La Shekhinah 1

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La Shekhinah 1 par Prospéro

« Sans doute le kabbaliste commence son ascension vers la LumiĂšre Ă  partir de l’amour des hommes, pour ensuite s’ouvrir Ă  un amour plus vaste, universel, qui n’est pas oubli de l’amour pour un individu, mais sa plĂ©nitude ».

M-A Ouaknin

La Shekhina… VoilĂ  un terme utilisĂ© par les kabbalistes qui est souvent trĂšs mal compris des occulteux contemporains. Il nous semblait donc utile de rassembler certains matĂ©riaux qui pourront, si le Saint bĂ©ni soit-Il le permet, Ă©clairer les cherchants actuels sur l’intime relation que renferme ce mot. Nous sommes ici en contact avec la chaude fĂ©minitĂ© de l’Éternel, nous entendons les chants de la Sulamite sous son pommier, nous regardons avec frayeur notre Lilith s’avancer du DĂ©sert, Noire et Belle comme de toute ÉternitĂ©… Nous participons aux Noces Royales, ces Noces d’Or – voire d’Our – si Ă©loignĂ©es des vulgaires hiĂ©rogamies partouziques et des illusions donnĂ©es par le plaisir-foudre des masturbations Ă©roto-intellectuelles.

Suivez-nous un instant dans ce Plaisir de la dĂ©couverte… Dans la dĂ©couverte du Plaisir…

Prospéro.

PS : ce dossier ne se veut aucunement original, il se veut acte de connaissance.

Eléments de découverte

Parler de la Shekhinah c’est parler de la Terre car Malkhut dĂ©signe la Shekhinah, la PrĂ©sence de Dieu. Le concept de Shekhinah apparaĂźt pour la premiĂšre fois, et l’unique fois Ă©galement, dans Exode XXV, 8 : « Et ils feront pour moi un sanctuaire et je rĂ©siderai parmi eux ».

« Dans la littĂ©rature midrashique, ce terme n’apparaĂźt jamais dans la Torah et n’est qu’introduite comme nous venons de le lire, la Shekhinah n’Ă©tait qu’un nom de Dieu, au mĂȘme titre que Kaddosh-Barouch-Hou (le Saint-BĂ©ni-Soit-Il), mais progressivement ce nom a servi Ă  dĂ©signer plus particuliĂšrement le Dieu immanent, la PrĂ©sence de Dieu, alors que le nom Kaddosh-Barouch-Hou devient le nom du Dieu transcendant (Arich Anpin, mais non pas l’EnSof) » (Guy Casaril, Rabbi SimĂ©on Bar YochaĂŻ). Dans la littĂ©rature rabbinique, la Shekhinah symbolise la manifestation de Dieu dans le monde matĂ©riel, particuliĂšrement Ă  travers l’image de la lumiĂšre : « De mĂȘme que le soleil rayonne Ă  travers le monde, ainsi fait la Shekhinah » (SanhĂ©drin 39a). MaĂŻmonide estime que la Shekhinah est « la lumiĂšre créée queDieu fait descendre d’une maniĂšre miraculeuse dans un lieu pour le glorifier » (Guide des EgarĂ©s I, 64) et c’est Elle qui se rĂ©vĂšle aux prophĂštes et non Dieu Lui-mĂȘme (Guide des EgarĂ©s II, 21). La Shekhinah est donc la PrĂ©sence de Dieu manifeste ainsi sa lumiĂšre divine, lumiĂšre qui est le lien entre le divin et le non divin.

