La Sephirah Daath

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La Sephirah Daath par Spartakus FreeMann.

Il est Ă  noter que dans cet article, nous Ă©crirons Da’ath ou Daath de maniĂšre indiffĂ©rente, ces deux translitĂ©rations Ă©tant acceptables en français.

Ś‘Ö°ÖŒŚ—ÖžŚ›Ö°ŚžÖžŚ” Ś™ÖŽŚ‘ÖžÖŒŚ Ö¶Ś” Ś‘ÖžÖŒŚ™ÖŽŚȘ Ś•ÖŒŚ‘ÖŽŚȘÖ°Ś‘Ś•ÖŒŚ ÖžŚ” Ś™ÖŽŚȘÖ°Ś›ÖčÖŒŚ•Ś ÖžŚŸŚƒ

« La maison sera bĂątie par la sagesse, et sera affermie par l’intelligence Â» (Proverbes, 24, 3 – Bible de Martin).

Ś•ÖŒŚ‘Ö°Ś“Ö·ŚąÖ·ŚȘ Ś—ÖČŚ“ÖžŚšÖŽŚ™Ś Ś™ÖŽŚžÖžÖŒŚœÖ°ŚŚ•ÖŒ Ś›ÖžÖŒŚœÖŸŚ”ÖčŚ•ŚŸ Ś™ÖžŚ§ÖžŚš Ś•Ö°Ś ÖžŚąÖŽŚ™ŚŚƒ

« Et par la science les cabinets seront remplis de tous les biens prĂ©cieux et agrĂ©ables » (Proverbes, 24, 4 – Bible de Martin).

Daath au sein de la Kabbale.

Sagesse (Hokhmah – Ś—ÖžŚ›Ö°ŚžÖžŚ”), Intelligence (Binah – Ś‘Ś•ÖŒŚ ÖžŚ”) et Connaissance (Daath – Ś“Ö·ŚąÖ·ŚȘ) sont les trois concepts majeurs de la pensĂ©e kabbalistique. Mais, tandis que Hokhmah et Binah sont clairement indiquĂ©es sur l’Arbre de Vie, et sont considĂ©rĂ©es comme des Sephiroth Ă  part entiĂšre, il en va tout autrement de Daath qui, souvent, n’est mĂȘme pas mentionnĂ©e comme faisant partie du systĂšme des Sephiroth. Le Sepher Yetsirah ne dit-il pas « Dix Sephiroth issues du NĂ©ant ; dix et non neuf ; dix et non onze Â» ? Daath Ă©tant la onziĂšme Sephirah, elle « sort Â» ipso facto du processus des 10 Émanations. En outre, Da’ath est cette connaissance dont il est question dans l’épisode de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal (ŚąŚ„ Ś”Ś“ŚąŚȘ Ś˜Ś•Ś‘ Ś•ŚšŚą), ce qui a toujours pu causer un certain trouble Ă  ceux qui cherchaient Ă  trop s’en approcher.

Si la majoritĂ© des kabbalistes ignorent, ou passent sous silence cette Sephirah, les mystiques de Safed on souvent violĂ© cette « rĂšgle de dix Â» en posant le principe d’une onziĂšme Sephirah, Daath s’interposant sur le sentier reliant Binah et Chesed. CordovĂ©ro posait le principe que Daath jouait le rĂŽle d’harmonisateur au sein de l’Arbre.

Le mot Daath se traduit littĂ©ralement par « connaissance Â», mais il porte Ă©galement le sens d’union et de relation, comme dans le verset « Adam connut sa femme Ève Â» ; Ś•Ö°Ś”ÖžŚÖžŚ“ÖžŚ Ś™ÖžŚ“Ö·Śą ڐֶŚȘÖŸŚ—Ö·Ś•ÖžÖŒŚ” (GenĂšse, 4, 1). Ainsi, la Kabbale reprĂ©sente souvent Daath comme un principe de connaissance gnostique – une connaissance expĂ©rimentale et empirique plutĂŽt qu’épistĂ©mologique – une union du sujet et de l’objet
 Ne dit-on pas qu’expĂ©rimenter Dieu, c’est connaĂźtre Dieu ? Daath est le nƓud entre l’intellect pur et les Ă©motions.

