Zohar II. 278b – 296a – Tossaphoth

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Zohar II. 278b – 296a – Tossaphoth

Zohar – Tossaphoth

[278b] § 1. — « Et tout le peuple vit les voix. » Est-ce qu’on voit des voix ? C’est une allusion aux sept voix énumérées dans le Psaume. Nous en inférons que la Loi a été révélée par sept voix, à chacune desquelles le Maître de l’Univers s’est révélé. Tel est le sens des paroles : « Et tout le peuple vit les voix. » Dans un endroit, l’Écriture dit : « Et il baissa le ciel et descendit. » [279a] Et dans un autre endroit elle dit : « Car j’ai parlé avec vous du ciel. » Comment concilier ces deux passages ? Une voix sortit du grand feu qui était sur la terre, tandis que les autres voix sortirent du ciel, ainsi qu’il est écrit : « Il te fit entendre sa voix du ciel, et il te montra son grand feu sur la terre ; et tu as entendu ses paroles sortir du feu. » Moïse dit à Israël : « Vous ne vîtes aucune image hors de la voix. » La chose est comparable à un roi qui s’entoure d’un manteau blanc lorsqu’il se tient près de ses esclaves, parce que la dignité royale exige que les esclaves entendent sa voix, mais ne voient pas son corps. [279b] Précédemment, on a dit qu’il y avait sept voix sur la montagne de Sinaï, tandis que les Maîtres nous apprennent que les voix entendues là étaient au nombre de dix. Comment expliquer cette contradiction ? Le nombre des voix était, en effet, de dix ; seulement celui des paroles articulées n’était que de sept. Une tradition nous apprend que toutes les voix retentirent simultanément, afin qu’Israël ne fût pas induit en erreur et crût que toutes les voix ne vinssent pas de Dieu, mais que celui-ci se fût fait aider par les anges.

[280a] §2. Tels sont les douze commandements : Proclamer l’unité de Dieu, craindre Dieu, savoir qu’il y a une punition et une récompense célestes, sanctifier Dieu, faire chaque jour trois prières le matin, aux vêpres et le soir, étudier la Loi, faire circoncire son fils, racheter tout premier-né, porter les phylactères, attacher des franges à l’habit rituel, appliquer la Mezouza, à la porte, exposer sa vie pour la Foi. Voici les douze préceptes négatifs : Ne pas favoriser les païens, ne pas bâtir une tour à un temple de l’idolâtrie, ne pas penser à l’idolâtrie, ne pas se prosterner devant une idole, ne pas s’humilier devant les idolâtres, ne pas attribuer l’unité de son Maître à un dieu païen, ne pas méditer sur le culte de l’idolâtrie, ne pas consulter l’horoscope, ne pas faire des enchantements, ne pas évoquer les morts, ne pas pratiquer la magie, ne pas prononcer le nom d’une autre divinité.

[280b] §3.— Rabbi Berekhyâ parla ainsi dans une de ses conférences : « Qu’ils m’apportent des offrandes. » Le Saint, béni soit-il, entendait par là qu’il faut honorer ceux qui se retirent du monde. Car ce sont les justes et les zélés en Israël qui élèvent Dieu au-dessus de tout le monde ; ils nourrissent le cœur et le cœur les nourrit. Alors que toutes les saintes figures (des anges) sont prises des branches de l’arbre, Israël est pris du tronc même de l’arbre et de son cœur. De même que le cœur constitue le fruit du corps, de même Israël constitue le fruit de l’arbre, et de même que la branche du palmier a les feuilles à côté et la tige au milieu, de même Israël constitue le centre. Il est à l’arbre ce que l’épine dorsale est au corps. Le mot « loulab » est composé des deux mots « lo » « leb » (le cœur à lui). [281a] Le mot « leb » a une valeur numérique de trente-deux, correspondant aux trente-deux sentiers de la Sagesse dont chacun est gardé par un homme. D’où savons-nous que le mot ciel désigne le Saint, béni soit-il ? L’Écriture dit : « Et toi, du ciel, tu exauceras ma prière. » Est-ce que Salomon invoqua le ciel ? Mais la vérité est qu’il invoqua le Saint, béni soit-il, sous le nom de « Ciel ». Une tradition nous apprend qu’il y a une Colonne qui s’élève de la terre jusqu’au ciel et dont le nom est « Juste ». Quand il y a des justes en ce monde, cette Colonne s’affermit ; sinon, elle faiblit. La Colonne supporte tout le monde, ainsi qu’il est écrit : « Et le Juste est sur le fondement… » Si cette Colonne tombait en défaillance, le monde ne saurait subsister. Aussi, alors même qu’il n’y a au monde qu’un seul juste, celui-ci soutient le monde.