Dans la kabbale cette diffĂ©rence purement nominale devient une distinction effective : la Shekhinah est le versant fĂ©minin de Dieu, le Kaddosh-Barouch-Hou le versant masculin. La Shekhinah est l’Ă©lĂ©ment passif, la Reine, l’Épouse, l’Amante, la Promise et l’autre nom reprĂ©sente l’Ă©lĂ©ment actif, le Roi, l’Epoux, l’Amant. Pour les kabbalistes la Shekhinah correspond ainsi Ă  la Sephirah Malkhut, associĂ©e au HĂ©, derniĂšre lettre du tĂ©tragramme ڙڔڕڔ. Ainsi, la Shekhinah s’entend aussi « shakin Hé », la « demeure du Hé » c’est-Ă -dire la permanence du Souffle divin. Mais l’observation du mot Shekhinah en hĂ©breu rĂ©vĂšle aussi qu’il s’agit du mot « shakĂ©n », auquel ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es les deux premiĂšres lettres du TĂ©tragramme : ڙڔ. Shekhinah peut donc aussi se comprendre : « la demeure du Yah » (Virya). La racine de Shakhen (rĂ©sider) est Ken qui n’a aucune signification particuliĂšre si ce n’est une interjection « Oui, c’est ainsi… » Ken est formĂ© par les lettres Ś›, Kaf et Ś , Noun et sa numĂ©ration est soit 70 (petite numĂ©ration) soit 720 (grande numĂ©ration avec le Noun final). Par lĂ  nous pouvons comprendre que le Souffle Vivant habite rĂ©ellement le lieu…

La Shekhinah est Ă©galement associĂ©e Ă  la sephira Binah : « Cette sephira est appelĂ©e Shekhinah d’en haut. Il en va vraiment ainsi, et nos maĂźtres, de mĂ©moire bĂ©nie, ont dit : ‘De mĂȘme qu’il y a une Shekhinah en haut, ainsi il y a une Shekhinah en bas‘ » (Sheqel haQodesh, p. 128 Ă©ditions Verdier). Toutefois, et toujours selon le Sheqel haQodesh, l’analogie de tous les Ă©lĂ©ments de la Shekhinah d’en haut avec la Shekhinah d’en bas est totale et tous les attributs de la Shekhinah d’en haut s’Ă©panchent sur celle d’en bas dans laquelle on peut donc retrouver toutes les qualitĂ©s, dans un Ă©tat latent toutefois. La Shekhinah s’Ă©panche elle-mĂȘme sur les ĂȘtres d’en bas et leur confĂšre par lĂ  force, vaillance et satisfait Ă  tous leurs besoins.

La Valeur numĂ©rique de Shekhinah est Ă©gale Ă  385 (300 + 20 + 10 + 50 + 5), ce nombre dĂ©note la qualitĂ© subtile et mallĂ©able de la PrĂ©sence ; en effet, 385 est aussi la valeur numĂ©rique de « haRaqiù », le firmament et de « haÄrafel », la nuĂ©e qui enveloppe Dieu en sa PrĂ©sence que seul MoĂŻse approcha. À noter aussi que 385 est la numĂ©ration de Hashalim, Ś”Ś©ŚœŚ™Ś, faire la paix.

Voici ce que nous dit le Bahir quant la Shekhinah (traduction Virya) :

§75 -Pourquoi la Torah dit-elle « TsĂ©dĂ©q, TsĂ©dĂ©q » deux fois ? Il dit, Parce que l’Écriture continue (Psaume 18:13), « de la lueur qui le prĂ©cĂ©dait ». Le premier Â«Â TsĂ©dĂ©q » est littĂ©ralement la Justice. C’est la Shekhinah, ainsi qu’il est Ă©crit (EsaĂŻe 1:21), « TsĂ©dĂ©q rĂ©side en lui ». Quel est le second « TsĂ©dĂ©q » ? C’est la Justice qui effraie le Juste. Et cette TsĂ©dĂ©q est-elle ou pas la TsĂ©daqah ? Il rĂ©pondit, non, pourquoi le serait-elle ? Parce qu’il est Ă©crit (EsaĂŻe 59:17) : « Il se revĂȘt de la TsĂ©daqah comme d’une cuirasse, Et il met sur sa tĂȘte le casque du salut ». Sa tĂȘte (rosh) n’est rien d’autre que VĂ©ritĂ©. Ainsi qu’il est Ă©crit (Psaume 119:160), « La tĂȘte (rosh) de Ta parole est VĂ©rité ». La vĂ©ritĂ© n’est rien autre que Paix. Ainsi qu’il est Ă©crit (EsaĂŻe 39:8) : « Il y aura Paix et VĂ©ritĂ© dans mes jours ». Est-il possible pour un homme de dire cela ?