Des trois « cerveaux Â» de l’intellect, Daath constitue la partie subjective, la capacitĂ© de l’esprit Ă  appliquer une comprĂ©hension abstraite aux Ă©vĂ©nements matĂ©riels de la vie.

La Kabbale explique ainsi que Daath est le point d’union entre la Sagesse (Hokhmah) et l’Intelligence (Binah), non Ă©manĂ©e, comme les autres Sephiroth, elle agit comme un principe unifiant et liant pour l’Arbre en son ensemble. LĂ  oĂč les autres Sephiroth sont perçues comme des « rĂ©cipients Â» de la LumiĂšre, Daath est l’approximation la plus proche de ce que serait cette LumiĂšre : « Daath est la LumiĂšre de Hokhmah Â» (Zohar).

Dans les 32 Sentiers de la Sagesse, Da’ath se situe sur le Sekhel Shalem, ou « Conscience parfaite Â» qui reprĂ©sente la maĂźtrise parfaite du flux qui passe de la Sephirah Hokhmah Ă  la Sephirah Binah, le « pĂšre Â» et la « mĂšre Â» de Da’ath. Ceux qui atteignent Ă  ce niveau d’Ă©tat de Conscience connaissent l’Harmonie entre les 2 hĂ©misphĂšres du cerveau, et sont capables d’apprĂ©hender totalement la Logique et la Raison, l’Intuition et la CrĂ©ativitĂ©.

Certains kabbalistes ne comptent Da’ath que lorsque Kether n’est pas comptĂ©e comme Sephiroth apparente au sein de l’Arbre. Pour eux, Da’ath reprĂ©sente la dimension intĂ©rieur, le reflet, de Kether dans le domaine du conscient. Dans ce cas, Da’ath apparaĂźt dans l’Arbre, sur l’Axe du Milieu directement en dessous de l’espace habituellement attribuĂ© Ă  Kether.

Symbolisme

Dans SpiritualitĂ© de la Kabbale, Virya Ă©crit Ă  son sujet :

« Da’ath est la science, le savoir ou plus exactement la Gnose de Dieu, elle est l’Ă©quilibre entre la Sagesse et l’Intelligence, entre l’intuition et la cogitation.

Dans l’homme Daath se place entre les deux hĂ©misphĂšres du cerveau, c’est pour cela que dans la Bible il est Ă©crit : « Et c’est pourquoi je demande Ă  ceux qui recherchent l’Éternel qu’ils contemplent et mĂ©ditent, et qu’ils l’aient comme un souvenir entre leurs yeux Â».

Dans la conscience humaine Daath est l’acquisition dĂ©finitive d’une nouvelle richesse de l’ĂȘtre qui servira Ă  mieux s’attacher et se diriger vers la vraie source de Sagesse, la Hockmah Ilaah (Sagesse suprĂȘme).

L’ensemble des deux Sephiroth Hockmah, Binah, et la non-Sephira Daath, est rĂ©uni sous le nom de Habad, qui est l’acrostiche de ces trois mots. Habad est aussi le nom de l’école et du mouvement intellectuels fondĂ©s par Rabbi Schneour Zalman de Liadi.

Habad est en relation avec le principe fondamental de l’existence, avec le corps subtil de l’univers. Le Divin est prĂ©sent en ce lieu sous la forme de la lettre Yod (premiĂšre lettre du tĂ©tragramme). Â»

Daath est associĂ©, au niveau de l’ñme, aux propriĂ©tĂ©s de la mĂ©moire et de la concentration qui reposent sur la reconnaissance  (hakarak) et la sensitivitĂ© (hergesh) de la signification potentielle des idĂ©es gĂ©nĂ©rĂ©es par la conscience par Hokhmah et Binah.

Les Kabbalistes nous disent que Daath est la porte menant Ă  Dieu en se basant sur l’interprĂ©tation des lettres composant ce mot ; la premiĂšre Ă©tant un Daleth (Ś“) qui symbolise une porte et qui est la quatriĂšme de l’alphabet hĂ©breu ayant pour valeur 4. Cette lettre rĂ©sume ainsi ce que Daath est en rĂ©alitĂ©, tant dans la Kabbale traditionnelle que dans la Cabale occultiste : la porte vers les sphĂšres supĂ©rieures, mais aussi l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal (Etz Da’ath Tov ve-Ra), une porte faisant communiquer deux mondes, deux versants, et les Ă©quilibrant harmonieusement.