[281b] § 4. Voici ce qu’on lit dans le Testament de Rabbi Éliézer le Grand ; Lorsque le Saint, béni soit-il, créa le Paradis, il prit la neige sous son trône glorieux et en forma le sol du Paradis. Celui-ci ne touche pas à notre terre située au-dessus des autres terres. Le firmament étendu au-dessus du Paradis renferme toutes les couleurs, comme le saphir ; le nom du Saint, béni soit-il, est gravé au milieu de ce firmament. Quatre anneaux sont suspendus aux quatre coins du firmament, et chaque anneau renferme quatre roues. Au milieu de ce firmament, s’élève une Colonne dont la base est sur le sol du Paradis et dont la tête touche le Trône glorieux ; elle est enveloppée de la nuée glorieuse, et l’ange Gabriel ceint de son épée se tient à côté d’elle. Parfois, tous les anges saisissent les anneaux, et la Colonne se met alors à tourner autour d’elle-même, alors que le firmament fait la rotation autour de la Colonne ; et les lettres composant le Nom ineffable apparaissent en relief et projettent des lumières en montant et en descendant alternativement. [282a] Une voix retentit ensuite et fait entendre les paroles suivantes : Réveillez-vous, justes et saints. Heureux votre sort d’avoir été jugés dignes d’entendre la voix douce provoquée par le firmament, lorsqu’il est mis en mouvement par l’« Homme » ceint de son épée. Pendant que le firmament tourne autour de la Colonne, celle-ci chante et projette une lumière éclatante et agréable dont jouissent les justes jusqu’à minuit. À minuit, lorsque le Saint, béni soit-il, pénètre auprès des justes, ceux-ci quittent leur dais et vont à la rencontre de leur Créateur ; et tout le Paradis se remplit de sa gloire. À cet instant, les âmes mâles s’unissent aux âmes femelles, union qui existait déjà avant leur création. La joie qu’elles éprouvent à la contemplation de Dieu les féconde, et elles enfantent d’autres âmes destinées aux convertis.

[282b] § 5. — II y a un commandement d’offrir un sacrifice au renouvellement de la lune de chaque mois, pour augmenter l’amour entre le monde d’en haut et celui d’en bas et pour attirer les lumières de la source céleste en ce bas monde ; Ceci est nécessaire en raison de l’infériorité de la lumière de la lune. Le bouc offert à la Néoménie a pour but d’éliminer la souillure pour qu’elle ne couvre pas la lune et pour qu’elle puisse refléter la lumière d’en haut. C’est pourquoi l’Écriture appelle le bouc offert à la Néoménie « holocauste offert pour le péché » ; c’est une allusion à la souillure qui couvre la lune. Quand cette souillure est éliminée, la lumière descend d’en haut, et les péchés sont pardonnés.

