Travail d’Associé, par le Petit Inconnu. 

Tout d’abord, je dois avouer ne rien avoir lu de martiniste… Ce qui suit est issu de mes modestes connaissances, que j’ai essayé de traduire en une méditation dirigée vers les symboles martinistes… Ici, rien de scientifique, tu y trouveras, en partie, ce que pense être, ou ce que je suis.

1- Le Pantacle Martiniste et le Cercle du Magicien.

Souvent, j’ai examiné et médité sur le Pantacle Martiniste afin de découvrir son essence, ou du moins la part d’essence qui résonne – raisonne – en moi. Je me suis souvent heurté aux fantasmes que mon esprit pouvait en ressortir, mais toujours, j’ai pu en retirer une « clé » personnelle qui faisait joint avec mes connaissances et mon vécu. En voici quelques trames légères, quelques esquisses ou délires, au choix.

Tout d’abord, examinons le Pantacle de manière générale, comme si l’on examinait un tableau. Essayer d’en retirer une impression générale, apprécier l’ensemble de son « vouloir-dire ».

Pour moi, c’est la représentation du Monde, de l’Univers créé, du Macrocosme. Nous avons bien le Sceau de Salomon, au centre du Pantacle, ce sceau qui est l’union des deux grandes forces universelles, l’Ascendante et la Descendante ou encore le Feu et l’Eau. Alchimiquement, ce Sceau est l’union des quatre éléments naturels : feu, eau, air et terre. La Croix se sont les quatre points cardinaux : nord, sud, est, ouest. Mais aussi les quatre stades de toute chose : procréation, naissance, vie et mort. La Croix est également rappel de l’union verticale des humains sur terre, mais également de l’union de l’humanité avec la Source divine, symbolisée par la ligne verticale. Le Cercle est l’ouroboros, le grand cercle de la vie et de ses cycles symbolisés schématiquement par la Croix. L’ouroboros, signe de la Vie, naissance, vie et mort en fait, selon notre taxonomie humaine incomplète. Le Cercle est également l’Union, du Tout en tout, le Un qui n’a ni début ni fin : nous passons ici, nous partons, mais tout, immuablement mais en interminable changement, continue… Le Pantacle est un Centre, ce point central à la fois du Sceau de Salomon, de la Croix et du Cercle, ce centre c’est moi, en tant qu’être participant à un schéma universel. Le centre est partout où sont Dieu et les hommes, le Centre est nulle part, mais la chaîne est omniprésente.

Dans le détail, nous avons donc le Sceau de Salomon et – par son origine hébraïque – les 6 directions du monde : est, ouest, nord, sud, haut et bas. Et les 6 étapes de la Création sont subtilement rappelées par l’Hexagone. Le Sceau de Salomon, par ses 6 pointes, nous indique les six jours de la Création, symbole parfait du Macrocosme du monde du Beth, commencé par la Genèse par le mot Bereshit, commencement, et sa lettre initiale Beth, de valeur numérique 2. Le monde du 2, de la division où nous vivons afin d’un jour rejoindre le monde archétypal du Un. Ce Sceau de Salomon est l’essence de cette œuvre unitive, alliance des contraires, du chaud et du froid, du sec et de l’humide, de l’élévation et de la chute. Ou plus précisément, représentation de l’élévation humaine vers Dieu, ou du moins de sa tendance à le faire, et de la descente de la Présence divine au sein du monde humain, par Son Fils, par ses prophètes, par son Verbe.

Il est utile de faire un détour par la Kabbale, que Saint-Martin n’ignorait sans doute pas. Nous découvrons alors que le Sceau de Salomon est le 6 et donc le Vav, 6e lettre de l’alphabet hébraïque, et l’importance de cette lettre est l’UNION, puisque cette lettre est utilisée pour lier les mots et les idées (le Vav est en effet notre mot « et »). Nous avons donc bien ici le 6 et le 2 et le 3 : 2 triangles, donc deux ternaires (3), formant une figure à six pointes. Les deux ternaires sont : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, pour le premier ; l’homme, la femme, la nature. Les deux extrémités sont inconnaissables en essence : Dieu et la Nature. Par contre, nous voyons bien l’interdépendance et la proximité des 4 autres termes : homme et femme, Fils et Saint-Esprit. Dieu agit en notre monde par le biais de Son Fils, communiquant à l’humanité (composée de l’homme et de la femme), la sanctification et le lien subtil unissant l’humanité à Dieu passe par le Saint-Esprit, qui est le flux d’énergie divine qui descend et monte de et vers le Père. La nature qui est la matérialité absolue, et non point maléfique comme le voudraient certains gnostiques, est le terreau de notre humanité. En gros, donc, ce Sceau me parle en me racontant l’histoire de l’humanité, mon histoire avec Dieu et la Nature. Dans le monde de la Création, et donc de la Nature, nous sommes liés entre nous, nous sommes liés avec le monde supérieur et avec le monde « inférieur » ou naturel. Mais, dans ce symbole, s’il y a un haut et un bas, il n’y a point de hiérarchie au sens humain du terme. Ainsi, l’humain ne peut vivre coupé de la Nature ou de Dieu, car nous serions alors dans le monde quaternaire de la vile matière sans âme. Nous sommes dans un monde où tout est lié et où les liens doivent être activés et conservés, par nous, pour nous, et pour l’avenir. Le Sceau est donc le Symbole Parfait de l’EQUILIBRE.