La Kabbale nous dit qu’en Daath s’unissent les Quatre ÉlĂ©ments : l’Air de Kether, le Feu de Hokhmah et l’Eau de Binah, et l’ÉlĂ©ment Terre qui implique la prĂ©sence du nombre Quatre (Daleth), le Quaternaire, suite logique de la manifestation de « la Triade SupĂ©rieure Â».

Daath forme ainsi avec la Triade SupĂ©rieure le Premier Quaternaire, un Quaternaire essentiellement spirituel, car de celui-ci va Ă©maner l’ensemble des Forces se manifestant ensuite dans la CrĂ©ation (les trois autres Quaternaires).

Daath constitue la porte – la fracture – par laquelle se rĂ©alise le phĂ©nomĂšne de la rĂ©alisation, engendrant l’Illusion de l’Espace et du Temps.

La seconde lettre du mot, en hĂ©breu, est Ayin (Śą), seiziĂšme lettre de l’alphabet hĂ©breu qui symbolise l’Ɠil, l’expĂ©rience, le savoir, la perception.

La troisiĂšme lettre est le Tav (ŚȘ), derniĂšre lettre de l’alphabet hĂ©breu qui symbolise un sceau.

Ainsi, le mot se lit : Daleth (Ś“), la porte ; Ayin (Śą), la perception ; Tav (ŚȘ), la fin de l’Ɠuvre. Au travers de la connaissance, on peut obtenir une vision, une perception du chemin, du monde, de toute la crĂ©ation.

Daath opĂšre sur deux niveaux : le niveau supĂ©rieur, appelĂ© « da’ath elyon Â», sert Ă  resserrer les liens entre Hokhmah et Binah ; le niveau infĂ©rieur, appelĂ© « da’ath tachton Â», sert Ă  connecter l’intellect avec le domaine des Ă©motions. C’est de cela que parle le livre des Proverbes (24, 4), « les chambres sont emplies par la science Â». Les chambres sont celles du cƓur, des Ă©motions de l’ñme. Ce niveau est dĂ©fini, par le Zohar, comme Ă©tant la « clĂ© qui inclut six Â». Cette « clĂ© Â», la magen david en rĂ©alitĂ©, ouvre les six chambres (ou attributs ou attitudes, dei’ah en hĂ©breu) du cƓur et les emplit de force de vie. Cela nous est confirmĂ© par la guĂ©matria, puisque 474 qui est la numĂ©ration de Daath correspond Ă  6 fois 79 qui est celle de dei’ah. Par consĂ©quent, Daath inclut et gĂ©nĂšre les 6 dei’oth.

Daath et la Magie contemporaine.

Le fait que Daath signifie « connaissance Â», on ne saurait trouver de meilleur attribut pour les Ă©lĂ©ments associĂ©s Ă  l’esprit, au langage et Ă  la magie. Si pour certains kabbalistes modernes, cette Sephirah est nĂ©gative – ce qui n’est pas le cas pour la Kabbale traditionnelle (on se rĂ©fĂ©rera au Zohar Ă  ce sujet) – elle n’en est pas moins devenue un point central des pratiques et des systĂšmes magiques contemporains.

« Ce point central entre les deux piliers symboliques des opposĂ©s, le lieu des Ă©nergies Ă©quilibrĂ©es Ă  partir duquel le travail des opposĂ©s peut correctement se concevoir, est DAAS (Daath) qui est le nom de la Sephirah occultĂ©e
 DAAS, qui se dĂ©veloppe, au cours de notre Ă©volution tandis que nous apprenons Ă  dominer nos inclinations mentales et Ă©motionnelles, est situĂ© Ă  la base de notre cou. Sa position est Ă  un endroit de l’épine dorsale juste sous l’occiput, un ou deux pouces au-dessus du larynx, et son diamĂštre est de plus ou moins 4 pouces. On le perçoit comme un lien symbolique entre le GĂ©nie supĂ©rieur, d’un cĂŽtĂ©, et l’ego, de l’autre Â».