[283a] §6. — Rabbi Yossé dit : Le bâton de Moïse avait, d’un côté, le Nom sacré gravé ; c’était le côté de la Clémence ; et, de l’autre côté du bâton, était gravé le serpent ; c’était le côté de la Rigueur. Lorsque Dieu dit à Moïse de lever son bâton pour séparer la mer, il lui recommanda de montrer à l’eau ce côté du bâton qui symbolisait la Clémence. Dieu voulait que la vue de son Nom opérât des miracles. Dieu commanda à Moïse de parler à la pierre, tandis que lui la frappa de son bâton. La pierre en question était l’image du serpent ; et n’était pour exprimer son horreur du serpent que Moïse frappa la pierre, au lieu de suivre le commandement de Dieu. Remarquez qu’au commencement Moïse avait peur du serpent, ainsi qu’il est écrit : « Et Moïse prit la fuite en le voyant. » Dieu dit à Moïse : J’ai voulu être glorifié au sujet de l’eau, main non pas à une autre occasion. Aussi le serpent d’airain que Moïse lit faire plus tard n’a-t-il pu obtenir le pardon du péché commis à l’occasion de l’eau. Rabbi Isaïe dit : Lorsque le Saint, béni soit-il, dît à Moïse : « C’est pourquoi vous n’entrerez pas en Terre Sainte », Moïse [283b] s’écria : Je vois que le serpent ne sert qu’à la perte du monde. Dieu lui répondit : Moïse, tes paroles ne sont pas exactes ; il sert à la perte des coupables, mais il procure la vie à ceux qui aiment la vérité. Rabbi Eléazar dit : Moïse avait deux bâtons ; l’un lui appartenait personnellement, et l’autre appartenait à Dieu. Rabbi Josué dit : Le bâton de Moïse était de bois de cèdre et il avait été créé durant les six jours de la création du monde. Rabbi Yehouda dit : Le bâton était de saphir. Lorsqu’Israël s’approcha de la mer Rouge, il y trouva Rahab, le chef protecteur des Égyptiens et de la mer. Le Saint, béni soit-il, [284a] dit à Moïse : Lève ton bâton et lève ta main, ce qui signifie : lève ton bâton contre Rahab, protecteur des Égyptiens, et lève ta main contre Rahab, protecteur de la mer. Rabbi Àbba dit : Comment se fait-il que Moïse frappât la pierre pour en extraire de l’eau, alors qu’il savait que Dieu ne voulait pas que le miracle s’opérât de cette façon ? Moïse s’était dit : Le serpent n’a rien de commun avec l’eau, puisque Dieu l’a condamné à manger la terre pendant toute sa vie. Mais comme Israël me presse de lui procurer de l’eau, je vais frapper cet emblème du serpent, et je suis sûr que l’eau n’en sortira pas, attendu que l’eau n’est pas son élément.

