Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie

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Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie par Egidius De Vadis. 

Préface par Bernard-Gabriel Pénot du Port

Qui recommande au Lecteur bienveillant un esprit de sincĂ©ritĂ©, avec de l’intelligence et de l’industrie dans le travail, ainsi qu’une bonne santĂ©.

Je sais trĂšs bien que plusieurs personnes condamneront dans cette nouvelle Ă©dition la publication des trĂ©sors et des mystĂšres de la Nature, en rĂ©pĂ©tant cette maxime de l’Évangile : « Ne jetez pas de perles aux pourceaux… » et encore celle-ci : « Nous n’écrivons pas cela pour tout le monde, mais pour nous et les nĂŽtres seulement… » et : « Nous le sĂ©parons du vulgaire par un mur Ă©pais et une forte serrure… ».

D’autres ne raisonnent pas ainsi, mais ils assurent que le temps n’est pas encore venu de publier ces choses. Il s’en trouve quelques-uns, car aujourd’hui l’envie de mĂ©dire est infinie, qui ont Ă  m’objecter de quel droit je dĂ©couvre ces mystĂšres, n’en Ă©tant pas l’auteur. D’autres enfin demandent que je prouve Ă  quels signes on peut connaĂźtre la vĂ©ritĂ© de l’Art pour qu’on puisse avoir quelque confiance en ce que je dis.

Je savais et j’étais convaincu d’avance que, lorsque je publierais ces pages, il y aurait des gens sans humanitĂ© qui emploieraient la ruse, le ridicule ou tout autre moyen pour en empĂȘcher l’impression. Plusieurs mĂȘme les dĂ©nigrent dĂ©jĂ  en aboyant contre elles, mais, quoique leurs cris aillent jusqu’à la folie, je ne pense pas qu’il y ait rien Ă  faire Ă  leur Ă©gard.

Dialogue entre la Nature et le Fils de la Philosophie
Integrae Naturae, Robert Fludd. Alchimie.

C’est une action trĂšs louable, tant envers Dieu qu’envers le prochain qu’on incite Ă  la piĂ©tĂ©, que rien ne soit ĂŽtĂ©, en les publiant, ni Ă  la grandeur de la majestĂ© de Dieu, ni aux bonnes Ɠuvres du prochain qui pourraient ĂȘtre dĂ©tournĂ©es si ces pages Ă©taient cachĂ©es, ou empĂȘchĂ©es si elles Ă©taient interprĂ©tĂ©es de travers ou troublĂ©es si elles Ă©taient Ă©ditĂ©es avec peu de soin.

Mais, pour ne pas devenir prolixe, je rĂ©ponds d’abord aux objections.

Ces hommes rapportent et interprĂštent les passages de l’Évangile comme s’ils Ă©taient les seuls dignes de ces dons de Dieu de possĂ©der ces perles, et que les autres fussent des porcs indignes de ces biens. Aussi, nous qui les publions, nous sommes des voleurs et des dissipateurs de biens. Mais Ă©coutez, je vous prie :

Nous, qui sommes vĂ©ritablement les fidĂšles dispensateurs des mystĂšres de Dieu, nous communiquons ces choses Ă  ceux qui sont animĂ©s de l’amour de Dieu et de la charitĂ© envers le prochain et qui ambitionnent avec joie la connaissance des secrets mystĂšres.

Et ceux au contraire qui les envient sont de vĂ©ritables pourceaux ; parce qu’à la maniĂšre de ces animaux, ils mĂȘlent aux excrĂ©ments les meilleurs fruits, dont ils sont trĂšs avides, et ils sont trĂšs envieux Ă  l’égard de ceux qu’ils citent en ne voulant pas les voir publiĂ©s, car, selon eux, les auteurs de ces traitĂ©s n’ont pas Ă©crit pour le public, mais pour eux seulement.

ARISTOTE, dont la physique avait ainsi Ă©tĂ© publiĂ©e, ne rĂ©pondit-il pas Ă  ALEXANDRE, roi des MacĂ©doniens, comme si elle ne l’avait pas Ă©tĂ© ? Et les livres d’ARISTOTE n’en ont pas moins Ă©tĂ© imprimĂ©s.

Que dirons-nous du prophĂšte arabe, le roi trĂšs expĂ©rimentĂ© GEBER : n’a-t-il pas laissĂ© un Ă©crit de cette maniĂšre:

Nous publions Ă  nous seuls l’Art recherchĂ© par nous seuls, et non pas ce qui provient des autres.