§ 119 – Quel est l’arbre dont tu parles? Il rĂ©pondit: Il reprĂ©sente les puissances du saint, bĂ©ni soit-Il, les unes au-dessus des autres. De mĂȘme qu’un arbre produit des fruits grĂące Ă  l’eau, ainsi le Saint, bĂ©ni soit-Il accroĂźt la puissance de l’arbre par l’eau. Quelle est l’eau du saint, bĂ©ni soit-Il. C’est Hokmah (la sagesse), et c’est les Ăąmes des justes, qui volent de la source pour parvenir au grand canal, qui s’élĂšve et s’attache Ă  l’arbre. Comment volent-elles ? GrĂące Ă  IsraĂ«l. S’ils sont bons et justes, la PrĂ©sence (la Shekhinah) demeure parmi eux. Leurs actes reposent alors dans le sein du Saint, bĂ©ni soit-Il, qui les rend fructueux et les multiplie.

§ 120 – Comment savons-nous que la PrĂ©sence (Shekhinah) s’appelle Â«Â TsĂ©dĂ©q » (Justice)? Il est Ă©crit: « Il chevauche les cieux par ton aide et les nuĂ©es dans sa majesté » (Deut. 33:26). Et il Ă©crit Ă©galement: « Les cieux (Sheh’aqim) seront parcourus par TsĂ©dĂ©q » (IsaĂŻe 45:8). TsĂ©dĂ©q est la PrĂ©sence divine, ainsi qu’il est Ă©crit: « TsĂ©dĂ©q demeure en lui » (IsaĂŻe 1:21). TsĂ©dĂ©q fut donnĂ© Ă  David, lorsqu’il Ă©crit: « Yhwh rĂ©gnera Ă  jamais, Ton Dieu, Tsion, de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration! » (Ps. 146:10). Et il est Ă©crit: « Tsion qui est la citĂ© de David » (I Chron. 11:5).

L’unitĂ© divine

Selon la thĂ©orie de la Kabbale, l’unitĂ© divine originelle a Ă©tĂ© brisĂ©e dĂšs le dĂ©but de la crĂ©ation, c’est pourquoi les aspects masculins de la divinitĂ©, reprĂ©sentĂ©s par les Sephiroth Tiphereth et Yesod, sont sĂ©parĂ©s du fĂ©minin, la Shekhinah. C’est par un travail constant sur soi et par l’accomplissement des lois de la nature Ă  travers les commandements divins, que se restaure l’unitĂ© originelle des dix Sephiroth et donc l’unitĂ© de Dieu. La Shekhinah est l’aspect du divin le plus proche de nous et de la matiĂšre, c’est pourquoi elle est trĂšs vulnĂ©rable Ă  la Sitra haRa (le cĂŽtĂ© obscur de la crĂ©ation) et Ă  la souffrance. Le Zohar, tout particuliĂšrement, insiste sur ce cĂŽtĂ© sombre et dĂ©moniaque de la Shekhinah exilĂ©e de son Roi. « Sa place n’est donc pas en haut et sa rĂ©sidence n’y est pas, dĂšs lors sa place est vacante en haut » (Shequel haQodesh, p. 222), ceci marque l’exil de la Shekhinah qui rĂ©side malgrĂ© tout simultanĂ©ment en haut et en bas Ă  condition que les IsraĂ©lites habitent leurs demeures. Donc, l’exil de la Shekhinah existe du fait de la destruction du Temple et donc de l’exil d’IsraĂ«l, exil que par extension nous pouvons appliquer Ă  tous les hommes de cette terre qui sont en exil d’eux-mĂȘmes car en exil de Dieu. Selon le ShaarĂ©i Orah, l’exil de la Shekhinah provient du pĂ©chĂ© du Adam haRichon, l’homme primordial. L’exil de la Shekhinah dura jusqu’Ă  la construction du premier Temple par le roi Salomon comme il est Ă©crit Â«Â Ils me feront un sanctuaire et j’habiterai, shak’hanati, au milieu d’eux » (Exode 25:8), et mĂȘme si il lui arrive de quitter ce lieu, elle y restera attachĂ©e pour l’Ă©ternitĂ© comme il est Ă©crit : « C’est mon repos Ă  tout jamais, lĂ  je siĂ©gerai, car je l’ai dĂ©siré » (Psaumes 132:14). Il est Ă©crit qu’Abraham a rĂ©ussi l’union de la Shekhinah d’en haut et de la Shekhina d’en bas en unissant les Sephiroth Bina et Malkhut selon le secret du nom ڙڔڕڔ ڐړڠڙ, qui est le secret du Tikkun, de la rĂ©paration de la brisure.