[284b] §7. — Un homme aux cheveux noirs et tombants, mais non lisses, est un taciturne ; il est prudent, mais il a une mauvaise langue ; il est porté à la colère et provoque toujours des querelles dans sa maison. À peu d’exceptions près, un tel homme réussit dans ses entreprises, il a les bords des paupières un peu rougis. Au-dessous de l’œil droit, il aune ride qui va jusqu’au nez. Entre les épaules, il a un grain de beauté pourvu de quatre poils. Lorsqu’un tel homme se convertit, il se forme dans la pupille de l’œil droit une tache blanche. Un homme qui a trois rides sur le front, dont deux paraissent et disparaissent de temps en temps et dont une subsiste toujours [285a] réussira dans ses études, s’il s’y consacre ; mais il ne réussira pas dans ses entreprises commerciales. L’homme qui a six rides sur le front, dont trois sont très prononcées et les trois autres peu profondes, est un individu colérique, il est avare et n’est jamais gai ; très souvent aussi il est sourd de l’oreille gauche. Un homme dont la figure est longue sans être belle, dont la voix et les allures ressemblent à celles de la femme et qui s’essuie la bouche avec la paume, est un être dangereux ; et il convient de ne pas s’en approcher. Un homme aux cheveux rouges frisés craint le péché ; il est compatissant envers tous les malheureux et porte autant d’intérêt aux autres qu’à sa propre personne ; il est fidèle et bon. Cependant, celui qui s’associera à lui [285b] ne réussira pas, et lui-même ne réussira dans aucune entreprise pour laquelle il s’associera un autre. Un homme aux cheveux rouges tombants et lisses est un rusé ; il n’a pas de respect pour ses supérieurs et éprouve une joie de voir souffrir son prochain. Il est infidèle et dissimulateur. Qu’on se garde de s’associer à lui. Un homme qui a les yeux à fleur de tête est un stupide qui se croit sage ; il est égoïste et ne s’occupe que de ses propres affaires. Un homme dont les yeux sont enfoncés dans la cavité crânienne réussira dans toutes ses entreprises. L’homme qui a trois rides en forme de demi-cercle sur le front et dont les yeux sont brillants, aura la joie de voir la chute de ses ennemis. Un homme qui a commis un adultère et qui n’a pas fait de pénitence est reconnaissable par une excroissance au-dessous du nombril pourvue de deux poils. Il sera frappé de graves maladies et souffrira d’un rétrécissement du canal urinaire. Si l’homme fait pénitence, l’excroissance reste, mais les poils tombent. Lorsqu’un homme a commis un adultère et ne l’a pas expié en ce monde, son âme est saisie par trois cents anges de la rigueur, lesquels, après l’avoir torturée, la jettent dans l’enfer. [286a] Les yeux larges sont l’indice d’un homme envieux, et il convient de se tenir sur ses gardes vis-à-vis d’un tel homme. Les rides sur la paume de la main droite aussi bien que de la main gauche indiquent le caractère et le tempérament de l’homme. En outre, la couleur des yeux est également un indice. Les yeux jaunes indiquent un homme mélancolique ; il se tourmente constamment sans rai son. Les yeux bleus sont l’indice d’un homme inconsidéré ; [286b] il rit de tout, même des choses qui n’offrent aucune matière à rire ; il est avare dans sa maison et prodigue lorsqu’il est en compagnie d’étrangers — II est bon de s’associer à un homme qui a une grande bouche et de grosses lèvres ; quiconque s’associera à lui réussira dans ses entreprises. [287a]. Un homme barbu, dont la moitié du nez est rouge et qui porte au bras gauche une marque en forme d’épée, tombera, dans ses vieux jours, de sa monture ou d’un mur et en mourra. Un homme aux petits yeux et ventru n’est pas fier ; mais il est jaloux de sa femme à tel point que tout le monde rit de lui. Un homme qui a des poils à la partie supérieure des oreilles est un présomptueux ; il se croit un grand homme, alors qu’il ne l’est pas ; il aura des fils et des filles. Un homme qui a un grain de beauté sur l’oreille sera un grand maître de la Loi et mourra jeune. Dès la destruction du Temple, il n’y avait de tels hommes que soixante moins un. Lorsqu’un homme meurt avant le temps fixé, le Saint, béni soit-il, demande à l’ange Jophiel : Qui est celui qui me prévient, en entrant dans l’école céleste avant moi ? L’ange répond : Maître de l’univers, ce n’est pas dans ton école qu’il a pénétré, mais dans la mienne, attendu que ton école est là où séjourne Métatron. [287b] Et, en effet, les âmes des hommes morts jeunes restent dans l’école céleste inférieure jusqu’à soixante-dix ans révolus depuis le jour de leur naissance ; et c’est alors seulement qu’elles montent à l’école céleste supérieure. Un nez droit marqué de deux rides transversales est un indice de bonté ; cet homme craint le Seigneur et craint le péché ; il passe sa jeunesse sans connaître de maladies ; si, au contraire, les rides paraissent et disparaissent à certaines époques, l’homme est malade dans sa jeunesse et jouit d’une bonne santé dans sa vieillesse ; il est pauvre dans sa jeunesse ; mais il arrive à l’aisance dans sa vieillesse. Deux orteils du pied gauche [288a] recourbés, qui ne peuvent se redresser, sont l’indice d’un penchant pour un vice dont on ne se corrigera jamais. Deux grands poils entre les épaules indiquent un homme qui jure à chaque instant sans utilité aucune. Trois poils longs au même endroit indiquent un homme heureux ; tous ceux qui s’associeront à lui réussiront dans leurs entreprises. Seulement, il faut s’associer à lui dans un de ces trois mois : Adar, Eloul et Heschvan. Un long nez allant jusqu’à la bouche accompagné d’un front ridé et d’une chevelure abondante indique un homme qui craint le péché, mais qui a le défaut de se faire passer pour ce qu’il n’est pas et de s’attribuer des mérites qu’il n’a jamais eus. Celui qui s’associera à lui réussira dans les affaires ; car il est d’une grande fidélité. Les marques que l’homme porte sur le corps sont imprimées parles deux esprits célestes « Qourqaphani » et « Schamriron ». J’ai vu dans le livre du roi Salomon que des hommes nés sous une certaine constellation restent mélancoliques durant toute leur vie, n’éprouvent jamais de joie que durant les heures qu’ils consacrent à l’étude de la Loi et à l’accomplissement de bonnes œuvres [288b] et sont éprouvés durant toute leur vie par l’adversité de toute sorte. Les deux esprits dont il a été question précédemment se tiennent toujours cachés dans la fissure d’un rocher, séjour de tous les esprits qui ne peuvent pénétrer dans le palais du Roi. Quand ils quittent leur retraite, ce n’est que pour parcourir le monde et marquer les nouveaux nés de signes indiquant leur caractère et leur avenir. Un nez courbé, accompagné de cheveux tombants et lisses, indique un homme fidèle et qui réussit dans ses affaires. Jacob possédait le livre d’Adam ; et notre père Abraham possédait [289a] le livre d’Henoch. Le livre de la Création (Sepher Yetzirah) où sont exposées les dix Séphiroth a été rédigé par Abraham. Le traité sur la défense de l’idolâtrie rédigé par Abraham (que la paix soit avec lui) était composé de quatre cents sections. Jacob a étudié tous ces livres et y a puisé beaucoup de sagesse. La beauté de Jacob égalait celle d’Adam ; il avait les mêmes traits dévisage que l’autre. Adam [289b] était le premier homme de la création, et Jacob était le premier homme de la perfection. Le lit de Jacob était plus pur que les lits des autres patriarches. Abraham donna le jour à Ismaël et aux enfants qu’il eut de Qetourah, qui constituaient la gangue. Adam donna le jour à Caïn. Noé donna le jour à Cham, Isaac donna le jour à Esaû, qui constituait la gangue de l’or. Par contre, le lit de Jacob était intact ; et c’est pour cette raison que Dieu le préféra à tous les autres peuples, ainsi qu’il est écrit : « Car le Seigneur choisit Jacob. » Et ailleurs : « Car Jacob est la part du Seigneur. »