La Croix est sans doute lisible à différents niveaux. J’y vois la représentation de l’union à nouveau, union comme dit ci-dessus de l’humanité avec elle-même et union entre l’humanité et Dieu. Mais aussi, peut-être la volonté de Saint-Martin d’unir le symbole de la Nouvelle Alliance, le christianisme, et de l’Ancienne Alliance, le judaïsme. Car, il devait se douter, par les enseignements de son maître Martinès, que le christianisme ne peut se voir dissocié de sa source première. Toutefois, cela est l’exotérisme de la Croix. Au niveau subtil, c’est pour moi l’Union absolue que les êtres doivent chercher. Unissant en nous les 4 corps subtils qui génèrent la vie, nous devons également posséder les 4 qualités spirituelles : corps, âme, esprit et Noùs (ou esprit supérieur en contact avec les sphères supernelles). L’homme, au centre de la Création doit être le reflet de ce qui est en haut, et donc, il doit être le creuset de ce qui fait de lui ce qu’il doit être : un être divin par nature et destination. Il faut bien sûr ôter de ce que je viens de dire, toute prétention à une quelconque « supériorité » au sens nietzschéen du terme. Cela relève uniquement d’un fait connu intimement. Nous sommes un Centre, mais un centre qui ne doit pas être coupé de l’ensemble, un centre qui est en communication avec la circonférence, avec le monde d’ici et d’en haut.

Ce symbole, est pour moi, selon mes propensions kabbaleuses, le symbole du Tsimtsoum du monde dont parle si bien Isaac Louria : Dieu émane le monde à partir d’un retrait de Lui-même, symbolisé par le Cercle, cercle du monde. Dieu permet à Sa Création d’exister en ce lieu, vie symbolisée par les 6 points et l’union des principes subtils des deux triangles, rayonnant à partir du Centre du Pantacle. La Création se déroule en 6 points et quatre directions. Tetraktys de l’accomplissement de l’œuvre. L’homme, placé symboliquement au centre de la Création doit alors revenir à Source selon le Schéma de la Croix, de l’Étoile et du Cercle. Un Retour hiérogamique voire théogamique qui peut s’opérer par la Voie de la Théurgie.

Car, ce Pantacle est effectivement un tapis de magie, un cercle consacré de magie cérémonielle. Connaissant un peu les œuvres de Saint-Martin, je suis étonné, même s’il est issu de la tradition de Martinès de Pasquallis, qui lui pratiquait la théurgie et donc utilisait des cercles de magie opérative. C’est le Schéma de l’œuvre sacrée et magique que l’opérant se doit d’opérer afin de communiquer avec les Sphères supérieures.

Ce Pantacle devient donc le « pense-bête » de l’opérateur, un rappel des éléments utiles à son œuvre.

2 – La Théurgie.

La Théurgie est, à mon sens, galvaudée, et parler de Théurgie matérielle, dans le cas de la magie cérémonielle, pour entrer en contact avec la Source est une erreur. Le Mage au centre de son cercle reproduit le macrocosme, uni au microcosme en y mêlant les éléments de pouvoir afin de se mettre en contact avec les Puissances supérieures. C’est bien, c’est utile pour débuter ou pour finir. Je préfère aujourd’hui parler de Théurgie spirituelle, au sens de la Prière du Cœur, de l’union intime de moi et de la Source, union ici et maintenant, car il est certain qu’une véritable union signifierait ma disparition de cette terre !

Mais soit, parlons donc du cercle de magie.