(Israel Regardie)

Dion Fortune ne nous dit pas autre chose, lorsqu’elle Ă©crit : « Daath, la mystĂ©rieuse, l’invisible SĂ©phire, qui n’est jamais marquĂ©e sur l’Arbre, est associĂ©e, dans le systĂšme occidental, avec la base du cou, le point oĂč l’Ă©pine dorsale rencontre le crĂąne, celui oĂč le dĂ©veloppement du cerveau eut lieu chez nos premiers ancĂȘtres. Daath est ordinairement considĂ©rĂ©e comme reprĂ©sentant la conscience d’une autre dimension ou celle d’un autre niveau ou plan ; elle Ă©voque essentiellement l’idĂ©e d’un changement de clef Â» (La Cabale Mystique).

Gareth Knight, quant Ă  lui, nous dit que Daath est le lieu oĂč « toute force pure prend forme Â» et qu’elle est « l’unitĂ© la plus Ă©levĂ©e dans le monde des formes Â», « Daath est le point supĂ©rieur de la conscience de l’ñme humaine Â».

Les mages actuels dĂ©rivent presque tous leur systĂšme Sephirotique des travaux de la Golden Dawn qui considĂ©rait Daath comme une non-Sephirah remplissant le vide, gĂ©omĂ©trique, philosophique et Ă©nergĂ©tique, entre la Triade supĂ©rieure formĂ©e par Kether, Binah et Hokhmah et les 7 Sephiroth infĂ©rieures de l’Arbre. C’est du moins le cas dans la structure de l’Arbre telle que donnĂ©e par le Ari.

Il en va tout autrement dans la version du Gra dans laquelle aucun « vide Â» n’existe oĂč placer Da’ath qui se pose naturellement comme un principe unificateur et Ă©quilibrant sur le Sentier reliant Binah et Hokhmah, d’une part, et Kether et Tiphereth, d’autre part.

Les deux schĂ©mas qui suivent posent clairement ces diffĂ©rences. Dans celui du Ari, Daath est positionnĂ©e au centre prĂ©cis des sentiers reliant Binah et Chesed d’une part, et Hokhmah et Guebourah d’autre part. Cet Arbre est celui de la Chute oĂč Daath, mĂȘme si elle n’y est pas clairement indiquĂ©e, joue le rĂŽle de gardien des mondes supĂ©rieurs. On remarque la formation d’un Pentagramme inversĂ©, pointant vers le bas, qui, sans tomber dans l’interprĂ©tation morale, signifie sans doute clairement le caractĂšre d’Arbre aprĂšs la Chute, la Brisure des Vases. Tiphereth a chutĂ© et se place entre Guebourah et Netzach et Chesed et Hod.

La version du Gra offre une vision de l’Arbre d’avant la Chute oĂč Tiphereth se situe Ă  la place de Daath, comme point d’équilibre harmonieux entre Binah et Hokhmah.

Arbre de Vie La Sephirah Daath

Aleister Crowley, le fondateur du mouvement de Thelema basĂ© sur la rĂ©ception du Livre de Loi, parle de Daath et de l’Abysse dans son Little Essays Toward Truth comme nous allons le voir, sa description ne s’éloigne pas tant qu’on aurait pu le penser de la Tradition kabbalistique. Chaque Sephirah a, en effet, un versant obscur ; celui de Daath pourrait ĂȘtre l’illusion, l’imagination coupĂ©e du rĂ©el, les obsessions, la folie :

« Cette doctrine est trĂšs difficile Ă  expliquer ; mais elle correspond, plus ou moins, au gouffre existant entre le RĂ©el, qui est l’idĂ©al, et le Non RĂ©el, qui est factuel. Dans les Abysses, toutes les choses existent, du moins potentiellement, mais elles n’ont pas de signifiant rĂ©el ; car elles manquent d’un substratum de rĂ©alitĂ© spirituelle. Elles ne sont qu’apparences sans Loi. Elles ne sont donc qu’Illusions Folles.

Les Abysses sont ainsi un grand magasin de PhénomÚnes, la source de toutes les impressions ».