Pour revenir sur la symbolique des Sephiroth, la Shekhinah est associĂ©e Ă  la Sephira Binah, dans son Émanation supĂ©rieure, et Ă  la Sephira Malkhut en son Ă‰manation infĂ©rieure, et nous lisons dans le ShaarĂ©i Orah de Gikatila : « DĂšs lors que tu as rĂ©alisĂ© ceci, lorsque, dans la Torah, tu trouveras ڙڔڕڔ Ă©crit ڐړڠڙ, tu sauras et comprendras que c’est des Sephiroth, dont il est question : la Sephira Binah, qui s’Ă©crit ڙڔڕڔ et se prononce Elohim est la Sephira Malkhut qui est prononcĂ©e ڐړڠڙ, secret de : Â«Â Ś™Ś”Ś•Ś” est ma force » (Habacuc 3:19). L’union de ces deux Sephiroth signifie alors que le monde est totalement rĂ©parĂ© et accompli, car tous les canaux abondent et les bĂ©nĂ©dictions parviennent Ă  la Sephira Malkhut. Un des noms de la Sephira Bina est Shekhinah Eilah, کڛڙڠڔ ŚąŚ™ŚœŚŚ”, la PrĂ©sence SuprĂȘme parce qu’elle est le secret de la rĂ©ception du Shefa, de l’abondance, du monde supĂ©rieur. Le Shefa est dispensĂ© vers la Sephira Malkhut afin que la Shekhinah d’en bas la distribue aux ĂȘtres d’en bas. Lorsque la Shekhinah reçoit les bĂ©nĂ©dictions d’en haut, elle est appelĂ©e MiqvĂ© haMayim, ŚžŚ§Ś•Ś” Ś”ŚžŚ™Ś, Bassin des Eaux, et quand elle ne reçoit pas elle s’appelle Yabashah, ڔکڑڙ, SĂšche.

La Shekhinah est Ă©galement appelĂ©e « Lit de Salomon » (Shequel haQodesh) : Â«Â Voici son lit, celui de Salomon; soixante hommes forts l’entourent, d’entre les hommes forts d’IsraĂ«l. » (Cant des Cant 3:7). Et le Zohar Soncino, Shemoth, 2 5a, explique que le Lit de Salomon est une rĂ©fĂ©rence Ă  la Shekhinah ; le Cantique des Cantiques est le « Saint des Saints » et reflĂšte l’histoire de ce monde et le mariage de la Shekhinah et de Dieu.

La Shekhinah est, selon le Cantique, protĂ©gĂ©e par 60 anges avec 10 autres cachĂ©s parmi eux. Le Lit est la Shekhinah et Salomon est le Roi d’en haut. Ces 60 hommes forts nous renvoient aussi Ă  la symbolique du Temple de Salomon et aux CandĂ©labres qui y furent dĂ©posĂ©s. En effet, ces candĂ©labres sont des Menorah composĂ©es de 7 branches qui reprĂ©sentent 6 flammes entourant une septiĂšme qui est disposĂ©e au centre. La flamme au centre est la Shekhinah et les 6 flammes qui l’entourent sont ses gardiens. C’est pourquoi Salomon dĂ©posa 10 Menorah dans le Temple afin de symboliser les 60 braves d’IsraĂ«l, les 60 anges, prĂ©posĂ©s Ă  la garde de la Shekhinah.

L’exil de la Shekhinah (Virya) : « Ce processus d’exil de la Shekhinah ne se produit que dans le cas oĂč l’on « ne fait plus« , et que le nĂ©ant nous rĂ©duit. La rĂ©duction de notre sphĂšre d’existence intĂ©rieure a pour effet de rapidement nous laisser submerger par nos pensĂ©es. Dans le cas d’un processus Ă©volutif, une pensĂ©e Ă©mise va jusqu’au bout des limitations, et bute finalement sur le nĂ©ant qui la renvoie vers sa source, un peu comme une onde radar.

