un condensateur ; il est le point où le fluide de l’être attiré vient frapper ; et, s’il est porté sur la poitrine de l’opérateur, il établira ainsi un lien entre ce dernier et l’être fluidique.

Le Talisman est une bague formée de deux métaux soudés ou en contact parfait et d’une pierre précieuse correspondante (il peut contenir une substance végétale et une substance animale). C’est un générateur d’un léger courant sous l’action d’un courant supérieur. Il est accordé non avec l’être fluidique externe, mais avec celui de l’opérateur. Il sert à préserver de telle ou telle influence nocive ou à communiquer tel ou tel pouvoir. Il engendre un courant fluidique qui se répand dans l’opérateur et lui devient particulier. Il n’agit que sur une seule personne, et c’est pourquoi les talismans sont rigoureusement personnels.

Un peu de Magie, Texte publié dans le N° 22 des Annales Initiatiques, Avril-Mai-Juin 1925.

La Chaîne magique

La formation de la chaîne magique est véritablement le secret du sacerdoce, de la maçonnerie et de l’illuminisme. Former la chaîne, c’est faire naître un courant qui produise la foi et qui entraîne un grand nombre de volontés dans un cercle donné de manifestations par les actes. On peut établir la chaîne de trois manières :

1° Par les signes ;

2° par la parole ;

3° par le contact.

Par les signes : En faisant adopter un signe par l’opinion comme représentant une force. Ainsi, tous les chrétiens communiquent ensemble par le signe de la croix ; les francs-maçons par l’équerre ; les magistes par le microcosme, etc. Les signes, une fois reçus et propagés, acquièrent de la force par eux-mêmes.

La vue et l’imitation du signe de la croix a suffi pour faire des prosélytes ; la médaille dite miraculeuse a opéré un grand nombre de conversions.

Par la parole : Rien n’égale l’électricité de l’éloquence ; un seul mot suffit parfois (par exemple, Pierre I’Hermite avec : Dieu le veut !). Les aphorismes ont également une très grande importance. De plus : on est bien près d’accomplir les volontés de l’homme dont on répète les mots !

Par le contact : Entre personnes qui se voient souvent, la tête du courant se révèle bientôt, et la plus forte volonté ne tarde pas à absorber les autres.

Le contact direct et positif de la main à la main complète l’harmonie des dispositions, et c’est pour cette raison qu’il est une marque de sympathie et d’amitié. Les enfants jouent en rond ; alors la gaieté circule et le rire s’épanouit. Les tables rondes sont aussi plus favorables aux joyeux banquets que celles de toute autre forme.

La ronde est une chaîne qui unit tous ceux qui y prennent part dans les mêmes volontés et les mêmes œuvres (la ronde du Sabbat, la danse des derviches tourneurs, etc.).

Enfin, de nos jours, les tables tournantes et parlantes sont une manifestation de la communication fluidique au moyen de la chaîne circulaire.

Texte publié dans le N° 28 des Annales Initiatiques, Octobre-Novembre-Décembre 1926.

La Charge magique

Une des pratiques les plus mystérieuses de la magie maléfique est celle connue sous le nom de « charge » magique. Elle consiste en la composition d’un maléfice qui a pour propriété de communiquer aux hommes et aux animaux un mal étrange et dont les manifestations seront en rapport de la nature de l’agent qui l’aura déterminé.

Les seuls vrais praticiens de cette magie maléfique ont toujours été les sorciers de campagne. Déjà, au dix-septième siècle, le berger Hocque tuait les bestiaux à distance, et sans aucun contact, à l’aide d’un maléfice qu’il appelait le Beau Ciel Dieu. Cette charge, composée d’eau bénite, de fragments d’hostie, de riz corrompu par du sang d’animaux… et, de quelque autre substance moins anodine, s’enterre au seuil des étables ou dans les prés : un troupeau entier est bientôt ravagé. Les sorciers de campagne s’en servent encore aujourd’hui, soit contre les hommes, soit contre les animaux. Mais c’est toute une « pratique ».

Il y a la question du lieu. Ce lieu, favorable à l’élaboration de la « charge », le sorcier doit le chercher. Il le reconnaît à certains signes, à une végétation spéciale. Puis, il faut que la personne « prenne le sort », c’est-à-dire qu’elle passe d’elle-même à l’endroit maléficié à son intention, afin que le maléfice soit, d’une manière quelconque, mis en contact avec le maléficié.