Dans le systĂšme kabbalistique de Crowley, les Abysses correspondent Ă  la 11e Sephirah, Da’ath, qui sĂ©pare les Sephiroth supĂ©rieures et infĂ©rieures de l’Arbre de Vie. Cette vision dĂ©rive en droite ligne des enseignements occultes de l’Ordre HermĂ©tique de l’Aube DorĂ©e, Ă  laquelle Crowley avait appartenu, et qui suivaient d’ailleurs la structure de l’Arbre de vie du Gra : dans l’épisode de la GenĂšse, Daath reprĂ©sente la chute de l’homme d’une conscience unifiĂ©e dans une dualitĂ© oĂč rĂšgne l’ego et la nature divine. Les Abysses sont gardĂ©s par le dĂ©mon Chorozon qui se manifeste durant la cĂ©rĂ©monie du passage des abysses. Cette opĂ©ration est jugĂ©e trĂšs dangereuse, mais impĂ©rative dans l’Ɠuvre du magicien. Son succĂšs garantit la progression future au degrĂ© de Magister Templi (MaĂźtre du Temple).

« Il est important d’expliquer la position de Da’ath ou Connaissance sur l’Arbre. Elle est nommĂ©e Enfant de Hokhmah & de Binah, mais ne possĂšde aucun lieu. En fait, c’est vĂ©ritablement l’Apex d’une Pyramide dont les trois premiers nombres sont la Base.

À prĂ©sent, l’Arbre, ou Minutum Mundum, est une Figure dans un Plan de l’Univers solide. Da’ath, Ă©tant au-dessus de ce Plan, est par consĂ©quent une Figure d’une Force dans les Quatre Dimensions, & donc c’est l’Objet du Magnum Opus. Les Trois Voies qui sont connectĂ©es avec la TrinitĂ© Primordiale sont les trois lettres perdues ou PĂšres de l’alphabet hĂ©breu.

En Da’ath ont dit que se situe le Grand Serpent Na’hash ou Leviathan, appelĂ© Mal afin de cacher sa SaintetĂ©.

Il est semblable Ă  la Kundalini de la philosophie hindoue, au Kwan-se-on des peuples mongols, & signifie la Force dans l’Homme qui est la Force sexuelle appliquĂ©e au Cerveau, au CƓur & aux autres organes & qui le rĂ©dime ».

(« Dogme de la Kabbale », A. Crowley. Publié dans Collected Works, Volume I, 1905)

Dans son fameux et fumeux, Livre des Mensonges, qui porte le chiffre 333 (qui n’est autre que la Guematria du nom de « CHORONZON Â»), Crowley en fera le symbole idĂ©al du mensonge humain personnifiĂ© par l’AbĂźme qui se situe justement entre la Triade SupĂ©rieure composĂ©e des Sephiroth Kether, Hokhmah et Binah, et la Seconde Triade, composĂ©e de Chesed, Guebourah et Tiphereth. C’est l’AbĂźme oĂč se tient la Sephirah Daath, la Connaissance.

Dans sont Liber 418, Liber XXX Ærum vel Daath – la Vision et la Voix, 10e Æthyr (The Equinox Volume I n°7) Crowley explique comment et pourquoi l’Adepte doit traverser l’AbĂźme et devenir un Magister Templi, comme il est prĂ©cisĂ© dans « Une Ă©toile en vue Â» :

« L’Adeptus Exemptus parachĂšve en perfection toutes ses matiĂšres. Il devient alors soit (a) un FrĂšre du Sentier de la Main Gauche ou, (b) est dĂ©pouillĂ© de toutes ses rĂ©alisations ainsi que de lui-mĂȘme, mĂȘme de son Saint Ange Gardien, et devient un enfant de l’AbĂźme, qui, ayant transcendĂ© la Raison, ne fait rien hormis croĂźtre dans la matrice de sa mĂšre.

C’est alors un
 Magister Templi (MaĂźtre du Temple), dont les fonctions sont entiĂšrement dĂ©crites dans le Liber 418, de mĂȘme que cette complĂšte initiation d’Adeptus Exemptus. Voir Ă©galement « AHA! ». Sa principale ƒuvre est d’entretenir son « jardin » de disciples, et d’obtenir une parfaite comprĂ©hension de l’Univers. Il est un MaĂźtre de Samadhi. »

« Pour atteindre le Grade de Magister Templi, il doit rĂ©aliser deux tĂąches ; l’émancipation des pensĂ©es en confrontant chaque idĂ©e Ă  son contraire, en refusant de prĂ©fĂ©rer l’une ou l’autre ; et la consĂ©cration de lui-mĂȘme en tant que pur vĂ©hicule pour l’influence de l’Ordre auquel il aspire. Il doit alors trancher Ă  propos de l’aventure de notre Ordre ; l’abandon absolu de lui-mĂȘme et de ses rĂ©alisations. Il ne peut pas rester indĂ©finiment un Adeptus Exemptus ; il est poussĂ© en avant par la force vive qu’il a gĂ©nĂ©rĂ©e.