Dans le cas d’une situation Ă©volutive en expansion de conscience, tout ce que la personne Ă©met part trĂšs loin, a le temps de mĂ»rir et de s’Ă©puiser ou s’adoucir avant de revenir vers son Ă©metteur. Mais, si la sphĂšre d’existence est trĂšs rĂ©duite, alors les vibrations Ă©mises buttent trĂšs vite sur le nĂ©ant et reviennent quasi instantanĂ©ment. La personne se trouve rapidement submergĂ©e par tout ce qu’elle gĂ©nĂšre, et dans un premier temps, n’a plus de place pour accueillir la PrĂ©sence divine ; c’est le dĂ©but de son exil. IsolĂ©e, la personne ne peut plus rĂ©agir pour inverser le processus, car elle est devenue esclave de ses limitations ; c’est l’esclavage en Égypte. En terminologie kabbalistique, ceci revient Ă  tomber sous l’emprise des Qlipoth (coquilles) qui sont un aspect perverti de la lumiĂšre. Lorsqu’une vibration Ă©mise part dans un espace suffisamment grand, elle a le temps de s’Ă©panouir et de se transformer en lumiĂšre Ă©volutive. Mais si l’espace est trop restreint, elle reste stĂ©rile et encombre l’espace de son Ă©metteur, elle devient une Qlipah (coquille). Les Qlipoth prennent alors progressivement la place de la PrĂ©sence, et la personne occupant de l’espace rĂ©side sur l’amas de ses propres rĂ©sidus, l’individu produit une sorte de catastrophe Ă©cologique intĂ©rieure qui ne tardera pas Ă  se manifester Ă  l’extĂ©rieur…

Mais l’exil va encore plus loin et crĂ©e une situation bien plus grave. Si la personne n’a toujours pas rĂ©ussi Ă  inverser le processus, le nĂ©ant, les limitations et les Qlipoth ne vont finalement plus lui laisser de place pour exister. Elle se trouve ainsi expulsĂ©e hors d’elle-mĂȘme, et commence dĂšs lors un « galouth », un exil dont le sens rĂ©el est « tourner sans but ». Ceci est semblable Ă  quelqu’un qui quitte sa maison confortable pour errer autour comme un mendiant. Dans ce Galouth ou cherche sa « terre promise », c’est-Ă -dire que l’on aspire Ă  rĂ©intĂ©grer sa vĂ©ritable place, tournĂ© vers le futur. L’illusion de galouth rend difficile le retour Ă  sa propre nature, les personnes dans cette situation ont tendance Ă  se chercher dans les autres et Ă  vivre leur vie Ă  travers l’illusion de la vie des autres, qui sont peut-ĂȘtre aussi en train de se chercher.

MĂȘme en lui expliquant l’importance de la mise en route de la volontĂ© et de l’action il est trĂšs difficile de faire rĂ©agir quelqu’un dans une telle situation. Cette personne, en Ă©tat de Â«Â non-faire », peut difficilement soumettre Ă  un travail de reconstruction, nĂ©cessitant, il est vrai, beaucoup d’efforts, car elle sera trĂšs vite dĂ©couragĂ©e. C’est pourquoi le Rabbi Nah’man de Breslev enseignait que si on ne peut dire une priĂšre entiĂšre (se mettre Ă  parler), alors n’en prononcer d’abord que les premiers mots. Comme beaucoup de priĂšres commencent par Â«Â Ribono ShĂ©l Olam », MaĂźtre du Monde, il conseillait de rĂ©pĂ©ter simplement cette phrase, comme un mantra. Cette rĂ©pĂ©tition aide Ă  remettre en mouvement une Ă©tincelle du processus Ă©volutif et redonne un peu de lumiĂšre. ReconnaĂźtre qu’il y a un MaĂźtre du monde, c’est aussi reprendre conscience d’un immense espace dont on s’est coupĂ©. Rabbi Nah’man disait que pour que le processus se remette en mouvement de façon certaine, il fallait rĂ©pĂ©ter la formule au moins trois mille fois. Le retour de la lumiĂšre de la PrĂ©sence aura pour premier effet de chasser les Qlipoth et aidera la sphĂšre de la personne Ă  Ă©voluer de nouveau.« 