Qu’est-ce en fin de compte ? Comme je l’ai dit plus haut, une représentation du Macrocosme, du Monde de la Création :

  • le Cercle qui représente l’Univers et la Source en un seul symbole, le cercle qui protège également l’opérateur par sa sacralisation, le cercle qui enclos donc un espace devenu sacré et dans cet espace sont disposés les « armes » de la pratique ;
  • les 4 éléments de la Création sont présents dans le cercle au travers des outils ou armes magiques : épée, encensoir, coupe, chandelier ; air, terre, eau, feu. Selon les diverses traditions, on pourrait discuter de savoir si l’épée est toujours air ou si elle peut également être le feu. En fait, c’est un faux problème, car chaque arme est multipolaire, ce n’est que la Volonté du mage qui décide de donner primauté à l’une ou l’autre qualité au sein de cette arme. L’important, c’est la cohérence du cercle et des armes.

Les 4 directions signifiées par les 4 Gardiens, souvent les 4 Archanges Gabriel, Raphaël, Uriel et Michaël. Par leurs attributs ils signifient qualités des 4 Angles du Monde physique.

Ce qui distingue la théurgie de la magie opérative simple, c’est sans doute l’Hexagramme ou Sceau de Salomon. L’opérant se projette par son biais dans le Monde supérieur et n’utilisant pas le Pentagramme, symbolisant l’œuvre humaine microcosmique, il se place sous le signe du Grand Tout. Voir ce que j’en ai dit plus haut quand au symbolisme de l’Hexagramme.

L’important, dans ce genre de Magie cérémonielle est bien sûr la préparation, la volonté – en tant qu’agent magique de l’intention du mage -, la « qualité » du temps et du lieu. « Une Volonté inassouvie de but » comme dirait Crowley, est une clé de la pratique, dans un lieu simple et à une époque sacrée. Rien de neuf sous le soleil…

À mon sens, la véritable Théurgie est la théurgie du Cœur. Qu’ont à faire les Puissances de formules alambiquées et incompréhensibles, de singeries humaines futiles ? Voici comment je pratique, c’est personnel, ce n’est pas la Voie que tous doivent suivre, c’est la voie que j’ai décidé de suivre…

Tout d’abord, il y a la préparation personnelle : méditation, repos, introspection, propreté rituelle (on ne va pas à un mariage en guenilles, mais on ne se présente pas non plus mieux habillé que les mariés – donc soit nu soit dans une tenue de lin noire ou blanche). La préparation, la purification, cela dure très longtemps, ainsi, il faut parfois une ou deux semaines avant que l’on se sente prêt. Bien sûr, on choisit le temps de préparation en fonction de la date de l’opération : si possible une époque chargée spirituellement.

Mon autel : deux cierges (un blanc et un noir), une représentation « matérielle » de la Divinité sur Terre (une petite icône russe de la Vierge et du Christ), le livre sacré et un peu d’encens, comme ce qui fut offert de tout temps à la Divinité, une coupe de vin ou d’eau que j’ai béni.

Devant l’autel, mon Cercle, tracé sur une toile. Ou simplement par le sel sur le sol. Consécration d’un espace sacré, un lieu dédié à l’opération, pas une manière de me protéger car cela est inutile, et cela pour des raisons évidentes.

Ensuite, prières, selon le cœur, expression ultime de l’âme amoureuse, c’est-à-dire cherchant l’union, la communication avec sa source.

Cela est vieux à présent. Je dois avouer qu’aujourd’hui, il me semble futile de matérialiser quelque chose si l’on veut atteindre Celui qui est ou Ses intermédiaires. Il reste la sacralisation d’un espace, la préparation, et l’intention du cœur. Mais, cela est à présent fait en continu, à la manière des soufis ou des frères hésychastes de l’orient, à la manière des mystiques rhénans. Faire vivre la Divinité en son cœur, dans chaque minute de son existence, se souvenir de Lui par des mantras personnels, voir chaque chose de ce monde comme un reflet de ce Qui est plutôt que comme une fatalité, essayer de respirer le sacré dans tous les événements de la vie. Avoir confiance, tel Job, en sachant que ce monde est imparfait par définition, car lieu de réparation. Encore, dire que je porte le souvenir de la Divinité en moi est pompeux et sans doute exorbitant d’égotisme. Et pourtant, c’est ce que fais, même trop, même mal… Et si la « vérité » doit encore passer par un cercle physique, matérialisation du spirituel, alors, j’entrerai dans un ordre monastique et irai soigner les malades à Madras et laisserai les « jouets » d’ici-bas auxquels je ne peux plus croire pour en avoir vu les dangers subtils et mortels… Belle proclamation que je ne voudrais laisser comme simple intention des lèvres et non du cœur…

Plus sur le sujet :

Travail d’AssociéLe Petit Inconnu, janvier 2005.

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