Les Ă©crits de GEBER ne furent-ils pas mis par la suite sous presse ? Et mĂȘme, c’est ceux-ci, et d’autres semblables, qui sont livrĂ©s au public afin qu’étant Ă©crits ils soient utiles Ă  tout le monde, et plus encore Ă  ceux qui, douĂ©s, en retirent une plus grande lumiĂšre Ă  mesure qu’ils y mettent plus d’application: les paroles pouvant ĂȘtre imprimĂ©es et publiĂ©es, mais l’Art de l’opĂ©ration manuelle consistant uniquement dans l’expĂ©rience et les Ă©preuves.

On ne saurait en dĂ©crire la mĂ©thode, et mĂȘme Ă  peine peut-on l’enseigner de vive voix, Ă  moins qu’on ne conduise par la main; car il faut prĂ©parer l’or pour qu’il ne soit pas rebelle Ă  la solution, et cela n’est pas facile.

On ne doit pas penser non plus que l’argent vif vulgaire qu’on vend publiquement soit celui qui obtient la facultĂ© de dissoudre l’or; car, comme on ne peut nier qu’il faut mettre en action la solution du corps qui par ressemblance se rapporte Ă  toute la substance de l’or, dont la nature est chaude et humide, on ne peut nier non plus qu’il faille obtenir par ressemblance l’argent vif, dont la nature est certainement trĂšs Froide, et surtout indĂ©terminĂ©e. Mais il faut tirer et attirer, d’ailleurs par un Art industrieux, l’argent vif d’un corps connu de peu de personnes et que la Nature a cuit et digĂ©rĂ©. De mĂȘme aussi l’or se rapporte par ressemblance Ă  toute la substance de l’argent vif vulgaire, et cette substance ne se mĂȘle pas moins volontiers au premier contact avec l’or que l’eau avec l’eau. On a dĂ©jĂ  vu plus haut quel est ce corps.

Quant au fourneau qui peut procurer une chaleur continuelle et Ă©gale, peu l’ont connu. Mais que ceux qui dĂ©sirent en avoir connaissance lisent la pratique de l’ƒuvre du grand Philosophe piĂ©montais de Rovilasco, qu’il a publiĂ©e en 1582, Ɠuvre qui est proprement dite athanor, c’est-Ă -dire digestion, mais non pas telle que s’imaginent les ignorants. Un plus petit nombre encore ont connu le trĂ©pied des secrets, et moins encore l’entretien de la chaleur qui Ă©tablit l’égalitĂ©. Presque tout le secret consiste dans le degrĂ© de chaleur : car, de mĂȘme qu’il ne faut pas que la force motrice et naturelle du poulet et de l’Ɠuf soit excĂ©dĂ©e par la chaleur extĂ©rieure, sans quoi l’Ɠuf s’endurerait et le poulet ne serait pas produit, de mĂȘme la force de la semence Ă  venir de l’or uni Ă  son argent vif ne doit pas ĂȘtre affaiblie, sans quoi l’or ne serait pas dissous ; il ne germerait pas, et il n’en rĂ©sulterait pas la matiĂšre premiĂšre de l’or, mais il se coagulerait par une chaleur trop excessive, et si au contraire la chaleur manquait, l’Artiste serait frustrĂ© de son travail.

Enfin, cette poudre gĂźt dans la puissance de Dieu, qui favorise qui il veut et la communique Ă  ceux qu’il veut, et ceux Ă  qui elle est refusĂ©e la recherchent en vain. C’est ce qui fait dire Ă  PALINGENIUS, dans son Zodiaque : « Alors les hommes, Ă  l’esprit divin, mĂ©ditant des oracles obscurs, et aprĂšs beaucoup d’expĂ©riences faites pendant un temps long et de grandes dĂ©penses, inventĂšrent cet Art Ă  qui nul ne le cĂšde et trouvĂšrent la pierre Ă©thĂ©rĂ©e, que ne saurait connaĂźtre le profane et que le vulgaire pervers cherche vainement. Celui qui la possĂšde peut habiter dĂ©cemment oĂč il veut, sans craindre la colĂšre de la fortune, ni les atteintes des voleurs. Mais il s’en trouve si peu dignes de ce don divin, etc. ».