ArrivĂ© Ă  un certain stade de l’expansion de son espace, on se rend compte que les pensĂ©es Ă©mises s’Ă©puisent Ă  atteindre le nĂ©ant, ce qui en revient est dissous dans l’immense lumiĂšre de la PrĂ©sence. On connaĂźt alors une vĂ©ritable expansion de conscience et un Ă©tat de sĂ©rĂ©nitĂ© absolu que rien ne peut plus troubler. Au moment, la FiancĂ©e retrouve le FiancĂ© : « Dodi li Veani lo« , « Mon Bien-AimĂ© est pour moi et je suis pour lui » (Cantique 2 :16).

Le mystĂšre de leur union est reprĂ©sentĂ© par un symbolisme d’ordre sexuel. Rabbi SimĂ©on dit : L’union entre mĂąle et femelle est appelĂ©e Un et seulement quand la femme est unie au mĂąle on peut employer le mot « Un”. (Zohar III, 7 b) Le Roi connaĂźt la Shekhinah et celle-ci accouche du monde sephirotique – c’est-Ă -dire de la vie du monde au sein de Dieu. Le Zohar abonde en allusions aux rapports sexuels entre l’Époux et l’Épouse, le terme d’Épouse correspondant Ă  Shekhinah, Ă  Malkhut. AD Grad Ă©crit Ă  ce sujet : « Si l’on veut unir en haut, c’est toujours la mĂȘme histoire. On parle toujours d’unifier. Si l’on veut unir en haut, il faut commencer Ă  unir en bas. Si l’on unit pas en bas, si l’on fait fi de l’Éros, on n’arrivera jamais Ă  unifier en haut, parce qu’en plus haut, la Shekhinah, rĂ©sidence divine, partie fĂ©minine de la divinitĂ©, en exil pour l’instant, doit rejoindre le « Kaddosh-Barouch-Hou » (Le Saint BĂ©ni Soit-il). La Shekhinah doit rejoindre la partie masculine de la divinitĂ© que l’on retrouve dans le TĂ©tragramme sacrĂ©. Ces deux parties, essentielles n’en font qu’une, et elles sont sĂ©parĂ©es. L’exil de la Shekhinah – Sakina pour les musulmans, Shakti pour les hindous – implique la souffrance. L’identification est un problĂšme, et en particulier celui de l’Éros -Il faut qu’il y ait rĂ©intĂ©gration, sortie de l’exil. En Kabbale cela va loin, puisque l’on dit si IsraĂ«l reste en exil, la Shekhinah reste en exil avec lui« .

AD Grad : « Il faut bien avoir prĂ©sent Ă  l’esprit que l’hĂ©braĂŻsme originel est charnel. C’est une histoire de chair. Ce n’est pas une vue mĂ©taphysique. Il faut « connaĂźtre » bibliquement « quand Adam connut Eve », ce verset contient la connaissance charnelle. L’homme ne peut pas dĂ©couvrir la femme, s’il ne la connaĂźt pas charnellement. Sinon il ne sait pas comment elle est fabriquĂ©e, comment elle fonctionne. Sa dĂ©couverte va peut-ĂȘtre mĂȘme susciter l’amour. Il est possible qu’au dĂ©part il n’y ait pas d’amour, et que subitement il va y avoir une rĂ©vĂ©lation qui vient d’une histoire vivante. À la diffĂ©rence d’une philosophie quelconque, l’hĂ©braĂŻsme est une dĂ©marche de vie. Dans le DeutĂ©ronome il est Ă©crit : « Choisis la vie, tu as la vie et la mort devant toi ». Or la vie n’est pas quelque chose de statique, qui ne demeure jamais dans le mĂȘme Ă©tat. Comme la conscience, un flux permanent, mais qui n’est jamais le mĂȘme. Il y a une question de mouvement. L’immobilitĂ©, c’est la mort. Si l’on choisit la vie, on choisit tout ce qui fait que la vie est vie. Et la vie surgit de quoi, de l’amour, du vĂ©ritable amour, charnel. On ne peut pas en faire des dissertations platoniques, que ce soit clair.« 