Si, par exemple, le seuil même de sa demeure est un lieu favorable, elle prendra le sortilège du premier coup.

Les signes de l’ensorcellement sont de plusieurs sortes. Lorsqu’un coup de magie vous a atteint, vous vous en apercevez aux ongles des mains qui tendent à se recouvrir d’une peau venant de leur racine. Lorsqu’on éprouve des vertiges près des bois ou des étangs, c’est que l’on est sous la puissance d’un sortilège. Enfin, lorsque la « charge » est près de vous anéantir, vos yeux voient scintiller devant eux des taches violettes.

Il est également possible de se soustraire aux sortilèges des sorciers par une contre-magie. Elle consiste généralement à faire bouillir des clous dans une marmite en pensant fortement au mal qui a été donné, alors le sorcier souffre horriblement et est obligé de venir demander pardon à sa victime. Mais il ne faut pas que celle-ci lui réponde, ni surtout que le sorcier arrive la toucher, car alors la contre-charge serait rompue.

Mais si les sorciers savent comment on engendre la cause d’un mal, de même ils savent comment on la détruit. Les procédés pour lever un mauvais sort varient selon le cas. Ou bien ils vous enserrent la tête dans un bandeau de chanvre ; ou bien, ils vous commandent de fermer le poing, fermant aussi le leur, et opposent leurs phalanges aux vôtres, en appuyant fortement.

Il y a aussi des cas où la « charge » elle-même se brise impuissante et menace l’existence du sorcier. C’est, par exemple, lorsqu’il ose opérer contre celui qui a ce qu’on appelle en sorcellerie : les yeux du bon Dieu, ou bien encore lorsque le maléficié découvre la « charge ».

Ce fut justement le cas du sorcier Hocque, dont nous parlions au début de cet article, qui, mis en prison comme accusé d’avoir magiquement déchaîné la mortalité qui décimait les troupeaux de Pacy, tomba raide mort dans son cachot au moment où, loin de là, son ennemi le sorcier bourguignon Bras-de-Fer venait de découvrir l’emplacement de la « charge » et de l’enlever.

Texte publié dans le N° 29 des Annales Initiatiques, Janvier-Février-Mars 1927.

Un peu de Magie
Tituba Teaching the First Act of Witchcraft, auteur inconnu, 1892.

Préparation aux œuvres magiques

Celui qui veut se livrer sérieusement aux œuvres magiques, doit, après avoir affermi son esprit contre tout danger d’hallucination et d’épouvante, se purifier extérieurement et intérieurement pendant quarante jours (le nombre 40 est sacré).

La purification consiste :

1° dans l’abstinence des voluptés brutales,

2° dans un régime végétal et doux,

3° dans la privation des liqueurs fortes,

4° dans le règlement des heures de sommeil.

Il faut faire chaque jour un exercice modéré, s’abstenir des veilles trop prolongées et suivre un régime sain et régulier. Il faut, en se levant et avant de se coucher, purifier l’air avec un parfum composé de sève de laurier, de sel, de camphre, de résine blanche et de soufre, et dire en même temps les quatre mots sacrés en se tournant vers les quatre parties du monde.

Le magiste doit éviter les émanations cadavériques, le voisinage de l’eau croupie, les aliments indigestes ou impurs. Il doit se distraire tous les jours des préoccupations magiques par des soins matériels, ou des travaux, soit d’art, soit d’industrie, soit même de métier : Cela pour établir l’équilibre, et aussi parce que le moyen de bien voir, c’est de ne pas regarder toujours.

Il ne doit jamais opérer lorsqu’il est malade. Le magiste doit vivre dans la retraite et se laisser approcher difficilement. Cependant, cette retraite ne doit pas être de l’isolement. Il lui faut des dévouements et des amitiés ; mais il doit les choisir avec soin et les conserver à tout prix.

Enfin, que celui qui se livre aux opérations magiques se souvienne qu’il ne doit parler à personne des œuvres qu’il accomplit : le mystère est la condition rigoureuse et indispensable de toutes les opérations de la Science.

Texte publié dans le N° 30 des Annales Initiatiques, Avril-Mai-Juin 1927.

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Un peu de Magie par Jean Bricaud. 

Image par Gerd Altmann de Pixabay

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