Quant Ă  la preuve de la question si l’Art existe rĂ©ellement, le raisonnement et l’expĂ©rience contribuent beaucoup Ă  la rĂ©soudre. Je pourrais d’abord citer les tĂ©moignages de nombreux personnages et d’autoritĂ©s qui confirment que l’Art est vĂ©ritable. Ils ont publiĂ© plusieurs livres, parmi lesquels celui de La vĂ©ritĂ© de l’antiquitĂ© de l’Art chimique et de la poudre, que l’auteur, Robert VALENS, a publiĂ© Ă  Paris chez Morel FrĂ©dĂ©ric en l’an 1561, un autre intitulĂ© Chrysippi Phaniani de Jure Alchemide, et, derniĂšrement, celui qui a pour titre Apologia ChrysopƓide et ArgyropƓiae, dans lequel on examine et enseigne comment est la chrysopĂ©e, ou l’Art de transmuer et de perfectionner les mĂ©taux, et qui, par des raisons solides, des dĂ©monstrations et certaines expĂ©riences, convainc. Il prouve la vĂ©ritĂ©, la certitude et la facilitĂ© de l’Art, et les arguments contre cet Art et cette Science y sont solidement rĂ©futĂ©s. Parmi trois cents manuscrits sur cet Art qui me sont passĂ©s devant les yeux, je ne me rappelle pas en avoir vu de plus savant, de plus parfait que celui-lĂ . Aussi, nous renvoyons ceux qui veulent se convaincre de la vĂ©ritĂ© de cet Art Ă  la lecture de cet ouvrage.

À l’égard de ceux qui font des objections concernant le moment opportun Ă  la publication, ils ignorent que, si le temps n’est pas venu pour eux, il est venu pour nous. Choses qui ne peuvent ĂȘtre ni changĂ©es, ni dĂ©sapprouvĂ©es en les publiant. Parce qu’elle est une seule chose et que sa fin est celle pour laquelle nous avons Ă©tĂ© crĂ©Ă©s de Dieu, c’est-Ă -dire pour nous faire connaĂźtre les Ɠuvres du Christ par la thĂ©ologie et celles de la Nature par la philosophie.

Je ne veux pas cacher au lecteur bienveillant un point important: tous les livres philosophiques qui parlent de cette mĂ©decine hermĂ©tique cachĂ©e ne sont que des labyrinthes spagyriques dans lesquels la plupart des disciples tombent par diverses obscuritĂ©s et tromperies sur la vraie route. En sorte que point ou trĂšs peu jusqu’à ce jour ont pu trouver la vĂ©ritable issue. Et si, dans ce labyrinthe, il s’ouvre Ă  ceux qui errent une route qui leur paraĂźt facilement conduire aux portes extrĂȘmes, bientĂŽt ils s’égarent dans des lieux cachĂ©s, qui les enferment dans des prisons Ă©ternelles. De mĂȘme, il se prĂ©sente quelquefois dans les Ă©crits des Philosophes des moyens qui, d’aprĂšs la lettre, paraissent d’abord faciles et Ă©vidents, mais bientĂŽt les impudents, trompĂ©s par les propres paroles des Philosophes, demeurent embrouillĂ©s dans d’inextricables erreurs. Ajoutez Ă  cela que plusieurs faux chimistes en trompent beaucoup par leurs sophismes et leur fourberie, vendant et rĂ©pandant de fausses opĂ©rations chimiques et des ouvrages manuscrits qui promettent aux trop crĂ©dules des montagnes d’or, et qui, semant l’ivraie, font croire que l’on recueillera le froment.

TouchĂ© de commisĂ©ration, j’offre ici au lecteur un traitĂ© plein de vĂ©ritĂ© et de raisons physiques, dans lequel il trouvera l’Art entiĂšrement et clairement dĂ©peint comme sur un tableau.

Qu’il l’examine, qu’il le mĂ©dite, et qu’il se prĂ©munisse contre les prĂ©ventions de l’esprit par des raisonnements solides, et il ne pourra pas s’égarer. Celui qui ajoute foi sans rĂ©flexion Ă  tous les sophismes sera inĂ©vitablement déçu.

Le vĂ©ritable Art est cachĂ© sous nombre d’enveloppes qui embarrassent les irrĂ©flĂ©chis. Ainsi, avant de commencer Ă  opĂ©rer, il faut considĂ©rer les causes des choses naturelles avec une prudente sagacitĂ©. Avant cela, il ne faut rien entreprendre. Il vaut mieux donner son temps Ă  de judicieuses rĂ©flexions qu’ĂȘtre victime des peines de sa tĂ©mĂ©ritĂ© ou de folie inconsidĂ©rĂ©e.

Et vous, lecteur ami, lisez, relisez, priez et travaillez. OpĂ©rez, recommencez avec un grand jugement et un esprit de bienveillance cet ouvrage, entrepris avec le plus de bienveillance encore. Et vous parviendrez sans aucun doute Ă  la connaissance des grands secrets par l’expĂ©rience et les considĂ©rations de la Nature, le tout pour l’utilitĂ© du prochain et Ă  la gloire du Divin, auteur de tous les mystĂšres. 

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