[290a] § 8. Les paroles de la tradition suivant lesquelles Moïse reçut la Loi au mont Sinaï et la transmit à Josué, et celui-ci aux Anciens, etc., s’appliquent à la toi orale, attendu que, pour ce qui concerne la loi écrite, l’Écriture dit ; « Et Moïse commanda aux Lévites porteurs de l’arche de l’alliance du Seigneur de prendre le livre de la loi. » Donc, la loi écrite avait été transmise aux Lévites, et non pas à Josué. Les Lévites étaient unis au soleil, et il était naturel qu’ils reçussent la loi écrite de Moïse qui, durant quarante ans, fut le soleil d’Israël.

[290b] §9. — Nous lisons dans le Zohar que celui qui s’applique à l’étude de la Loi est soutenu par cette même Loi qui l’empêche de dévier du droit chemin. Heureux le sort d’Israël à qui Dieu a donné la Loi dans laquelle sont révélés les mystères suprêmes, ainsi qu’il est écrit : « Vous vous êtes attachés au Seigneur votre Dieu. » Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, donna à Israël la Loi, il marqua celle-ci [291a] du mystère du Nom sacré. Le mystère du Nom sacré, c’est l’union de la Clémence et de la Rigueur. Or, la Loi renferme des commandements qui sont l’image de la Clémence, attendu qu’ils valent à l’homme des récompenses ; et elle renferme en même temps des préceptes négatifs qui sont l’image de la Rigueur, attendu qu’ils valent à l’homme des punitions. Le Sabbat est à la fois un commandement et un précepte négatif ; il unit ainsi la Clémence à la Rigueur. C’est pourquoi on a dit que le Sabbat est l’image de Dieu. [291b] Remarquez que, dans le Deutéronome, l’Écriture dit : « Souviens-toi que tu étais esclave en Égypte et que le Seigneur ton Dieu t’a tiré de là. » Ce verset renferme un grand mystère. Un juste (Joseph) a été vendu comme esclave en Égypte ; et ce crime a valu la captivité à tout Israël. C’est pour expier ce péché que Dieu donna à Israël le commandement du Sabbat. Les six jours de la création correspondaient aux six justes suivants : Le premier jour correspondait à Abraham, le second à Isaac, le troisième à Jacob, le quatrième à David, le cinquième à Moïse et le sixième à Aaron. Le Sabbat correspondait à Joseph qui représentait ici-bas le Juste qui vit éternellement et qui porte le nom de « Sabbat céleste ». [292a] Remarquez qu’à leur entrée en Terre Sainte les Israélites avaient assiégé le pays de Chanaan pendant six jours ; c’était pour rappeler le mérite des six justes sur lesquels le monde est basé. Sans le mérite des justes, Israël n’aurait jamais pu se rendre maître de la terre de Chanaan. Les mots : « Honore ton père » désignent Moïse ; car Moïse, à son tour, honora le Saint, béni soit-il, par la Loi. Remarquez que si la Loi n’avait pas été apportée par le grand prophète Moïse, les hommes n’auraient pas connu le Saint, béni soit-il, et ne l’auraient jamais honoré attendu que seule la Loi apprend à l’homme la manière de servir son Maître et de l’honorer. [292b] C’est pourquoi l’Écriture commande à l’homme : « Honore ton père », ce qui signifie : honore Moïse. D’après une autre interprétation : « Honore ton père » désigne la loi écrite, et : « Honore ta mère » désigne la loi orale ; car, comme un père donne tout à une mère, la loi écrite éclaire la loi orale. L’Écriture commande de ne pas tuer ; car celui qui tue est tué. Un homme ne tue jamais son prochain sans perdre l’empreinte céleste gravée au visage de tout homme dès l’époque d’Adam, Dieu commande donc aux hommes de ne pas se tuer eux-mêmes en se privant de l’empreinte céleste qui seule les rend hommes. D’après une autre interprétation, les dix commandements de l’Écriture répondent aux dix Séphiroth. [293a] L’intention d’accomplir une bonne œuvre compte pour un acte ; mais il n’en est pas de même de l’intention d’accomplir une mauvaise action ; celle-ci ne compte pas pour un acte. Remarquez que la transgression des lois cause à l’âme des infirmités semblables à celles que la maladie provoque pour le corps; de même que les maladies du corps et ses infirmités sont multiples, de même la transgression de chaque commandement provoque dans l’âme une infirmité particulière.