Faillira-t-il, volontairement ou par faiblesse, crĂ©er sa propre annihilation absolue, il est nĂ©anmoins poussĂ© dans l’AbĂźme ; mais au lieu d’ĂȘtre reçu et reconstituĂ© dans le TroisiĂšme Ordre, comme un BĂ©bĂ© dans la matrice de notre Dame BABALON, sous la Nuit de Pan, pour grandir complĂštement et vraiment jusqu’à Lui-mĂȘme comme il ne l’était pas antĂ©rieurement, il demeure dans l’AbĂźme, sĂ©crĂ©tant ses Ă©lĂ©ments autour de son Ego comme s’il Ă©tait isolĂ© de l’Univers, et devient ce que l’on nomme un « FrĂšre Noir ». Un tel ĂȘtre se dĂ©sagrĂšge graduellement par manque d’alimentation et par la lente mais certaine action de l’attraction du reste de l’Univers, en dĂ©pit de ses efforts dĂ©sormais dĂ©sespĂ©rĂ©s pour s’isoler et de se protĂ©ger, et de s’accroĂźtre par des pratiques prĂ©datrices. Il peut en effet prospĂ©rer pour un temps, mais Ă  la longue, il doit pĂ©rir, surtout lorsqu’avec un nouvel Æon, un nouveau mot est proclamĂ©, Mot qu’il ne peut et ne veut pas entendre, il est alors handicapĂ© par l’utilisation d’une mĂ©thode obsolĂšte de Magick, Ă  l’image d’un homme utilisant un boomerang dans un combat ou les autres possĂ©deraient un fusil. »

VoilĂ  donc succinctement dĂ©crite la fonction de Da’ath dans le systĂšme de Crowley, repris et calquĂ© sur celui de la Golden Dawn. Un test primordial dans l’Ɠuvre du mage. Soit traverser et devenir un maĂźtre – de soi, de sa destinĂ©e, de son existence – ou Ă©chouer comme un « frĂšre noir Â» et sombrer dans le monde infernal des illusions, se dissoudre dans le cĂŽtĂ© avers de l’Arbre.

Frater Achad (Charles Stanfeld Jones) reprendra les travaux kabbalistiques de Crowley et fondera un nouveau systĂšme qu’il dĂ©veloppera dans l’Anatomie du Corps de Dieu. Il y analyse la forme de l’Arbre de Vie et s’interroge dĂšs le chapitre III sur la reprĂ©sentation usuelle qui suit :

« On peut ĂȘtre enclin Ă  penser de prime abord qu’il devrait y avoir une autre Sephira au centre de l’hexagone supĂ©rieur, & c’est, en fait, le lieu assignĂ© Ă  la SphĂšre de DAATH, ou Connaissance, en tant qu’enfant de Hokhmah & Binah. Mais cela n’est pas indiquĂ© dans le plan de l’Arbre car elle (DAATH) reprĂ©sente une Connaissance Dimensionnelle SupĂ©rieure, qui doit ĂȘtre tirĂ©e de l’ensemble de l’Arbre, comme il est Ă©crit : « Tire la Connaissance de lui ». Si une telle SphĂšre devait ĂȘtre montrĂ©e sur le dessin, cela nĂ©cessiterait des Chemins supplĂ©mentaires qui y mĂšneraient, mais on nous dit clairement que les Chemins de la Sagesse sont Trente-deux en tout, c’est-Ă -dire les Dix Émanations NumĂ©riques & leurs liens constituĂ©s par les Vingt-deux lettres ».

Arbre de Vie

Il conclut qu’il manque, de toute Ă©vidence, des chemins reliant 2 Ă  5 & 3 Ă  4 ou de 1 Ă  4 & de 1 Ă  5 sur ce mĂȘme Arbre. Il propose donc de le complĂ©ter de la maniĂšre suivante :

Daath au centre des deux triades

Ainsi complĂ©tĂ©, l’Arbre de Frater Achad nous montre le symbole du Pentagramme droit – qui est l’Étoile de la VolontĂ© Insoumise dans le Microcosme – uni avec le Signe de l’Hexagramme du Macrocosme. Et il conclut : « Par consĂ©quent, nous trouvons un « Abysse Â» & aucun lien direct entre Binah & Hessed Â». Cet Abysse est alors reprĂ©sentĂ© par Da’ath.