Jean de Pauly : Le dĂ©sir que la femelle Ă©prouve pour le mĂąle ne se rĂ©veille que lorsque l’esprit du mĂąle le pĂ©nĂštre ; c’est alors seulement que la femelle lance ses eaux Ă  la matiĂšre fĂ©condante du mĂąle d’En Haut. De mĂȘme, la Knesseth-IsraĂ«l n’Ă©prouve de dĂ©sirs pour le Saint-BĂ©ni-Soit-Il que parce qu’elle est pĂ©nĂ©trĂ©e de l’esprit des Justes ; c’est alors seulement que la Knesseth-IsraĂ«l fait jaillir ses eaux Ă  la rencontre de la matiĂšre fĂ©condante du mĂąle ; alors la voluptĂ© devient Ă©gale, c’est-Ă -dire commune au mĂąle et Ă  la femelle, de maniĂšre que le mĂąle et la femelle ne forment plus qu’un faisceau, qu’un noeud. Cet Ă©tat fait les dĂ©lices de tous. (Zohar I, 60 b).

Il y a une Shekhinah appelĂ©e »servante” et une Shekhinah appelĂ©e ‘Fille du Roi”. (…) Le corps dans lequel la « Fille du Roi” s’est incarnĂ©e n’appartient certainement pas aux zones infĂ©rieures. Quel Ă©tait le corps dont la « Fille du Roi” s’est enveloppĂ©e durant son sĂ©jour terrestre ? MĂ©tatron. Ce corps est « Servante” et son Ăąme « Fille du Roi”. (Zohar II, 94 b). La Shekhinah-Servante est en correspondance avec la derniĂšre Sephira, Malkhut. Fille du Roi, phase intime, correspond, par l’intermĂ©diaire de la troisiĂšme Sephira Bina (Intelligence), au Visage Transcendant (Arich Anpin) de la hiĂ©rarchie sephirotique.

« Comme la Vierge, la Shekhinah est la mĂ©diatrice parfaite auprĂšs du roi » (Zohar II, 51 a), elle est « avec IsraĂ«l en Exil et elle obtient la rĂ©mission de ses pĂ©chĂ©s ». (Zohar I, 191 b).

Mais, parce qu’elle prend figure de RĂ©dempteur et de Messie, la Shekhinah correspond aussi Ă  JĂ©sus ! A la fin des jours elle exterminera du monde les lĂ©gions de SamaĂ«l (Le Mal) (Zohar II, 51 b) et tous les peuples se rĂ©fugient sous ses ailes (Zohar II, 69 b) » (Guy Casaril, Rabbi SimĂ©on Bar YochaĂŻ). La Shekhinah est ainsi liĂ©e au messianisme juif d’une maniĂšre tout Ă  fait particuliĂšre. Le Zohar Ă©crit : « Une nuit sans jour, un jour sans nuit, ne mĂ©ritent pas le nom d’ « Un”. De mĂȘme, le Kaddosh-Barouch-Hou Et la Knesseth-IsraĂ«l sont appelĂ©s « Un”, mais l’un sans l’autre n’est appelĂ© « Un”. Ainsi depuis que la Knesseth-IsraĂ«l est en Exil, le Kaddosh-Barouch-Hou n’est pas -si l’on peut dire -appelĂ© « Un”. Mais Ă  la fin de l’Exil, lors du retour de la Knesseth-IsraĂ«l, il sera de nouveau appelĂ© « Un” » (Zohar III, 93 b). Elle est Malkhut, RoyautĂ©, c’est-Ă -dire la Shekhinah. À l’origine le roi et la Matrone, Dieu et la Shekhinah Ă©taient unis : ensemble ils Ă©taient appelĂ©s Un. Le pĂ©chĂ© d’Adam a dĂ©truit cette union, a sĂ©parĂ© la RoyautĂ© (Malkhut) de la Couronne (Kether) et la Shekhinah s’est retrouvĂ©e exilĂ©e loin de Dieu. L’unitĂ© est brisĂ©e. À la fin des jours, la Shekhinah se rĂ©unira au Roi, et ils seront tous deux ensembles appelĂ©s Un. Le dualisme des personnes mĂąle et femelle en Dieu n’est qu’un facteur transitoire, historique, entre deux Ă©tats d’UnitĂ© qui sont l’Ă©tat vrai de Dieu, Éternel Un, Un en tant qu’Éternel.