[293b] § 10. — L’œuvre du Tabernacle ici-bas correspondait aux échelons de la hiérarchie céleste. Dieu voulait avoir une résidence sur la terre semblable à celle qu’il a au ciel. Celle d’en haut forme l’âme ; celle d’ici-bas, le corps. Le rideau du Tabernacle était l’image de Métatron. [294a] Les mots : « Au commencement, Élohim créa… » désignent Métatron qui sert de rideau entre le monde d’en haut et celui d’en bas. Ce rideau, de transparent qu’il était à l’origine, est devenu opaque, par suite du péché d’Adam ; et il est resté en cet état jusqu’à la naissance d’Henoch. À partir de cette époque, la lumière d’en haut recommença à traverser le rideau et à éclairer le monde ici-bas, ainsi qu’il est écrit : « Et Henoch marcha avec Élohim. » Lorsque Henoch pénétra dans le paradis, il y répandit tant de lumière que les anges qui avaient demandé à Dieu de ne pas créer l’homme en étaient tout honteux. Mais Henoch était trop élevé pour vivre parmi les hommes ici-bas ; aussi Dieu l’éleva-t-il tout vivant dans le monde d’en haut, ainsi qu’il est écrit : « Et il n’y est plus, car Élohim l’enleva. » [294b] Après son élévation au ciel, Henoch prit le nom de Métatron et lut placé à la tête de toutes les légions célestes. Au ciel, on le désigne sous le nom de « Jeune Homme », bien qu’il ait quitté ce monde lorsqu’il était déjà vieil¬lard. L’Écriture dit : « Élohim créa le ciel et la terre », au lieu de dire : « …Créa ciel et terre. » Les deux « eth » désignent les deux Cheroubîm. [295a] Comme la Lumière suprême se trouve séparée par le rideau tiré entre le monde d’en haut et celui d’en bas, il s’ensuit que cette lumière apparaît sous deux aspects différents, plus éclatante en haut, moins transparente en bas. Et comme, d’autre part, cette même lumière apparaît en haut sous les trois aspects de « Jêhovah Élohénou Jéhovah », il en résulte que la Lumière suprême apparaît sous six aspects différents : Trois en haut et trois en bas, [295b] Tel est le sens du mot « Bereschith », lequel séparé en deux donne les mots « Bara » « Schith » (créa six); c’est une allusion au rideau tiré entre le monde d’en haut et celui d’en bas, lequel porta les trois variétés de la Lumière suprême à six. La transparence de ce rideau n’est pas égale pour tout le monde, ni à toutes les époques de l’année ; il est plus transparent que pendant toute l’année durant les jours d’intervalle entre le premier jour de l’an et la fête des Tabernacles. Les deux Cheroubim placés sur l’Arche de l’Alliance étaient l’image [296a] des Principes mâles et femelles ; car tout ce qu’il y a dans le monde ici-bas est formé de principe mâle et de principe femelle, à l’exemple du monde d’en haut.

Plus de textes du Zohar :

Zohar II. 278b – 296a – Tossaphoth. 

Le Zohar, trad. Jean de PAULY, édition Maisonneuve et Larose.

Image by Robert C from Pixabay

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