Le concept de Daath sera ensuite profondĂ©ment revu, adaptĂ© et intĂ©grĂ© par Grant au sein de son systĂšme de magie typhonienne. Dans son livre Nightside of Eden, Grant redessine l’Arbre de Vie et redĂ©finit Daath, qu’il Ă©crit DaĂ€th, comme Ă©tant la porte abyssale vers l’avers, ou cĂŽtĂ© obscur, de l’Arbre :

« Le nom donnĂ© par les kabbalistes Ă  la Porte du Gouffre est DaĂ€th, et dans la tradition occulte c’est le lieu oĂč le dragon aux huit tĂȘtes des profondeurs a disparu dans l’arriĂšre de l’Arbre lorsqu’il tenta, sans succĂšs, de l’escalader afin d’atteindre le cƓur mĂȘme de la divinitĂ© (Kether). Le mot DaĂ€th suggĂšre immĂ©diatement le nom d’une autre porte qui s’ouvre sur le vide de l’extinction personnelle, la Mort.


 La Connaissance de DaĂ€th [1], ou de la Mort, relĂšve de la nature du secret de la DualitĂ© reprĂ©sentĂ©e par l’ombre ou le double magique par lequel l’homme vainc la mort et pĂ©nĂštre par la Porte de DaĂ€th afin d’explorer le Royaume de Choronzon, le DĂ©sert de Set » (Nightside of Eden, page 8). « DaĂ€th
 parfois appelĂ©e « fausse sephirah »  est la porte de sortie vers les espaces extĂ©rieurs au-delĂ , ou derriĂšre, l’Arbre lui-mĂȘme » (Sword of Horus, p. 166).

Grant dĂ©finit Choronzon comme une moitiĂ© ou aspect de la Grande BĂȘte 666, la Gardien du Seuil de l’Univers inconnu, ou Univers B – un concept empruntĂ© Ă  Michael Bertiaux. Nightside of Eden dĂ©peint l’autre cĂŽtĂ© de l’Arbre en se rĂ©fĂ©rant aux 32 sentiers comme Ă©tant les Tunnels de Set :

« Daath est Ă©galement la demeure de Choronzon, la Gardien de la Porte des Abysses. En rassemblant toutes ces significations, nous percevons que la Connaissance de Daath, ou Mort, ressort de la nature de la DualitĂ© reprĂ©sentĂ©e par l’ombre ou le double magique par lequel un homme vainc la mort et pĂ©nĂštre par cette porte de Daath afin d’explorer la Demeure de Choronzon, « le dĂ©sert de Set » » (Nightside of Eden).

Concernant les associations de Da’ath dans le systĂšme typhonien, Ă  la page 78 de Sword of Horus, Grant Ă©crit : « La glande thyroĂŻde, dans la rĂ©gion du larynx, correspond au Visudha Chakra (qui est attribuĂ©e Ă  DaĂ€th). Cette glande, lorsqu’elle s’active, augmente la sensitivitĂ© et rend l’individu hypersensible aux sensations physiques, astrales et mentales. Si cette glande est surstimulĂ©e, il y a danger de mĂ©galomanie Â». On retrouve lĂ  les propriĂ©tĂ©s occultes traditionnellement attribuĂ©es Ă  Da’ath, avec un zeste de tantra pour rester dans la ligne de la magie crowleyenne.

Dans Nightside of Eden, citant un passage d’un texte de Lovecraft, il note : « Le pilier (parlant de la CitĂ© des piliers, Irem) est l’emblĂšme de Set, l’une des significations du nom de ce dieu Ă©tant « pilier ou pierre dressĂ©e », et le dĂ©sert est la demeure de Set (c’est-Ă -dire de Daath). Irem, alors, fut la premiĂšre Porte Ă©tablie par les Grands Anciens et cette Porte Ă©tait le lieu de Daath ou Eden » (Grant, Nightside of Eden, page 69).

Par permutation, Grant transforme Daath en OthD, un mot hébreu qui signifie un « bouc » et qui équivaut numériquement au mot grec « duo », signifiant « deux ».

