Martinézisme et Martinisme, par Aurifer, S.I.

« Détruisez ce Temple, et je le rebâtirai en trois jours… (Marc. XIV. « L’Ame véritable de la Franc Maçonnerie se doit dépeindre, non pas d’après les hommes enrôlés sous sa bannière, mais bien d’après la Tradition dont elle entend se prévaloir. » (C. Chevillon – Le vrai Visage de la Franc Maçonnerie)

Le Temple de Salomon, merveille de la Jérusalem antique, exécuté sur l’ordre de ce roi selon les instructions et d’après les schémas mystérieux reçus de David son père, par l’architecte Hiram et les compagnons constructeurs des Corporations tyriennes, fut construit à l’image de l’Homme Archétype et à celle de l’Univers. « Etudier le symbolisme secret du Temple, c’est étudier l’un et l’autre ».

Tels sont à ce sujet les enseignements secrets des Elus Cohen, résumés dans la pièce n° 3 du Manuscrit 5475 de la Bibliothèque de Lyon.

Le Temple est donc un élément ésotérique et prophétique permanent. Il porte en lui les schèmes de son propre destin relatif, reflet du Destin Eternel de l’Homme et du Cosmos. Ils s’identifie à eux par l’analogie qui les unit, Microcosme emblématique du Macrocosme, véritable miroir de pierre où S’est miré l’Architecte Primitif : Adam Kadmon. Et au stade second, les cinq Objets essentiels du Sanctuaire que sont le Chandelier hebdophore, la Mer d’airain, l’Autel des Holocaustes et celui des Parfums, la mystérieuse Arche du Témoignage, ces cinq Objets aux redoutables consécrations, ne sont que les Symboles, Pantacles à trois dimensions, Centres théophores, des Cinq « Apparences » (les Personna du christianisme latin), de l’Ancien des Jours de la Kabbale, les Attributs mystiques et théurgiques du Nom Essentiel : Ieshouah, le Grand Nom de Cinq Lettres.

C’est dire que, pour comprendre l’ésotérisme secret du Temple, pour réaliser l’ascèse des courants idéologiques qui véhiculèrent ce mot fatidique, véritable nom de pouvoir bien avant notre ère, et pour atteindre l’enseignement ultime de l’Initiateur Eternel qui s’identifia à lui, il faut avoir soi-même vécu occultement sa construction, sa ruine et sa résurrection symboliques.

Cela, seul, un Maître Maçon le peut, qui connaît l’Acacia et son symbole, qui, mort dans les ténèbres du Hikal, avec Hiram, comme Hiram, s’est relevé, deux fois né, dans toute la. gloire du Debhir illuminé, avec l’Etoile, et avec le Maître. Cela, un profane l’ignorera toujours, parce qu’il ne l’aura pas psychiquement vécu.

Mais, de même que pour comprendre l’ésotérisme du Temple de Jérusalem il faut avoir vécu la mort et la résurrection d’Hiram, de même pour accéder à la connaissance du Temple Céleste, il faut le réaliser en soi–même, et vivre théurgiquement sa reconstruction et sa défense. Martinez de Pasqually n’a pas enseigné autre chose.

Martinistes et Martinézistes sont donc bien frères en esprit. Mais le premier est un spéculatif, et le second est à la fois un spéculatif et un opératif.

Tel le second Architecte du Temple, ce Zorobabel énigmatique qui ombre de sa légende et de son nom un de ses hauts grades, le Martinéziste « opère » à la fois sur lui–même et sur l’Univers par le canal de ce Plasma Cosmique qu’est l’Ether Astral, à qui Platon attribuait déjà pour image le Dodécaèdre, symbole de la Cité Sainte. Ce faisant, le Cohen œuvre à la reconstruction et à la défense de cette dernière, ésotérique image de l’Homme Collectif, du troisième Temple dont le CHRIST, ou « Réparateur », est le nouvel Hiram, l’unique Architecte. Et cette Cité Mystique a nom lonah, la « Grande Communion des Saints ».

Martinézisme et Martinisme, par Aurifer, S.I. 
Sceau Cohen – Martinézisme et Martinisme, par Aurifer, S.I. 

Là où le profane ne voit donc qu’une école de magie, là où le rationaliste ne voit qu’une mystique d’un autre âge, le Véritable Martiniste peut rencontrer alors la justification de, cette parole du Philosophe Inconnu, qui, vers les dernières années de sa vie, comprit enfin la profondeur de pensée de son Maître :

« Je suis même tenté de croire que M. de Pasqually, dont vous me parlez et qui, puisqu’il faut vous le dire, était notre Maître, avait la »clé active« de tout ce que notre cher Boehme expose en ses théories, mais qu’il ne nous croyait pas en état de porter encore ces hautes vérités… Il résulte de tout ceci que c’est un excellent mariage à faire que celui de notre première Ecole et de notre ami Boehme. C’est à quoi je travaille, et je vous avoue franchement que je trouve les époux si bien partagés l’un et l’autre, que je ne sais rien de plus accompli… »

Et le Philosophe Inconnu écrivait ces lignes en 1796, soit six ans après avoir démissionné de tous les Ordres maçonniques et des Elus Cohen eux–mêmes…

C’est dire que sa Pensée, demeurée vivante pour ses nombreux disciples, trouve encore au sein des derniers Martinézistes, un écho fidèle, et qu’il faut souhaiter que les « lumières » symboliques de leurs cercles opératoires brillent encore longtemps…

Sans doute le Martinézisme opératif demeurera longtemps une énigme pour le rationaliste (nous disons « longtemps » et non toujours…). Mais le rationaliste est–il certain de posséder la vérité absolue ? C’est ici qu’il convient de se souvenir de l’axiome du plus gnostique des Apôtres : Saint Paul, « la Foi n’est que la substance des choses espérées… ».

Pour le disciple de Martinez de Pasqually, il arrive au bout de peu de temps que la manifestation fulgurante déclenchée par une « opération » lui démontre, par elle–même et ses déroulements secondaires successifs dans le temps, que ni l’autosuggestion, ni le surconscient, ne sont à la source des phénomènes hyperphysiques ou praeternaturels qu’elle constitue. Dès lors en possession d’une certitude, celui que Martinez de Pasqually nommait, en son étrange vocabulaire, un « Mineur Spirituel » (*) devient un « Mineur Réconcilié ».

Et l’Ame qui quêtait la Lumière est, désormais correctement orientée, sur le chemin de l’Adeptat…

Plus sur le sujet :

Martinézisme et Martinisme, par Aurifer

(*) Du latin minor (petit) et spiritus (esprit). Cette expression désignait, pour Martinez de Pasqually, l’esprit en tutelle, l’âme déchue, soumise au Archontes. Quant au second terme, il vient du latin concilio (assembler, réunir) et reconcilio (ramener, établir). Le Mineur Réconcilié était l’opérateur ayant réalisé un commencement de réintégration.

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