À la fois En Sof et monde sephirotique, Dieu et Shekhinah, Dieu demeure Un. La qualitĂ© d’apparence et la multiplicitĂ© des attributs ne sont qu’une maniĂšre humaine de comprendre l’unitĂ© de Dieu. Dieu paraĂźt multiple lorsque l’on voit les Ashorim (dos), il est Un pour celui qui voit les Panim (faces).

Selon le Zohar (III, 107a), le verset 1 du Cant. des Cant. II « Je suis la rose de Saron, le lis des vallĂ©e« , signifie l’Amour de Dieu pour la CommunautĂ© d’IsraĂ«l, et de la Shekhinah, qui est Rose de Saron parce qu’Elle s’Ă©panouit avec splendeur dans le Jardin et Elle est appelĂ©e lis car Elle a le dĂ©sir d’ĂȘtre arrosĂ©e par le flot profond de Celui qui est la source. Le lis des vallĂ©es nous rappelle aussi la profondeur dans laquelle la Shekhinah se trouve, et son exil de Dieu. Le lis a six pĂ©tales, rappelant ainsi le Magen David.

« Place-moi comme un sceau sur ton coeur, comme un sceau sur ton bras (…), ses traits sont comme des traits de feu, une flamme du Seigneur » (Cant. des Cant. 6:6) : ce sont lĂ  les paroles de la Shekhinah exilĂ©e, dĂ©sirant la montĂ©e des eaux infĂ©rieures (Malkhut) vers les eaux supĂ©rieures, dĂ©sir d’une Ă©treinte et d’une union parfaite. Ainsi, la Shekhinah dit « place-moi comme un sceau”, car l’empreinte du sceau restera mĂȘme aprĂšs que le sceau ait Ă©tĂ© enlevĂ©. À ce sujet, dans Zohar I, 244b, il nous est ramenĂ© ce qui suit : Â«Â Toujours c’est le mĂąle qui poursuit la femelle, cherchant Ă  provoquer son amour, mais ici nous voyons la femelle poursuivre le mĂąle et le courtiser, chose que l’on considĂšre habituellement comme convenant bien peu Ă  la femelle. Mais en cela, il y a un profond mystĂšre, l’un des trĂ©sors les plus prĂ©cieux du Roi. Nous savons que trois Ăąmes appartiennent aux degrĂ©s divins. Et mĂȘme quatre, car il y a une Ăąme suprĂȘme qui, Ă  coup sĂ»r, ne peut ĂȘtre perçue par le gardien du trĂ©sor infĂ©rieur ni mĂȘme par le gardien du trĂ©sor d’en haut. Tout dĂ©pend d’elle qui est drapĂ©e dans un voile Ă  l’Ă©clat Ă©blouissant… Mais il en est une autre, une Ăąme femelle, cachĂ©e parmi les lĂ©gions et Ă  laquelle un corps adhĂšre, par lequel elle exprime sa puissance, comme l’Ăąme dans le corps humain… Pourtant une autre Ăąme encore s’y trouve, Ă  savoir les Ăąmes des justes d’en bas qui, Ă©manant des Ăąmes supĂ©rieures, l’Ăąme de la femelle et l’Ăąme du mĂąle, ont donc la prééminence sur toutes les lĂ©gions et les armĂ©es cĂ©lestes… Seules les Ăąmes des justes, ici, sur cette terre, peuvent Ă©veiller l’amour de la CommunautĂ© d’IsraĂ«l (et de la Shekhinah) pour Dieu, car elles viennent du cĂŽtĂ© du Roi, du cĂŽtĂ© mĂąle. »

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Plus sur le sujet :

La Shekhinah 1 par Prospero.

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