Dans la lignĂ©e de Crowley, Grant, partant du constat que Daath fut dĂ©crite par les cabalistes comme Ă©tant une fausse Sephirah car elle n’avait pas de place dĂ©finie dans le schĂ©ma des nombres de 1 Ă  10, conclut qu’on peut considĂ©rer qu’elle est la onziĂšme Sephiroth. Onze est le nombre de la magick, de « l’énergie tendant aux changements », qui est la formule prĂ©cise de l’OpĂ©ration de Daath et la raison de son association avec la mort en tant que changement suprĂȘme.

Ainsi que nous le faisions remarquer dans notre article « Les Qliphoth, les sĂ©quelles Â», Grant, suivant et adaptant les enseignements de Crowley, dĂ©veloppe une mythologie personnelle. Il associe Daath aux « FrĂšres Noirs », « Ă  ceux qui ne perçoivent l’univers que comme une rĂ©alitĂ© objective ». Issus d’étoiles mortes, ce sont les persĂ©cuteurs chrĂ©tiens ayant perverti et inversĂ©s la Gnose prĂ©christique. Daath est la Porte des Abysses, contenant la « Tour jumelle » ou « Tour malĂ©fique », le PylĂŽne de Choronzon. Tiphereth devient le Phallus de Feu (serpent de feu). Netzach, ou VĂ©nus, reprĂ©sente l’Ɠil et sa lumiĂšre, la fantaisie de la chair. Et tout l’Arbre est rĂ©interprĂ©tĂ© Ă  la mĂȘme eau


Au sujet de Da’ath, Gareth Knight Ă©crit :

« Les Abysses sont le vide entre la force et la forme ; et le lieu oĂč la transmutation advient est la Sephirah occulte Da’ath – qui signifie Connaissance. Les MystĂšres de Da’ath sont profonds et ne furent qu’effleurĂ©s dans les premiers Ă©crits de la Kabbale. La Sephirah n’a pas de nombre qui lui soit attribuĂ© et ce que l’on signifie par Connaissance va plus loin que ce que l’on perçoit, ainsi le mot dans son usage biblique signifie une relation sexuelle, et il dĂ©crit alors bien le genre d’union divine oĂč diffĂ©rents plans d’existence se rencontrent et provoquent un changement d’état menant Ă  la naissance – une transformation ou transmutation de pouvoir » (Gareth Knight, A Practical Guide To Qabalistic Symbolism. New York: Weiser, 1980, pages 32-3).

Conclusion

Dans la continuitĂ© du courant de la magick contemporaine, peu s’amusent Ă  se frotter Ă  Daath, et encore moins sur la scĂšne occulte francophone. Cependant, Frater kAzim s’y est essayĂ© et nous a ainsi offert un excellent travail dĂ©crit dans son texte « L’Abysse et les Psychotropes Â» qui est, je pense, Ă  la base de son systĂšme personnel « Aloha Â» :

« Lorsque l’on entreprend de passer outre l’expĂ©rience de la noirceur et de l’éclatement de Daath il est capital de pouvoir rassembler en soi toute Sa LumiĂšre afin de triompher du dĂ©mon Chorozon. Pour cela un ensemble de gestes et de visualisations sont donc au prĂ©alable possibles en mettant en scĂšne la gĂ©omĂ©trie sacrĂ©e et la prononciation d’une clĂ© kabbalistique. La premiĂšre partie de ce travail expliquera donc la construction d’un vaisseau Ă©nergĂ©tique, et la seconde le chargement de ce vĂ©hicule spatio-abyssale par le mot de pouvoir Aloha, tout ceci dans le but de franchir Daath grĂące Ă  l’invocation du Saint ange Gardien. »

Quant Ă  nous, il se peut bien que nous ayons Ă©chouĂ© Ă  traverser nos propres illusions, la moindre n’étant pas la prĂ©tention de dĂ©crire l’étendue symbolique et kabbalistique de Daath en quelques pages.

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La Sephirah Daath, Spartakus FreeMann, février 2011 e.v., révision mai 2020 e.v.

[1] Grant joue ici sur une homophonie entre Daath (prononcĂ© daaS en ashkĂ©naze) et death, cela ne peut ĂȘtre rendu en français.

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